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Colonialisme blanc "chrétien" avec des atrocités et des crimes
Congo français: Terre de souffrance (de Marcel Homet)

2. Brazzaville - Le "Congo-Océan" - toutes les chapitres

Livre de Marcel Homet: Congo
                              français: Terre de souffrance (Congo.
                              Terre de souffrance) Paris 1934   Marcel
                              Homet, portrait   Brazzaville, Avenue de Commerce
                              1934   Ligne de chemin de fer
                              Congo-Océan, train de construction des
                              années 1930 env.
Livre de Marcel Homet: Congo français: Terre de souffrance (Congo. Terre de souffrance) Paris 1934 [1] - Marcel Homet, portrait [2] -
Brazzaville, Avenue de Commerce 1934 [3] - Ligne de chemin de fer Congo-Océan, train de construction des années 1930 env. [4]

2a. Brazzaville: prison catastrophe - soupçon clair: vol de l'argent étatal par le personnel de la prison
2b. Brazzaville: conditions, alcool "chrétien" et les chinois etc. - 2c. Voyage de Brazzaville à Bangui sur le fleuve Oubangui
2d. Chemin de fer Congo-Océan: Vol par le chef de chemin de fer - massacre sur les chantiers du chemin de fer - ligne fausse par des speculations capitalistes

de: Marcel Homet: Congo. Terre de souffrance (Paris 1934)

présenté par Michael Palomino (2024)

Les diables "chrétiens" (M.P. 25 avril 2024) - la merde "crétienne" (M.P. 9 jouin 2024) - Les "chrétiens" sont la MERDE (M.P. 10 jouin 2024)

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2a. Brazzaville: prison catastrophe

2. Brazzaville - Le "Congo-Océan"

2.1. Balisage (marquer) - aviation - port fluvial
On arrive à Brazzaville

Carte du Congo
                                  français: "République du
                                  Congo" Carte du Congo français: "République du Congo" [carte 01]

Le Congo belge avait déjà un chemin de fer de Matadi à Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) à partir de 1898 - mais les élites françaises, avec la maladie mentale de Napoléon, voulaient avoir leur propre ligne de chemin de fer, de Pointe Noire à travers les montagnes du Mayombe jusqu’à Brazzaville, au lieu de Madingo en remontant la rivière Kouilou jusqu’à Brazzaville sans aucun problème. La ligne de chemin de fer criminelle à travers les montagnes de la jungle des montagnes du Mayombe a été ouverte en 1934 après des meurtres de masse, un exode massif et des spéculations territoriales par le gouvernement français.

Léopoldville avait ainsi 30 ans d’avance en termes de développement: à partir de 1898, la ville est directement reliée par un chemin de fer à un grand port Matadi. Un pont de Léopoldville à Brazzaville passant le Congo n’a jamais été construit. Léopoldville a progressé et Brazzaville est resté un village de province sans calanisation et pendant longtemps sans éclairage, avec un gigantesque complexe d’envie et de corruption. Lorsque Brazzaville était en difficulté, les Belges étaient toujours si gentils" pour aider les Français.

Carte 03: Les
                                deux lignes de chemin de fer 1) de
                                Pointe-Noire à Brazzaville et de Matadi
                                à Kinshasa (ex-Léopoldville)
Carte 03: Les deux lignes de chemin de fer 1) de Pointe-Noire à Brazzaville et de Matadi à Kinshasa (ex-Léopoldville) [carte03]

Les deux Congos "chrétiens" avaient en commun de traiter les Noirs pire que des animaux avec des fouets, des punitions, des déportations, du travail forcé, de l’esclavage et même des meurtres de masse par surmenage et refus de nourriture et en refusant les soins médicaux. Les deux Congo "chrétiens" ont donc mis en place un système de camps de concentration "chrétiens" sur les plantations et les chantiers. Sur certains chantiers, on importait des Chinois, qui étaient bien payés. On voit ici l’exemple français de Brazzaville et du chemin de fer français Congo-Océan, décrit par l’archéologue et anthropologue Marcel Homet (1897-1982).




[Congo français : Un voyage sur un fleuve - le gouvernement français fait travailler les Belges - les accidents au Congo français sans fin]

Après une formidable tornade qui avait obligé le navire à piquer du nez dans les herbes de la rive, nous débouchions dans le "Pool".

"Pool", mot anglais, signifie lac. On a ainsi dénommé la grande étendue d'eau qui se trouve entre les deux capitales, belge et française, de l'Afrique Centrale.

Navire sur le
                      fleuve Congo entre Coquilathville et Léopoldville   Carte: le
                            "bassin" du Congo avec Brazzaville
                            (à gauche) et Kinshasa (ex-Léopoldville) à
                            droite   Les bouées sont
                      très importantes sur le fleuve Congo pour que les
                      capitaines sachent où le fleuve n’est pas
                      navigable
Navire sur le fleuve Congo entre Coquilathville et Léopoldville [5] - Carte: le "bassin" du Congo avec Brazzaville (à gauche) et Kinshasa (ex-Léopoldville) à droite [carte 02] - Les bouées sont très importantes sur le fleuve Congo pour que les capitaines sachent où le fleuve n’est pas navigable [6]

Juché fort haut sur la passerelle de commandement, je m'aperçus que toutes les bouées, qui jusqu'alors avaient jalonné notre chemin, avaient disparu.

-- Nous sommes revenus dans les eaux françaises, répondit le capitaine à ma muette interrogation. Ce n'est plus balisé.

-- Nous profitions donc du travail des Belges?

-- Euh! Oui et non! En 1924 une convention fut signée entre la Belgique et la France. La première devait baliser le fleuve Congo, la seconde l'affluent de celui-ci, l'Oubangui [fleuve Ubangi au nord] [p.161].

Chacun se mit à l'oeuvre. Les Belges, consciencieux comme toujours, armèrent deux navires et firent venir des ingénieurs hydrographes. D'un bout de l'année à l'autre, on put les voir, balisant et dressant la carte des fonds rocheux.

De notre côté, nous ne fîmes rien pendant un an, puis, en 1925, le gouverneur général donna à un capitaine de navire les instructions nécessaires pour commencer le balisage [la marque]. C'est d'ailleurs à peu près tout ce qu'il lui donna: à lui de se débrouiller [solutionner des problèmes].

Et il se débruilla. De vieilles chaînes, des tonneaux vides, représentèrent les bouées. Des bouts de planches grossièrement façonnés figurèrent des "voyants". Mal fixés aux arbres de la rive, ils disparurent bientôt.

Au bout d'un an, les maigres crédits mis à sa disposition étant épuisés, la mission rentra au port.

Cependant, le fleuve, continuant son affouillement traditionnel, monta, puis descendit. Aux premières eaux basses qui suivirent le départ de la mission, les bancs de sable avaient déjà changé de place: les passes étaient plus qu'a demi obstruées. Le niveau du fleuve se souleva une seconde fois charriant un flot d'alluvions. Les eaux se retirèrent et l'on vit avec stupéfaction les bouées indiquant les passes libres mollement échouées sur de magnifiques et énormes bancs de sable où se prélassaient, en toute tranquillité, de nombreux caïmans.

Ce fut tout. Le gouvernement général de l'A.E.F. qui avait envoyé sa mission, et avait ainsi [p.162] fait honneur à ses engagements, ne se préoccupa plus de rien.

Dans les eaux belges, les navires passent avec la plus entière sécurité. Dans les eaux françaises, les capitaines sont contraints de s'en remettre au flair des barreurs noirs.

C'est pourquoi l'on voit de si nombreux accidents.

-- Bah! fis-je au capitaine. C'est partout la même chose. Tenez, l'aviation...
-- !!!
-- Oui! Une convention a été, là aussi, signée entre les deux colonies.

"D'après ce traité, les avions français, qui sont à Bangui [capitale de l'Afrique Centrale], auront le droit de se servir des installations de la "Sabena", la remarquable entreprise belge de transports aériens, qui a jalonné [marqué], tous les cinquante kilomètres, la rive belge de terrains d'aviation. Il y aura réciprocité de survol, dit le contrat.

-- Eh bien, que trouvez-vous là de drôle? me dit le capitaine avec étonnement.

-- Moi? Rien! A part peut-être la clause "réciprocité".

-- Pourquoi?

-- Pourquoi! Il n'y a aucun terrain d'aviation sur la rive française du Congo.

***

Au loin apparaissent les huit pylônes de la T.S.F. de Brazzaville.

Commencé en 1924, ce poste devait être le [p.163] plus fort de l'Afrique. Mais on doit déjà le démolir sans qu'il ait jamais servi: les pylônes tombent en ruine.

Il en est de même du port de Brazzaville devant lequel nous venons d'arriver. On l'a commencé il y a deux ans. Des quais ont été élevés qui avaient bonne apparence. . Malheureusement on a oublié d'installer des "bittes" d'amarrage, puis le revêtement extérieur des quais, sur le fleuve, a été mal compris... ou n'a peut-être pas connu le ciment.

Le fait est qu'à peine terminés, les quais s'effondrent, des trous énormes se font jour dans les parements. On ne les répare pas. A quoi bon. On vient de s'apercevoir que les ingénieurs de la Société concessionnaire s'étaient trompés. Le port s'ensable chaque jour. On en refera donc un second!


Soupçon: vol systématique "chrétien"
Les ingénieurs ont mis l’argent pour le ciment et pour les bornes dans leurs propres poches et ils ne se soucient pas du type de rupture qu’ils fabriquent, car Paris est totalement submergé par les nombreuses colonies. C’est ainsi que fonctionne l’économie "chrétienne" dans la France catholique. Ce système de vol est bien normal comme au Pérou ou dans d’autres états coloniaux catholiques, même après l’indépendance on ne changera rien, j’ai pu l’observer moi-même au Pérou pendant 9 ans ce système de vol - de 2008-2012 et 2015 à 2020.

Et comme l’ensemble du système économique est toujours "sous pression" à cause du marché boursier criminel avec les cours des actions et les dividendes, la vérité ne doit bien sûr jamais être publiée, et donc certaines personnes ont toujours les mains libres avec le vol de masse.


***

2.2. Vous irez en prison
Crime "chrétien" contre Homet: la vérité criminelle sur le chantier du chemin de fer Congo-Océan coûte la liberté

[Congo français: la vérité de Homet sur les travaux du chemin de fer Congo-Océan - le gouvernement français "chrétien" invente "outrage" et "menaces"]

Brazzaville, Avenue de Commerce 1934   Cour de Brazzaville en 1930 env.
Brazzaville, Avenue de Commerce 1934 [3] - Cour de Brazzaville en 1930 env. [7]

Le [bateau] Surcouf (corsaire pendant Napoléon contre les anglais [web03]) atteignait Brazzaville. Par suite de sa vitesse, son arrivée se trouvait avancée. Il n'était pas attendu... et moi non plus.

Comme je l'ai conté par ailleurs, un administrateur du cabinet du gouverneur de l'Oubangui-Chari, m'avait averti de ma prochaine arrestation [p.164]. On n'avait pas osé le faire à Bangui [capitale de l'Afrique Centrale] où les magistrats, à quinze cents kilomètres de la capitale, n'étaient pas sûrs!

Or il fallait à tout prix étouffer des révélations que j'avais menacé d'étendre jusqu'au public français [sinon le cours des actions baissera].

Ensuite, j'avais fait part de mon intention de visiter les travaux du chemin de fer Congo-Océan: chose interdite à un journaliste scrupuleux, surtout, - et je le dis sans me vanter, - spécialiste en matières ferroviaires coloniales.

Sachant que j'allais être arrêté, j'aurais pu passer par le Congo belge. Je n'en fis rien: les dés étaient jetés.

Au moment où le Surcouf accosta, le commissaire central de Brazzaville monta à bord.

Quelques instants plus tard, escorté de quatre soldats baïonnette au canon, je faisais mon entrée chez le juge d'instruction. J'étais inculpé aussitôt "d'outrages au procureur général".

-- Mais enfin, monsieur le juge d'instruction, on n'a pas le droit de m'arrêter!
-- J'ai reçu des ordres.
-- De plus, arrêté relativement à la publication d'une lettre ouverte, j'ai droit à la Cour d'assises, qui seule me permet, selon la loi, de montrer mes preuves.
-- Vous passerez en correctionnelle.
-- Mon défenseur...
-- Vous n'aurez pas de défenseur, c'est interdit par la loi congolaise.
-- Je veux connaître mon dossier!
-- Impossible. C'est interdit par la loi congolaise. Vous connaîtrez à l'audience les charges qui pèsent sur vous.
-- Mais...
-- Reconduisez l'inculpé [note 01].

[note 01] Dialogue résumé, mais dans son ensemble rigoureusement exact. Tout ce qu'indique le magistrat, relativement au défenseur, dossier, etc., est légal en A.E.F.

[Tout est interdit pour que les cours des actions ne baissent jamais, mais seulement montent et que les "bonnes nouvelles" se répandent].

***

Au bout de cinq jours de détention, il fallait me relâcher. C'était la loi: je n'étais passible que de deux ans de prison et mon casier judiciaire était vierge.

Mais... au bout de quatre jours seulement une seconde inculpation, arrivée par télégramme, pesait sur moi:
-- Outrages au gouverneur de l'Oubangui-Chari;
-- menaces adressées au même et tentative de chantage, pour un tiers, par rapport à ce haut fonctionnaire.

Avant de quitter Bangui [capitale de l’Afrique centrale sur le fleuve Oubangui], en effet, j'avais pris la défense d'un colon qui ne pouvait payer au fisc douze cents francs qu'il lui devait et que le gouverneur voulait faire jeter en prison en attendant la vente de tous ses biens.

J'avais dit ce que je pensais de la justice. J'avais menacé de dévoiler de hautes collusions. J'étais maintenant sous le coup de trois ans de prison.

Condamné à six mois de prison sans sursis, la Cour d'appel, présidée par un magistrat à la haute conscience, me donna le sursis. Et l'on craignait aussi la voix de deux avocats, un belge [p.166] et un français, qui, malgré les pressions effectuées, avaient tenu à m'accompagner en audience.

Je sortis donc de prison après sept semaines de détention préventive.


[Congo français: la vérité sur les travaux du chemin de fer Congo-Océan - le gouvernement français "chrétien" invente "diffamation"]

L'avant-veille de ma sortie, alors que l'on savait que le désintéressement et le courage de mes défenseurs, joints à l'honnêteté du président de la Cour, allaient me rendre à la liberté, je fus l'objet d'une troisième inculpation: diffamation.

Je reviens de trois mois en arrière. Aussitôt que le capitaine D... de P... eut réussi à faire disparaître de la Lobaye (une préfecture dans l'Afrique centrale [web04]) le gênant témoin que j'étais, je reçus du gouverneur l'ordre d'avoir à payer trois redevances domaniales relatives à ma propriété.

Or, j'avais en main les reçus postaux de mes paiements. Je l'indiquai.

Pour toute réponse on m'écrivit que, si dans les quinze jours je n'avais pas payé ces redevances, "tous mes biens feraient purement et simplement retour aus domaines." [note 01]

[note 01] La "confiscation totale des biens" pour un paiement minime, est légale en A.E.F.

[C’est une terreur coloniale "chrétienne" normale pour enrichir les employés de l’État - c’était comme ça dans toutes les colonies du monde].

Je ne pouvais payer à nouveau. On le savait. Je déposai une plainte en vol.

A Brazzaville, le président refusa de faire état des déclarations de la poste affirmant avoir payé. Il refusa l'expertise comptable demandée par moi et me débouta.

A la reprise de l'audience, l'administration, partie civile contre moi, demanda "ma très sévère condamnation pour m'empêcher de continuer la publication de mon journal." [p.167]

Ce qu'accepta le président, qui me condamna à un nouveau mois de prison et - avec le frais - à vingt mille francs d'amende, et un franc de dommages et intérêts.

Là encore, tout tomba en appel, sauf le franc de dommages et intérêts, geste symbolique que le président de la cour, malgré qu'il en eut, ne put prendre sur lui de retirer.

Avant de quitter ce chapitre, je tiens à ajouter ces quelques mots:

Relativement à toutes les inculpations dont je venais d'être gratifié, j'ai pu me rendre comte de ce qu'aucune plainte n'avait jamais été déposée contre moi. L'action de la justice avait été déclenchée automatiquement par le Ministère public qui avait exigé les poursuites, mon arrestation préventive, puis mes condamnations.

Et le chef du Ministère public est, nul ne l'ignore, le procureur général chef du service judiciaire de l'A.E.F.


La terreur dans les colonies ne peut pas être contrôlée par les gouvernements en Europe, et dans les colonies le pouvoir judiciaire fait ce qu’il veut - et ce népotisme et cet arbitraire continuent après les indépendances, parce que les familles nobles des ex-colonies pensent alors que ce comportement serait "normal". ÇA c’était alors la propagation de la "civilisation".


***

2.3. La prison

[Congo français - Brazzaville: le gouvernement "chrétien" a installé des camps de concentrations avec des chambres cruelles]

Lorsqu'on descend, soit du bateau, soit du train, à Brazzaville, et que l'on se rend sur le "plateau", on aperçoit vers la droite, sur un terre-plein surélevé de deux mètres, une espèce [p.168] de château fort surmonté d'une tour crénelée, avec, tout autour, des paillotes en terre gâchée recouvertes de chaume pourri.

Le tout branlant, chancelant, d'un aspect bien misérable.

Les amis du pittoresque africain, ceux qui passent, ceux qui étudient ou qui flânent, se demandent curieusement les uns aux autres:

-- Qu'est-ce?

C'est la prison dont le gouverneur général a doté la cité.

Je dois à la vérité de dire que le piteux état de cette geôle n'est pas imputable au gouverneur général actuel. Construite il y aune vingtaine d'années, elle servait à cette époque, reculée pour l'A.E.F., de prison pour indigènes. Le gouvernement de cette colonie, par un louable souci d'économies, s'est simplement arrangé pour y placer, dans une regrettable promiscuité, avec les blancs, les femmes noires, les voleurs, les enfants de la "correction", ainsi que les assassins.

D'abord une rampe en pente raide, bordée de fils de fer barbelés.

A la porte, le régisseur.

Le gendarme qui m'accompagne tend à son collègue le billet d'écrou. Deux ou trois mots rapides du règlement, et, dans la nuit, je suis conduit au fond de la cour.

Dans une pièce délabrée, rendue plus lépreuse encore par la lueur vacillante de la lampe que l'on me donne pour me permettre de me déshabiller, on m'avance une chaise. Clic-clac! me voilà enfermé. [p.169]

[Congo français - Brazzaville: la chambre de la prison]

J'entends les crosses des mousquetons qui heurtent lourdement le sol, des mots prononcés à voix basse. Au loin un chien aboie. Une lueur de foyer se reflète en lames minces au travers des persiennes sur le mur de ma chambre, puis, c'est le silence total, lourd de menaces.

Dans un coin de la pièce, j'ai entrevu un bidon de pétrole, une touque comme nous le nommons au Congo. C'est le baquet, pensai-je, le fameux baquet des prisonniers. Le lit, lui, m'a attiré, car il semble coquet. Il est en cuivre, passé au vernis noir, sa moustiquaire est blanche, sa taie d'oreiller bien tirée. J'ai hâte de faire sa connaissance. Je me déshabille, je soulève la couverture. Horreur! L'étoffe de l'oreiller se transforme en trois loques déchiquetées, trouées, soigneusement aplaties et ayant la prétention, sur un matelas tout bossué de crins qui ressortent, de représenter le drap de dessous. Quant à celui de dessus, c'est plus simple, il n'y en pas! Deux couvertures de cheval en font office. Jamais lavées, pleines de la sueur et de la crasse des prisonniers qui se sont succéds avant moi, elle s'appliquent à même la peau.

Je souffle la lumière. L'obscurité, dense, m'étreint. Je voudrais me lever. Je voudrais sortir. Oh!cette impuissance, ce sentiment que l'on a de l'inutilité de tout effort. Est-il une torture qui annihile mieux la personnalité? Tout s'écroule en moi. Mes nerfs se crispent de rage.

Je me lève. J'ai bien des allumettes, mais ai-je le droit de m'en servir? A quoi bon! Je me recouche. Je suis las. comme une brute, je m'endors. [p.170]


2.4. Dans la prison

2.4.1. L'affaire Panot-Baré-Titot
Des vols "chrétiens" du chantier "Congo-Océan": vol comptable - vol par encaisser 40.000 francs par mois pour des ouvriers qui ont pris la fuite - et un vol de 40.000 à 80.000 francs


[Congo français - prison de Brazzaville: le gouvernement "chrétien" célèbre le terrorisme contre la vérité avec des clefs]

Au loin chante le coq! Une lueur diffuse emplit ma chambre. J'ouvre les yeux. Dans la cour on s'agite; des crosses résonnent; des commandement - en un français petit nègre qu'en d'autres temps je trouverais cocasse - retentissent.

Maintenant, le plein jour emplit la pièce. A droite, à gauche, des verrous claquent, des clefs grincent. Devant chez moi, rien! Si, un sergent indigène arrive, deux gardes le suivent. Le gradé commande: "Bayette... anon!" L'acier froisse l'acier, l'éclair bleuâtre des armes jaillit. Je regarde par les persiennes. Les deux gardes, arme au poing, sont immobiles devant ma porte. Je me précipite à la fenêtre; deux autres soldats sont là.

Le café passe devant moi. J'entends les exclamations de plaisir des voisins qui le hument. Ma porte reste toujours fermée, les gardes ne bougent pas. Je me recouche. J'attends. [Comportement addictif de café "chrétien"].

Café nocif
Café nocif [8]


Cependant des clefs se font entendre. Leur bruit se rapproche. Les verrous reclaquent, la porte s'ouvre et je trouve devant moi les visages [p.171] ahuris de ceux qui vont devenir, pendant près de deux mois, mes compagnons de malheur.

-- Comment vit-on ici? Et je lampe une gorgée de café.

Panot, le prisonnier auquel je m'adresse, me regarde avec un bon sourire:

-- Comment on vit? Mais, pas trop mal, n'étaient l'eau polluée, la mauvaise nourriture, l'air malsain, les mouches, les moustiques, et, de temps à autre, la cellule. En outre... Et il me montrait les loques innommables couvrant son corps: oui, continua-t-il, en réponse à mon regard interrogateur; comme nous ne sommes qu'en prévention, nous n'avons pas droit aux vêtements de prisonniers. Non plus qu'au travail d'ailleurs. Donc, pas d'argent, pas de vêtements, bientôt nous irons tout nus.



Le principe criminel "chrétien": traiter les personnes en détention provisoire plus mal que les condamnés
Cette injustice de traiter les personnes en détention provisoire pire que les criminels condamnés n’a pas été corrigée dans le système carcéral "chrétien" à ce jour. L’administration pénitentiaire "chrétienne" ne se soucie tout simplement pas de cette torture en détention provisoire. De nombreuses personnes innocentes sont en détention et pourraient faire quelque chose de positif - non, ces forces sont perdues. La justice n’a pas d’importance pour les patrons "chrétiens" criminels. C’est même amusant pour certaines administrations pénitentiaires de garder des personnes en garde à vue le plus longtemps possible, quand on observe que la transmission de documents sur 60km prend une semaine, etc. J’ai pu en faire l’expérience en direct pendant une semaine dans la prison criminelle de Lörrach en 2008, comment les choses s’y font et comment le contribuable et volé par des manœuvres superflues. La prison doit toujours être pleine pour que le travail des gardiens ne soit pas mis en danger. Et ils se sont appelés "chrétiens" - Lien (allemand)




-- En somme ce n'est pas fameux?
-- Non, pas très, répond derrière moi une voix faubourienne.
-- Tiens! Tiens! Un Parigot par ici. C'est au moins vous, Baré? Je vous ai sérieusement défendu dans mon journal.
-- Nous vous remercions, mais, que voulez-vous, rien à faire.

Je me rappelais cette lamentable affaire, celle de Panot-Baré, deux pauvres diables honnêtes, et de Titot, de réputation douteuse.


[Congo français - chantier "chrétien" du chemin de fer "Congo-Océan": vol comptable de 9000 francs, taxes]

Ligne de chemin de fer criminelle
                        au Congo français de Pointe-Noire à Brazzaville,
                        chantier dans les montagnes du Mayombe au tunnel
                        du Kil 
Ligne de chemin de fer criminelle au Congo français de Pointe-Noire à Brazzaville, chantier dans les montagnes du Mayombe au tunnel du Kil [9]


Ils étaient tous les trois employés au chemin de fer "Congo-Océan". Coup sur coup, divers scandales venaient d'éclater:
-- vols éhontés, et non punis;
-- concussions vraiment exagérées, même pour [p.172] le Congo, etc...

Le Ministère demandait LES coupables. Et le gouvernement général s'est ingénié à lui trouver DES coupables.

Pour une fois l'administration eut une chance. Titot venait de détourner neuf mille francs. On put en fournir la preuve et il avoua. On le fourra en prison.

C'était un vol comptable. Il fallait trouver maintenant une escroquerie relevant du service des travaux publics.

