2. La route de l’enfer (The road into
hell)
2.1. Vietnam du Nord, juin 1927: Tran Tu
Binh avec des paysans analphabètes
Tran Tu Binh 1949 [1] - Carte du Vietnam avec les
prisons Hoa Lao (Hanoï), Con Son (ìle) et la
MONOplantation Phu-rieng [carte 01]
[Juin 1927: Des paysans appauvris attendent le navire
au Nord-Vietnam]
On dit souvent que les travailleurs du caoutchouc ont un
esprit de détermination, même dans une lutte à mort, et
qu’ils ne reculeront jamais. Et ils ne se trompent pas,
car dans les MONOplantations de caoutchouc, les
travailleurs du caoutchouc n’étaient pas seulement
extrêmement exploités et opprimés, mais ils ont même été
exploités et opprimés sur le chemin de l’enfer sur terre
déjà.
En juin 1927, nous, les ouvriers nouvellement recrutés,
nous formions des groupes de 100s de gens. Puis, on nous a
enfermé dans des camps de bambou et de paille, dans le
quartier Ha-ly (un quartier de Haïphong [web01]) et à
Haïphong.
C’était déchirant de voir les travailleurs recrutés
attendre les navires. Nous étions tous des agriculteurs
des provinces de
Ha-nam, Nam-dinh, Thai-binh et
Ninh-binh. Nous n’avions pas un cm de terre,
pas même de l'argent comme un pièce de zinc. C’étaient des
gens qui, par des circonstances intolérables, ont été
forcés de s’unir et de travailler dans les MONOplantations
de caoutchouc; seulement quelques-uns ont été séduits par
les paroles alléchantes des recruteurs.
[Les paysans seulement sont intéressants pour le
gouvernement quand on peut les réduire en esclavage -
solidarité]
Riziculteurs vietnamiens sans machines [5]
On avait laissé les villages d'origine et l'on a vécu
ensemble pour nous connaître. Pendant des siècles, les
agriculteurs étaient concentré sur ses granges et ce qui
se passait à l'autre côté des haies de bambous n'était pas
intéressant pour eux. C'était normal de travailler nuit et
jour pour survivre. Quand la récolte du printemps était
fini, alors on devrait travailler pour la récolte de
l'automne. Après la fertilisation terminée le tour c'était
pour la plantation du maïs et des ignames. Alors, on
n'avait presque pas du temps pour réfléchir des autres
choses.
Et pourtant, dès que nous avons quitté nos villages
d’origine, nous avons vécu ensemble et nous nous sommes
protégés les uns les autres. Il y avait quelque chose de
très intense qui nous a attirés pour être un groupe avec
une grande solidarité. Seulement plus tard, nous avons
compris ça: les gens dans une situation de pauvreté et de
suppression doivent s'aider avec une solidarité pour avoir
un espoir, pour se sauver une bouchée de nourriture ou un
morceau de vêtement.
[Les agriculteurs sont divisés en groupes selon leur
origine - Tran est une exception car il sait lire et
écrire]
Nous avons dû rester à Ha-ly [le quartier portuaire de la
ville portuaire de Haï-phong] pour attendre le navire. Les
conditions étaient misérables dans des boîtes avec des
toits en acier, des centaines là dedans, comme dans un
cage des éléphants, trapus et d'une chaleur insupportable.
Les eaux usées rendaient une puanteur à toutes les quatre
côtés comme une cloaque. Les gens de
Thai-binh
étaient dans une section, puis de
Ha-nam,
puis de
Ninh-binh - chaque province tenait
sa propre section. Moi, je vivait avec les indigènes de
Ha-nam. Je les ai trouvé parce que j'était très direct et
parce que je m’occupais des malades et des épuisés. En
plus j'aivait
la capacité d'écrire, et je
les ai aidé souvent d'écrire des lettres - quelque lignes
seulement pour informes ses familles avant de partir.
On avait une lutte entre les gens de
Nam-dinh
et de
Thai-binh, et je pouvait informer mes
gens de Ha-nam et ils acceptaient ce que je disait. Bien,
même s’ils n’étaient guère impliqués dans cette affaire.
2.2. Vietnam du Nord - juin 1927: Les
paysans analphabètes sont systématiquement trompés par
les "entrepreneurs"
[Entrepreneur cr. dans le port: avec de la mauvaise
nourriture: "le riz était pourri" - "le poisson séché
était complètement pourri"]
Cet incident jeta tout le port dans la tourmente. Lorsque
nous avons quitté la maison et que nous sommes arrivés à
Ha-ly, nous avions tous signé des contrats avec les
ouvriers du bâtiment. Ce groupe était le bras droit des
[p.15] recruteurs. La lutte à Ha-ly portait sur deux
clauses des contrats. L’un d’eux a dit que le contremaître
du contrat devait fournir les gens avec de la nourriture
et de l’eau: deux Xu par repas et par personne [note 01].