Après maintes investigations, on découvrit que deux camarades de Titot, chefs de districts du chemin de fer, avaient fourni des états de paiement de leurs travailleurs non conformes à la réalité. Deux différences étaient relevées: treize cents francs pour l'un, deux mille cent francs pour l'autre.

Affreux scandale. avant toute instruction on arrêta les coupables, que l'on jeta en prison.

Poussées plus avant, les investigations n'allèrent point toutes seules: les deux inculpés d'escroquerie ne possédaient pas de caisse!

-- Oui, articulait le procureur, mais le comptable Titot s'entendait avec eux. Ils partageaient la différence.

Ce qui eut été plausible si, à cette époque déjà, Titot, relevé de ses fonctions, n'avait été en prison.

En outre, l'accusateur principal, un nommé G..., comptable principal au chemin de fer, détenait seul les fonds.

-- Mais les états de travailleurs étaient falsifiés, affirma le procureur. Je retiens contre les [p.173], l'inculpation de "faux et usage de faux commis par des fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions et je demande pour eux, cinq ans de bagne".

-- Faux et usage de faux commis par des fonctionnaires, clamèrent les défenseurs. Mais Panot et Baré ne sont que des journaliers payés à raison de soixante-quinze francs par jour ouvrable. Montrez donc vos états de fonctionnaires.

-- Inutile, trancha le procureur, qui coupa court et abandonna son accusation. Mai il reste le faux.

-- Comme nous n'avons pu consulter le dossier de nos clients, déclarèrent les avocats (fonctionnaires choisis pour la circonstance par le gouverneur, qui s'était trompé sur leur compte), nous demandons que la preuve du faux soit apportée à l'audience.

-- Inutile, affirma encore le Ministère public qui ajouta:

-- J'abandonne l'accusation de faux, mais je requiers l'inculpation, pour Baré et Panot, de "complicité de tentative d'escroquerie".

[Congo français - chantier "chrétien" du chemin de fer "Congo-Océan": 40.000 francs par mois pour des ouvriers qui n'existent plus]

-- Qui n'a pas eu lieu, affirma à la barre le directeur du chemin de fer Congo-Océan, haut fonctionnaire unanimement respecté pour son honnêteté. Non, qui n'a pas eu lieu. En outre, j'estime comme très exacte la raison donnée par les inculpés, relativement à la différence qui existait entre leurs états de personnel et celui qui existe réellement. Tous les mois, de nombreux travailleurs noirs du chemin de fer se sauvent dans la brousse [pour ne pas mourir de maladie et de malnutrition sur les chantiers]. Tous les chefs de districts ont des [p.174] listes d'appel où les ouvriers sont en nombre supérieur à ceux qui sont présents à la fin du mois. G..., le comptable principal, qui se déplace pour payer les hommes, a toujours des en "trop" dans sa caisse. Ceux-ci atteignent parfois quarante mille [40.000] francs par mois, ce qui correspond à la paie de quelque cent cinquante déserteurs. En outre, j'ajoute que je suis très satisfait des services de Pant et Baré.

Franc français 1930: billet de 5 Francs 
Franc français 1930: billet de 5 Francs [10]


La Cour se retira. Elle est composée en A.E.F., où l'institution du jury n'existe pas, d'un magistrat président (pas toujours), de deux fonctionnaires, dont le propre chef de cabinet du gouverneur général, et de deux commerçants adjudicataires des administrations de la colonie.

A la majorité d'une voix, les accusés furent reconnus coupables "de complicité de tentative d'une escroquerie qui n'avait pas eu lieu".

Panot et Baré - dont le casier judiciaire était vierge - furent condamnés à deux ans de prison sans sursis. Plus, avec les frais, quinze mille francs d'amende.

Titot, lui, qui avait avoué un détournement de neuf mille francs, fut condamné à trois ans de prison sans sursis, quinze mille francs d'amende et le remboursement des sommes détournées.

Panot et Baré se pourvurent en cassation contre cet arrêt. Mais on ne s'étonnera pas d'apprendre, après les révélations de l'affaire Stavisky, que leur peine était déjà purgée et qu'ils étaient en liberté, sans que la Cour de cassation ait trouvé le temps de juger. [S.175]

***

[Congo français - Chantier "chrétien" du chemin de fer Congo-Océan : le gouverneur "chrétien" de l’A.E.F. laisse passer des vols d’environ 40.000.000 à 80.000.000 francs]

Un an après ces faits, le gouverneur général de l'A.E.F. fut accusé, dans un quotidien parisien, d'avoir fermé les yeux sur des détournements atteignant plusieurs dizaines de millions.

Il put répondre immédiatement que: "Lorsque des voleurs étaient découverts, la justice suivait toujours son cours, à telle enseigne que certains d'entre eux étaient encore en prison."



2.4.2. L'affaire Costa
Une livraison de poisson pourri - incroyable

[Congo français prison Brazzaville: Le "chrétien" Costa de Léopoldville: il manquent 180.000 francs - livraison de poisson pourri - extorsions pour payer]

Il y avait aussi dans la prison un Portugais nommé Costa. Arrêté au Congo belge, sur demande de la police française, incarcéré à Léopoldville, extradé, il était accusé d'avoir escroqué à son patron une somme de cent quatre-vingt mille francs [180.000 francs].

Depuis dix mois, il croupissait en prison préventive, à la suite d'une instruction qui s'était faite inexplicablement longue. On disait que son interrogatoire, en audience, pouvait compromettre trois officiers aimant fort les cadeaux. Le fait est que, depuis un mois que l'instruction était terminée, Costa ne savait qu'une chose: qu'il passait aux assises. A quelle date? On ne s'était pas encore résolu à la fixer [p.176].

Et cette parodie de cour sans jurés, composée en partie de tributaires du gouverneur général, n'inspirait guère confiance au Portugais à qui l'expérience avait appris qu'il serait plus ou moins condamné suivant l'intérêt du moment.

-- Ce qui m'étonne, disait Panot, c'est qu'on ne lui ait pas encore fait boire du "mauvais café". Il en sait trop!

Costa est venu me demander mon aide pour sortir de sa difficile situation. Encore qu'il me répugne de défendre un coquin, j'accepte avec l'arrière-pensée de faire condamner les officiers concussionnaires. Je demande au Portugais de me conter avec exactitude ce qui lui est arrivé.

-- Voici, me dit-il. Je ne suis au Congo français que directeur d'une firme portugaise. Mon patron est en Europe, et il a confié à un commerçant de ses amis le soin de me ravitailler en marchandises et denrées destinées aux travailleurs indigènes du chemin de fer Congo-Océan. Je dois rendre compte mensuellement de mon avoir en caisse. Dernièrement, je reçois l'avis de ce que deux cents tonnes de poisson sont arrivées, à mon adresse, à la gare de Léopoldville. J'y vais. Tout le poisson était pourri. Je proteste. On me répond:

Poisson dans le fleuve Congo "Tétra
                        tigre goliath" (Goliath Tigerfish)
Poisson dans le fleuve Congo "Tétra tigre goliath" (Goliath Tigerfish) [11]

-- Bah! C'est pour l'administration française. Et l'on me menace de me faire perdre ma place si je ne prends pas livraison de cette marchandise. Que faire? Je vais trouver un officier de mes amis, président de la commission de recettes à Brazzaville. Je lui glisse 25.000 francs dans la main. Le lendemain, lorsque la commission [p.177] passe, les noirs de l'entrepôt, habitués à ces sortes de choses, ouvrent quelques superbes paquets de poisson, qui étaient placés sur le haut de la pile des 20 tonnes que j'avais seulement fait entrer. Les officiers regardent: "Accepté", me dit le président. Le soir je fais passer au Congo français tout mon poisson pourri qui est entassé en hâte dans des wagons, amenés par mon ami sur le beach [plage]. Le train part en brousse où il est garé le temps nécessaire pour que son chargement ait le temps normal de se gâter. Après quoi certains officiers, chargés de la distribution des vivres aux travailleurs, leur donnèrent ce poisson. Mais cela coûte cher, de pareilles pratiques. J'ai dû donner deux autos à X..., 50.000 francs à Y..., 20.000 à Z..., sans compter les petits cadeaux aux noirs et à certains autres intermédiaires. Bref, lors de la vérification de ma caisse, il me manquait près de 140.000 francs. Mon patron a déposé une plainte contre moi. Et voilà!


"Chrétiens" français: le clima n'importe pas - les morts n'importent pas
L’administration française arrogante et "chrétienne" du Congo français n’a pas eu l’idée de
-- que dans un clima tropical, les aliments peuvent difficilement être stockés de manière durable
-- que les ouvriers du chemin de fer du Congo pourraient mieux entretenir leurs propres jardins et étangs afin d’avoir toujours des aliments frais.
Les "chrétiens" de la France pensaient simplement que le climat n’était pas important. Et c’est ainsi que des milliers de Noirs sont morts sur les chantiers de construction ferroviaire, à cause du régime catastrophique et à cause du refus des engins de construction normaux  d’Europe: La ligne de chemin de fer a été en grande partie construite à la main avec des scies de jardin et des houes de jardin.

Dans le sud tropical du Vietnam, qui était aussi une colonie française, exactement le même massacre a eu lieu avec la déforestation et les travaux de plantation ou avec les chantiers de construction de chemins de fer: climat tropical, les gens des montagnes au climat tropical ne peuvent pas tolérer le climat, nourriture pourrie, esclavage, pas de soins médicaux pour les maladies tropicales, torture et blessures graves avec des fouets, déforestation avec des outils de jardinage, exemple plantation de caoutchouc de Phu Rieng lien (anglais).

Quoi sont alors les "chrétiens" de la France?




[Congo français prison Brazzaville: appellation de la femme de Costa - officier très malade - second officier malade - troisième officier se cache - autre vol de Costa à Lisbonne?]

Quelques jours après, ma femme, munie des documents nécessaires, fait paraître dans "Don Quichotte" un dessin fort suggestif, accompagné d'une légende très explicite.

Aussitôt, l'officier le plus compromis tombe malade. Son état est tel qu'il exige son rapatriement immédiat. Le gouverneur général l'expédie à [la ville portuaire de] Pointe-Nore, où il prend le premier paquebot de passage.

Un second officier est muté, lui aussi, à Pointe-Noire. Il attend le développement de l'affaire. Le troisième se terre. [p.178]

Et Costa qui venait de passer 12 mois en prison préventive, bénéficie d'un non-lieu. On l'envoie se faire pendre ailleurs. Arrivé à Lisbonne, il commet un autre vol et disparaît sur un vapeur brésilien. La police portugaise est à ses trousses! Mes efforts n'avaient abouti qu'à sauver quatre bandits!

Ce n'était pas du tout ce que j'avais cherché.

[On ne sait pas ce qui est vrai avec cette histoire].


2.4.3. Hygiène et discipline à la prison
Tonneaux comme salle de bain - pas de l'eau - le fleuve est la toilette - laves seulement le dimanche - dysenterie sans médecine ni médecin - vol total

[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" Brazzaville: conditions catastrophiques avec des tonneaux - SOUPÇON: vol de l'argent pour la construction: 75.000.000 francs]

Cette prison manque vraiment du confort le plus élémentaire. A ma droite, trois misérables cabanes de "potopoto" (terre gâchée) crevassées, laissant apercevoir la vêture des dames de ces messieurs les gardes. De l'autre côté, une série de petites cases dont l'une évacue, par sa porte voilée d'une natte pourrie, un nuage de mouches: ordinaires, bleues, vertes, qui tourbillonnent dans le soleil.

Ce sont les water-closets des Européens. Ils sont représentés par un tonneau de 80cm de large et de 50cm de haut. On les vide (lorsque les corvées y pensent), une fois par 24 heures. C'est à la fois hygiénique et odorant.

Petits fûts en
                        étain
Petits fûts en étain [12]


Ce tonneau est posé sur trois chevrons qui portent à faux et basculent à chaque mouvement que fait le prisonnier. Celui-ci s'installe en équilibre [p.179] instable sur une planche formant pont. Le spectacle, que tout le monde peut voir de la cour, est assez répugnant. En outre, les centaines de mouches qui sortent de cet édicule bien "Aéfien" se précipitent dans le potage à peine servi, dans la touque ouverte qui contient la provision d'eau, où elles se noient en grand nombre, dans les assiettes, dans les quarts de café du matin au point qu'on est obligé, même en buvant, de les couvrir de papier pour empêcher ces indésirables intrusions.

Tout est à l'avenant d'ailleurs, dans cette geôle. Devant la porte des cabinets, à trois mètres de la table où  l'on mange, une énorme mare verte et nauséabonde, contenant autant d'eau que d'urine coulée du tonneau, empoisonne l'atmosphère de ses émanations fétides.

Et le gouverneur général de l'A.E.F. a obtenu, en 1931, je l'ai déjà dit, soixante-quinze millions [75.000.000] au titre de l'assistance médicale et des oeuvres d'hygiène. [L’argent doit avoir atterri sur son compte privé - volé - dans 50% des cas, le patron est le criminel].

[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: les soldats français - les soldats qui dorment après des fêtes de nuit]

Soldats coloniaux français
                      avec leurs uniformes beiges
Soldats coloniaux français avec leurs uniformes beiges [13]

Une rumeur me fait lever la tête. Des miliciens [soldats français] se disputent. Ils ont formé le cercle au milieu de la cour. C'est la "décision" de chaque soir. Le sergent-chef va désigner les sentinelles qui se relèveront à tour de rôle pour nous garder.

A tout instant, les soldats se déplacent pour se plaindre, harangant leurs camarades devant le sergent qui vitupère en vain. Menacés enfin d'une façon précise, les protestataires disparaissent derrière leurs camarades pour revenir bruyamment d'un autre côté. [p.180]

C'est grotesque, cette parodie de la discipline militaire. Naturellement jamais un officier n'inspecte le poste. Non moins naturellement, quelques-unes de nos sentinelles disparaissent chaque nuit. .

Sur le coup de minuit, on entend dans la cour, un remue-ménage fantastique.

-- Numéro trois (c'était toujours ce numéro trois qui disparaissait), crie le sergent.

-- Numérôôô trois...

Cela dure un quart d'heure, jusqu'à ce que l'on arrive à découvrir, dans un coin sombre, bien au chaud, le numéro trois qui, sans se soucier le moins du monde de son tour de garde, dort profondément.

-- C'est, dit le régisseur, une prison pour volontaires.

... Mais il arrivait parfois qu'on ne trouvât pas la sentinelle [le gardien]. Alors le "numéro deux", qui avait pris la garde à 22 heures, la tenait, ronflant avec force, jusqu'à six heures du matin.

Ronfler -
                      bande dessinée
Ronfler - bande dessinée [14]

Ces matins-là, c'est nous qui jouissions du spectacle, lequel nous vengeait de nos insomnies répétées.

-- Moi y en a qui commande, vitupérait le sergent. Quoi toi faire cette nuit?

Et le garde, qui avait passé la nuit au village à se distraire avec de charmantes hétaïres [belles dames], de répondre:

-- Moi, y en a pas bougé! Toi y en a appelé moi? Et de n'en pas démordre. [p.181]

***


[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: pas de l'eau pour les touristes de la détention provisoire - le fleuve est la salle de bain - mais les employés ont une salle de bain propre - SOUPÇON: vol de l'argent pour la construction]

C'est dimanche. En longue file les prisonniers noirs descendent la rampe de la prison. Deux par deux, d'un air morne, ils vont encadrés par des miliciens fusil au poing.

C'est ce qu'on nomme, à Brazzaville, la "baignade des fauves".

Au milieu de la capitale congolaise, serpente une petite rivière, la M'Foua. Non canalisée, ses bords sont recouverts d'herbes et de broussailles. Elle est le réceptacle des nids d'anophèles - moustiques donnant le paludisme - et de toutes les boîtes de conserves vides, ainsi que des ordures dont une ville coloniale sait être si prodigue.


Puisque le mot "protection de l’environnement" n’est pas dans la bible de fantaisie, les "chrétiens" ont gâché la planète pendant 500 ans, jusqu’à ce que le mot soit finalement inventé dans les cercles ésotériques-alternatifs dans les années 1970.


Karte von
                        Brazzaville  
Carte de Brazzaville [karte 05]


En saison sèche, en particulier, ses eaux sont empestées. C'est là cependant la baignoire qui est offerte aux prisonniers et aux prévenus noirs.

A l'intérieur de la prison, en effet, il n'y a pas d'eau. Pourquoi y en aurait-il? L'eau n'est-elle pas réservée aux fonctionnaires, qui dis-je, aux hauts fonctionnaires?

Car en A.E.F. où les classes sont nettement tranchées, les petits fonctionnaires sont à peine plus considérés par leurs chefs que les commerçants et les colons. A quoi donc servirait la hiérarchie des grades si tout le monde pouvait se laver? Et c'est une réglementation sans ambiguïté, qui impose aux fonctionnaires la maison [p.182] qu'ils auront à occuper pendant la durée de leur séjour.

Les gouverneurs, inspecteurs et tutti quanti [tous les autres], ont des salles de bains ravitaillées par l'eau de la source. Elle est amenée grâce à des canalisations.

Les hauts fonctionnaires de moindre importance ont, eux aussi, des salles de bains. A eux, cependant, de se "débrouiller" pour avoir de l'eau.

Les fonctionnaires moyens ont, sous leur véranda, le droit de faire installer, à leurs frais, une douche rudimentaire, car aucune pièce n'est prévue pour cet usage.

Les petits fonctionnaires ont une simple case en terre battue, à moins qu'ils ne soients contraints de loger à quatre, comme c'est le cas pour quatre employés du chemin de fer, dans la même baraque.

Evidemment, rien n'est prévu pour le bain. Il n'y a ni eau, ni salle de douches. Si les employés en font construire une, elle est pour eux quatre.

Cabane de
                      terre au Congo  
Cabane de terre au Congo [15]


[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: le bain pour les commerçants - un tonneau circulant - les locataires - les noirs sans eau et sans papier - se laver et laver les vêtements seulement les dimanches]

Quant aux commerçants de la ville nul ne s'en occupe. Certains ont protesté. Alors, généreux, le gouverneur a autorisé le conducteur du tonneau d'arrosage municipal, celui qui sert de réservoir à la pompe à incendie, à ravitailler (quand il a plu, car en saison sèche, la source a un débit fort restreint) les personnes qui en font la demande. Il n'en coûte guère plus de deux ou trois cents francs par mois aux privilégiés à qui ce luxe, inouï pour Brazzaville, est accordé.

Il est évident que cette eau, dite potable, doit [p.183] être  dès l'arrivée chez le consommateur, légèrement bouillie, puis filtrée. Après quoi elle est sans danger.

On comprendra donc aisément que si les commerçants ne peuvent avoir de l'eau qu'en allant la chercher, les "locataires de la maison centrale" ont droit à moins encore.

Les noirs n'ont donc, durant toute la semaine, pas une seule goutte d'eau à leur disposition, sauf, naturellement, celle qui est nécessaire à leur alimentation.

Aussi, quelles que soient les opérations que l'indigène emprisonné accomplisse (il n'est aucun besoin d'insister) soit même qu'il mange son poisson gluant de graisse, ou son riz dégouttant de sauce, il ne peut jamais se laver. Les mains pleines d'huile, de sauce, de... comme il n'a pas le moindre bout de papier pour les essuyer, il se sert de son pantalon, et le dimanche...

... Le dimanche il va se baigner.

Pour cette opération, et pour celle du lavage de ses vêtements, il dispose de cent cinquante grammes de savon.

Sous la pluie glaciale de la saison des pluies, je les vois courir à l'eau, ces prisonniers, se déshabiller entièrement, et tout nus, au milieu de la capitale de l'AE.F. se laver rapidement.

Le corps sommairement nettoyé, ils lavent leur "boubou" (petite chemise de toile qui, avec un léger pantalon compose toute leur vêture) leur culotte, et, remettant cela sur eux, rentrent, tout mouillés dans la geôle où ils vont grelotter pendant des heures [le criminel "chrétien" français ne leur donne pas de serviette de bain]. [p.184]

De temps à autre, ficelé entre quatre planches, l'un d'eux sort de la prison: "Pleurésie", indique le cahier de l'infirmier. Et un nouveau trou s'ouvre quelque part.

***


[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: bataille éternelle du savon et de l'eau - dysenterie - pas de médicaments ni de médecin]

J'ai dit par ailleurs que la prison de Brazzaville était commune aux noirs et aux blancs. Si les premiers sont traités avec un manque certain d'humanité, les seconds ne sont guère mieux partagés.

Evidemment on ne les [les blancs] envoie pas au bain, tout nus, en pleine ville. On [les blancs] fait mieux! Ils [les noirs] n'y ont pas droit! La tutélaire administration leur [aux blancs] fait don d'une minuscule cuvette pour deux et, autant pour le soin de leur corps que pour celui de leur linge, de deux cents grammes de savon par semaine. Quant à l'eau, elle est apportée de la mairie située à bonne distance, par le moyen d'un petit tonneau de trente-six litres, récipient jamais lavé, que deux prisonniers [noirs?], le tenant par une perche [sur ses épaules], portent nonchalamment le long de la route.

Chaque jour, on renouvelle une seule fois la provision d'eau ainsi accordée. Et il y a parfois, je l'ai vu, huit Européens qui doivent s'en contenter.

Elle sert à tout cette eau. Comme le tonneau qui la contient est installé au milieu de la cour où déambulent les noirs, on voit de temps à autre [p.185] ceux-ci s'approcher, se pencher, se servir et polluer encore, s'il est possible, la boisson des Européens.

En outre, dans cette cour où de nombreux indigènes, qui errent en toute liberté, crachent et font leurs besoins légers, les tourbillons annonciateurs d'une tornade forment à la surface de l'eau "potable" une épaisse couche de crasse que l'on est obligé d'écumer [voler] pour boire.

Cela donne une idée des conditions sanitaires dans lesquelles nous nous trouvons.

Pour ma part, j'ai contracté là une dysenterie impossible à soigner, faute de médicaments. Faute aussi de médecin, celui de la prison venant de partir.

Je suis rongé par la fièvre. Ce matin l'infirmier (policier indigène ainsi baptisé [d'un Jésus de fantaisie]) ne m'a pas apporté de quinine. Il m'en faut 50 centigrammes par jour.

[Dysenterie guérit avec de l'eau argentée avec des iones d'argent, on peut le produire soi-même].


[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: un cabinet médical sans cabinet - SOUPÇON: vol de l'argent pour la construction - un peu de ouate - quinine vient le lundi]

Suivi du soldat qui ne me quitte jamais, je vais à l'infirmerie située au centre de la cour de la prison, à quelque trente mètres de ma chambre.

Que c'est sale! Bicoque [un bidon d'une bidonville] en terre, de 4 mètres sur 3, au toit de chaume pourri, au sol de terre battue, voilà l'infirmerie. Comme mobilier, une petite table branlante à peine suffisante pour que le médecin - lorsqu'il y en a un - puisse signer le cahier de visite, seul travail du praticien qui n'a pas le temps d'examiner les malades.

Une chaise dépaillée, bancale par surcroît, une caisse-armoire ne fermant pas, crasseuse, et con tenant avec de l'ouate, un flacon de teinture [p.186] d'iode, et deux thermomètres dont l'un est brisé. C'est tout.

Au passage, je prends un peu de cette ouate, je la plonge dans un bassin d'eau sale qui sert aux pansements: presque aussitôt elle s'amenuise, semble se dissoudre. En quelques minutes elle est tellement réduite qu'il est impossible de la prendre au bout des doigts.

Ouate cellulosique, je connais cela. C'est un ersatz [remplaçant] allemand de guerre. C'est de la cellulose pure. Il en est resté de très gros stocks qui n'ont plus la moindre valeur à une époque où la surproduction du coton est considérable. Mais l'A.E.F. en est encombrée [pleine].

L'infirmier est là, entouré de ses trois femmes. L'une d'elles, qui tient délicatement entre le pouce et l'index le bistouri de l'infirmerie, enlève des doigts de pied de son seigneur et maître, les chiques dont ils sonst littéralement farcis.

-- Dis-moi, Bongo, le questionnai-je, pourquoi se m'as-tu pas donné de quinine ce matin?
-- Y en a plus, me répond l'infirmier. C'est fini.
-- Comment, c'est fini? tu vas en demander d'autre?
-- Viens voir, fut la réponse flegmatique.

Et je vois:
La liste des médicaments avait été barrée par le médecin-chef du service de santé, qui avait écrit: "Lundi"
Pourquoi lundi, fis-je?
-- Parce que les médicaments sont donnés le lundi. Vous êtes ici cinq blancs. Le médecin-colonel [p.187] délivre 25 centigrammes de quinine par blanc et par jour. Comme tu as toujours la fièvre, tu en prends 50; moi, je veux bien. Seulement toutes les semaines la quinine sera finie le vendredi. Et il faudra que tout le monde attende au lundi...


Guérir la dysenterie avec de l’eau argentée:
L’eau argentée peut être préparée avec de l’eau du robinet ou de l’eau distillée et un morceau d’argent: laissez le morceau d'argent reposer dans un verre d’eau pendant 12 heures, puis remplissez-la dans une bouteille, prenez une gorgée tous les jours à jeun et attendre 30 minutes à la prochaine boisson. Conservez la bouteille dans un endroit sombre sans contact avec des appareils électriques, de préférence dans une armoire, sinon les ions d’argent se mélangeront. Comme le mot "médecine naturelle" n'existe pas dans la Bible de fantaisie, les "chrétiens" ont presque éradiqué la médecine naturelle et entre 1300 et 1850 ont brûlé tous les guérisseurs d’Europe comme "sorcières" - c’est pourquoi certains des stupides "chrétiens" ont encore peur de la médecine naturelle et prétendent que la médecine naturelle vient du diable de fantaisie - seuls les "chrétiens" peuvent être tant stupides pour aller à la pharmacie et éteignent leur cerveau - allez voir l'argent colloidal (eau argentée) avec l'appareil Ionic Pulser avec la préparation dans 15 minutes lien (anglais)].



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2.4.4. Le profit "chrétien" avec les noirs dans la prison
Prisonniers noirs sans espace - dormir debout - terrorisme "chrétien" des impôts - vol total

[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: les noirs dans seulement une pièce - dormir debout - et trop long - SOUPÇON: vol de l'argent de l'état pour les détenus]

Autant les noirs de la brousse sont rendus sympathiques par leur simplicité, autant ceux des villes paraissent antipathiques; ils ont pris tous nos vices sans conserver aucune des qualités de leur race.

Un grand nombre d'entre eux sont sans cesse en prison. On les y jette sans discernement: les assassins avec les délinquants primaires, les voleurs avec les "fraudeurs de l'impôt". [L'écrivain français] Courteline lui-même n'eût pas, je le présume, trouvé mieux que ce que je découvris un jour dans le registre de la geôle.

"Koundzou, 15 jours de prison pour avoir détourné frauduleusement une poule."

En attendant, Kondzou, Bamba et autres, ils sont plus de deux cents enfermés dans ce quadrilatère en moellons qui pourrait normalement en contenir 50. Munis chacun d'une natte et d'une couverture, ils n'ont même pas de place pour s'étendre. Sans se préoccuper de quoi que ce soit, on entasse là les prisonniers, tant qu'il y en a. S'ils sont peu, tant mieux pour eux. S'ils sont beaucoup, tant pis! Ils dormiront debout.

Quelques hommes de Brazzaville: Les
                        criminels "chrétiens" de France
                        ordonnent: Ils doivent dormir debout
Quelques hommes de Brazzaville: Les criminels "chrétiens" de France ordonnent: Ils doivent dormir debout [16]

Et ils restent parfois plus d'un an en prévention [p.188] pour des délits emportant des peines de un à deux mois de prison.

Bande
                      dessinée: innocent
Bande dessinée: innocent [17]

[Soupçon clair: Le "chrétien" criminel de la France fait de l'argent avec les noirs: laisser trop long dans la prison - l'état donne de l'argent pour chaque détenu, et cet argent va dans les poches du chef "chrétien" criminel - le dictateur de la prison].

***

[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: le "chrétien" avec con Jésus de fantaisie installe la prostitution - l’État "chrétien" provoque la prostitution des jeunes filles à cause des impôts des pères - DISCRIMINATION: les noirs en chômage détenus jusqu'à 8 fois par mois par des impôts]

On est d'ailleurs assez éclectique dans la capitale de l'A.E.F. quant aux raisons invoquées pour jeter un noir en prison.

Il y a la crise à Brazzaville; plus en cette ville qu'en aucune autre cité du monde. Les chômeurs noirs y sont nombreux: peut-être dix mille.

Ils vivent de rapines [vol]; il faut bien manger. Mais ils doivent payer l'impôt, qui est à Brazzaville de 45 francs par personne. Plus trente francs de prestations pour les hommes.

Or si un ménage qui a deux enfants arrive à subsister, il lui est impossible de verser cent quatre-vingts [180] francs par an au gouvernement. Et aucune raison d'abstention n'est admise, il faut payer.

Aussi, chaque soir, les Brazzavillois sont accostés au coin des rues par des fillettes à peine nubiles, de jeunes et jolies femmes, que leur père ou mari envoient chercher de quoi payer l'impôt.

La prostitution n'existait pas en Afrique centrale avant l'arrivée des blancs ["chrétiens" criminels avec son Jésus de fantaisie, fusil et canons]. Elle est maintenant officieusement établie dans la capitale de l'A.E.F. Son utilité est indéniable, c'est l'auxiliaire du fisc.

Congo jeune dame
Congo jeune dame [18]

Cependant tous les contribuables n'ont pas de jeunes et jolies filles à leur disposition. Et de nombreux indigènes n'arrivent pas à payer l'impôt. Ils sont donc arrêtés. C'est pourquoi certains [p.189] d'entre eux - et les journaux de Brazzaville n'en font nul mystère - sont allés en prison jusqu'à huit fois durant les douze mois de 1933, au moins 15 jours chaque fois. Toujours pour le même motif; le tribunal ne prend pas en considération les condamnations précédentes [mais se procure du travail en condamnant toujours les mêmes chômeurs noirs à la prison - il y a la terreur "chrétienne" absolue - les blancs s’enrichissent du système et n’aident pas les chômeurs - car le mot "travail social" n’est pas dans la bible de fantaisie!].

Là, comme à Bangui [capitale de l'Afrique Centrale], cela fournit à l'administration une main-d'oeuvre bon marché.


Le système "chrétien" de la prison contre les indigènes: le plus criminel c'est le chef "chrétien"
Les détenues reçoivent théoriquement des choses, mais le chef "chrétien" de la prison vole l'argent pour les choses et les détenus noirs ne restent sans rien et restent dans la torture éternelle: pas dormir. Et la justice en profite aussi pour toujours avoir de travail. Ce système criminel contre les indigènes on trouve dans toutes les "colonies "chrétiens" et après l'indépendance, les gouvernements métis neufs nationaux copient ce système comme "normal" contre ses propres compatriotes - et la lutte contre les indigènes continue sans cesse. J’ai pu observer cette terreur "chrétienne" au Pérou pendant 9 ans. Les "chrétiens" sont les plus criminels sur la planète.




2.4.5. Incohérences judiciaires
La femme de Homet fait pression dans la presse de Belgique - femme Ganombo 15 années dans la prison sans raison - vol total

[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: vient la femme de Homet avec la pression d'un journal du Congo belge]

Il paraît qu'on est ennuyé. Mon arrestation aurait été une faute. On supposait qu'on allait m'escamoter [laisser disparaître] et me faire passer pour un exalté. Nul ne pensait à ma femme. Et il y a Brazzaville un inspecteur des colonies: s'il allait faire un rapport au ministre.

-- Si vous promettez de vous taire, me dit le gardien-chef au retour d'une de ses quotidiennes visites au gouvernement, on vous fera discrètement filer en France.

Mais voilà! Je ne promets rien et le régisseur qui joue quelque peu double jeu ne pourra rien rapporter à ses maîtres.

Ma femme vient de sortir deux numéros de Don Quichotte. Elle a pris la gérance du journal et s'attend d'un instant à l'autre à être arrêtée.

On n'ose toujours pas, car elle habite le Congo belge où ses papiers sont en sécurité.

L'administration a donc été obligée de céder. Elle doit laisser imprimer à nouveau tous les faits qui m'ont valu mon incarcération. [p.190]

Si les puissants fonctionnaires, les hauts magistrats que cette toute jeune femme tient en échec, savaient qu'elle ne se soutient qu'à l'aide de piqûres, qu'elle a une dangereuse maladie de foie [guérit avec chardon-marie] et que la dysenterie amibienne la rouge [guérit avec de l'eau argentée], ils seraient certainement plus sûrs d'eux.

Mais ils ne savent pas!

Avec plus de force que jamais, ma femme continue cette campagne. Elle force l'admiration au point que le plus grand journal quotidien du Congo belge lui consacre un article élogieux.

***

[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: une femme Gamonbo pour 15 ans dans la prison sans raison - et reste]

Quelles belles notes je rédige chaque jour et que je cache soigneusement dans le garde-manger du régisseur de la prison, qui en conserve toujours la clef sur lui...

C'est effarant ce que l'on peut trouver dans cette geôle [prison sans rien].

Un jour, Titot, maître Jacques du régisseur, vient trouver le gardien-chef.

Une femme, la nommée Gamonbo, est en prison depuis quinze ans - ainsi en fait foi le livre d'écrou. - Il n'y a aucun extrait du jugement la concernant.

-- Vous aurez des histories, affirme Titot au régisseur tout ahuri [étonné]. Qu'une inspection soit effectuée ici, on découvrira que cette femme est en somme emprisonnée sans raison. Vous devriez vous informer auprès du procureur de la République.


Explication:
C'est la même chose: Les détenues reçoivent théoriquement des choses, mais le chef "chrétien" de la prison vole l'argent pour les choses et les détenus noirs ne restent sans rien. Cette femme est seulement dans la prison pour remplir les poches du chef de la prison.


Avisé, ce dernier chercha partout. Il ne trouva [p.191] rien, naturellement. Le greffier en chef, lui, parla des termites qui... des fourmis que... des cancrelats dont... bref toutes les pièces avaient disparu.

Et pour éviter des histoires, la femme resta en prison.


Alors, les "chrétiens" français criminels vont être criminels sans fin et l'argent va toujours dans les poches du patron!

15 ans de privation de liberté ne sont PAS rares dans les prisons "chrétiennes". 15 ans de fausses accusations et de diffamation ne sont PAS rares dans les pays "chrétiens". Tout cela n’arrive qu’à cause de la "fausse croyance" de la part du Seigneur de fantaisie.

On peut même supposer que Mme Gamonbo doit également fournir des services sexuels aux employés supérieurs, peut-être elle est une esclave sexuelle de la prison - et pas l'unique - cela conviendrait.

Et avec cet scandale de 15 ans de privation de liberté à Brazzaville, j’arrive à une conclusion claire:

Les "chrétiens" avec leur Jésus imaginaire et leur dieu imaginaire sont les pires sur cette planète. Les "chrétiens" sont de la MERDE.

La Bible est fausse:
                                  les criminels "chrétiens"
                                  organisent l’ENFER pour toutes les
                                  autres cultures afin qu’elles
                                  périssent
La Bible est fausse: les criminels "chrétiens" organisent l’ENFER pour toutes les autres cultures afin qu’elles périssent [19]




***

2.5. Le départ du président - l'affaire F...
Crime a) Le président "chrétien" de la banque de Brazzaville voulait manipuler les élections
Crime b) Le chef "chrétien" du train Océan-Brazzaville Monsieur F.: vol du ciment, louer les machines de construction et voler des tôles pour son profit - vol total


[Brazzaville avec le départ du président: on chasse le directeur "chrétien" de la banque de Brazzaville pour la manipulation des élections]

Tout Brazzaville tremble encore du coup qui vient de lui être porté en la personne de l'un de ses membres les plus éminents.

Le directeur de la Banque brazzavilloise la plus importante, celui qui présidait toutes les associations de la capitale, vient d'être brusquement relevé de ses fonctions.

Cette décision est arrivée de Paris par télégramme. Strictement confidentielle, elle a été immédiatement divulguée et accompagnée de commentaires significatifs: dans quel but?

Peut-être faut-il faire savoir à ceux qui minent sourdement a politique du gouverneur général qu'on les tient, fussent-ils directeurs d'une société privée.

Qu'avait donc fait M.R... pour mériter un tel sort? Il avait simplement demandé à l'Association des Anciens Combattants de ne voter, lors des élections prochaines, au conseil supérieur des [p.192] colonies, que pour le candidat qui promettrait de respecter un programme qui lui avait été soumis. Ce qui n'avait pas été du goût du candidat officiel!

Quoi qu'il en soit, j'apprends que ce puissant personnage venait de quitter la capitale de l'A.E.F.

Alors qu'auparavant il n'avait pas assez de mains pour serrer celles qui se tendaient respectueusement vers lui, le jour de son départ il n'avait trouvé personne pour l'accompagner à la gare. Il avait déplu!...

... Sic transit [ainsi va le temps]...

***


[Brazzaville: une affaire du M. F.: il est le chef "chrétien" du magasin central du chemin de fer Océan-Brazzaville - les choses "disparues": 100 tonnes de ciment, 1100 tôles ondulées - "plus de trois mille francs de profits personnels"]

Si la prison est une boîte de résonance, c'est aussi une boîte à Pandore, sans jeu de mots.

On y trouve de tout: même le rapport confidentiel de M. B... L..., directeur du contrôle et des finances de l'A.E.F.

Je veux parler de l'affaire F...

F... Était courtier en bonneterie, mais il était aussi gendre de colonel, ce qui constitue en A.E.F. une "condition nécessaire et suffisante" pour être quelqu'un. Et quittant ses bonnets, F... fut nommé chef du magasin central du chemin de fer.

Place délicate s'il en est, car elle exige de son titulaire la connaissance approfondie du matériel de chemin de fer, ainsi que des qualités de chef-comptable.

Entrepôt de
                        ciment   dessin:
                        comptable
Entrepôt de ciment [20] - dessin: comptable [21]

Evidemment, gendre de colonel, courtier en [p.193] bonneterie... bref, sollicité, le gouverneur général tourna avec élégance la difficulté. F.. fut nommé avec, de plein droit, sept ans d'ancienneté [7 ans membre dans l'entreprise]. Ce qui lui donna des émoluments [salaires] intéressants, mais surtout lui permit d'intervenir dans les travaux du technicien et du chef-comptable que l'on détacha [voler] spécialement sous ses ordres.

Au bout de six mois tout le chemin de fer était "sur les dents". Les tire-fonds arrivaient quand il fallait des "pal-planches", le sable remplaçait encore plus qu'à l'ordinaire le ciment des viaducs dont les pierres ne tenaient même plus assez pour attendre l'inauguration.

Et cent tonnes de ciment avaient disparu; onze cents [1100] tôles ondulées avaient pris la fuite, sur 54 wagons [de l'entreprise de chemin de fer] Décauville accompagnés de six trucks automobiles. Rien que du matériel neuf.

-- M. [monsieur] X... vint déclarer en outre qu'il avait un jour, après bien des recherches, retrouvé un chaland de 50 tonnes de ciment qui s'était malignement égaré chez F...,
-- M. Y... [vint déclarer] que F... lui avait demandé dix mille francs à seule fin de lui faire obtenir une adjudication.
-- M. X... [vint déclarer] que F... l'avait forcé (le pauvre homme) à majorer considérablement ses prix.

Et devant l'enquêteur, F... déchire ses balances, insulte son directeur et refuse de répondre.

On arrive quand même à voir ses comptes. Les magasins, remplis de matériel administratif, regorgent néanmoins d'outillage acheté chez les commerçants à des prix tels qu'on calcule qu'en un seul mois F... a réalisé plus de trois mille [p.194] francs de profits personnels sur des achats de pointes.

La comptabilité est surchargée, grattée, déchirée (rapport F.C. 113/C. du directeur du contrôle), des commissions d'achat n'ont jamais existé que sur le papier..., etc. F... ets perdu!

[Brazzaville: une affaire du M. F.: l'inspecteur général donne le dossier de F. au gouverneur général - fuite de F. pour la Corse - on trouve les choses: le ciment dont 50 tonnes furent définis comme "inutilisables" - on trouve les trucks automobiles qui étaient "loués" - les 1100 tôles son "ventés ailleurs" par une "tornade" et ne sont plus trouvés]

Par lettre No 469 du 9 septembre 1931 on propose le licenciement [doit s'en aller] de l'employé. Mais par lettre confidentielle No 1240, l'inspecteur général des travaux transmet au gouverneur général, le 14 septembre, le dossier du coupable.

Le 15 septembre F... tombe malade et le 16 il s'embarque en première classe, aux frais de l'Etat congolais, pour la Corse où il jouit d'une fortune aisément acquise.

Mais il fallait cependant arranger la comptabilité singulièrement bousculée par F...

Chargé de ce soin, le directeur des finances et du contrôle se met en campagne. Cent [100] tonnes de ciment avaient été perdues... il en retrouve cent cinquante [150] dont il a dû, ajoute-t-il dans son rapport, jeter une grande partie inutilisable.

Ce fut moins aisé [simple] pour les wagons [de l'entreprise de chemin de fer de] Decauville: cinquante [50] d'entre eux s'obstinèrent à se cacher. Les trucks automobiles furent retrouvés; F... les avait loués à une Société. Par erreur, évidemment il avait oublié de facturer le montant des redevances de la dite Société. Par contre, les tôles qui [soi-disant ] avaient dû, profitant d'une violente tornade, s'envoler pour couvrir des maisons inconnues ne revinrent jamais.

Bidonville à Soveto avec des
                        toits en tôle ondulée - et en Europe, les élites
                        "chrétiennes" gagnent des millions
                        chaque année à la bourse criminelle que par la
                        spéculation
Bidonville à Soveto avec des toits en tôle ondulée - et en Europe, les élites "chrétiennes" gagnent des millions chaque année à la bourse criminelle que par la spéculation [22]

C'est alors que M.B... L... se décida, non à prévenir officiellement le procureur général, mais [p.195] bien à avertir discrètement, "confidentiellement", le gouverneur général de cette situation.

Il est évident cependant que le chef du service judiciaire de l'A.E.F. a été mis au courant de ces faits, ne serait-ce que par les articles publiés dans une dizaine de journaux, dont trois congolais.

Mais, ministère public, il se garda bien d'intervenir.

Le soir où mon journal sortit portant en manchette l'affaire F..., M.B... L... fut affolé [avait peur].

Il se rua en trombe vers le bureau du directeur des chemins de fer.

Ahuri [étonné] et tenant à la main le rapport original il regardait le directeur du Congo Océan qui venait de retirer, devant lui, de son coffre-fort, la seule copie existante.

... Et cependant le rapport était publié.


Les "chrétiens" et la tromperie traditionnelle avec du ciment tendu - les alcooliques "chrétiens" aiment voler et tricher
Les "chrétiens" sont les plus criminels de la planète. Ils sont le MODÈLE et empoisonnent le monde entier avec leurs tromperies et surtout avec leur ALCOOL. Ils transforment des populations entières en alcooliques au cerveau réduit et collectent des millions de profits, dont ils ne donnent RIEN. Le ciment de sable a été utilisé pour les autoroutes du sud de l’Italie "chrétienne" et du Portugal "chrétien", entre autres. Et dans les pays musulmans, le ciment de sable est utilisé, par exemple en Turquie. Là-bas, les colonnes en béton armé manquent également dans les maisons, de sorte que les maisons s’effondrent immédiatement à chaque tremblement de terre - y compris au Kurdistan "chrétien". Peut-être que quelqu’un avait des dettes de jeu dans le casino "chrétien" et a donc tendu le ciment avec du sable.

Délits: fraude, mise en danger de la vie, homicide involontaire 1000 fois ou meurtre de masse en cas de tremblement de terre. Mais cela n’a pas d’importance pour les patrons "chrétiens", car un patron alcoolique protège l’autre. Les "chrétiens" sont les pires, parce qu’ils pensent toujours que le Dieu imaginaire les "sauvera", avec le verre de vin à la main en affirmant que le vin soit le sang imaginaire d’un Jésus imaginaire. Le quotient intellectuel est à ZÉRO. Sauvez-vous des "chrétiens"!



***

2.6. Les cellules
La prison "crétienne" de Brazzaville: cellules d'ordure - alimentation d'ordure - punitions inventées - Homet et les gardiens - vol total

[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: cellules sans toilette ni douche - cellules mixtes aussi avec des enfants - comme inquisition d'avant]

Baré qui a passé quinze jours en cellule, m'engage vivement à visiter cette partie de la prison.

-- Vous ferez un beau "papier", me dit-il.

Dès l'entrée, une bouffée de chaleur fétide [mal odeur] me frappe le visage. Cela sent la sueur, l'urine, la crasse [ordure]... et le reste qui y séjourne 24 heures par jour faute de cabinets d'aisance.

La pénombre [demi sombre] y [là] règne continuellement. On dirait l'antichambre de la mort, tellement l'aspect de ces pièces est sinistre. [p.196]

Aucun pays civilisé au monde n'a imaginé d'installer sous l'équateur [clima tropical] des cellules qui soient à la fois communes aux blancs et aux noirs, aux assassins comme aux "petits voleurs", et même aux enfants indisciplinés de la "correction". Il a fallu l'A.E.F. pour que soit imaginé ce mode de coercition.

Dans ces cellules, les noirs, qu'aucune hygiène n'a jamais intéressés, font leurs déjections sur le sol autant que dans les bidons d'essence non couverts qui leur servent de baquets.

On ne peut s'empêcher en y entrant, de penser aux in-pace d'antan [d'avant], ceux de l'Inquisition; in-pace que l'on eût cru à jamais disparus depuis des siècles, et que l'on retrouve servant de domicile à des prévenus blancs [noirs?], peut-être des prévenus qui ne veulent pas avouer.

[Est-il maintenant clair pourquoi les "chrétiens" sont la MERDE?]


[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: cellules de 5m de hauteur - vermine et insectes sans fin - jamais nettoyage - un lit de camp - nourriture minime - cellules pour mourir]

Cinq mètres de haut, un mètre cinquante de large, deux mètres de long. Ces cellules ont un volume d'air vraiment trop restreint dans ce pays où la chaleur humide est extrêmement malsaine. D'ailleurs l'air n'est renouvelé que par une étroite lucarne de 25 décimètres carrés située à quatre mètres de hauteur. Encore est-il que l'une de ces cellules possède sa lucarne obstruée par un morceau de papier fort.

Les cafards se sentent très à l’aise
                        dans des bâtiments sales dans les climats
                        tropicaux, parfois ils tombent du plafond, ev.
                        dans la soupe
Les cafards se sentent très à l’aise dans des bâtiments sales dans les climats tropicaux, parfois ils tombent du plafond, ev. dans la soupe [23]

Jamais nettoyées, ces pièces sont emplies [remplir] de poux, de punaises et de tous autres insectes aussi répugnants. Leur confort est des plus rudimentaires: un lit de camp sans drap. La nourriture est réduite de moitié, pain compris (c'est affiché dans toutes les chambres). Ni vin, ni cigarettes, lectures interdites, pas de promenade régulière [p.197], aucune visite autorisée. Dans ces "plombs" renouvelés de Venise, l'atroce chaleur, jointe à la raréfaction de l'air et aux odeurs méphitiques qui y séjournent, en font une résidence que peu de peuplades barbares songeraient à imposer à leurs plus dangereux ennemis [note 01].

[note 01] Un receveur des P.T.T. de Pointe-Nore qui, après 25 ans de loyaux services avait détourné 7.000 francs de sa caisse, puis les avait remboursés, a été récemment condamné à 5 ans de réclusion. Avant un an de ce régime, il sera mort dans ses cellules.

[Même les postiers "chrétiens" ne restent pas honnêtes].


[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: cellules selon la loi - alimentation mauvaise - punitions inventées]

Quels sont donc les règlements qui permettent à l'administration d'appliquer un tel traitement à des prévenus?

L'administrateur-maire de Brazzaville est un fort honnête homme. Il n'a pas voulu que je sois mis, pour la nourriture, au régime du droit commun. J'ai refusé. Alors, l'ordinaire de la prison a été singulièrement amélioré. De plus, les punitions: privation de pain, de cigarettes, de savon et à fortiori la cellule, ont été supprimées.

[Le standard "chrétien": interdire les choses pour cacher l'argent pour ces choses dans les poches du chef "chrétien"].


[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: Homet dans le prison reçoit des lettres, journaux, livres - la télégraphie vas aussi dans le forêt sauvage: Homet demande d'éliminer le travail forcé - fermeture des cellules à 19 heures - tam-tam - feu dans la ville - médaille militaire - chanter]

Par-dessus la barrière en fil de fer barbelé passent les lettres, les journaux, les livres que des amis m'envoient. De ce fait, les gardiens noirs me gâtent. Ils ne sont pas sans savoir, grâce à la télégraphie indigène qui court si rapidement la brousse, que je demande la suppression du travail forcé [ce qui est souvent fatal si l'on ne fuit pas]. Ils me savent gré de mes efforts. Dans leur fruste intelligence ils me le manifestent de leur mieux. L'adjudant indigène n'a-t-il pas formellement interdit aux sentinelles [gardiens] de me suivre constamment, comme ils en ont reçu l'ordre?

Tous les soirs nous devons être enfermés à dix-neuf [p.198] heures. C'est un sergent porte-clefs qui est chargé de ce soin. Mais tout s'arrange en Afrique si l'on parvient à ne pas s'énerver.

Avant mon arrivée, le sous-officier accomplissait à peu près scrupuleusement sa besogne. Maintenant...

Le voilà qui vient. Il est déjà 19h 15 [minutes]. Faisant tinter ses clefs il s'arrête à trois pas et salue.