S’ils avaient dépensé la bonne somme d’argent, il aurait
encore été nécessaire d’augmenter les rations. Mais à
l’époque, les entrepreneurs ne fournissaient que 1,2 Xu.
Le
riz était pourri, et lorsqu’il a été servi de
la marmite, il sentait comme de la bouse de cafard et
s’est collé en morceaux.
Le poisson séché était
complètement pourri, et n'importe pas combien
de sel qu’ils ajoutaient dans la cuisine, la puanteur
était toujours insupportable. Quand cette situation a été
découverte, les employés de ces provinces ont tous
déclenché une furieuse tempête de protestations.
[Entrepreneurs cr. au port: avec discrimination avec de
l’argent 10 ou 6 dong: "ils avaient dit dix dong" - mais
les agriculteurs de Nam-dinh+Thai-binh n’ont reçu que
"six dong"]
Il y avait une autre clause qui n’était pas écrite dans
les contrats – quelque chose qui, selon les recruteurs,
était destiné à inciter les pauvres à signer en tant que
travailleurs. Ils ont dit qu’ils donneraient à chaque
travailleur dix dong pour s’occuper de diverses dépenses
avant de partir. Les entrepreneurs en ont conservé une
partie depuis le début. Dans le cas des frères et sœurs de
Ha-nam, y compris moi, ils avaient toujours dit
dix
dong, donc nous avons tous reçu la totalité de
la somme. Mais dans le cas des frères et sœurs de Nam-dinh
et de Thai-binh, ils n’ont donné à chaque personne que
six
dong.
[C'est vol "chrétien" traditionnel contre des autres
cultures - les "chrétiens" sont la me...].
[Entrepreneur cr. au port: avec un FAUX contrat: "il
avait confié sa vie et sa liberté à un Monsieur
capitaliste ("chrétien!")" - les "chrétiens" criminels
veulent "empocher quelques dong"]
Comment nos compatriotes, qui ont toujours été si
confiants, ont-ils pu reconnaître des manœuvres aussi
mesquines? En fait, ils ne pouvaient même pas lire les
dispositions des contrats qu’ils avaient signés. Et il y
avait beaucoup de cas ou ils ont signé les contrats de
cette manière: les recruteurs ont dit qu’ils devaient
prendre des photos des travailleurs pour les présenter au
gouvernement. Si quelque chose se produisait plus tard, le
gouvernement leur venait en aide. Ils ont donc obligé
chaque travailleur à se faire prendre en photo. Ils ont
pris des avis de recherche, des photos de face - toutes
sortes de choses. Ensuite, ils ont présenté un morceau de
papier à la personne et lui ont dit de faire sa croix pour
qu’il puisse prendre les photos plus tard. Seulement après
cette procédure les travailleurs étaient informés que ce
papier était un contrat préparé. Les personnes trompées ne
savaient pas que la croix sur le papier avait la
signification que
le travailleur avait donné sa vie
et sa liberté à un Monsieur capitaliste ("chrétien"!).
Bien sûr, si les travailleurs ne savaient même pas ce qui
était écrit dans les contrats écrits qu’ils avaient
signés, personne ne s’est donné la peine de leur dire ce
qu’étaient les "accords verbaux". Les entrepreneurs, qui
ont travaillé "au cas par cas", ont
empoché
quelques dongs chez une personne et chez la
prochaine etc.
La monnaie du Vietnam est le dong [6] - pièces de
monnaie du Vietnam: dong [7]
[Protestation contre les entrepreneurs criminels de
l’entreprise Michelin - chef des entrepreneurs: Phan Tat
Tao - grève de la faim]
Les gens de Nam-dinh et Thai-binh qui avaient seulement
reçu 6 dong n'étaient pas content. Mais un voleur va être
remarqué un jour. Quand Ha-ly arrivait, une personne
demandait à l'autre, et les recrues de Nam-dinh et
Thai-binh étaient choqués d'être informé que
l'entrepreneur avait volé 4 dong de chaque personne.
Les frères de Ha-nam sont venus me voir pour me parler de
l’arnaque. J’ai répondu: "Nous sommes tous dans la même
situation. S’ils nous le demandent, nous devons les aider.
Et puis, quand tout le monde était en colère à cause de la
nourriture misérable [p.16], la lutte a éclaté. C’était
une lutte, mais il s’est avéré qu’il n’y avait pas de
comité de direction et qu’il n’y avait pas de base
organisée. C’était simplement une lutte spontanée de gens
qui étaient à bout de forces, qui ne savaient plus ce
qu’était la peur. Mon rôle n’était que celui d'un
porte-parole.
Notre adversaire dans ce combat à ce moment-là était
Phan
Tat Tao. Il était un entrepreneur qui s'est
présenté avec les recruteurs pour séduire les gens du
Vietnam de Nord au sud pour les vendre aux Français. Tao
lui-même seulement rarement visitait le quartier de Ha-ly
ou on trouvait seulement des boites. Normalement il avait
ses hommes de main pour contrôler les recrues. Il n’était
jamais présent à nos repas.
Le repas du midi fut - comme chaque repas - un bol de riz
avec du poisson séché de la taille de trois doigts.
Toujours le poisson était bien salé - avec un odeur de
pourrir. Il y avait aussi un seau avec du thé, chaque
personne seulement reçu un bol. Et ainsi se développait la
lutte.
Nous avons refusé de manger. Des
centaines de personnes voulaient voir Phan Tat Tao et ont
crié pour lui. Les membres de la mafia de Tao étaient
morts de peur. Quand ils ont vu que nous criions et que
nous faisions une grève de la faim, ils se sont enfuis.
Nos cris ont secoué tout le quartier de Ha-ly. À l’époque,
nous ne nous rendions pas compte que la bagarre avait
éclaté à un moment particulièrement opportun. Les
colonialistes avaient besoin de beaucoup plus d’endroits
comme stations de transit pour les travailleurs recrutés.
Tant qu’ils restaient dans le nord, près de leurs villages
d’origine, il était facile pour les recrues de déserter et
de rentrer chez elles en grandes groupes. Alors
Phan
Tat Tao a dû venir nous parler. Au début, il a
essayé de calmer la situation en disant que la
alimentation sera amélioré. Mais nous avons protesté
bruyamment et exigé
que Tao tienne ses promesses,
qu’il mette en œuvre toutes les dispositions du traité.
Les ouvriers ont dit: "Nous avons vendu nos maisons, nos
vies pour dix, et si vous ne payez pas tout, nous ne
partirons pas."
[Protestation contre les entrepreneurs criminels: Phan
Tat Tao corrige la question de l’argent]
Phan Tat Tao a vu que nous étions tendus, il voyait notre
posture résolue et nos mots résolus. Il savait que les
conditions se développaient pire et pire et que lui il
fallait céder. Pendant le repas de midi encore, il prépara
des rations supplémentaires. Il avait tellement honte de
l’argent qu’il avait volé aux frères et sœurs de Thai-binh
et de Nam-dinh qu’il a ordonné à ses hommes de main
d’apporter l’argent le soir même, d’appeler les noms et de
donner à chacun d’eux la somme appropriée.
Notre premier combat a donc été victorieux. Cette
expérience m’a montré d’autant plus clairement que les
paysans, bien qu’ils se tenaient généralement à l’écart,
étaient très bien disposés les uns envers les autres
lorsqu’ils se réunissaient. Le combat était terminé.
[Les "chrétiens" criminels et la nourriture pour les
travailleurs
1. C'est la tradition "chrétienne" de voler de l'argent
des victimes ET
2. C'est la tradition "chrétienne" de donner de la
mauvaise nourriture en volant l'argent public pour les
bons repas. Parce que
3. Le calcul de Paris a réservé assez d'argent pour une
bonne nourriture pour tous MAIS aux chefs "chrétiens" du
bateau les plait de voler cet argent et ils produisent
seulement des repas pourris. ET
4. Le climat tropical n'est pas bon pour une production de
réserve parce que tout pourrit dans 3 jours, alors les
chefs "chrétiens" ne veulent pas préparer les repas frais
et ils ne s'intéressent pas de la nourriture qu'ils ne
doivent pas manger
5. Comme ça on a la catastrophe "chrétienne" sur tout le
monde dans les zones tropicales - les "chrétiennes" sont
la me...].
2.3.Haïphong juin 1927: le navire
"Commandant Dorier" avec des "nattes de couchage"
[Le navire "Commandant Dorier" avec "une cargaison de
personnes" et des "nattes de couchage"]
Pendant mon séjour à Haïphong, j’ai pu revoir frère Ton
Van Tran. Tran était très heureux de la nouvelle de notre
victoire et m’a félicité et réprimandé en même temps:
"C’est le chemin juste! Restez à l’écoute maintenant." Son
avertissement s’est gravé au plus profond de mon cœur.
Après cela, grâce à ces précieux conseils, nous sommes
toujours restés à l’offensive contre l’ennemi.