-- Y en a l'heure. Sept heures passées.
-- Tu crois? Je suis sûr que ta montre avance.
-- Non! Y en a pas avancer. Regarde.

Il tire de son gousset une énorme "toquante" d'acier, il approche la lanterne. Je compare avec la mienne. Etonné:

-- C'est ma foi vrai! 7h. 15, je ne l'aurais pas cru. Mais dis-moi, tu ne trouves pas qu'il fasse chaud ce soir? On n'est pas bien dans la chambre. Si tu nous laissais dehors...

Le sergent ne répond pas. Il guigne du coin de l'oeil, sur la table, un paquet de cigarettes. Tous les soirs, à la même heure, on retrouve le même, ou son frère.

Doucement, le sous-officier s'approche, prend le paquet d'un air indifférent, joue un instant avec lui...

-- Y a bon! Vous y en a rester encore [?]. Avec lui les cigarettes ont disparu.

Nous pouvons, Panot, Baré et moi, bavarder en paix. Nous restons toujours ensemble, les autres prisonniers formant un autre groupe. Nous jouissons en toute tranquillité de l'heure qui passe, calme, fraîche, une des meilleures de la journée. Au loin, très loin, un tam-tam résonne faiblement [p.199]. Quelques lueurs passent à nos pieds: les lampes des promeneurs, puisque Brazzaville n'a pas d'éclairage. Au bout de la cour, un énorme feu s'élève, étrangement vivant, jetant ses flammes rouges et jaunes vers le ciel étoilé. Les gardes se chauffent.

Tam-Tam
Tam-Tam [24]

Rien ne nous menace pour l'instant. Nos pires soucis font trêve. Panot me parle de sa femme, de son gosse [enfant], si loins et qu'il n'a pas vus depuis huit ans. Il parodie ironiquement l'allure des "officiels" qui sont venus récemment lui apporter la nouvelle de la décoration qui lui échoit [se termine]: la médaille militaire; à lui engagé pour la guerre, trois fois blessé et trépané... Une larme perle parfois à ses paupières. Il l'essuie rageusement. Baré songe douloureusement à ses parents qui le croient toujours au travail! Moi, je rêve, j'écoute!

Souvent aussi, à nous trois nous organisons un concert. Panot est un inénarrable diseur. Baré pousse fort agréablement la chansonnette. Il paraît que je détaille les vers sans trop les estropier.

Au début tout va bien; puis Baré se met à chanter de nostalgiques mélodies. L'émotion nous gagne, c'est presque à coups de poing que Panot et moi, faisons taire le chanteur.

Parfois, alors que nous sommes engourdis dans le bien-être d'une heureuse digestion, la sentinelle [le gardien] que le sergent a prudemment placée à la porte de la prison, accourt en trombe. Un moteur d'auto se fait entendre dans le lointain. Les sens du sauvage l'ont averti avant nous.

En un clin d'oeil chaque prisonnier, faisant volter tables et chaises, est dans sa chambre dont [p.200] il refere la porte sur lui. Titot qui, pour plus de tranquillité a détaché du trousseau du gardien-chef, le double de sa clef, s'enferme à double tour. Le milicien pousse hâtivement dans leur gâche le pêne des verrous. Il se promène ensuite dans la cour et, d'un air rébarbatif, pendant que toutes lumières éteintes nous guettons au travers des persiennes, il inspecte, lanterne à la main, les sentinelles chargées de nous garder... et qu'l éveille à grands coups de pieds dans le derrière.

Ce n'est qu'une fausse alerte. Au loin s'entend le ronronnement de la voiture qui s'éloigne. Titot qui, de l'intérieur de sa chambre, manoeuvre grâce à un crochet ad hoc son propre verrou [serrure], sort et vient nous délivrer [calmer].

Les chaises ressortent, les cigarettes s'allument, les sentinelles s'étendent par terre et s'apprêtent à reprendre leur sommeil interrompu.

***

[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: repas toxiques: "soupe"="pétrole" - "frites"="pétrole" - "tout le repas est au pétrole"]

Puits de pétrole   Ancienne station-service pétrolière  
Puits de pétrole [25] - Ancienne station-service pétrolière [26]

-- Saleté de soupe. Elle sent le pétrole.

C'est Panot qui jure ainsi. Il rejette loin de lui la cuiller [la cuillère] qu'il tient à la main.

-- Vous croyez?

Et je goûte.

-- C'est vrai. On dirait bien qu'elle est au pétrole, elle si sympathique à l'oeil... Boy!

"Emporte cette soupe. Donne la suite."

-- Saleté de nègres!

C'est maintenant Baré qui hurle. Il regarde son assiette d'un air dégoûté. [p.201]

-- Qu'y a-t-il encore?

-- Pétrole, répond-il laconiquement.

Costa, toujours goinfre, et qui s'était précipité sur les pommes de terre, gémit d'un air lugubre:

-- Et aussi les frites!

Nous nous tournons vers sa table, car avec Titot il mange à quelque dix mètres de nous. Il a un air tellement désolé que nous ne pouvons nous empêcher de rire. Cependant, si tout le repas est au pétrole, qu'allons-nous manger?

Panot appelle le sergent:

-- Tiens, envoie un gardien chez "Goundou" (c'est un commerçant de la ville). On lui donnera un panier. Tu vois, tout sent le pétrole.

-- Voulez-vous de l'argent? fais-je.

-- Merci! Vous savez, tout le monde me fait crédit à Brazzaville.

C'est vrai. Et ce n'est pas ce qu'il y a de moins curieux dans cette affaire: Le bandit Panot, le faussaire Panot, celui que le procureur vouait au bagne, est tellement estimé à Brazzaville même, où il est en prison pour vol, que sa signature vaut chez n'importe quel commerçant, du véritable argent comptant.

Tout le monde sait qu'il n'a pas le sou, mais ce n'est un secret pour personne que dès qu'il sera sorti, et qu'il se sera remis au travail, remboursera ce qu'il doit, sans en rien omettre.

Panot un voleur? Tout le monde vous rirait au nez dans la capitale de l'A.E.F... - sauf certains magistrats, évidemment - si vous avanciez cette énormité.

Le gardien revient. Il a un air de chien battu [p.202].

-- Le régisseur m'a arrêté alors que j'allais entrer au restaurant, gémit-il à l'adresse de Panot. Il m'a pris ton papier.

Nous nous attendons au pire. Panot n'y coupera pas de 15 jours de cellule. Il n'en a pas fait tant, le jour assez récent où on l'y a déjà envoyé!

Mais non, le boy arrive. Une large tranche de jambon couvre une assiette, une omelette fume, du fromage suit. Nous ouvrons les yeux...

-- Qu'a dit le régisseur?

-- Rien! Il est allé à la cuisine avec deux gardes, il a fait mettre le cuisinier en cellule, pour 15 jours, et il a préparé lui-même l'omelette qui voici. Il y a mis dix-huit oeufs.

Jamais le gardien-chef ne nous a parlé de l'algarade [bataille].

Omelette  
Omelette [27]
***

2.7. Assistance médicale indigène
Les accusés de la prison de Brazzaville dans un étable pour les vaches - vol total

[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: la mafia chrétienne crie "prisonnier dangereux" - 100 personnes accusés dans une sale de 15x7m - sans travail et sans promenade obligatoire - "serrés à étouffer" - le "tonneau" - détentions sans raisons pour voler l'argent de l'état - policiers françáis "chrétiens" violent les filles noires]

Grange / écurie -
                      c’est le style de la prison de Brazzaville  
Grange / écurie - c’est le style de la prison de Brazzaville [28]

Tous les matins à cinq heures trente, je fais un peu d'exercice dans la cour. Cela n'avait guère été aisé dans les premiers jours: mes deux gardiens, baïonnette au canon, s'essayant à en faire autant derrière moi. Ils étaient ridicules, les pauvres [p.203] diables, leur fusil dans la main droite et le fourreau de leur baïonnette dans la main gauche. Mais, à ce moment-là, je goûtais assez peu le ridicule de la situation.

Maintenant, le fait que je vais sortir de prison, joint à l'amabilité de mes gardes qui ont appris à me connaître et savent que je ne suis pas le "prisonnier dangereux" qu'on leur avait tout spécialement recommandé, me permet de jouir d'un peu plus de liberté.

Et j'en profite pour aller retrouver, chaque matin, le gardien-chef, qui, chicotte [fouet] au poing, surveille la sortie des prisonniers noirs.

Je glisse parfois un coup d'oeil dans la salle où ceux-ci sont enfermés. Notre logement n'est pas fameux, mais que dire du leur?

Dans une grande pièce de quinze mètres sur sept, ils sont là-dedans entassés jusqu'à cent. C'est à peine si chaque homme peut disposer d'un mètre carré du sol pour s'étendre et dormir. Il y a bien quelques bat-flancs, mais la majorité des détenus s'allonge à même la pierre, sur le ciment glacial et humide de toutes les déjections qui le souillent.

[Le standard "chrétien": bloquer la construction et voler l'argent pour la construction dans les poches du chef "chrétien"].

Ce sont d'ailleurs les prévenus [accusés] qui sont les plus mal lotis, car on leur applique strictement le règlement des prisons métropolitaines: Un prévenu ne travaille pas.

Alors que les condamnés vont chaque jour faire un travail de 10 heures dans les rues de la capitale, où ils ne font guère que regarder passer les voitures, les prévenus, eux, ne sortent jamais; pas même pour la traditionnelle promenade [p.204] d'une heure pourtant ordonnée, elle aussi, par les règlements.

Heure par heure, nuit et jour, serrés à étouffer, ils passent leur vie à respirer les exhalaisons méphitiques qui s'échappent du tonneau de près d'un mètre de large qui constitue, pour cette centaine d'hommes, les seuls lieux d'aisance mis à leur disposition.

[Le standard "chrétien": bloquer la construction et voler l'argent pour la construction dans les poches du chef "chrétien"].

Et ces prévenus noirs, parfois pour un délit fort mince, croupissent ainsi de longs mois, sans voir un avocat, sans même savoir pourquoi ils sont incarcérés! On les a, le jour de leur arrestation, simplement fourrés en prison. Leur a-t-on fait subir l'interrogatoire d'identité? Pas toujours! Les allégations des policiers noirs, toujours d'une autre race que celle des hommes arrêtés [p.e. du Sénégal], suffisent a priori pour justifier une détention préventive.

[Le standard "chrétien": les raisons de l’emprisonnement sont INVENTÉES, de sorte que la prison a toujours du travail et que l’argent pour les détenus va dans les poches des directeurs de prison - et le policier reçoit probablement une prime pour chaque personne arrêtée parce qu’il a assuré la "sécurité" publique (!)].


A ce sujet, je tiens bien à préciser que la distance séparant [la ville congolaise portuaire de] Pointe-Noire de la Tripolitaine [Libye, Méditerranée] est à peu près la même que celle qui sépare Paris de Moscou les races y sont encore plus dissemblables, et les haines aussi vivaces, pour ne pas dire plus. Aussi la domination de la France est basée sur ce fait: On administre les races du Nord en y envoyant des troupes recrutées au Sud et vice-versa.

De ce fait, les prisons sont toujours emplies. Combien de pauvres diables sont ainsi incarcérés, qui ont refusé leur fille où leur jeune femme à un policier excité, qui se venge en arrêtant le mari.

Evidemment, on reconnaît leur innocence [p.205], deux ou trois mois après. On les flanque dehors:

-- N'y revenez plus!

Ils n'y comprennent rien, mais, en arrivant chez eux, trouvent leur femme enlevée où leur fille violée.

Devant le policier qui fait l'avantageux, ils se taisent, mâtés, ou, furieux, le poignardent. Et alors ils retournent en prison.


Le standard "chrétien": boir de l'alcool - voler et violer les filles et les femmes - et jamais être coupable. Les "chrétiens" sont la MERDE sur cette planète qui seulement "permettent" cela dans ce cas. Les auteurs dans cette affaire sont des Noirs d’autres pays qui ont été incités et instruits par les criminels blancs "chrétiens" - probablement ce sont des Noirs "convertis" - "convertis" à l’alcool des "chrétiens".


***


[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: les accusés "chrétiens" blancs de l'Europe]

Si les prévenus [accusés] noirs se voient gratifiés d'un logement et d'une nourriture innommables, les prévenus européens ne sont guère mieux traités.

Prévenus, ils n'ont droit, comme me le disait Panot, ni au travail, ni aux vêtements. Et alors qu'en A.E.F., le climat est très débilitant, que les blancs doivent se nourrir solidement, on ne donne pas de vin, pas même un quart, aux prévenus. Mieux, leur permettre d'en acheter à leur frais, quand ils ont de l'argent, est une faveur qui leur est retirée à chaque instant.

Depuis un an qu'ils sont en prison préventive, Costa, Titot, Panot et Baré ont usé jusqu'à la corde tous leurs vêtements. Ils vont en loques, les pieds nus dans des babouches trouées [chaussures pointues avec des trous], chemises en lambeaux, casques usés sous le soleil qui ne pardonne pas.

Titot, - je ne le défends pas, mais j'aime la justice - travaille, lui, dix heures par jour au bureau de la prison. Il fait tout, garde même la [p.206] clef du coffre, reçoit l'argent, effectue les paiements. Il n'a pas droit à la moindre rémunération.

Si Panot et Baré, qui sont connus pour de très honnêtes gens, sont assurés à leur sortie de prison, de trouver du travail, il n'en n'est pas de même de Titot, qui sera mis en liberté conditionnelle au bout d'un an et demi, avec défense de quitter le territoire de la colonie, mais sans un sou de pécule, sans vêtements ni travail en perspective.

Quelle alternative lui restera-t-il s'il veut manger?

J'ai publié ce fait il y a un an. Les journaux de la colonie ont fait chorus. Je ne croyais pas que si vite l'avenir nous donnerait raison.

Panot, Baré et Titot ont été remis en liberté. Les deux premiers ont tout de suite trouvé une situation. Le troisième a erré comme un chien, repoussé - probablement à bon droit - de partout. Mais il faut manger! Un mois après il était de retour en prison.

Dans deux ans il sortira. Cela pourrait durer longtemps. C'est ce que l'on nomme la prison éducative; celle qui doit amender. [p.207]



2.8. Encore des croquis [dessins]...

[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: le standard c'est 15 jours de détention dans un étable - 51 personnes sur 28m2 - le tonneau - torture totale]

On a vu comment sont logés les indigènes incarcérés à la prison de Brazzaville. Ils ne sont guère mieux nourris.

L'administration n'a, en effet, rien prévu pour la préparation des aliments. Il n'y a ni cuisine, ni foyers, ni marmites.

Si paradoxal que cela puisse paraître, la cuisson des aliments s'effectue, dans cette importante maison centrale, à la manière des sauvages du fin fond de la brousse: sur trois pierres posées, quand il ne pleut pas, au milieu de la cour. Quand il pleut, elle ne se fait pas: les indigènes mangent crus les aliments qui leur sont remis.

[Donc, exactement à la saison froide, ils mangent crus, et à la saison chaude, ils cuisinent - exactement FAUX].

Tous les jours, on peut voir, derrière les grands bâtiments en pierre réservés aux noirs, les prisonniers des "tinettes" installer leur barbare foyer.

Alors les femmes et les enfants condamnés, qui sont allés dans la brousse chercher le bois nécessaire aux foyers, arrivent encadrés par les miliciens fusil à la bretelle et chicotte au poing.

Les brassées de combustible s'accumulent. Des [p.208] demi-tonneaux de deux cents litres sont apportés là. Pêle-mêle, on y jette de l'eau, de l'huile, du riz ou du poisson souvent pourri (rappelons-nous l'affaire Costa), du sel, et c'est fini; les feux s'éteignent.


Est-il possible que du pétrole ait également été transporté dans de tels barils? Puis toute nourriture pue le pétrole - et les criminels "chrétiens" ne prennent jamais au sérieux le climat tropical, où même le poisson salé pourrit en 3 jours - d’accord,  ça c'est l’économie "chrétienne" avec q.i. alcoolique ZERO.



Les tonneaux qui servent à la vidange des tinettes brazzavilloises et ceux emplis de nourriture, sont rigoureusement semblables. Leur service terminé, ils voisinent côte à côte dans la cour.

Tous les matins, à six heures, on transporte ces "marmites" devant la chambre des prisonniers. Chacun de ces derniers reçoit un pain de manioc qu'il retire des feuilles qui l'entourent, plonge la main dans le baquet, ramène une partie du magma froid et gluant formé par le riz, le poisson et l'huile, qu'il dépose dans les feuilles tenues à plat sur sa main.

C'est là toute sa vaisselle; pas de gamelle, pas d'assiettes ni de cuillers, rien! Et c'est toute sa nourriture!

Nourriture dans les feuilles tropicales,
                        p.ex. tamales dans les feuilles de bananier  
Nourriture dans les feuilles tropicales, p.ex. tamales dans les feuilles de bananier [29]

Avant de sortir, le prisonnier mange une partie de cette pitance, met le reste par terre ou sur un bat-flanc, à la disposition des rats qui pullulent. A midi, le soir, il mange ce qui reste.  [PAS de réfrigérateur ou de glacière dans le clima tropique - c’est du suicide].

Les feuilles qui ont fait office d'assiettes, toutes trouées, emplies de graisse, vont servir maintenant à un usage que la bienséance m'interdit de décrire ici plus explicitement [papier toilette].

Et elles joncheront le sol... [p.209]


Si la feuille de bananier est d’abord utilisée pour manger puis pour nettoyer le cul et que la prison pour prisonniers n’a pas de toilettes: ça c’est précisamment la manière comme fonctionne l’économie blanche-"chrétienne" avec la torture permanente contre les Noirs dans une colonie, dans ce cas la colonie française d’Afrique orientale AEF de 1910 à 1958. Y a-t-il une compensation pour cette criminalité "chrétienne" contre les Noirs ? Les "chrétiens" ont-ils encore le droit d’exister par rapport aux autres cultures? Qui est la merde sur la planète maintenant ? Ce sont les "Chrétiens" !


***

Il va être nuit, les "quinze jours" se mettent en rang. Ils viennent de prendre aux marmites les pains de manioc auxquels ils ont droit chaque soir.

Les "quinze jours" sont les noirs qui sont condamnés à quinze jours de prison. Ils ne sont certes pas plus intéressants que leurs congénères condamnés à plusieurs mois, mais, et je reviens toujours à cette idée, ce n'est pas coloniser que de martyriser.

Ces prisonniers sont actuellement au nombre de cinquante et un, qui restent enfermés de 17 heures à 6 heures dans une pièce dont la superficie ne dépasse pas ving-huit mètres carrés. Au milieu des hommes, serrés l'un contre l'autre à s'étouffer et qui ne peuvent même pas s'asseoir pour sommeiller, trône l'inévitable tonneau.

Non couvert lui aussi, il sert toute la nuit Les hommes qui en ont besoin étayent leur équilibre chancelant sur les épaules de leurs camarades massés tout autour.

L'un des gardiens m'a affirmé avoir compté jusqu'à soixante personnes. J'ai peine à le croire. En tout cas, étant donné la hauteur de la chambre, le volume d'air utile est d'environ cinquante mètres cubes. Il est renouvelé par une lucarne de 50cm de côté.

Pendant treize heures, ces hommes respirent cet air empesté. Ils ne dorment pas, restent debout.

[Les "chrétiens" sont la merde sur ce planète].


2.9. Et encore les vérités suivantes (Si non e vero!...)
2.9.1. Fièvre jaune, massacre, un lazaret avec une clef

[Congo français et belge: la fièvre jaune vient de l'Amérique à l'Afrique à Matadi (Congo belge)]

Carte avet les deux
                          lignes de chemin de fer de Pointe-Noire à
                          Brazzaville et de Matadi a Léopoldville  Avec les bateaux à vapeur
                      "chrétiens" se sont également propagés
                      des maladies mortelles: Les "chrétiens"
                      ont détruit le paradis des Africains - exemple
                      Brazzaville 1920: Bateau à vapeur "Colonel
                      Klobb"
Carte avet les deux lignes de chemin de fer de Pointe-Noire à Brazzaville et de Matadi a Léopoldville [carte 03] - Avec les bateaux à vapeur "chrétiens" se sont également propagés des maladies mortelles: Les "chrétiens" ont détruit le paradis des Africains - exemple Brazzaville 1920: Bateau à vapeur "Colonel Klobb" [30]

Le médecin-capitaine G... chargé - quand ses multiples occupations le lui permettent - du service de la prison sort d'ici. Il est furieux.

On sait que périodiquement la fièvre jaune désole l'Afrique occidentale française [Sénégal etc., AOF]. Hormis les Américains qui l'ont fait disparaître de Panama, nul n'a pu réussir, à ce jour, a réduire le fléau.

Jusqu'alors la fièvre jaune était inconnue au Congo, malgré un climat présentant de nombreuses analogies avec celui de l'A.O.F.

Fièvre jaune: yeux jaunes  
Fièvre jaune: yeux jaunes [31]
Première phase: Au début de la phase aiguë, chez le patient peut apparaître:

-- Muscles douloureux, en particulier le dos et les genoux
-- Une forte fièvre
-- Vertige
-- Mal de tête
-- Perte d’appétit
-- Nausée
-- Secouer ou secouer
-- Vomir
15 % des personnes concernées passent à la deuxième phase:

-- Fièvre récurrente
-- Mal de ventre
-- Vomissements, parfois avec du sang
-- Fatigue, lenteur, léthargie
-- Jaunisse, qui donne une teinte jaune à la peau et au blanc des yeux
-- Insuffisance rénale
-- Insuffisance hépatique
-- Saignement
-- Délire, convulsions et parfois coma
-- Arythmies ou battements cardiaques irréguliers
-- Saignement du nez, de la bouche et des yeux

Entre 20 et 50% des patients qui développent des symptômes de stade toxique meurent dans deux semaines. [webx02]


Or, en 1929, apportée par les paquebots [bateau à vapeur], elle est apparue à [la ville portuaire de] Matadi [Congo belge], porte de l'océan, où elle a fait de nombreux ravages.

Toujours à l'affût d'un système inédit à appliquer à l'hygiène publique, les Belges, qui ne se contentent pas de belles circulaires, n'hésitèrent point. Encerclant d'un rideau de troupes, Matadi [ville portuaire du Congo belge] contaminé, jetant dans la ville les derniers moyens que la science pouvait leur apporter, ils firent appel à leur flotte aérienne.

Et, courrier comme passagers, se moquant désormais des "stégomyas" qui ne pouvaient lutter de vitesse avec eux, passèrent dans le ciel, à mille mètres d'altitude au-dessus de la cité contaminée. [p.211]

Pas un centre belge autre que Matadi ne fut atteint. Sans doute le nombre de morts fut-il important; mais leur sacrifice, ainsi que les moyens employés, sauvèrent les deux Congos, le français et le belge.

[Les "chrétiens" blancs occupaient le pays des Afros et apportaient des maladies d'"Amérique" en Afrique avec leurs bateaux à vapeur. Que disent les Afros déplacés à ce sujet ? Ces "chrétiens" avec leur technologie n’appartiennent pas à la planète !]


[Congo français et belge: la fièvre jaune à Brazzaville - et à Bamako (Mali): meurent les médecins - à Brazzaville on cherche un lazaret sans clef - ruines]

A Brazzaville, un entrepreneur, y voyant l'occasion d'un profit, obtint de construire un lazaret en dehors de la ville. Celui-là coûta fort cher et, sans avoir servi, fut abandonné.

Il y a quelques mois que l'épidémie de fièvre jaune vient de recommencer ses ravages du côté de Bamako [capitale de Mali - Afrique de l'Ouest]. En moins d'un mois, plus de quarante Européens, y compris tous les médecins et fonctionnaires courageusement restés à leur poste, sont morts dans cette seule ville.

Averti par l'expérience, le Congo belge prend ses précautions. A Brazzaville nul ne s'émeut, sauf le D' G... qui voudrait bien, en cas d'épidémie soudaine, savoir où se trouve le fameux lazaret.

Il s'enquiert. A la direction du service de santé, le médecin-colonel lui répond par un vague:

-- Un dispensaire? C'est curieux... Bah, voyez donc à la mairie.

Chez l'administrateur-maire, on était mieux informé quiqu'on ne sût trop quelle place pouvait occuper le lazaret.

-- Oui, vous trouverez "ça" par là-bas, du côté de la mission.

Et un geste vague complétait l'indication.

-- Mais la clef? [p.212]

On
                        cherche une vieille clé  
On cherche une vieille clé [32]

-- la clef? Eh bien... nous ne l'avons pas. Voyez au gouvernement.

Au gouvernement.

-- Oh là! là! ce que vous en faites des "épates" avec votre fièvre jaune. Quand elle sera là, si toutefois elle vient, nous serons loin, puisque nous sommes "fin de terme" (rapatriables). Vous y tenez vraiment à votre clef? Bon, nous vous la donnerons quand nous l'aurons découverte.

Deux jours passèrent ainsi en marches, contre-marches, demandes reçues avec ironie ou haussements d'épaules. Enfin le D' G... eut sa clef, une vraie clef de prison, énorme, avec, brinquebalant au bout d'une chaîne, une vaste étiquette en zinc gravé.