Et puis le navire arriva qui devait nous emmener [p.17]
nous étions encore à Hai-phog. Le
Commandant Dorier
était un cargo qui accostait souvent à Haïphong pour
ramasser le minerai de fer de Thai-nguyen et le
transporter en France. Cette fois, en plus de beaucoup de
minerai, il y avait aussi
un chargement de gens
- nous.
Nous arrivions au bord du navire. Nous les recrues ont
parti les salles selon les provinces d'origine, Ha-nam
ici, Nam-dinh ici, Thai-binh ici, chaque province avec sa
propre zone. Le capitaine du bateau lançait les
nattes
de couchage à chaque personne pour se mettre
sur le sol. Cette place était pour dormir et aussi pour
manger.
[Le navire avec le "chargement humain": différentes
raisons de chercher du travail - Tran devient le
"porte-parole" des esclaves]
La lutte avait été un succès, nous étions de bonne humeur
et la solidarité était forte entre nous. Quelques gens
passifs, aussi des personnalités bien connues du village
qui avaient perdu de l'argent ou leur travail et qui
avaient parti de sa maison pour trouver de travail, ont
changé leur opinion et faisait part du combat. Il y avait
quelques jeunes de Ha-nam plus ou moins de mon age. Ils
ont adoré mon courage comment agir et comment combattre la
pauvresse. Ils pouvaient convaincre des autres jeunes de
Nam-dinh et Thai-binh au combat. Nous partions à un pays
loin inconnu pour gagner notre vie, dans cette situation
il y avait une grande camaraderie pour apaiser notre peur.
Et maintenant la situation nous forçait de commencer un
autre combat.
J’ai accepté de m’avancer et de parler au capitaine du
navire. À cette époque, il y avait quelques frères sur le
navire qui avaient réussi leurs examens de certificat
[note 02] et qui parlaient assez bien le français. J’en ai
rassemblé neuf ou dix autour de moi. Je pensait que - en
cas de combat quand les autorités vont m'enfermer, il faut
un autre porte-parole pour me remplacer. Cette possibilité
me renforçait de chercher des autres supporters.
[Le navire avec la "cargaison humaine": grève de la
faim et menaces - toilettes - "ils ont dû manger ce
qu’on leur a donné" - les marins français applaudissent
les grévistes de la faim - la bonne nourriture et Tran
devient Pham Van Phu et le "jeune oncle" (!)]
À midi, nous avons commencé une
grève de la faim
et nous avons exigé le capitaine du navire. Le lieutenant
capitaine parut aussitôt, le capitaine du navire, il zone
de cargaison. Je me suis avancé et je lui ai parlé en
français au nom des frères et sœurs.
"Selon nos contrats, nous devrions avoir assez à manger,
de la viande avec du riz et du thé chaud à boire. Mais la
cuisine ne nous donne pas assez à manger, et il n’y a pas
assez à boire. Nous vous demandons d'accomplir le
contrat."
Le capitaine du navire rougit de rage. "Si je te laisse
manger jusqu’à ce que tu sois rassasié, tu auras le mal de
mer et tu le vomiras partout sur le pont, et alors?"
répondit-il.
[Les "chrétiens" toujours inventent une raison pour
voler de l'argent].
Je n’ai pas accepté cela et j’ai dit: "Ce que vous dites
n’est pas juste. Nous avons le droit de manger à notre
faim. Lorsque nous aurons mangé à notre faim, il y en aura
peut-être quelques-uns qui vomiront et d’autres qui ne
vomiront pas. Mais nous devons avoir le droit de manger à
notre faim."
Le capitaine du navire ne voulait pas discuter davantage
de l’affaire et maintenant il a perdu le contrôle. Il
s’est mis en colère, m’a attrapé sournoisement et a
menacé
de me jeter à la mer. Je n’ai pas été intimidé
par ses menaces et je suis resté fidèle à l’opinion que
j’avais exprimée. Après cela,
il m’a enfermé dans
les toilettes et a dit à tout le monde qu’ils devaient
manger ce qu’ils recevaient. [Et lui, il se
remplissait ses poches]. Il n’était pas préparé à notre
esprit de solidarité et de détermination. Même s’il
menaçait les frères et sœurs, ils étaient toujours
déterminés à vivre ou à mourir ensemble et refusaient de
manger. Les marins français nous admiraient. Ils ont jeté
des colis de pain et de fromage aux entrepreneurs. Ils
nous ont fait des clins d’œil, des signes de la main et
des signes pour nous encourager à continuer.
Ce soir-là, le capitaine du navire a dû faire un compromis
et nous donner de la nourriture décente. À ce repas, il y
avait même du bœuf. Et le capitaine m’a relâché. Les
recrues ont été ravies et m’ont réservé un accueil
chaleureux.
Le groupe de ceux qui étaient de mon côté était donc
beaucoup plus grand que la poignée de jeunes au
commencement. À cette époque, je n’avais que dix-huit ans
et je suis de nature assez belle, droite et sans
prétention, donc j’ai facilement gagné l’affection de tout
le monde. À l’époque, je m’appelais
Pham Van Phu.
Les travailleurs contractuels m’appréciaient et
m’appelaient "
le jeune oncle". Ils avaient
une confiance absolue en
"Oncle" Phu et
sont venus me poser des questions sur tout.
[Le navire avec la "cargaison humaine": Tran parle aux
marins français en français - bon voyage à Saigon]
Les marins français m’aimaient aussi. Le jour même de ma
bataille victorieuse, ils me cherchèrent, m’emmenèrent
dans leurs quartiers et apportèrent du vin, du pain et du
bœuf pour un festin. Nous avons ri et plaisanté ensemble.
Et puis nous avons chanté des chansons folkloriques
françaises et vietnamiennes.
Après cette lutte, je suis devenu le représentant ad hoc
de notre groupe de travailleurs contractuels. S’il se
passait quelque chose, ils venaient me voir pour me poser
des questions ou m’en parler. Il en était de même pour le
maître et sa bande. Chaque fois qu’il voulait le dire aux
recrues, le capitaine me cherchait. Mais ces circonstances
relativement confortables n’ont duré que peu de temps, à
savoir pendant les derniers jours sur le Dorier. Lorsque
nous sommes arrivés à Khanh-hoi (un quartier de Sai-gon),
la nature cruelle et répressive des propriétaires de
plantations de caoutchouc se montrait très claire [de
l’entreprise criminelle "chrétienne" Michelin].
2.4. Saïgon juin 1927: des agents de
Michelin "chrétiens" criminels sont comme des animaux +
du bétail
[Saïgon juin 1927: les agents criminels "chrétiens" de
Michelin traitent les agriculteurs comme des
animaux+bétail+"malédiction" avec intimidation - le "
lieu de rassemblement"]
Dès que le vapeur Dorier accostait à Saigon, les
surveillants, français et vietnamiens soudoyés, sautaient
bruyamment à bord. Ils frappaient la tête des recrues avec
des bâtons et nous comptaient comme des
bêtes.
Nos bagages - simples sacs et paniers - étaient éparpillés
et déchirés, et les femmes et les enfants de certaines
personnes se sont emmêlés dans leurs bagages. Toute la
foule - des centaines de personnes - a été poussée à terre
par les surveillants comme un
troupeau de bétail.
Sur le rivage, la police [criminelle française
"chrétienne"] grouillait comme des mouches. Ils se sont
séparés et se sont tenus des deux côtés de la rue, tous
les dix mètres il y avait des matraqueurs (avec des
battes
de baseball clouées) et des matraques à la
main. Les plus vils de tous étaient les Métis. Ils
juraient
constamment: "Bande de bâtards! Sauvages! Tout en jurant,
ils nous ont frappés avec leurs gourdins et ont visé nos
têtes et les cous. Et les autres étaient tout aussi
agressifs. Ils nous ont constamment encouragés en nous
disant: "
Encore plus, encore plus", et en
même temps, ils ont toujours battu les gens avec leurs
gourdins. Les frères et sœurs bouillaient de colère, mais
comme il n’y avait pas eu de préparation pour faire face à
cette situation, nous avons dû nous retenir et aller au
point de rassemblement.
[Saïgon juin 1927: élection du président Truong Lap -
un "cobra" - police française criminelle "chrétienne" +
des gardes qui battent tout le monde - "inspecteur de la
police secrète" - les "petits" - Tran: "les présenter à
la justice"]
Après notre arrivée, ils ont placé leurs paquets froissés
et se sont rencontré avec moi. Nous avons discuté de la
situation entre nous et avons élu un représentant pour
intercéder en notre faveur auprès des surveillants. Ce
n’est pas moi qui me suis avancé cette fois-ci. La tâche
de nous représenter a été confiée à un homme nommé
Truong
Lap. Frère Lap était originaire de Cat-lai
dans le district de Bnih-luc. Il était grand et fort, et
son visage était toujours rouge comme un navet. Il était
courageux par nature et refusait de reculer, n'importe pas
quel difficulté il trouvait. Quel danger qu’il
rencontrait, il était imperturbable et avait l’esprit
aussi chaud qu’un
cobra.
Nous avons crié et exigé de rencontrer le recruteur en
chef pour protester contre les coups. Les gardes et la
police se sont approchés. "Qu'est-ce qu'il y a avec ces
cris?" nous a demandé l’un d’eux.