Un coup d'accélérateur, et voilà le praticien devant le lazaret. Il est six heures, la nuit tombe, il fait sombre [le jour tropical sous l'écateur est toujours de 6 à 6 heures]. G... descend de sa voiture; il cherche la porte. Ah ouiche, la porte! On en voyait les débris par terre, pourris, rongés par les termites. E le bâtiment qui, quatre ans auparavant avait coûté quelques centaines de mille francs, mais n'avait jamais servi, le bâtiment tombait en ruines.

Il y a
                      beaucoup de ruines en Afrique - exemple: Loropéni
                      (Burkina-Faso)  
Il y a beaucoup de ruines en Afrique - exemple: Loropéni (Burkina-Faso) [33]

Une fois de plus le service médical de la prison vient d'être supprimé. Motif: le gouverneur général rentre en France. [p.213]

***

2.9.2. Le chantier Congo-Océan et un inspecteur opéré à Brazzaville

[Le chemin de fer Congo-Océan à Brazzaville: inspecteur tombe par platelage - coccyx brisé - Congo belge doit aider au Congo français - après la guérison ne reste pas un seul médecin à Brazzaville - prison sans médecin]

On sait que les ouvrages du chemin de fer Congo-Océan ne sont pas des plus solides. Dernièrement, le gouverneur général qui était en inspection avait vu le platelage [couche supérieure] d'un viaduc en construction s'effondrer [rompre] sous ses pas.

Et le haut fonctionnaire était tombé de dix-huit mètres, heureusement arrêté dans sa chute par un chevron [poutre] qui dépassait de l'ouvrage.

La pièce de bois salvatrice avait pénétré dans le pantalon qui avait tenu bon. Mais le coccyx du gouverneur avait été brisé.

Vite, un avion belge de la "Sabéna" avait été demandé à Léopoldville, car les moyens de locomotion [réseau de trafic] manquaient au Congo français. Et un crédit de deux cent mille francs avait été immédiatement affecté au service de l'hôpital de Brazzaville.

L’hôpital de
                        Brazzaville 1900-1930 - mais seulement pour les
                        Blancs!  
L’hôpital de Brazzaville 1900-1930 - mais seulement pour les Blancs! [34]

Tout le matériel opératoire faisant défaut en A.E.F. était venu de la colonie voisine [Congo belge].

Grâce à des soins dévoués [avec passion], le gouverneur général fut sauvé. Il rentrait en France.

Mal remis cependant; il appréhendait [avait peur] de se trouver sans aide efficace sur le chemin de fer qui venait de lui être si funeste [avec accident].

Un seul chirurgien convenable existait à Brazzaville. Il reçut l'ordre de partir en avant, muni de tout les instruments chirurgicaux de la capitale de l'A.E.F.

Et l'on enleva le médecin de la prison, qui fut "bombardé", pour la circonstance, chirurgien de l'hôpital général.

[Donc, pour l’opération de l’inspecteur blanc "chrétien", tout le personnel médical a été rassemblé]. Mais la prison resta sans médecin. [p.214]



2b. Brazzaville: conditions, alcool "chrétien" et les chinois etc.

2.10. Retour

2.10.1. Brazzaville

2.10.1.1. La France "crétienne" raciste laisse souffrir Brazzaville: pas de canalisation - lumière vient - pas de médecine ni des médecins


[Congo français et Brazzaville dans les années 1920es: 15 à 2km - système de tinettes sans canalisation - la lumière est installée - électricité seulement pour les riches]

Sans égouts, les toilettes sont un
                        seau de bois   Sans éclairage
                        public, il faut marcher avec des lampes à huile
Sans égouts, les toilettes sont un seau de bois [35] - Sans éclairage public, il faut marcher avec des lampes à huile [36]

C'est vraiment une grande ville que la capitale de l'A.E.F., non pas certes par le chiffre de sa population, qui ne dépasse guère mille habitants dont les fronctionnaires composent plus de la moitié, mais bien par son étendue: quinze kilomètres de long sur près de deux de large. Le gouverneur général l'a voulue ainsi.

-- Elle devra contenir deux cent mille âmes. Et à bout de vue, dispersées à travers la brousse, les maisons se cherchent.

Pour aller de la gare au palais du gouverneur général, il y a cinq kilomètres. Entre eux, rien ou presque: une longue avenue boueuse avec la poste, la prison et la fosse d'aisance municipale.

-- Cette fosse d'aisance, me disait le receveur des postes, est une invention de notre gouverneur général. Comme vous le savez, Brazzaville n'est qu'un grand village fort mal équipé. L'eau manque, l'électricité fait défaut ainsi que le tout à l'égout. On n'a même pas - je me suis toujours demandé pourquoi - installé des fosses septiques, comme en France dans les petites villes de province. Bref, nous sommes toujours au régime des tinettes [tonneaux]. Chaque nuit, les pensionnaires de [p.215] la maison d'arrêt, ceux qui par leur conduite ont mérité un régime de faveur, prennent des tonneaux et, deux par deux, font la tournée des W.C. de la ville. Dire qu'ils portent à sa destination la totalité de la charge qui leur est confiée serait exagéré, la plupart des tonneaux ayant un fond plus ou moins percé. Tous les matins, la population européenne se rendant au travail peut s'en rendre compte sans aucune difficulté.

Il pouvait être onze heures du soir. En compagnie d'un ami, je déambulais à travers la ville, en direction du village de "Potopoto", une des agglomérations indigènes de la capitale de l'A.E.F.

Nous avions quitté le plateau, passé devant le palais du gouverneur général, tout étincelant [illuminant] de globes électriques [lumières], franchi la rue brillamment éclairée aux abords de l'hôtel de ce haut fonctionnaire. Tout après, ce fut, brusque, la nuit, la nuit rendue plus épaisse encore par l'éclat des lumières dont nous venions d'être éblouis.

Nos yeux finirent par s'habituer à l'obscurité et nous pûmes apercevoir, à quelque cinq cents mètres de nous, un vague point lumineux se balançant en l'air.

-- Quel quartier de la lune, fit mon ami?

Je le regardai, abasourdi.

-- Que diable cela peut-il vous faire, répliquai-je. A peine le début du premier quartier. Pourquoi?

-- Dans cinq jours, la lampe sera éteinte, fit-il. [p.216]

Et comme, de plus en plus ahuri [étonné], je le regardais sans comprendre, il daigna m'expliquer:

-- Ces lampes tempête qui sont alimentées au pétrole, forment, à raison d'une tous les cinq cents mètres, l'éclairage municipal. Comme il n'est pas de petites économies, on les éteint les jours de lune. Voilà pourquoi je vous demandais à quel quartier nous nous trouvions.

-- Mais enfin, l'électricité...

-- L'électricité, mon cher, c'est comme l'eau potable portée à domicile. Elle est réservée aux hauts fonctionnaires, à l'hôtel des postes, au chemin de fer, jusqu'à dix heures du soir. L'essence coûte cher...


[Congo français et Brazzaville dans les années 1920es: rien de service médical pour les noirs - maladies sans fin: lèpre, syphilis, pian - aussi dans le forêt sauvage - les noirs restent sans rien]

Lèpre:
                        doigts manquants   Syphilis:
                        nez manquant   Pian:
                        éruption bulbeuse  
Lèpre: doigts manquants [37] - Syphilis: nez manquant [38] - Pian: éruption bulbeuse [39]

Nous étions au village. Des lampes - celles-ci non municipales - éclairaient violemment le sol. Des filles nous assaillaient, impudiques, violant, en des gestes hardis, l'intimité de nos vêtements.

Nous nous dégageâmes à grands coups de poing. Un peu essoufflé, mon ami murmura:

-- Ben vrai! C'est ça le village nègre de Brazzaville!

La lumière joue avec la nuit qui plaque dans les coins d'étouffantes noirceurs. Des supplications, des appels à la charité, à la fois émouvants et choquants, nous heurtent au visage. Nous distinguons parfois des hommes, des femmes et des enfants qui tendent vers nous leurs membres mutilés par la lèpre, et leur visage que la syphilis et les suppurantes pustules du pian [éruption comme framboises] rongent à loisir.

C'est l'A.E.F. qui, de toute l'Afrique, offre le [p.217] spectacle des plus atroces maladies. J'ai vu jadis [avant], au Maroc, de bien belles pourritures [ulcères sur la peau] - que l'administration française a eu tôt fait de faire disparaître d'ailleurs - mais jamais elles n'ont atteint l'horreur de celles présentées au Congo. Et à Brazzaville, capitale de la colonie, on n'en voit guère moins qu'en brousse.

[voir aussi le travail du médecin chirurgien Albert Schweitzer avec ses opérations au Gabon - lien (anglais)]

Souvent, couverts de loques [vieux vêtements] (car, dans les villes, même les mendiants sont habillés) les miséreux supplient [demandent] le blanc qui passe.

Les mains fièvreuses, piquetées d'ulcères sanguinolents, les yeux sans regards sous les paupières rouges, le large trou qu'au milieu de la face a creusé la maladie, forcent l'attention quand, sortant de leur coin, ils entrent dans un rayon de lumière.

De ci, de là, des tas informes jonchent [se distribuent] le ruisseau: des ivrognes [buveurs]! Parfois, en de ces chiens indigènes, aux côtes saillantes, efflanqués, au pelage lépreux, qui retournent avec délices les nombreux immondices parsemant les rues, lève la patte.

Le dormeur ne remue pas. Le chien, que le rictus de ses lèvres retroussées fait rire, récidive. L'homme se retourne, simplement.

***


2.10.1.2. Brazzaville se perd avec l'alcool "chrétien"

[Congo français et Brazzaville dans les années 1920es: police française, alcool, ivres, enfants, mendiants, rue bosselée, se battent, buveurs, musique orchestre contre tam-tam - les bancs de repos]

Bière du Congo "Ngok"   Tonneau de
                        whisky  
Bière du Congo "Ngok" [40] - Tonneau de whisky [41]: Les États coloniaux criminels "chrétiens" répandent leur alcool dans le monde entier pour détruire les peuples indigènes - lien (allemand)

Dans le village [de Brazzaville], les policiers veillent [contrôlent]! Deux par deux, coiffés de la rouge chéchia (robe rouge traditionnel musulmans [web01]), baïonnette au côté, les jambes entourées de molletières, mais les pieds nus, ils arpentent [cherchent des choses] la rue. Placides [calmes], ils ne voient rien, n'entendent rien. [p.218]

Autour d'eux, cependant, des filles saoûles [ivres] se battent entre elles, des enfants piaillent [bavardent], des mendiants psalmodient leur éternelle supplique.

De temps à autre, trouant la nuit de ses phares aveuglants, sautant sur les bosses, tombant dans les trous, une auto bondit [saute] à cinquante à l'heure.

Brandies à bout de mains, des torches, vomissant plus de fumée que de feu, approchent. On fait cercle. Des hommes se battent au poignard, silencieux, dents serrées, poings crispés. Les larges coutelas brillent.

Les policiers continuent leur chemin. Au premier détour ils disparaissent.

Les heures passent, la bacchanale [groupe des buveurs] croît. Tout près de moi, un orchestre s'efforce à rythmes une Marseillaise syncompée; plus loin des tambours roulent, sourds; des clairons sonnent. Mais le ronflement du tam-tam couvre tout, ainsi que des cris frénétiques.

Tam-Tam
Tam-Tam [24]

Une porte basse nous aspire. Autour d'une pièce de six mètres de côté, aux murs en terre séchée, s'allongent des bancs visqueux et bruns. Au centre, une grande natte montre sa corde et laisse apercevoir par de larges trous, la terre noire et fine. Domicile d'élection des "chiques" que cette terre! Aussi voit-on sans cesse, couteau au poing, les noirs fourrager [chercher] sous leurs ongles des pieds en quête de ces indésirables bestioles [animaux].


2.10.1.3. Brazzaville avec des ouvriers chinois et prostitution

[Congo français et Brazzaville dans les années 1920es: les chinois - travailleurs de la Chine sont victimes des putes noires - danse noire - musique+alcool=prostitution]

Les Chinois en Chine célèbrent le Nouvel
                      An  
Les Chinois en Chine célèbrent le Nouvel An [42]

Affalés [calmes] ou gesticulants, des hommes de pigmentation diverse: Chinois blafards aux longs yeux bridés, au regard vif et pétillant [de force], noirs du plus beau teint, mulâtres clairs, foncés, presque blancs, couvrent les bancs. [p.219]

Ils vocifèrent. C'est à peine si l'on peut les apercevoir au milieu de l'atmosphère compacte que crée la fumée des cigarettes, jointe à celle plus dense des lampes dont la mèche grésille.

Dans un coin sombre, deux prostituées noires, silencieuses, s'affairent, qui encadrent un homme jaune à la puissante stature.

Toute la presse locale s'est, en 1932, élevée contre les pratiques d'entôlage dont sont sans cesse victimes les travailleurs amenés à grands frais de la Chine.

Les Chinois arrivent un beau jour au pays noir. Ils n'ont pas de femmes avec eux, ne connaissent pas la langue du pays. Ils sont, de plus, fort bien payés, toutes raisons pour qu'ils soient continuellement dépouillés, grâce à la complicité de la police indigène locale.

Aussi, chaque fin de semaine, quand ils ont touché leur solde et qu'ils s'avisent d'entrer dans les villages noirs entourant Brazzaville, ce n'est qu'un cri courant en traînée de poudre le long des rues: "les Kinois".

Tout le monde de s'apprêter: les débitants clandestins dont les alcools frelatés assomment, les femmes aux mains expertes qui, après un simulacre d'amour fouillent les poches, les enfants grapillant qui une casquette, qui un pantalon, qui un pagne. C'est, organisé, quasi réglementé, le plus grand entôlage qu l'on ait jamais connu.

Si l'un des Chinois, moins ivre que les autres, s'avise de protester lorsque après une conversation [p.220] de quelques minutes, dans un coin éloigné, avec une hétaïre [prostituée], il sent les mains de sa compagne explorer délicatement ses chausses [culotte], il est frappé par une nuée de mégères [femme avec énergie] accourues on ne sait d'où. De plus, les policiers noirs, comme mystérieusement prévenus, apparaissent.

Bafouillant [parlant un peu], ne comprenant rien, le pauvre "jaune", sous les coups de chicotte [fouet], gagne le plus prochain poste de police. Il y méditera, mais un peu tard, sur le danger que peuvent présenter les liaisons trop rapides et il sera le lendemain trop heureux d'abandonner toute idée de réclamation pour être sûr d'une liberté qu'on lui fait regarder comme une faveur insigne.

On nous fait place! Des chaises sont avancées. Sur une table encombrant un coin, divers alcools, que l'on boit dans des verres sales, gluants, nous sont apportés.

Nous refusons du geste. Nous sommes venus pour regarder.

Près de nous, sous les doigts agiles de l'exécutant, un minuscule tam-tam gronde éperdûment. Au centre, une négresse danse, ses longs seins flasques tressautant à chaque geste.
Brazzaville: danse avec 2 Tam-Tams  
Brazzaville: danse avec 2 Tam-Tams [43]


Cest une vieille! Ainsi le veut la tradition, qui exige de toute danseuse la connaissance des mille pas d'une chorégraphie minutieusement réglée.

Elle se trémousse sans arrêt, se déhanchant, les coudes rejetés en arrière, tâte haute, menton levé.

On dirait qu'elle court sur place. Brusquement, au rythme plus langoureux du tam-tam, elle interrompt sa course frénétique. Ses yeux [p.221] prennent une lueur caressante. Son ventre se gonfle, roule et houle sans arrêt, le nombril proéminent semblant immobile au milieu de ce tournoiement hystérique. Le mouvement s'accélère de plus en plus jusqu'à ce que, mousse aux lèvres, la femme vienne s'abattre devant un spectateur. On la relève et on la pousse dans un coin. A une autre.

Décidément, augmentée encore par la sueur des danseurs, par la crasse des spectateurs qui ont chaud et qui exhalent puissamment leur odeur "sui généris" [unique], la puanteur devient intolérable. L'air est quasi solide. Sortons.

Dehors tout est d'une admirable limpidité. Au ciel brillent les étoiles avec, basse sur l'horizon, cette Croix du Sud si vantée par les poètes; et sur nos têtes ondule le large serpent de la Voie Lactée faite de ses myriades d'astres inconnus.

Les bruits ont cessé. Il est tard. Il fait froid. Les mains dans les poches, nous respirons à pleins poumons cet air qui nous semble si léger en comparaison de celui des bouges.

De temps à autre, dans l'obscurité dense qui précède l'aube, nous buttons sur un ivrogne qui se retourne et grogne.

-- La vente de l'alcool est sévèrement réprimée, fait ironiquement mon ami en poussant du pied un policier indigène qui, affalé au plein d'un ruisseau, tient dans sa main crispée une bouteille de whisky vide.

-- Oui, répondis-je avec un sourire. Les circulaires ont bon dos, et ça fait si bien en France! En attendant, l'alcool, de concert avec [p.222] l'esclavage, achève ce que la prostitution a commencé.


***


2c. Voyage de Brazzaville à Bangui sur le fleuve Oubangui

2.10.2. Brazzaville, porte du Tchad

2.10.2.1. Un voyage en bateau sur le fleuve Oubangui

[Voyage en bateau: Les bateaux avec trop de tirant d'eau - 5 mois par an - le fleuve Oubangui: 42km de large - le bateau "Fondère" - but: Bangui de la république de l'Afrique centrale - bateau "Lamy" - les cabines pour les capitalistes et l'on a trop peu]

Karte von Mittelafrika
                      mit der Strecke Brazzaville-Bangui  
Carte de l’Afrique centrale avec la route Brazzaville-Bangui [karte 06]

La Fondère a sifflé!

Neuf, conçu d'une façon toute moderne, ce superbe navire [bateau] peut prendre dans ses vastes aménagements une quarantaine de passagers européens. Son pont supérieur favorise d'agréables promenades, tandis que sur le pont inférieur logent près de cinq cents passagers indigènes.

Dans les deux barges [bateaux plats], qui ne le quittent pas, cinq cents tonnes de produits pourraient aisément entrer, si la politique actuellement suivie au Congo [français] n'avait malheureusement vidé le pays de la plupart de ses occupants.

Cependant, si ces bateaux - car le Fondère a un frère un peu moins beau, le William-Guynet - ont été construits avec le souci évident d'offrir du bien-être aux passagers, ils ne répondent nullement au trafic pour lequel ils ont été créés.

Ils ont trop de tirant d'eau! Et [le fleuve] l'Oubangui, qui, entre la saison sèche et la saison des pluies, présente au-dessus de l'étiage des différences atteignant parfois neuf et dix mètres, ne leur permet de circuler que pendant cinq mois par an. Ce qui est peu!

Le fleuve
                        Oubangui  Les bateaux à vapeur
                        "chrétiens" étaient un pilier du
                        pouvoir colonial pour l'esclavage + le meurtre
                        de masse - et les "chrétiens" ont
                        installé un réseau de villes avec des bastions
                        militaires, tous pour le pouvoir, pour
                        l’esclavage et le meurtre de masse - exemple
                        Brazzaville 1920: bateau à vapeur "Colonel
                        Klobb"
Le fleuve Oubangui [44] - Les bateaux à vapeur "chrétiens" étaient un pilier du pouvoir colonial pour l'esclavage + le meurtre de masse - et les "chrétiens" ont installé un réseau de villes avec des bastions militaires, tous pour le pouvoir, pour l’esclavage et le meurtre de masse - exemple Brazzaville 1920: bateau à vapeur "Colonel Klobb" [30]

Fluss Oubangui / Ubangi [44] - Die "christlichen" Dampfschiffe waren ein Pfeiler der kolonialen Macht für Verskavung+Massenmord - und die "Christen" installierten ein Netz von Städten mit militärischen Bastionen, alles nur für Macht, Versklavung und Massenmord - Beispiel Brazzaville 1920: Dampfschiff "Colonel Klobb" [30]

Donc, le [bateau] Fondère a siflé! [p.223]

Partir est une chose merveilleuse. Bientôt, devant les yeux ravis des voyageurs, le "pool", qui s'élargit brusquement, accapare toute l'attention.

Soudain un étroit passage s'ouvre entre deux montagnes. Le courant se fait âpre, les aubes des roues battent furieusement l'eau. C'est le "chenal", puis le "pool" de Bolobo, superbe station belge située sur la rive gauche du fleuve, et enfin l'embouchure de l'Oubangui, laquelle située à huit cents kilomètres de la mer, n'a pas moins de quarante-deux kilomètres de large.

C'est le soir. Le soleil disparaît derrière les terres, là-bas, bien loin vers la gauche. Les centaines d'îles allongées qui, proues relevées vers l'amont, semblent des navires refoulant l'eau rougeâtre, se laissent dépasser. Les singes exécutent, sur les branches flexibles des arbres, leur dernière culbute du jour. La lumière s'opalise, au loin le ciel rejoint le fleuve, tandis que sur la rive s'allument des lueurs de plus en plus précises.

[Le changement du bateau]:

Un infect raffiot, le [bateau] Lamy, semble dormir auprès d'un village où, saluant la terre d'un majestueux coup de sirène, le Fondère accoste.

-- Tout le monde descend! crie le capitaine.

-- Comment!

Et les nouveaux, d'un air ahuri [étonné], de regardes cette terre promise où se promènent quelque gamins scrofuleux, tandis que des femmes, nues, vaquent à leurs occupations journalières.

-- Ce n'est pas Bangui?

-- Mais non, fait un loustic, ce n'est que Bou... Bangui, mais nous changeons de bateau. [p.224]

A la coupée [escalier de bateau] du [bateau] Lamy se trouve le capitaine. Il examine les titres de voyage des passagers.

-- Les passagers payants à droite, crie-t-il.

D'un seul bloc, colons et commerçants, qui ont payé deux mille cinq cents francs [2500] pour voyager en cabine, s'écartent.

Ils attendent!

-- Messieurs les fonctionnaires, par ici, dit encore le capitaine.

Les fonctionnaires avancent. D'un air important, l'un d'eux tend son billet.

-- Passez, monsieur l'inspecteur, fait d'une voix déférente [avec respect], en s'inclinant très bas, le capitaine, qui lit attentivement les autres pièces qui lui sont présentées.

-- Il y a sept cabines, donc quatorze places, marmotte-t-il entre haut et bas... Un inspecteur,deux administrateurs en chef, un capitaine, deux lieutenants, huit administrateurs de première et seconde classe, ça fait le compte.

-- Boy, conduit ces passagers à leur cabine.

-- Pardon, proteste avec énergie un jeune homme qui s'avance, suivi de sa femme. Je suis touriste, j'ai payé à Paris le prix de mon voyage. J'ai mon ticket de cabine. J'exige...

-- Vous exigez quoi? fait narquoisement le capitaine. J'ai des ordres. Les fonctionnaires ont la priorité. Il n'y a pas assez de cabines.

Et il écarte brusquement le couple.

-- Et moi, gémit au milieu d'un groupe resté à terre la femme d'un adjoint des services civils qui rejoint son mari à Zémio, où vais-je coucher avec mes deux enfants? [p.225]

-- Sur le pont, madame... à moins que deux de ces messieurs ne veuillent bien vous céder leurs places.

***

[Voyage en bateau: la ville de Dongou - vient un bateau encore plus petit - la ville de Mongoumba - un car de 12 places - le reste dans une "case" pour la nuit - perdre 3 jours]

A Dongou, trois jours après, le Lamy stoppe.

Carte
                      Brazzaville-Dongou-Mongoumba-Zinga-Bangui  
Carte Brazzaville-Dongou-Mongoumba-Zinga-Bangui [karte 07]

-- Nous n'allons pas plus loin, déclare le capitaine. Il n'y a plus d'eau.

Le Klobb [?] attend. La scène de Boubangui se répète avec cette différence que le bateau n'a que quatre couchettes en deux cabines et que seuls les hauts fonctionnaires et officiers peuvent être logés. Le reste, hommes, femmes et enfants dormiront empilés sur le pont. Le matin à l'aube, les hommes iront à l'avant du bateau, tandis que les femmes, demi-nues, feront leur toilette. Et les femmes prendront la place des hommes. Après quoi, en commun, on fera la dînette.

Enfin, Mongoumba [ville frontière de la Republique Centralafricaine]!

Mongoumba, le bâtiment du bureau de poste
                        avec des colons racistes blancs devant, 1930ca.  
Mongoumba, le bâtiment du bureau de poste avec des colons racistes blancs devant, 1930ca. [45]

Les passagers, harrassés, n'ont plus figure humaine. Ils sont sales, les traits tirés. On descend. Un car est là.

-- Il n'y a de la place que pour douze personnes, déclare le conducteur.

Par ordre hiérarchique encore: les douze fonctionnaires au rang le plus élevé embarquent. Un coup de clakson. Dans moins de trois heures ils seront à Bangui.

Les autres, les fonctionnaires s'entend, se partagent entre eux, la seule case de passagers que la munificence [générosité] de l'administration met à leur disposition. Elle a trois pièces. Dix-huit personnes [p.226] s'y installent. Quant aux commerçants, aux touristes et aux colons, nul ne s'en occupe. Il y a là des cases indigènes...

Grande cabane / case en Afrique
                          centrale   Minibus en Afrique dans les années 1930
Grande cabane / case en Afrique centrale [46] - Minibus en Afrique dans les années 1930 [47]

Le lendemain, en deux voyages, le car emmène les fonctionnaires, les touristes et quelques commerçants, les plus importants. Puis il revient le jour suivant pour les colons, qui auront de ce fait perdu trois jours.

Mais les colons ne sont-ils pas habitués à camper?

***

[Un seuil du fleuve Oubangui - les basses eaux - les cases]

On travaille aux rapides de "Zinga", un des seuils de la rivière Oubangui, qui atteint déjà, à seize cents kilomètres [1600] de la mer, quelque quatre kilomètres de large.

Carte:
                      Rapides de Zinga  
Carte: Rapides de Zinga [karte 08]

Tous les ans, à l'époque des basses eaux, on voit apparaître un capitaine de bateau fluvial, qui est chargé de rendre la passe accessible aux navires. Comme beaucoup d'employés du gouvernement, cet officier marinier est engagé par contrat. La première année il s'est occupé lui-même, à Bordeaux, de ses explosifs.

Pour être assuré de ne pas voir ses détonateurs égarés en cours de route, l les a mis dans une caissette, qu'il a déposée dans sa propre cabine. Arrivé à [la ville de] Pointe-Noire, alors qu'il s'apprêtait, comme tous les voyageurs, à continuer vers Matadi, on lui fit justement remarquer que le gouvernement belge verrait d'un mauvais oeil [p.227] entrer sur son territoire une pareille quantité de dynamite, et qu'il valait mieux la débarquer à Pointe-Noire.

-- Vous la retrouverez en arrivant à Brazzaville, lui indiqua-t-on.

Quand il eut accompli son périple de quelque mille kilomètres, qu'il fut arrivé à Brazzaville et qu'il y eût attendu près d'un mois, pour satisfaire à toutes les formalités tracassières de l'A.E.F., il ne vit pas pour cela arriver ses colis.

-- Nous sommes avertis de leur départ, lui affirma l'administration. Partez sans crainte. Ils suivront par le plus prochain bateau. Ce léger retard vous permettra d'engager, en le choisissant mieux que vous ne l'auriez pu faire autrement, tout le personnel qui vous sera nécessaire.

L'officier partit, engagea trois cents noirs, les paya de ses propres deniers, fit commencer des cases et attendit. Un an après il n'avait pas encore revu son chargement... [p.228] [...]

Il revint ainsi pendant trois, quatre, cinq ans de suite. Le "seuil de Zinga" resta tout aussi [p.229] inabordable, non point par l'incompétence du fonctionnaire, mais par la médiocrité des moyens mis à sa disposition. Les bateaux ne passèrent pas plus qu'auparavant. Ils ne passeront jamais, car on vient d'abandonner les travaux pour établir, sur cinq kilomètres seulement, une route contournant les rapides.

C'est peut-être par là que l'on aurait dû commencer. [p.229]


Zinga

https://fr.wikipedia.org/wiki/Zinga

Zinga est une localité du sud-ouest de la République centrafricaine, située dans la commune de Mongoumba.
Située sur la rive droite de l’Oubangui, en amont de l’embouchure de la Lobaye, le port permet d’accoster aux embarcations qui ne peuvent franchir le seuil de Zinga.

Les vestiges du train et des installations qui permettait au début de XXe siècle, aux marchandises de franchir les rapides en période d’étiage sont sur la liste indicative en vue d’une inscription au patrimoine mondial de l’Unesco1.

Au poste transit de Zinga, vers 1900.

Les cabanes du
                                poste de transit de Zinga, vers 1900  
Les cabanes du poste de transit de Zinga, vers 1900 [48]





2d. Le chemin de fer "Congo-Océan": scandales et massacres

Livre de
                            Marcel Homet: Congo français: Terre de
                            souffrance (Congo. Terre de souffrance)
                            Paris 1934   Marcel
                            Homet, portrait   Ligne de chemin de fer Congo-Océan,
                            train de construction des années 1930 env.   Frz.-Kongo,
                                              Bamba-Tunnel Zoom
Livre de Marcel Homet: Congo français: Terre de souffrance (Congo. Terre de souffrance) Paris 1934 [1] - Marcel Homet, portrait [2] -
Ligne de chemin de fer Congo-Océan, train de construction des années 1930 env. [4] - Chemin de fer Congo-Océan, le tunel Bamba [partie 2 - 30]
Bahnlinie Pointe-Noire-Brazzaville mit
                            allen Stationen mit M'Vouti
Carte du chemin de fer Pointe-Noire-Brazzaville avec toutes les stations, avec M'Vouti [karte 12]


En ce qui concerne la ligne de chemin de fer de Pointe-Noire à Brazzaville, nous avons déjà eu le cas suivant du chapitre 2a :

2.4.1. L'affaire Panot-Baré-Titot
Des vols "chrétiens" du chantier "Congo-Océan": vol comptable - vol par encaisser 40.000 francs par mois pour des ouvriers qui ont pris la fuite - et un vol de 40.000 à 80.000 francs


[Congo français - prison de Brazzaville: le gouvernement "chrétien" célèbre le terrorisme contre la vérité avec des clefs]

Au loin chante le coq! Une lueur diffuse emplit ma chambre. J'ouvre les yeux. Dans la cour on s'agite; des crosses résonnent; des commandement - en un français petit nègre qu'en d'autres temps je trouverais cocasse - retentissent.

Maintenant, le plein jour emplit la pièce. A droite, à gauche, des verrous claquent, des clefs grincent. Devant chez moi, rien! Si, un sergent indigène arrive, deux gardes le suivent. Le gradé commande: "Bayette... anon!" L'acier froisse l'acier, l'éclair bleuâtre des armes jaillit. Je regarde par les persiennes. Les deux gardes, arme au poing, sont immobiles devant ma porte. Je me précipite à la fenêtre; deux autres soldats sont là.

Le café passe devant moi. J'entends les exclamations de plaisir des voisins qui le hument. Ma porte reste toujours fermée, les gardes ne bougent pas. Je me recouche. J'attends. [Comportement addictif de café "chrétien"].

Café nocif
Café nocif [8]


Cependant des clefs se font entendre. Leur bruit se rapproche. Les verrous reclaquent, la porte s'ouvre et je trouve devant moi les visages [p.171] ahuris de ceux qui vont devenir, pendant près de deux mois, mes compagnons de malheur.

-- Comment vit-on ici? Et je lampe une gorgée de café.

Panot, le prisonnier auquel je m'adresse, me regarde avec un bon sourire:

-- Comment on vit? Mais, pas trop mal, n'étaient l'eau polluée, la mauvaise nourriture, l'air malsain, les mouches, les moustiques, et, de temps à autre, la cellule. En outre... Et il me montrait les loques innommables couvrant son corps: oui, continua-t-il, en réponse à mon regard interrogateur; comme nous ne sommes qu'en prévention, nous n'avons pas droit aux vêtements de prisonniers. Non plus qu'au travail d'ailleurs. Donc, pas d'argent, pas de vêtements, bientôt nous irons tout nus.



Le principe criminel "chrétien": traiter les personnes en détention provisoire plus mal que les condamnés
Cette injustice de traiter les personnes en détention provisoire pire que les criminels condamnés n’a pas été corrigée dans le système carcéral "chrétien" à ce jour. L’administration pénitentiaire "chrétienne" ne se soucie tout simplement pas de cette torture en détention provisoire. De nombreuses personnes innocentes sont en détention et pourraient faire quelque chose de positif - non, ces forces sont perdues. La justice n’a pas d’importance pour les patrons "chrétiens" criminels. C’est même amusant pour certaines administrations pénitentiaires de garder des personnes en garde à vue le plus longtemps possible, quand on observe que la transmission de documents sur 60km prend une semaine, etc. J’ai pu en faire l’expérience en direct pendant une semaine dans la prison criminelle de Lörrach en 2008, comment les choses s’y font et comment le contribuable et volé par des manœuvres superflues. La prison doit toujours être pleine pour que le travail des gardiens ne soit pas mis en danger. Et ils se sont appelés "chrétiens" - Lien (allemand)




-- En somme ce n'est pas fameux?
-- Non, pas très, répond derrière moi une voix faubourienne.
-- Tiens! Tiens! Un Parigot par ici. C'est au moins vous, Baré? Je vous ai sérieusement défendu dans mon journal.
-- Nous vous remercions, mais, que voulez-vous, rien à faire.

Je me rappelais cette lamentable affaire, celle de Panot-Baré, deux pauvres diables honnêtes, et de Titot, de réputation douteuse.


[Congo français - chantier "chrétien" du chemin de fer "Congo-Océan": vol comptable de 9000 francs, taxes]

Ligne de chemin de fer
                          criminelle au Congo français de Pointe-Noire à
                          Brazzaville, chantier dans les montagnes du
                          Mayombe au tunnel du Kil 
Ligne de chemin de fer criminelle au Congo français de Pointe-Noire à Brazzaville, chantier dans les montagnes du Mayombe au tunnel du Kil [9]


Ils étaient tous les trois employés au chemin de fer "Congo-Océan". Coup sur coup, divers scandales venaient d'éclater:
-- vols éhontés, et non punis;
-- concussions vraiment exagérées, même pour [p.172] le Congo, etc...

Le Ministère demandait LES coupables. Et le gouvernement général s'est ingénié à lui trouver DES coupables.

Pour une fois l'administration eut une chance. Titot venait de détourner neuf mille francs. On put en fournir la preuve et il avoua. On le fourra en prison.

C'était un vol comptable. Il fallait trouver maintenant une escroquerie relevant du service des travaux publics.

Après maintes investigations, on découvrit que deux camarades de Titot, chefs de districts du chemin de fer, avaient fourni des états de paiement de leurs travailleurs non conformes à la réalité. Deux différences étaient relevées: treize cents francs pour l'un, deux mille cent francs pour l'autre.

Affreux scandale. avant toute instruction on arrêta les coupables, que l'on jeta en prison.

Poussées plus avant, les investigations n'allèrent point toutes seules: les deux inculpés d'escroquerie ne possédaient pas de caisse!

-- Oui, articulait le procureur, mais le comptable Titot s'entendait avec eux. Ils partageaient la différence.

Ce qui eut été plausible si, à cette époque déjà, Titot, relevé de ses fonctions, n'avait été en prison.

En outre, l'accusateur principal, un nommé G..., comptable principal au chemin de fer, détenait seul les fonds.

-- Mais les états de travailleurs étaient falsifiés, affirma le procureur. Je retiens contre les [p.173], l'inculpation de "faux et usage de faux commis par des fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions et je demande pour eux, cinq ans de bagne".

-- Faux et usage de faux commis par des fonctionnaires, clamèrent les défenseurs. Mais Panot et Baré ne sont que des journaliers payés à raison de soixante-quinze francs par jour ouvrable. Montrez donc vos états de fonctionnaires.

-- Inutile, trancha le procureur, qui coupa court et abandonna son accusation. Mai il reste le faux.

-- Comme nous n'avons pu consulter le dossier de nos clients, déclarèrent les avocats (fonctionnaires choisis pour la circonstance par le gouverneur, qui s'était trompé sur leur compte), nous demandons que la preuve du faux soit apportée à l'audience.

-- Inutile, affirma encore le Ministère public qui ajouta:

-- J'abandonne l'accusation de faux, mais je requiers l'inculpation, pour Baré et Panot, de "complicité de tentative d'escroquerie".

[Congo français - chantier "chrétien" du chemin de fer "Congo-Océan": 40.000 francs par mois pour des ouvriers qui n'existent plus]

-- Qui n'a pas eu lieu, affirma à la barre le directeur du chemin de fer Congo-Océan, haut fonctionnaire unanimement respecté pour son honnêteté. Non, qui n'a pas eu lieu. En outre, j'estime comme très exacte la raison donnée par les inculpés, relativement à la différence qui existait entre leurs états de personnel et celui qui existe réellement. Tous les mois, de nombreux travailleurs noirs du chemin de fer se sauvent dans la brousse [pour ne pas mourir de maladie et de malnutrition sur les chantiers]. Tous les chefs de districts ont des [p.174] listes d'appel où les ouvriers sont en nombre supérieur à ceux qui sont présents à la fin du mois. G..., le comptable principal, qui se déplace pour payer les hommes, a toujours des en "trop" dans sa caisse. Ceux-ci atteignent parfois quarante mille [40.000] francs par mois, ce qui correspond à la paie de quelque cent cinquante déserteurs. En outre, j'ajoute que je suis très satisfait des services de Pant et Baré.

Franc français 1930: billet de 5
                          Francs 
Franc français 1930: billet de 5 Francs [10]


La Cour se retira. Elle est composée en A.E.F., où l'institution du jury n'existe pas, d'un magistrat président (pas toujours), de deux fonctionnaires, dont le propre chef de cabinet du gouverneur général, et de deux commerçants adjudicataires des administrations de la colonie.

A la majorité d'une voix, les accusés furent reconnus coupables "de complicité de tentative d'une escroquerie qui n'avait pas eu lieu".

Panot et Baré - dont le casier judiciaire était vierge - furent condamnés à deux ans de prison sans sursis. Plus, avec les frais, quinze mille francs d'amende.

Titot, lui, qui avait avoué un détournement de neuf mille francs, fut condamné à trois ans de prison sans sursis, quinze mille francs d'amende et le remboursement des sommes détournées.

Panot et Baré se pourvurent en cassation contre cet arrêt. Mais on ne s'étonnera pas d'apprendre, après les révélations de l'affaire Stavisky, que leur peine était déjà purgée et qu'ils étaient en liberté, sans que la Cour de cassation ait trouvé le temps de juger. [S.175]

***

[Congo français - Chantier "chrétien" du chemin de fer Congo-Océan : le gouverneur "chrétien" de l’A.E.F. laisse passer des vols d’environ 40.000.000 à 80.000.000 francs]

Un an après ces faits, le gouverneur général de l'A.E.F. fut accusé, dans un quotidien parisien, d'avoir fermé les yeux sur des détournements atteignant plusieurs dizaines de millions.

Il put répondre immédiatement que: "Lorsque des voleurs étaient découverts, la justice suivait toujours son cours, à telle enseigne que certains d'entre eux étaient encore en prison."



2.4.2. L'affaire Costa
Une livraison de poisson pourri - incroyable

[Congo français prison Brazzaville: Le "chrétien" Costa de Léopoldville: il manquent 180.000 francs - livraison de poisson pourri - extorsions pour payer]

Il y avait aussi dans la prison un Portugais nommé Costa. Arrêté au Congo belge, sur demande de la police française, incarcéré à Léopoldville, extradé, il était accusé d'avoir escroqué à son patron une somme de cent quatre-vingt mille francs [180.000 francs].

Depuis dix mois, il croupissait en prison préventive, à la suite d'une instruction qui s'était faite inexplicablement longue. On disait que son interrogatoire, en audience, pouvait compromettre trois officiers aimant fort les cadeaux. Le fait est que, depuis un mois que l'instruction était terminée, Costa ne savait qu'une chose: qu'il passait aux assises. A quelle date? On ne s'était pas encore résolu à la fixer [p.176].

Et cette parodie de cour sans jurés, composée en partie de tributaires du gouverneur général, n'inspirait guère confiance au Portugais à qui l'expérience avait appris qu'il serait plus ou moins condamné suivant l'intérêt du moment.

-- Ce qui m'étonne, disait Panot, c'est qu'on ne lui ait pas encore fait boire du "mauvais café". Il en sait trop!

Costa est venu me demander mon aide pour sortir de sa difficile situation. Encore qu'il me répugne de défendre un coquin, j'accepte avec l'arrière-pensée de faire condamner les officiers concussionnaires. Je demande au Portugais de me conter avec exactitude ce qui lui est arrivé.

-- Voici, me dit-il. Je ne suis au Congo français que directeur d'une firme portugaise. Mon patron est en Europe, et il a confié à un commerçant de ses amis le soin de me ravitailler en marchandises et denrées destinées aux travailleurs indigènes du chemin de fer Congo-Océan. Je dois rendre compte mensuellement de mon avoir en caisse. Dernièrement, je reçois l'avis de ce que deux cents tonnes de poisson sont arrivées, à mon adresse, à la gare de Léopoldville. J'y vais. Tout le poisson était pourri. Je proteste. On me répond:

Poisson dans le fleuve Congo
                          "Tétra tigre goliath" (Goliath
                          Tigerfish)
Poisson dans le fleuve Congo "Tétra tigre goliath" (Goliath Tigerfish) [11]

-- Bah! C'est pour l'administration française. Et l'on me menace de me faire perdre ma place si je ne prends pas livraison de cette marchandise. Que faire? Je vais trouver un officier de mes amis, président de la commission de recettes à Brazzaville. Je lui glisse 25.000 francs dans la main. Le lendemain, lorsque la commission [p.177] passe, les noirs de l'entrepôt, habitués à ces sortes de choses, ouvrent quelques superbes paquets de poisson, qui étaient placés sur le haut de la pile des 20 tonnes que j'avais seulement fait entrer. Les officiers regardent: "Accepté", me dit le président. Le soir je fais passer au Congo français tout mon poisson pourri qui est entassé en hâte dans des wagons, amenés par mon ami sur le beach [plage]. Le train part en brousse où il est garé le temps nécessaire pour que son chargement ait le temps normal de se gâter. Après quoi certains officiers, chargés de la distribution des vivres aux travailleurs, leur donnèrent ce poisson. Mais cela coûte cher, de pareilles pratiques. J'ai dû donner deux autos à X..., 50.000 francs à Y..., 20.000 à Z..., sans compter les petits cadeaux aux noirs et à certains autres intermédiaires. Bref, lors de la vérification de ma caisse, il me manquait près de 140.000 francs. Mon patron a déposé une plainte contre moi. Et voilà!


"Chrétiens" français: le clima n'importe pas - les morts n'importent pas
L’administration française arrogante et "chrétienne" du Congo français n’a pas eu l’idée de
-- que dans un clima tropical, les aliments peuvent difficilement être stockés de manière durable
-- que les ouvriers du chemin de fer du Congo pourraient mieux entretenir leurs propres jardins et étangs afin d’avoir toujours des aliments frais.
Les "chrétiens" de la France pensaient simplement que le climat n’était pas important. Et c’est ainsi que des milliers de Noirs sont morts sur les chantiers de construction ferroviaire, à cause du régime catastrophique et à cause du refus des engins de construction normaux  d’Europe: La ligne de chemin de fer a été en grande partie construite à la main avec des scies de jardin et des houes de jardin. Au Vietnam comme colonie française, c’était exactement la même chose: la déforestation avec des outils de jardinage, exemple la plantation d’hévéas de Phu Rieng lien (anglais)...




[Congo français prison Brazzaville: appellation de la femme de Costa - officier très malade - second officier malade - troisième officier se cache - autre vol de Costa à Lisbonne?]

Quelques jours après, ma femme, munie des documents nécessaires, fait paraître dans "Don Quichotte" un dessin fort suggestif, accompagné d'une légende très explicite.

Aussitôt, l'officier le plus compromis tombe malade. Son état est tel qu'il exige son rapatriement immédiat. Le gouverneur général l'expédie à [la ville portuaire de] Pointe-Nore, où il prend le premier paquebot de passage.

Un second officier est muté, lui aussi, à Pointe-Noire. Il attend le développement de l'affaire. Le troisième se terre. [p.178]

Et Costa qui venait de passer 12 mois en prison préventive, bénéficie d'un non-lieu. On l'envoie se faire pendre ailleurs. Arrivé à Lisbonne, il commet un autre vol et disparaît sur un vapeur brésilien. La police portugaise est à ses trousses! Mes efforts n'avaient abouti qu'à sauver quatre bandits!

Ce n'était pas du tout ce que j'avais cherché.

[On ne sait pas ce qui est vrai avec cette histoire].


===

Et l'on avait encore cette affaire concernant le chemin de fer Océan-Brazzaville:

2.5. Le départ du président - l'affaire F...
Crime b) Le chef "chrétien" du train Océan-Brazzaville Monsieur F.: vol du ciment, louer les machines de construction et voler des tôles pour son profit - vol total


[Brazzaville: une affaire du M. F.: il est le chef "chrétien" du magasin central du chemin de fer Océan-Brazzaville - les choses "disparues": 100 tonnes de ciment, 1100 tôles ondulées - "plus de trois mille francs de profits personnels"]

Si la prison est une boîte de résonance, c'est aussi une boîte à Pandore, sans jeu de mots.

On y trouve de tout: même le rapport confidentiel de M. B... L..., directeur du contrôle et des finances de l'A.E.F.

Je veux parler de l'affaire F...

F... Était courtier en bonneterie, mais il était aussi gendre de colonel, ce qui constitue en A.E.F. une "condition nécessaire et suffisante" pour être quelqu'un. Et quittant ses bonnets, F... fut nommé chef du magasin central du chemin de fer.

Place délicate s'il en est, car elle exige de son titulaire la connaissance approfondie du matériel de chemin de fer, ainsi que des qualités de chef-comptable.

Entrepôt de
                          ciment   dessin:
                          comptable
Entrepôt de ciment [20] - dessin: comptable [21]

Evidemment, gendre de colonel, courtier en [p.193] bonneterie... bref, sollicité, le gouverneur général tourna avec élégance la difficulté. F.. fut nommé avec, de plein droit, sept ans d'ancienneté [7 ans membre dans l'entreprise]. Ce qui lui donna des émoluments [salaires] intéressants, mais surtout lui permit d'intervenir dans les travaux du technicien et du chef-comptable que l'on détacha [voler] spécialement sous ses ordres.

Au bout de six mois tout le chemin de fer était "sur les dents". Les tire-fonds arrivaient quand il fallait des "pal-planches", le sable remplaçait encore plus qu'à l'ordinaire le ciment des viaducs dont les pierres ne tenaient même plus assez pour attendre l'inauguration.

Et cent tonnes de ciment avaient disparu; onze cents [1100] tôles ondulées avaient pris la fuite, sur 54 wagons [de l'entreprise de chemin de fer] Décauville accompagnés de six trucks automobiles. Rien que du matériel neuf.

-- M. [monsieur] X... vint déclarer en outre qu'il avait un jour, après bien des recherches, retrouvé un chaland de 50 tonnes de ciment qui s'était malignement égaré chez F...,
-- M. Y... [vint déclarer] que F... lui avait demandé dix mille francs à seule fin de lui faire obtenir une adjudication.
-- M. X... [vint déclarer] que F... l'avait forcé (le pauvre homme) à majorer considérablement ses prix.

Et devant l'enquêteur, F... déchire ses balances, insulte son directeur et refuse de répondre.

On arrive quand même à voir ses comptes. Les magasins, remplis de matériel administratif, regorgent néanmoins d'outillage acheté chez les commerçants à des prix tels qu'on calcule qu'en un seul mois F... a réalisé plus de trois mille [p.194] francs de profits personnels sur des achats de pointes.

La comptabilité est surchargée, grattée, déchirée (rapport F.C. 113/C. du directeur du contrôle), des commissions d'achat n'ont jamais existé que sur le papier..., etc. F... ets perdu!

[Brazzaville: une affaire du M. F.: l'inspecteur général donne le dossier de F. au gouverneur général - fuite de F. pour la Corse - on trouve les choses: le ciment dont 50 tonnes furent définis comme "inutilisables" - on trouve les trucks automobiles qui étaient "loués" - les 1100 tôles son "ventés ailleurs" par une "tornade" et ne sont plus trouvés]

Par lettre No 469 du 9 septembre 1931 on propose le licenciement [doit s'en aller] de l'employé. Mais par lettre confidentielle No 1240, l'inspecteur général des travaux transmet au gouverneur général, le 14 septembre, le dossier du coupable.

Le 15 septembre F... tombe malade et le 16 il s'embarque en première classe, aux frais de l'Etat congolais, pour la Corse où il jouit d'une fortune aisément acquise.

Mais il fallait cependant arranger la comptabilité singulièrement bousculée par F...

Chargé de ce soin, le directeur des finances et du contrôle se met en campagne. Cent [100] tonnes de ciment avaient été perdues... il en retrouve cent cinquante [150] dont il a dû, ajoute-t-il dans son rapport, jeter une grande partie inutilisable.

Ce fut moins aisé [simple] pour les wagons [de l'entreprise de chemin de fer de] Decauville: cinquante [50] d'entre eux s'obstinèrent à se cacher. Les trucks automobiles furent retrouvés; F... les avait loués à une Société. Par erreur, évidemment il avait oublié de facturer le montant des redevances de la dite Société. Par contre, les tôles qui [soi-disant ] avaient dû, profitant d'une violente tornade, s'envoler pour couvrir des maisons inconnues ne revinrent jamais.