"Maître, vous nous avez maudits et battus de l'arrivé [au
port de Saigon] jusqu'ici", a explosé Lap de manière
provocante. "Qu'est-ce-que va être quand je te maudis une
fois et j'attendrais ce que tu vas en penser?"
Les
gardes et la police [criminelle "chrétienne"
française] sont arrivés immédiatement et nous
ont battus sans pitié. Ils ont frappé Frère Truong Lap à
la tête avec une matraque et l’ont allongé sur le sol, le
sang coulant sur tout le corps. J’ai appelé les frères à
lui. Ils ont commencé à crier et à se révolter. Cela a
effrayé les gardes et la police, et ils ont couru appeler
l’inspecteur [criminel
"chrétien" français] de la police secrète.
Peu de temps après, ils ont grouillé comme des abeilles.
L’homme au sommet était un Français qui parlait assez bien
le vietnamien. "Qu'est-ce qu'il y a ici?" a-t-il demandé.
"Qu’est-ce que vous
les petites pensez que
vous faites?"
Nous étions fâché parce qu'ils nous ont traité comme des
animaux, et nous étions encore plus fâché parce que ce
Français [criminel "chrétien"] s’adressait à nous comme à
des enfants. Alors, j'ai dit quelque chose comme réponse:
"Messieurs, nous avons signé un contrat pour venir
travailler ici. Le contrat promettait qu’il n’y aurait pas
de coups. Et pourtant, nous les 'hommes' sommes battus. Ce
n’est pas légal. Si vous continuez à nous battre, nous,
les hommes,
vous poursuivrons en justice!
Les frères criaient des malédictions de tous côtés.
Lorsque l’inspecteur a vu que la situation était tendue,
il faisait une marche arrière. "Allez, les 'enfants',
gardez l’ordre et il n’y aura pas de problème."
Il avait peur que l'on pourrait entendre les cries dans
tout le territoire et pas seulement dans notre zone, et il
voulait terminer le transport des travailleur à
l’entreprise de caoutchouc [Michelin] et comme ça il
voulait terminer sa responsabilité. Il a accepté de
transférer les deux surveillants métis qui nous avaient
battus le plus durement. Et il a permis à Lap d’être
transporté à l’hôpital pour un traitement médical. Frère
Lap mourut plus tard en 1928 dans [la MONOplantation
"chrétienne" de caoutchouc de Michelin de]
Phu-rieng.
S’il n’était pas mort, il serait certainement devenu un
bon combattant.
2.5. Saïgon juin 1927: les nouveaux
quartiers du "Département des arrivées" = "Camp de
concentration"
[Saïgon avec un "camp de concentration" "chrétien" pour
les paysans candidats à la ferme de caoutchouc:
barbelés, gardes, baraques sans fenêtres]
Après cette bataille, nous avons finalement jeté un coup
d’œil à nos
nouveaux quartiers, que les
gardes appelaient le département des arrivées. En fait, ce
département des arrivées était une branche de l’Inspection
du Vietnam du Sud. C’était comme un
camp de
concentration, avec des
clôtures de
barbelés sur les quatre côtés et des gendarmes
et des inspecteurs de police qui montaient la
garde
jour et nuit. À l’intérieur, il y avait des rangées de
baraques
avec des toits d’acier. Chaque caserne avait deux rangées
de poteaux en bois de fer, un de chaque côté. Dans les
baraques on avait pas de lumière, tout était sombre,
il
n’y avait même pas une seule fenêtre - la
seule ouverture était la grande porte par laquelle les
gens entraient et sortaient.
[Peut-être le goulag russe "communiste" avec 5 étoiles,
marteau et faucille était mieux à la fin?].
[Saïgon avec le "camp de concentration" "chrétien" pour
les candidats paysans dans les MONOplantations d’hévéa:
le contrat de FANTAISIE pour 3 ans]
Les inspecteurs effectuaient toujours des fouilles. Ceux
qui n’avaient pas encore signé des contrats étaient
obligés de tout faire. Le contrat contenait plusieurs
conditions qui semblaient assez bonnes mais qui n’ont
jamais été exécutées. Il y avait aussi de nombreuses
réglementations très strictes. Selon le
contrat [de
FANTAISIE]
-- les travailleurs du caoutchouc devraient voir leurs
salaires calculés chaque jour,
-- [les travailleurs du caoutchouc] auraient des
logements, à sa disposition,
-- [aux travailleurs du caoutchouc] devrait être une
clinique gratuite à sa disposition, et
-- [les travailleurs du caoutchouc] devraient pouvoir
acheter de la nourriture à bas prix dans les
MONOplantations.
À la fin du
contrat de trois ans
-- ils devraient pouvoir retourner dans leurs villages
d’origine, et
-- le propriétaire de la plantation supporterait tous les
frais du voyage de retour.
[QUEL FANTAISIE! Il est probable que même Michelin a payé
pour ces services, mais les patrons et les contremaîtres
"chrétiens" de Michelin ont volé l’argent et n’ont même
pas donné le minimum aux travailleurs de caoutchouc. Dans
le colonies "chrétiens", le vol était systématiquement
développé et l'on peut supposer qu'il y avait même une
compétition pour savoir qui pouvait voler le plus. Voler
dans les colonies c'était comme un sport pour les
"chrétiens"].
2.6. Camp de concentration "chrétien"
Phu-rieng de Michelin: "médecine" toxique - lutte pour
l’eau potable - punitions cruelles - torture des femmes
enceintes
["Clinique de plantation" "chrétienne" de Michelin à
Phu-rieng: La médecine toxique provoque plus de maladies
qu’auparavant]
Les travailleurs avaient l'expérience contraire: pas un
élément du contrat fut réalisé, ou pas complètement. Par
exemple, quand je parle de soins médicaux gratuits, je
mentionnerai simplement que lorsque quelqu’un était
malade, les gardiens de la plantation lui donnaient
toujours un traitement très "efficace" quand quelqu’un
était malade et allaient à la clinique de la plantation
pour demander des médicaments en lui disant de jeûner
pendant quelques jours pour arrêter la "progression" de la
maladie. Ainsi, le malade n’oserait pas se rendre à un
examen par la suite, quelle que soit la gravité de sa
maladie [en future].
["Plantation" de Michelin "chrétienne" de Phu-rieng:
Lutte pour de l’eau bouillie propre]
Ou il y avait de nombreuses conditions que nous avons dû
les forcer à mettre en œuvre, comme la prescription du thé
chaud qui était fait pour nous tous les soirs.
Carte du Sud Vietnam avec Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon)
et avec la MONOplantation d’hévéa Phu-rieng dans la
région des collines [carte 06]
["Plantation" de Michelin "chrétienne" de Phu-rieng:
punitions cruelles avec "isolement cellulaire" pour les
petits cas tels que "troubler la paix"]
Et de nombreuses clauses étaient dures. L’une d’elles
stipulait que quiconque ne suivait pas les instructions
d’un supérieur, ou dérangeait, ou provoquait un incident,
ou s’absentait sans permission, était chargé d’une amende.
Pour la deuxième infraction, il serait enfermé à
l’isolement pendant 5 à 10 jours si l’infraction était
qualifiée de "
trouble à l’ordre public".
["Plantation" de Michelin "chrétienne" de Phu-rieng:
Torture des femmes enceintes à plein temps]
Une autre disposition stipulait que les femmes ne peuvent
recevoir de travail au-delà de leurs capacités; une femme
a droit à un mois de congé de maternité avant de donner
naissance à son enfant, et pendant les deux mois qui
suivent l’accouchement, on lui donnera seulement des
travaux
légers. Mais en réalité, les femmes ont dû
endurer une
situation plus honteuse que les
hommes. Je raconterai ces épisodes plus tard. [Les
nouveau-nés ont été volés ou tués].
2.7. Saïgon juin 1927 "Département
d’arrivée" = "Camp de concentration": 1 semaine perdue -
le transport
[La solidarité pour un séjour de 3 ans à la plantation
de caoutchouc de Phu-rieng est en préparation - la
plupart d’eux vont mourir - terre rouge et terre grise]
À l’arrivée à Khan-hoi, il a fallu environ une semaine
pour remplir tous les papiers. Pendant le temps d’attente,
nous nous sommes rapprochés de plus en plus. En parlant il
s’agissait des choses pratiques. Par exemple, nous avons
dit:
-- "Nous n’avons pas de parents proches. Donc, nous devons
apprendre à nous protéger les uns les autres."
-- Ou: "Ils éclatent de fusils et de matraques. Nous
devrons unir nos forces si nous voulons survivre."
-- Ou: "Essayons de prendre soin les uns des autres,
attendons la fin du contrat de trois ans et retournons
ensuite chez nos familles, nos villages et notre région
d’origine."
Mais en réalité,
seulement très peu ont pu rentrer
à sa maison [parce qu’ils sont morts sur la
MONOplantation ou ont été assassinés par la police ou par
les gardes français "chrétiens"].
Un jour, des camions des entreprises de caoutchouc
[entreprise "chrétienne" Michelin de France] sont arrivés
au centre d’arrivée. À cette époque, il y avait beaucoup
de grandes entreprises dans le secteur du caoutchouc au
Sud-Vietnam, comme la
Compagnie des Terres Rouges
[p.21]. La raison de ce nom était qu’il y avait deux types
de terre dans le sud qui convenaient à la culture du
caoutchouc, l’un
rouge et l’autre
gris.