Bidonville à Soveto avec un
                          toit en tôle ondulée - et en Europe, les
                          élites "chrétiennes" gagnent des
                          millions chaque année à la bourse criminelle
                          que par la spéculation
Bidonville à Soveto avec un toit en tôle ondulée - et en Europe, les élites "chrétiennes" gagnent des millions chaque année à la bourse criminelle que par la spéculation [22]

C'est alors que M.B... L... se décida, non à prévenir officiellement le procureur général, mais [p.195] bien à avertir discrètement, "confidentiellement", le gouverneur général de cette situation.

Il est évident cependant que le chef du service judiciaire de l'A.E.F. a été mis au courant de ces faits, ne serait-ce que par les articles publiés dans une dizaine de journaux, dont trois congolais.

Mais, ministère public, il se garda bien d'intervenir.

Le soir où mon journal sortit portant en manchette l'affaire F..., M.B... L... fut affolé [avait peur].

Il se rua en trombe vers le bureau du directeur des chemins de fer.

Ahuri [étonné] et tenant à la main le rapport original il regardait le directeur du Congo Océan qui venait de retirer, devant lui, de son coffre-fort, la seule copie existante.

... Et cependant le rapport était publié. [p.195]

***


Les "chrétiens" et la tromperie traditionnelle avec du ciment tendu - les alcooliques "chrétiens" aiment voler et tricher
Les "chrétiens" sont les plus criminels de la planète. Ils sont le MODÈLE et empoisonnent le monde entier avec leurs tromperies et surtout avec leur ALCOOL. Ils transforment des populations entières en alcooliques au cerveau réduit et collectent des millions de profits, dont ils ne donnent RIEN. Le ciment de sable a été utilisé pour les autoroutes du sud de l’Italie "chrétienne" et du Portugal "chrétien", entre autres. Et dans les pays musulmans, le ciment de sable est utilisé, par exemple en Turquie. Là-bas, les colonnes en béton armé manquent également dans les maisons, de sorte que les maisons s’effondrent immédiatement à chaque tremblement de terre - y compris au Kurdistan "chrétien". Peut-être que quelqu’un avait des dettes de jeu dans le casino "chrétien" et a donc tendu le ciment avec du sable.

Délits: fraude, mise en danger de la vie, homicide involontaire 1000 fois ou meurtre de masse en cas de tremblement de terre. Mais cela n’a pas d’importance pour les patrons "chrétiens", car un patron alcoolique protège l’autre. Les "chrétiens" sont les pires, parce qu’ils pensent toujours que le Dieu imaginaire les "sauvera", avec le verre de vin à la main en affirmant que le vin soit le sang imaginaire d’un Jésus imaginaire. Le quotient intellectuel est à ZÉRO. Sauvez-vous des "chrétiens"!




On se souvient: Il y avait un autre cas concernant la ligne de chemin de fer de Pointe-Noire à Brazzaville du chapitre 2a :


2.9.2. Le chantier Congo-Océan et un inspecteur opéré à Brazzaville

[Le chemin de fer Congo-Océan à Brazzaville: inspecteur tombe par platelage - coccyx brisé - Congo belge doit aider au Congo français - après la guérison ne reste pas un seul médecin à Brazzaville - prison sans médecin]

On sait que les ouvrages du chemin de fer Congo-Océan ne sont pas des plus solides. Dernièrement, le gouverneur général qui était en inspection avait vu le platelage [couche supérieure] d'un viaduc en construction s'effondrer [rompre] sous ses pas.

Et le haut fonctionnaire était tombé de dix-huit mètres, heureusement arrêté dans sa chute par un chevron [poutre] qui dépassait de l'ouvrage.

La pièce de bois salvatrice avait pénétré dans le pantalon qui avait tenu bon. Mais le coccyx du gouverneur avait été brisé.

Vite, un avion belge de la "Sabéna" avait été demandé à Léopoldville, car les moyens de locomotion [réseau de trafic] manquaient au Congo français. Et un crédit de deux cent mille francs avait été immédiatement affecté au service de l'hôpital de Brazzaville.

L’hôpital de Brazzaville 1900-1930 - mais
                          seulement pour les Blancs!  
L’hôpital de Brazzaville 1900-1930 - mais seulement pour les Blancs! [34]

Tout le matériel opératoire faisant défaut en A.E.F. était venu de la colonie voisine [Congo belge].

Grâce à des soins dévoués [avec passion], le gouverneur général fut sauvé. Il rentrait en France.

Mal remis cependant; il appréhendait [avait peur] de se trouver sans aide efficace sur le chemin de fer qui venait de lui être si funeste [avec accident].

Un seul chirurgien convenable existait à Brazzaville. Il reçut l'ordre de partir en avant, muni de tout les instruments chirurgicaux de la capitale de l'A.E.F.

Et l'on enleva le médecin de la prison, qui fut "bombardé", pour la circonstance, chirurgien de l'hôpital général.

[Donc, pour l’opération de l’inspecteur blanc "chrétien", tout le personnel médical a été rassemblé]. Mais la prison resta sans médecin. [p.214]


[...]

Et maintenant viennent les informations sur la ligne de chemin de fer Congo-Océan du chapitre 2d

2.10.2.2. Le chantier du chemin de fer Congo-Océan: une grêve

[Le chemin de fer Congo-Océan: un officier avec 30 tonnes de dynamite - ses travailleurs ne veulent pas travailler - le logement de l'officier coûte 30.000 francs]

Entre Pointe-Noire et Brazzaville, la voie du Congo-Océan en construction, avait englouti les trente tonnes de dynamite.

L'enquête engagée ne révéla rien.

Dynamite avec fusible temporel  
Dynamite avec fusible temporel [teil 2 - 05]


Après bien des démarches [repas avant le repas principal], l'officier marinier réussit à se faire rembourser ses débours [paiements] et regagna la France, jurant qu'on ne l'y reprendrait plus.

Il revint l'année suivante. Intraitable [sans compromis], il s'était obstinément refusé d'abandonner ses explosifs. Mais, par suite de circonstances spéciales - la mauvaise volonté des indigènes qui refussient d'aller travailler avec lui, et que l'on dut contraindre [forcer] [p.228] - ses travailleurs ne lui furent donnés qu'à la fin de la saison sèche, c'est-à-dire au moment où, les eaux montant, il n'en avait plus besoin.

S'il ne put guère travailler, l'administration ne laissa point cependant de lui réclamer, pour prix de son logement dans un ponton appartenant au gouvernement, la coquette somme de 30.000 francs.

Ce fut un beau tapage [scandale], car le capitaine n'était guère commode. Au gouverneur général, passant là par hasard, il dit tout à trac son sentiment. Il savait beaucoup de choses. On n'osa point le contraindre.

La troisième année, il eut tout ce qu'il lui fallait. Il travailla sans relâche, ne perdit pas un instant, signa des traites aux entrepreneurs qu'il employait, avança - et ce, malgré ses serments passés - aux indigènes les traitements que leur devait l'Etat congolais et descendit à Brazzaville chercher l'argent qui lui était réservé par le crédit "D" du budget général. Jamais encore il n'avait prélevé [volé] la moindre somme sur ce chapitre.

-- Mais... le crédit est épuisé, lui fit froidement remarquer le fonctionnaire préposé aux paiement.

Après des jours de recherches aidées par les vociférations de l'ayant-droit, on retrouva, enfin, l'argent qui s'était égaré dans une autre caisse. Le concessionnaire avait eu chaud. [p.229]

***

2.10.3. Le chemin de fer "Congo-Océan"

2.10.3.1. La construction du chemin de fer de Pointe-Noire à Brazzaville - les chiffres - déportations - ingénieurs

[Brazzaville avec chemin de fer: le plan pour une gare comme à Paris - les noirs meurent sur les chantiers - "exterminant la population indigène"]

Gare de
                        Brazzaville 1930ca.  
Gare de Brazzaville 1930ca. [teil 2- 06]

La gare de Brazzaville est coquette, mais n'est que provisoire, affirme un employé. On a prévu pour la capitale de l'A.E.F., quelque chose de grandiose.

-- Songez donc, les plans que le gouverneur général a fait établir, et que vous pouvez voir dans son bureau, montrent une gare devant dépasser celle de Saint-Lazare à Paris.

La façade! J'aurais dû, dans ce reportage, intituler ainsi l'un de mes chapitres. La beauté de la gare de Brazzaville! Oui. Mais quand le [train de] Congo-Océan sera terminé, tout ce qui vit de lui s'arrêtera. La dernière animation commerciale, entièrement factice d'ailleurs, tombera.

Déserts seront les longs villages en bois qui avancent en même temps que les travaux. Déserts seront les cafés, les hôtels qui n'existent [p.230] qu'en fonction d'employés y dépensant leur solde.

Les transporteurs qui véhiculent le poisson, le manioc, les bananes destinés aux travailleurs de la voie et les colons qui vivotent chichement grâce aux revenus des maigres factoreries résistant encore, seront ruinés. Ils reprendront, comme indigents, le chemin du pays.

Le jour où la ligne sera enfin achevée, ce jour-là sonnera le glas de la colonie: Le chemin de fer vivant sur lui-même, pour lui-même et par lui-même, aura détruit, en exterminant la population indigène, toute la substantifique moelle du Congo.


[Brazzaville avec chemin de fer: les matériaux - transporter "deux millions de tonnes annuelles" - coûts "2 milliards de francs" - 13 années]

Sans doute vous dira-t-on que les statistiques officielles annoncent un tonnage satisfaisant pour l'année 1933. Peut-être ajoutera-t-on que cela prouve d'une façon péremptoire que la colonie n'est guère touchée par la crise. Mais auscultez d'un peu près ces fameuses statistique. Vous y verrez un afflux extraordinaire de matériel de chemin de fer: locomotives, traverses métalliques, rails, tirefonds, ciment, pierres, etc..., ce qui a fait dire que, faute de fret, il se transporte lui-même.

C'est un leurre, un dangereux leurre que cette inscription du tonnage de matériel dans les statistiques ferroviaires. Car, si le Congo-Océan encaisse des recettes assez importantes, c'est la France qui dépense la contre-partie, et même plus, car il faut des fonctionnaires supplémentaires pour s'occuper du transit du matériel.

Ce qui fait que, bien avant son achèvement, le [p.231] trafic de ce chemin de fer, prévu pour transporter deux millions de tonnes annuelles, ne dépasse pas en réalité, quelque deux ou trois cents tonnes.

Le déficit s'augmente chaque jour. Il n'est pas prêt de se combler: tout le cargo du fleuve, qu'il soit français ou belge, empruntant le chemin de fer belge, d'un tiers plus court, de deux tiers moins cher, et aboutissant au merveilleux port de Matadi [ville portuaire du Congo belge] où les paquebots [bateaux à vapeur] qui accostent à quai, peuvent, grâce à des moyens perfectionnés, charger et décharger des milliers de tonnes par jour.

Carte
                              montrant les deux lignes ferroviaires
                              Matadi-Kinshasa et
                              Pointe-Noire-Brazzaville 
Carte montrant les deux lignes ferroviaires Matadi-Kinshasa et Pointe-Noire-Brazzaville [karte 03]

Quand le Congo-Océan aura achevé le transport de son propre matériel, quand le commerce et l'agriculture embryonnaires, qui ne vivent que par lui, n'existeront plus, où prendra-t-on l'argent, quelque quatre-vingt à cent millions [80.000.000 à 100.000.000] de francs, qu'il faudra verser annuellement aux porteurs des différents emprunts congolais?

Ce n'est pas le fret [la charge] provenant d'un pays exsangue [sans sang] qui le procurera!

Et ce chemin de fer de 515 kilomètres, qui aura coûté, sans le port de Pointe-Noire, deux milliards et demi, qui aura demandé treize années d'un travail continu pour être achevé, ce chemin de fer voit déjà luire l'aurore d'une concurrence.


Supplément sur la construction du chemin de fer Conto-Océan:
les raisons pour une durée de 13 années avec massacre éternel

Les chefs "chrétiens" criminels de la compagnie de construction de chemin de fer de la France (Société des Batignolles de Paris) provoquaient ce long travail:
-- on renonçait à la machinerie moderne qui n'était pas importé de la France
-- on laissait faire les travaux tous à la main des noirs avec des instrument petites de la jardinerie et quelques chaînes
-- on donnait aux noirs seulement une mauvaise nourriture et
-- on déportait des noirs du désert au forêt sauvage avec une humidité énorme pas adaptable
-- et l'on laissait les noirs sans médecine et sans médecin souffrir les maladies du forêt sauvage
-- et comme ça on avait un massacre éternel sur les chantiers du chemin de fer entre Pointe-Noire et Brazzaville dans les montagnes avec une réduction de la population noire et une fuite de milliers des nègres au Congo belge pour sauver la vie
-- et aux chef "chrétiens" criminels de la France ils ont seulement rié et se disaient que les noirs seraient un "moteur de banane" et quand un s'en va alors vient un autre
-- voir le livre de Gert Paczensky "Viennent les blancs" ("Die Weissen kommen") lien (allemand)

On peut bien admettre que les chefs de la compagnie de construction de chemin de fer "Société des Batignolles" de Paris ont bien encaissé des millions de francs de l'état français pour payer les ouvriers noirs mais n'ont pas payé rien, mais ils ont volé l'argent pour remplir ses propres poches - vol sans cesse.

Les "chrétiens" sont la MERDE.

Et les "chrétiens" distribuent l'alcool sans cesse dans tout le monde provocant une mentalité satanique sadique blanc-noire, voir le livre de Gert Paczensky lien (allemand)
. Ils sont bien organisé dans le Comité des 300 à Londres (lien, anglais). Alors:

Les "chrétiens" sont SANS humanité et ils SONT la MERDE.


Ligne de chemin
                                      de fer de Pointe-Noire à
                                      Brazzaville, chantier 01   Ligne de chemin
                                      de fer de Pointe-Noire à
                                      Brazzaville, chantier 02   Ligne de chemin
                                      de fer de Pointe-Noire à
                                      Brazzaville, chantier 03   Entrée
                                      de tunnel dans les montagnes du
                                      Mayombe
Ligne de chemin de fer de Pointe-Noire à Brazzaville, chantier dans les montagnes du Mayombe [partie 2 - 7,8,9] - Entrée de tunnel dans les montagnes du Mayombe [partie 2 - 10]


Chantier de
                                    construction de chemin de fer dans
                                    les montagnes du Mayombe: Environ
                                    200 travailleurs forcés africains
                                    préparent un transport de bois   Chantier de
                                        construction de chemin de fer
                                        dans les montagnes du Mayombe:
                                        Environ 200 travailleurs forcés
                                        africains soulèvent le tronc
                                        d'arbre
Chantier de construction de chemin de fer dans les montagnes du Mayombe: Environ 200 travailleurs forcés africains préparent un transport de bois [partie 2 - 11] et soulèvent le tronc d'arbre [partie 2 - 12]



[Autre projet de chemin de fer Cameroun-Tchad: Yaoundé-Fort Achambault]

En effet, il est de plus en plus question de la construction d'une ligne allant de Yaoundé (Cameroun) à Fort-Archambault (Tchad) en passant par Baïbokoum.

Ce chemin de fer serait de mille six cents kilomètres, plus de trois fois le Congo-Océan. De combien de milliards aurait-on encore besoin?

D'ailleurs, si l'on peut admettre que le bas de [p.232] laine français soit réellement inépuisable, il n'en est pas de même du "cheptel humain" ["noirs comme bétail"] nécessaire à la construction de cette ligne.


[Brazzaville avec chemin de fer: la déportation des noirs "Saras" du Tchad au Congo aux chantiers - "dizaines de milliers" - massacre - réduction de la population du Tchad: "il reste fort peu de ces indigènes"]

Les documents officiels de la colonie indiquent que, depuis des années, on a été contraint de puiser [déporter], pour la construction du Congo-Océan, dans le vaste réservoir d'hommes qui jadis [avant] existait au Tchad.

Par dizaines de milliers, les "Saras" sont allés, à plus de deux mille kilomètres de chez eux [transports dans des petits bateaux], peupler les camps ferroviaires du Bas-Congo [avec des outils de la jardinerie, avec mauvaise nourriture, beaucoup des maladies tropicales, sans médecine, sans médecin - massacre].

Village Sara
                        au Tchad   Carte du Tchad avec la tribu Sara
                                sur les fleuves Chari et Logone   Tchad, homme
                        de Sara
Village Sara au Tchad [partie 2 - 13] - Carte du Tchad avec la tribu Sara sur les fleuves Chari et Logone [carte 09] - Tchad, homme de Sara [partie 2 - 14]

A l'heure actuelle, il reste fort peu de ces indigènes. Va-t-on, pour du coton hypothétique, du coton que l'on ne récoltera même plus lorsque le pays sera transformé en désert, construire cette nouvelle voie?

Et que transportera alors le Congo-Océan?

***

[Brazzaville avec chemin de fer: des chantiers avec des ingénieurs]

Le train roule avec circonspection. A tours de roues menus, scandant à peine la marche, les wagons avancent. On se trouve sur un tronçon de voie glissant sans arrêt dans la vallée.

Le niveau est déjà inférieur de sept centimètres à ce qu'il devrait être.

-- Poche d'eau, disent les ingénieurs. Peut-être, mais cela finit par n'être point rassurant pour le voyageur, que de se demander, quand il est sur un viaduc:

"Est-ce que ça croule?" ou sur un remblai: "Glisse-t-on?" ou bien dans un tunnel: "En sortirons-nous?" [p.233]

C'est que tout le monde a encore présent à l'esprit l'accident du gouverneur général; l'écroulement récent du "Bamba", ou même l'aventure arrivée au commandant de l'aviso, Bougainville [?].

Celui-là est resté vingt heures en pleine brousse [forêt sauvage] après que des centaines de mètres cubes de terre se fussent détachés d'un remblai pour barrer la voie. Gageons que de longtemps il ne retournera pas à Brazzaville, au moins par le Congo-Océan!...


2.10.3.2. Le petit chemin de fer cargo de Brazzaville à Mindouli: cuivre

(Le chemin de fer "Congo-Océan" (la ligne principale par les montagnes) fut construit de 1921 à 1934 [web02]. Avant de construire la grande ligne, on avait une petite ligne pour la minérie de Brazzaville à Mindouli, allez voir le chapitre):

Carte
                      Brazzaville-Mindouli
Carte Brazzaville-Mindouli [10]

[Brazzaville avec chemin de fer: la station de Mindouli - production de cuivre - ligne de cuivre - de l'eau pour la machine - 12 km/h - les locomotives - les mécaniciens - des oiseaux - trains de marchandises]

Mindouli 2023 environ, après la guerre
                        civile de 2016 beaucoup ont fui, Mindouli est
                        négligée, le chemin de fer n’y circule plus   Un viaduc ferroviaire a également été
                        célébré à Mindouli, même sur un timbre-poste   Carte de la région de
                        Mindouli avec gisements de cuivre
Mindouli 2023 environ, après la guerre civile de 2016 beaucoup ont fui, Mindouli est négligée, le chemin de fer n’y circule plus [15]
Un viaduc ferroviaire a également été célébré à Mindouli, même sur un timbre-poste [16]
Carte de la région de Mindouli avec gisements de cuivre [carte 11]
Ligne de chemin de fer
                        Pointe-Noire-Brazzaville avec toutes les gares
Ligne de chemin de fer Pointe-Noire-Brazzaville avec toutes les gares [carte 12]

A Mindouli, l'extraction du cuivre est arrêtée. C'est infiniment regrettable. Cette région compte parmi les plus riches du monde en calchosine [ornements de cuivre].


La production de cuivre dans la région de Mindouli a une longue tradition depuis le 13ème siècle

Production et commerce du cuivre dans le bassin du Niari (République du Congo) du 13e au 19e siècle après JC : Caractérisation des isotopes chimiques et du plomb

https://www.researchgate.net/figure/Carte-de-localisation-des-sites-de-production-de-cuivre-dans-la-zone-de-Mindouli-N_fig3_310443663
https://www.researchgate.net/publication/323584174_Copper_Production_and_Trade_in_the_Niari_Basin_Republic_of_Congo_during_the_13th_to_19th_Centuries_CE_Chemical _and_Lead_Isotope_Characterization

Traduction avec Translator.eu:
  • Frederik Rademakers
  • Nicolas Nikis

  • Traduction avec Deepl:

    En Afrique centrale, le minerai de cuivre n’est présent qu’à quelques endroits et le cuivre semble avoir été une denrée rare dans le passé, contrairement au fer, qui est attesté plus largement et plus tôt dans les archives archéologiques subsahariennes. Cet article présente la première caractérisation détaillée d’une ancienne région de travail du cuivre en Afrique centrale. Situé le long de la frontière sud de la République du Congo, le bassin de Niari a révélé plusieurs sites de production de cuivre allant du 13e au 19e siècle de notre ère. Les preuves, en particulier dans les régions de Mindouli, Mfouati et Boko-Songho, comprennent divers vestiges de production ainsi que différents types de lingots et d’artefacts de cuivre. Dans le contexte d’une étude plus large sur la technologie du cuivre, les caractéristiques chimiques et isotopiques du plomb des gisements de minerai de cette région sont présentées. Les résultats des analyses chimiques et isotopiques du plomb des objets en cuivre et des restes de production des sites archéologiques sont ensuite interprétés à la lumière de ces données géologiques, en mettant l’accent sur les caractéristiques de provenance du cuivre. En combinant ces résultats avec des preuves archéologiques et historiques de l’activité métallurgique régionale, de nouvelles informations significatives sont données sur la production de cuivre dans le bassin de Niari, soulignant le potentiel de cette recherche pour les travaux à venir sur l’utilisation et le commerce du cuivre dans un contexte plus large d’Afrique centrale.



    [Émeraudes de Mindouli]:

    -- Beaux cailloux, ma foi. Je fais sauter dans ma main deux morceaux de minerai aux reflets d'émeraude qu'un jour déjà lointain le directeur de cette exploitation m'avait remis.

    Mindouli
                      émeraude 01   Mindouli
                      émeraude 02
    Mindouli émeraude 01 [teil 2 - 18] - Mindouli émeraude 02 [teil 2 - 19]

    Ce simple geste me ramène de six ans en arrière.

    Je me rappelle l'ancienne voie étroite qui jadis [avant] unissait Mindouli à Brazzaville. Elle grimpait au dos des collines, descendait dans les ravins [vallées], enjambait les rivières sur des ponts de bois pourris.

    Pas de signalisation. Ligne unique, toute tordue, où ne circulait jamais qu'un train dans chaque sens, soigneusement garé dans de minuscules stations.

    Elle ne servait d'ailleurs qu'au transport du minerai. Jamais de voyageurs; ou alors, à leurs risques et périls [p.234].

    C'était le bon temps! On mettait deux jours pour faire cent soixante kilomètres, quand on n'en mettait pas trois...

    A toutes les rivières, - et Dieu sait s'il y en a, - le train s'arrêtait pour faire de l'eau. A grands coups de pied dans le derrière (démonstration de gaîté [joie] plutôt que sévices réels) le mécanicien engageait les passagers noirs à remplir le réservoir de la machine.

    Cuvettes et chapeaux étaient libéralement mis à contribution.

    Tout le monde riait, à commencer par les porteurs d'eau, ravis d'une intermède qui leur permettaient de gambader et de palabrer sans fin... Hélas, on ne reverra plus ce temps-là.

    Je me  rappelle un jour où l'on traversait une grande plaine. Le train filait gaillardement ses douze kilomètres à l'heure: il était vide. De tous côtés une pluie d'escarbilles s'abattait. Soudain, entre mes jambes, ma chienne, un magnifique berger allemand, se mit à geindre [gémir].

    -- Ça y est, pensai-je, elle va mettre bas. Et, de fait, voilà un petit chien qui apparaît.

    J'adorais mon chein, une brave bête. Je me précipitai sur le côté du wagon, je hurlai, je fis des signes. Le train s'arrêta.

    -- Mécanicien! Il me faut de la paille, et vite. Tout le monde a compris. Trois ou quatre noirs, riant comme des fous, filent dans les herbes.

    Cinq minutes après, une litière odorante encombre mon wagon. Mais il me faut faire attention [p.235] aux flammèches qui voltigent sans cesse. Je risque de griller vif!

    Le soir, le train était à l'étape avec sept voyageurs qui n'avaient pas payé leur place.

    Qui n'a pas connu la [locomotive] "Simone" ou la "Mariette" n'a rie vu en AE.F. C'étaient deux vieilles machines-poupées appartenant à la Compagnie minière.

    En ce temps-là, l'atelier de la Société était dirigé par un excellent ingénieur, M. B... Un phénomène! Tour à tour directeur, ingénieur, ouvrier plongé dans le ventre des "locos", on ne le rencontrait que couvert d'huile et de cambouis.

    Voyager avec lui était un rève. Mécanicien volontaire de la "Simone" qu'il choisissait toujours pour effectuer ses déplacements, il faisait tant que l'on ne restait qu'un jour en route, de cinq heures à quelque vingt-deux heures.