2.8. Les entreprises et plantations de
caoutchouc "chrétiennes" au Sud-Vietnam - le vol des
terres aussi encore!
[Les entreprises "chrétiennes" du caoutchouc de Vietnam
du Sud: Terres Rouges - Mimot - Michelin (Petit Michel)
- Tropic Tree (arbre tropical) - vol de 50.000 ha de
terres]
En plus de la
Compagnie des Terres Rouges,
il y avait
Mimot,
Michelin
et la société "
Tropic Tree". Chacune a
planté des différentes MONOplantations en rangées [le
géant crime "chrétien" de la MONOculture]. Ils se sont
partagé le pays pour le piller. Les entreprises ont
demandé l’ouverture d’un maximum de
50.000 hectares
en une seule fois. C'est pourquoi ils avaient donc très
peu de travailleurs. Chaque fois que de nouveaux employés
arrivaient, ils devaient être répartis entre les
différentes entreprises pour s’assurer que chaque
entreprise recevait une part équitable.
[Les MONOplantations de caoutchouc "chrétiennes" au
Vietnam du Sud: Sa-cam, Sa-cat, Loc-ninh, Dau-tieng,
Bo-dot et Phu-rieng]
Comme ça, c’était aussi cette fois-ci. Ils nous ont
divisés pour nous conduire dans les MONOplantations de
caoutchouc de
Sa-cam, Sa-cat, Loc-ninh, Dau-tieng,
Bo-dot et Phu-rieng. Ils nous ont divisés
selon nos provinces d’origine. Cent cinquante personnes
furent donc amenées de Ha-nam, moi compris, à Phu-rieng.
Le groupe Phu-rieng était le dernier groupe transporté.
[Travailleurs déposés dans 6 différentes plantations de
caoutchouc de camps de concentration "chrétiens" - le
FAUX espoir de rentrer à la maison après 3 ans de
travail - Tran est kidnappé et transporté sur
l’île-prison de Con-son]
Je n’ai pas besoin de vous dire à quel point nous étions
fâcheux d’être divisés en six ou sept groupes de cette
façon. Nous nous étions sentis très proches l’un de
l’autre après ces jours de faim, d’abus, de flagellation
et de lutte victorieuse dans un pays étranger. Nous étions
sûrs que nous allions vivre ou mourir ensemble pendant les
trois prochaines années. On pourrait se demander alors
comment étaient nos sentiments de désespoir quand nous
devions nous séparer de cette manière d'un jour à l'autre.
Dans mon cas, les frères et sœurs de Thai-binh et de
Nom-dinh et moi nous sentions très liés les uns aux
autres. Ils m’ont dit au revoir à contrecœur, ont pris
leurs affaires et sont montés dans le camion. "Si
seulement tu pouvais m’accompagner, oncle, ce serait si
bien", m’a dit quelqu’un. J’ai été très émue et très
triste quand j’ai vu son affection et sa confiance en moi.
Je ne pouvais penser à rien d’autre que les donner
l'instruction suivante: "Continuez comme ça. J’espère que
vous resterez unis et que vous rentrerez à la maison après
trois ans. Peut-être on va renter sur le même navire."
À cette époque, nous n’aurions pas pu imaginer que seul un
très petit nombre de personnes échapperaient à la mort.
Nous ne pouvions pas non plus imaginer le genre de vie que
nous mènerions dans les MONOplantations de caoutchouc.
Nous avons la chance que quelqu’un a survécu tout cela
afin de rapporter au monde les terribles scènes de ces
enfers sur terre.
Tous les autres groupes ont quitté le service des arrivées
l’un après l’autre. Nous, de Ha-nam, étions 150 personnes,
nous étions le dernier chargement sur le chemin de
Phu-rieng. J’y suis resté trois ans, mais à la fin de mon
séjour dans le camp de concentration, je n’ai pas pu
rentrer chez moi, mais j’ai été emmené par les
impérialistes [criminels "chrétiens" français] sur un
bateau à destination de Con-son [à l'île-prison
vietnamienne des français criminels "chrétiens"].
Mais cette histoire n’arrive que trois ans plus tard
[p.22]
Logos de Michelin 1889-2024 - une entreprise criminelle
"chrétienne" de caoutchouc comme les autres en Europe
contre l’Afrique, l’Amérique et l’Asie - pour produire
les pneus des véhicules et les joints en caoutchouc et
les bottes de caoutchouc etc. [13]
[Qui étaient les autres entreprises de caoutchouc qui ont
terrorisé le monde avec des camps de concentrations dans
les colonies criminelles "chrétiennes"? Goodyear, Dunlop,
Bridgestone, Continental, Apollo etc.].