    Il tirait le maximum de cette machine toute déglinguée. De temps à autre, quand tout allait bien, nous nous accordions une demi-heure de repos. Parfois un vol de pintades passait. Pan! Pan! Le train s'arrêtait. Une volée de noirs s'égaillaient vers les oiseaux abattus.

    Pauvre "Simone"; pauvre "Mariette". Abattues, elles aussi dans quelque fond de ravin, elles présentent au broussard attardé leurs ferrailles disjointes, tordues, rouillées.

    Mais les trains ne roulaient qu'une fois par semaine. Alors, dans l'intervalle, les draisines [wagons simples] entraient en jeu.

    Oh! ce n'étaient point les draisines actuelles [p.236], luxueuses, faites pour millionnaires ou pour hauts fonctionnaires. Non! Quelques planches posées sur quatre roues, un banc, deux trous pour laisser passer les bâtons servant de frein. Voilà le véhicule. Comme moteur, trois nègres poussant aux montées, se laissant emporter à quarante à l'heure dans les brusques descentes.

    Des trains de marchandises venaient parfois en sens inverse. On pouvait se trouver nez à nez avec eux. Je disais à ma femme que passionnait ce genre de locomotion [trafic public]:

    -- Si tu vois un train, saute à droite, moi je sauterai à gauche! ... Et l'on riait à perdre haleine.

    Un jour cependant, au sommet d'une descente à peine amorcée, je m'aperçus que j'avais oublié mon frein. En hurlant, les nègres se sont jetés à terre. Ils ont été traînés mais n'ont pas lâché prise. Avec une "machette" ils ont coupé dans la forêt un "kéké". Vive le frein... et nous sommes repartis.

    Aujourd'hui, les wagons sont luxueux. Peut-être ne va-t-on pas beaucoup plus vite que jadis. Mais on se sent moins à l'étroit. Et si l'on risque toujours de rencontrer la mort sur un viaduc disjoint, c'est en complet blanc impeccable qu'on la recevra.

    ***

    [p.237]


    ***

    2.10.3.4. Bref avant l'inauguration du chemin de fer Océan-Congo 1934

    [La localité de] M'Vouti, l'ancien bagne nègre transformé en chantier normal par l'arrivée récente des machines perforatrices, M'Vouti s'affaire.

    M'Vouti gare
                        en 1932   Carte de la ligne de chemin
                        de fer Pointe-Noire-Brazzaville avec toutes les
                        gares avec M’Vouti
    M'Vouti gare en 1932 [20] - Carte de la ligne de chemin de fer Pointe-Noire-Brazzaville avec toutes les gares avec M’Vouti [karte 12]

    Dans un sursaut d'énergie, provoqué par les nombreuses missions d'inspection qui se succèdent sans arrêt, le gouvernement général a décidé que la ligne Brazzaville-Océan serait ouverte en avril 1934. Aussi, du matin au soir, les équipes surmenées travaillent d'arrache-pied.

    -- Ces bougres-là sont bien capables de tenir parole, grommelle un colon que je rencontre du côté de Loudima. On poussera la construction du C.O. par tous les moyens, dût-on, pour cela, édifier les gros ouvrages à la va-vite... On les refera après l'inauguration. Tout sera dit. La France est là pour payer.

    -- A ce propos, continue mon interlocuteur, vous feriez bien de faire attention, quand vous serez à la "Missafo". Un pilier du viaduc flotte ou du moins flottait. Dernièrement on a mis un témoin...

    -- Un témoin?

    -- Oui. On fait une marque sur une pile du pont, par rapport à un point fixe. De cette façon, on se rend compte de la solidité de l'ouvrage. Il [p.204] paraît que le témoin n'a pas bougé. Les fondations auraient-elles fini par trouver une assise solide? Bah! Ça se tassera.

    Espérons-le!

    M'Vouti gare
                          en 2012   Ligne de chemin de
                          fer Pointe-Noïère-Brazzaville, viaduc dans les
                          montagnes du Mayombe : les anciens viaducs
                          n’ont jamais été sûrs
    M'Vouti gare en 2012 [teil 2 - 21] - Ligne de chemin de fer Pointe-Noïère-Brazzaville, viaduc dans les montagnes du Mayombe: les anciens viaducs n’ont jamais été sûrs [teil 2 - 22]


    ***

    2.10.3.5. Chemin de fer Océan-Congo 1934: discussion de la route - le massacre dans le Mayombe - "milliers de morts" - "labeur d'esclave" - pêche sec pourri="pongo" pourriture - fuite!

    L’Holocauste lors de la construction du chemin de fer 1921-1934 dans la région du Mayombe dans la colonie française AEF: Faits :
    -- des sommes d’argent fantastiques qui sont parties en fumée [p.242]
    -- des milliers de morts [p.242] (16.000 à 20.000) (lien)
    - des difficultés opérationnelles et enfin le tunnel, le fameux tunnel de Bamba. [p.242]
    -- le manque de nourriture, de médicaments [p.242]
    -- pour un pot-de-vin de 4 millions de francs, la compagnie de chemin de fer perverse-« chrétienne » Batignolles de Paris fait soudain venir de grosses machines de construction avec lesquelles la ligne de chemin de fer dans les montagnes du Mayombe peut être achevée rapidement, mais jusqu’en 1932 il n’y avait pas de machines de construction pour les Afros, mais ils ont dû construire la ligne de chemin de fer avec des outils de jardinage (houes et pieds-de-biche), sous les fouets et la faim ! Les « chrétiens » doivent être torturés ! [p.242]
    - des bouffées de brouillard [p.242] qui ont fait perdre leur orientation à des centaines d’ouvriers d’un seul coup [p.243]
    -- le manque de nourriture, de médicaments, les brouillards [p.242] qui emportent d'un seul coup des centaines de travailleurs, de ces "Saras" du Tchad habitués à l'air sec et chaud du climat désertique [p.243]

    Mayombe (franco-congolais) : Jungle
                      montagneuse avec la ligne de chemin de fer
    Mayombe (franco-congolais) : Jungle montagneuse avec la ligne de chemin de fer [23]

    Le texte:

    Voici venir le tunnel du "Bamba", morceau de résistance de l'oeuvre (1600 mètres de longueur [web x05]).

    Au fond d'un cirque rocheux, dominé par les grands arbres qui inclinent vers lui leur tête échevelée, la noire ouverture bée.

    Le mont Bamba!


    Mont Bamba (Mayombe)
    (ENGL orig.: Mont Bamba (Mayombe)
    https://www.britannica.com/place/Mount-Bamba

    Übersetzung mit Translator.eu:
    Mont Bamba (2625 pieds [800 mètres]) se trouve dans les montagnes du massif de Mayombé, dans la partie sud-ouest de la République [française] du Congo.

    ENGL orig.:
    Mount Bamba, mountain (2,625 feet [800 metres]) in the Mayombé Massif, in the southwestern part of the [French] Republic of the Congo.

    La carte Mapcarta indique 622 mètres.
    https://mapcarta.com/fr/16867900

    Une autre page indique 810 mètres: "Le Mont Bamba est l'une des basses montagnes du Mayombe situé au sud-ouest de la République du Congo. Il culmine à 810 mètres d'altitude."
    https://fr.vikidia.org/wiki/Mont_Bamba

    Carte avec
                                Pointe-Noire avec le Mont Tiétié et le
                                Mont Bamba dans les montagnes du
                                Mayombe
    Carte avec Pointe-Noire avec le Mont Tiétié et le Mont Bamba dans les montagnes du Mayombe [karte 13]


    Le Mont Tiétié est une montagne de la région du Kouilou en République du Congo (Afrique), haute de 310 mètres.
    https://de.getamap.net/karten/republic_of_the_congo/kouilou/_tietie_mont/


    La carte Mapcarta indique 316 mètres.
    https://mapcarta.com/fr/16855856



    Il me souvient de la mission des Batignolles [groupe des ingénieurs de la compagnie ferroviaire des Batignolles de Paris], étudiant pas à pas, en 1911 ce parcours, et qui l'avait si nettement interdit:

    -- Jamais la ligne ne devra passer par le "Bamba" [800m de hauteur], mais bien au nord. La région du Mayombe [forêt sauvage avec des montagnes!] est infertile [pour la bourse et le profit], difficultueuse à l'excès [comme les Alpes en Europe], la variante du mont Tétié [310m de hauteur] est toute indiquée. Là les trains rouleront en pente douce vers la mer.

    "Et ce sera à Banda-Pointe, non à Pointe-Noire qui serait une station non choisie par rapport à des considérations nautiques, quon devra construire un port", avait achevé le lieutenant de vaisseau Lafargue, chargé de mission par le ministre des Colonies.

    Malgré l'opinion des ingénieurs de la Société des Batignolles, malgré le rapport précis du capitaine Lafargue, le Mayombe et Pointe-Noire ont été choisis.

    Pourquoi?

    -- Bah! On dit qu'une Société ayant de puissants [p.241] appuis avait obtenu en concession gratuite tous les terrains du futur port et qu'elle les aurait vendus depuis à raison de cent cinquante francs le mètre carré.

    Résultat! Des sommes fantastiques envolées en fumée, des milliers de morts, des difficultés d'exploitation et enfin le tunnel, le fameux tunnel du Bamba.


    Ligne de chemin de fer avec tunnel de Bamba: "Chrétiens" français absolument PERVERS et MEURTRE DE MASSE avec PLEINE INTENTION
    J’en arrive à la conclusion: Apparemment, la ligne de chemin de fer à travers le tunnel de Bamba dans les montagnes du Mayombe était un exercice pervers pour les ingénieurs français SANS aucune raison et avec l’acceptation d’un meurtre de masse de 1000 morts avec pleine intention. Il s’agissait d’un exercice pour la construction future d’autoroutes dans les Alpes. OÙ est le juge contre la France ?

    Sur la ligne de chemin de fer de Pointe-Noire à Brazzaville par le tunel de Bamba on a l'indication de 16.000 à 20.000 meurtriers: Livre "Congo-Océan. De Brazzaville à Pointe-Noire 1873-1934":
    http://voyage-congo.over-blog.com/article-lecture-congo-ocean-brazzaville-pointe-noire-97097470.html

    Sur la ligne de chemin de fer de
                            Pointe-Noire à Brazzaville par le tunel de
                            Bamba on a l'indication de 16.000 à 20.000
                            meurtriers: Livre "Congo-Océan. De
                            Brazzaville à Pointe-Noire 1873-1934"
    Sur la ligne de chemin de fer de Pointe-Noire à Brazzaville par le tunel de Bamba on a l'indication de 16.000 à 20.000 meurtriers: Livre "Congo-Océan. De Brazzaville à Pointe-Noire 1873-1934" [24]

    "Un livre publié dans le cadre du Cinquantenaire des Indépendances Africaines a retenu mon attention: "Congo-Océan, de Brazzaville à Pointe-Noire, 1873-1934". C'est un beau livre, abondamment illustré, dont les auteurs sont un médecin et une pharmacienne, ayant travaillés dans l'humanitaire au Congo. L'ouvrage se veut un hommage aux travailleurs du Chemin de Fer Congo-Océan, notamment à ceux qui ne sont pas revenus vivants de ce difficile chantier. Histoire douloureuse, plusieurs fois évoquée sur mon blog.

    La préface est sous certaines aspects un peu douteuse, le Pr Gentilini croit bon d'effectuer un parallèle avec le STO (Service du Travail Obligatoire) et la déportation au cours de la Deuxième Guerre Mondiale. Était-ce bien nécessaire d'effectuer une telle comparaison avec une autre période, d'autres lieux et un autre contexte? La description du Travail Forcé alors en vigueur dans toutes les Colonies, et ce jusqu'en 1946, se suffit à elle-même. Le récit du recrutement plus ou moins contraint d'ouvriers, bien au-de-là des frontières du Congo, et ses conséquences désastreuses sur les populations indigènes, est assez démonstratif.

    L'avant-propos de Jacques Toubon évoque le nécessaire éclairage sur l'histoire coloniale de la France sans vision manichèenne, "une histoire vraie avec ses heures glorieuses et ses heures honteuses". Cinquante ans après la décolonisation, il est temps de faire la part des choses et de lever les tabous!

    L'ouvrage est bien construit. La première partie du livre restitue le contexte historique de la Colonisation, la découverte du Congo, l'épopée des grands explorateurs de la fin du XIXème siècle. La deuxième partie détaille les différents projets de tracés du chemin de fer et les difficultés de mise en oeuvre dans une A.E.F. très peu dévelopée. La troisième partie fait la part belle au chantier du CFCO, notamment aux difficiles travaux dans le Mayombe, le percement du tunnel du Mont Bamba. La quatrième partie fait une synthèse, dresse le terrible bilan de 16 à 20.000 morts, mis en balance de l'apport évident d'une telle infrastructure pour le pays. La complexité de l'Histoire et aussi des rapports humains dans le contexte colonial est enfin abordée.

    L'abondance des "illustrations de l'époque" est mise en exergue en quatrième de couverture et il est souligné par ailleurs que les auteurs du livre ne sont pas des historiens. Malheureusement, c'est là où ça coince... Je me vois contraint de souligner des inexactitudes erreurs, volontaires ou no. La volonté d'illustrer à tout prix les faits évoqués a t-elle conduit à abuser des documents? Les auteurs ont-ils été "trompés" par leurs documentalistes? En effet, certaines photographies ne sont pas en rapport avec la légende de l'ouvrage et sont parfois postérieures à l'époque évoquée."


    Construction de la voie ferrée entre Pointe-Noire et Brazzaville: on indique 17.000 morts
    La ligne Congo-Océan : une traverse, un mort
    https://web.archive.org/web/20190215223243/https://www.geo.fr/voyage/l-afrique-au-temps-des-colonies-la-ligne-congo-ocean-une-traverse-un-mort-161171


    Entre 1921 et 1934, la construction de la ligne Congo-Océan, reliant Brazzaville à Pointe-Noire, tua 17 000 ouvriers. Une entreprise aussi titanesque que cauchemardesque.

    Désormais, une immense plainte m’habite ; je sais des choses dont je ne puis pas prendre mon parti. Quel démon m’a poussé en Afrique ? Qu’allais-je donc chercher dans ce pays ? J’étais tranquille. A présent, je sais : je dois parler.» Ces lignes sont tirées de Voyage au Congo (éd. Gallimard, 1927), un journal que tint André Gide, lors d’un périple en Afrique équatoriale. Au milieu des années 1920, au sommet de la gloire parisienne, le romancier désirait s’offrir un bol d’air. Trente-six ans plus tôt, il a déjà rêvé de faire ce voyage avec son précepteur, Elie Allégret, un pasteur missionnaire au Congo. C’est avec le fils de ce dernier, Marc, âgé de 26 ans, qu’il le réalise. Il vend une partie de sa bibliothèque et sa maison de la villa Montmorency pour partir, à 57 ans, à l’aventure. Grâce à ses entrées au Quai d’Orsay, c’est en tant que «chargé de mission» du gouvernement qu’il embarque, le 18 juillet 1925, pour une odyssée qui va durer onze mois. Convaincu du bien-fondé de l’œuvre coloniale, l’écrivain s’imagine vivifier sa créativité au contact de paysages exotiques. Mais le réel rattrape rapidement ses fantasmes. Après avoir longuement sillonné le Maghreb avec des yeux d’orientaliste, il plonge au Congo son regard au cœur des ténèbres.

    Ce chemin de fer devait sauver la «Cendrillon de l’empire»

    Il découvre d’abord Pointe-Noire, «ville à l’état larvaire, qui semble encore dans le sous-sol.» Le port est en chantier depuis trois ans, créé de toutes pièces pour être le terminus du futur Brazzaville-Océan. Après des décennies d’atermoiements et de projets avortés, la métropole a lancé le chantier d’un chemin de fer qui doit rompre la dépendance vis-à-vis du Congo belge voisin. Barrée par les chutes du Congo, la colonie française a dû en effet, jusqu’à présent, utiliser la seule ligne équatoriale, qui relie depuis 1900, sur l’autre rive du fleuve, Léopoldville et Matadi. Avec ce projet, l’AEF, que sa pauvreté a fait surnommer la «Cendrillon de l’empire», va enfin gagner un débouché maritime direct pour drainer vers la France les richesses d’un territoire de 2,5 millions de kilomètres carrés : coton du Tchad et de l’Oubangui-Chari, bois du Gabon, oléagineux, cuivre, zinc et plomb du Congo, latex, ivoire...

    Mais, Gide le sait, le chantier du Brazzaville-Océan a mauvaise réputation. «Je n’en puis connaître que ce que l’on m’en raconte, et tous les récits que j’entends se contredisent ; ce qui m’amène à me méfier de tous et de chacun. On parle beaucoup de désordre, d’imprévoyance et d’incurie... Je ne veux tenir pour certain que ce que j’aurais pu voir moi-même, ou pu suffisamment contrôler.» D’ores et déjà, il relève la «situation abominable» créée par le «régime obligatoire du portage». C’est-à- dire la contrainte pour les Africains, là où le réseau routier est inexistant, de servir de mules aux Blancs. Le travail forcé est apparu en Afrique dès la conquête : porteurs pour les troupes, les colons et les administrateurs, cueilleurs de caoutchouc pour les concessions, main-d’œuvre pour la construction de routes... Les Français y voient une forme transitoire et éducative adaptée aux indigènes. Et un sacrifice acceptable au regard du futur bien-être commun.

    Gide découvre également les abus de la Compagnie forestière Sangha-Oubangui, une concession qui exploite le latex en brutalisant et en escroquant ses «employés». Les autorités de la métropole ignorent ou ferment les yeux. En 1899, l’Afrique équatoriale française a été découpée en quarante énormes concessions territoriales – 700 000 kilomètres carrés pour l’ensemble. Fondé sur le monopole et la contrainte, ce système a engendré le pillage. Les entreprises de colonisation réalisent des bénéfices colossaux sur l’ivoire, le latex, le cuivre... mais, en retour, elles ne font aucun investissement sur place, ne créent aucune infrastructure, comme le démontre l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch, dans Le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires, 1898-1930 (éd. EHESS, 2001).
    Le tracé franchit le Mayombe, un massif forestier équatorial

    Au Tchad, l’écrivain assiste également aux rafles d’«engagés volontaires» pour le chantier : 1 500 hommes, encadrés par des miliciens, en route vers les camps de travail. «Le chemin de fer Brazzaville-Océan, écrit-il encore dans Voyage au Congo, le journal qu’il publie à son retour, est un effroyable consommateur de vies humaines.» La future ligne est divisée en plusieurs tronçons, dont la réalisation a été confiée à des entrepreneurs privés. Le gouvernement a missionné la Société de construction des Batignolles (SCB) pour réaliser la section côtière, 172 kilomètres de voies ferrées depuis Pointe-Noire. Cette entreprise a déjà à son actif le chemin de fer de Bône à Guelma en Algérie (1876) et celui de Dakar à Saint-Louis au Sénégal (1880). Elle a aussi édifié, entre 1904 et 1910, la ligne Haiphong (Indochine)-Kunming (Chine), en recourant massivement au travail forcé des indigènes (bilan estimé : 12 000 morts).

    Le tracé, dont elle a la charge au Congo, inclut la difficile traversée du Mayombe, un massif forestier équatorial étendu sur 90 kilomètres.L’administration coloniale s’est engagée à lui fournir jusqu’à 8 000 travailleurs. Mais le projet en réclame bien plus : le service de la main-d’œuvre a aussi besoin de personnel pour la construction et l’entretien des camps de travail, le service des magasins, le transport, le ravitaillement, etc. En 1922, le gouverneur général de l’AEF, Jean-Victor Augagneur (un radical socialiste qui publiera, en 1927, un essai intitulé Erreurs et brutalités coloniales) a ordonné la réquisition de tous les hommes valides des circonscriptions traversées par la ligne. Mais le Congo français est faiblement peuplé. La réserve locale n’est que de 70 000 «mâles adultes». Autre souci, les hommes recrutés ne peuvent plus s’occuper des cultures : villageois et ouvriers des chantiers manquent bientôt de vivres. Les «nègres» fuient les réquisitions, se cachent en forêt, se réfugient hors des zones de recrutement, traversent même la frontière. Raphaël Antonetti, nouveau gouverneur général en 1924, est contraint d’élargir et d’intensifier le recrutement : hormis le Gabon, où l’exploitation forestière a besoin de bras, tous les territoires de l’AEF sont mis à contribution.
    Gorgée de pluies tropicales, la montagne est un piège mortel

    Des sous-officiers français, secondés par des supplétifs africains, raflent donc en Oubangui-Chari, au Cameroun, jusqu’au Tchad. Dans une interview accordée au site Afrik.com, en 2006, l’historien congolais Antonin Madounou explique : «L’administration prévoyait le nombre de travailleurs dont elle avait besoin pour l’année à venir, puis elle envoyait des miliciens armés dans les villages. Le chef de village africain recevait une récompense financière pour le service rendu, l’incitant à fournir le nombre d’ouvriers demandés. Les plus jeunes d’entre eux étaient capturés au lasso.» Des dizaines de milliers d’hommes sont ainsi acheminés vers les camps de travail après un périple de centaines de kilomètres, rempli d’épreuves qui leur offrent un avant-goût de ce qui les attend. La marche d’abord. Puis on les entasse sur des chalands pour descendre l’Oubangui et le Congo. Certains tombent à l’eau, se noient. Aux escales de Brazzaville et Pointe-Noire, les travailleurs noirs restent sur la berge : on n’a rien prévu pour les accueillir. Et, à nouveau, la route à pied, quinze à trente jours jusqu’aux contreforts du Mayombe, que tous n’atteignent pas. Des plaines du Kouilou et des vallées de la Sangha, l’administration fait déplacer des villages entiers. Bandas, Mandjias ou Saras, des habitants de la savane se retrouvent en forêt, pour des travaux forcés...

    Succédant à la plaine côtière, le Mayombe est la seule difficulté du tracé confié à la SCB. Mais quelle difficulté ! Cet enfer vert s’étend avec la vallée marécageuse de la Loémé, à 60 kilomètres de Pointe-Noire, jusqu’au futur tunnel du Bamba (qui ne sera achevé qu’en septembre 1933). C’est une montagne de savon où la terre, gorgée de pluies tropicales, se retire sous les pieds. A cause du relief accidenté, la voie doit progresser à flanc de ravins et franchir des éperons rocheux.
    Epuisés, malades, les forçats tchadiens meurent par centaines

    Pour la section la plus difficile, il faudra construire 36 viaducs, 73 ponts, 12 murs de soutènement, 10 tunnels... Au préalable, il faut abattre les arbres par centaines, puis les évacuer. Couvert d’une épaisse végétation, le sol en décomposition est lourd, glissant, instable. La pluie interrompt sans cesse les opérations. Dans de telles conditions, les besoins sont estimés à 10 000 hommes au travail en permanence pendant trois ans et demi pour le seul Mayombe. Cette main-d’œuvre ne coûtant rien, la SCB lui fait tout faire à la main, ou presque. On abat les arbres à la hache, on casse les pierres au marteau, on transporte des barils de ciment et des rails de 15 mètres de long à la main, on creuse les tunnels à la pioche... Les hommes travaillent sept jours sur sept, toute la journée, avec une seule courte pause pour manger. L’approvisionnement des camps, à dos d’homme, est aléatoire.

    Encadrés par des miliciens aux ordres des Blancs, principalement originaires d’AOF, les indigènes sont maintenus au travail sous la contrainte, et ne touchent parfois, pour tout salaire, qu’un peu de sel ou de tissu. Les gardes-chiourmes frappent les récalcitrants et les lents, tirent sur les fuyards. Ceux qui sont repris sont fouettés, voire exécutés, pour l’exemple.

    Le camp du kilomètre 102 est le plus meurtrier. Les Saras tchadiens, qui forment les trois quarts des forçats du Mayombe, y tombent comme des mouches. Certains périssent à petit feu, déprimés par leur déracinement brutal, épuisés par la charge de travail, affaiblis par une alimentation insuffisante et inadaptée (la consommation de fruits de forêt dérègle leur organisme). D’autres, exposés en permanence sans vêtements aux pluies et au froid, contractent des pneumonies. L’hygiène et les structures sanitaires sont inexistantes, l’entassement des travailleurs dans des conditions précaires favorise les épidémies et leur propagation. Paludisme, dysenterie, infections pulmonaires... Sans parler des serpents, des fourmis magnans et des mouches tsé-tsé, responsables de la maladie du sommeil qui fait des ravages. Entre 1925 et 1928, le taux de mortalité dépasse 20 %. Les pires années correspondent à l’afflux massif de travailleurs recrutés au loin : 1 341 morts en 1925 pour la seule division côtière, 2 556 en 1926, 2 892 en 1927, 2 635 en 1928. En 1929, la courbe s’inverse enfin : 1 300 morts. Elle continuera de décroître au fur et à mesure de l’amélioration de l’infrastructure sanitaire, mais en 1932, la division côtière fait encore 517 morts (ces chiffres effrayants, donnés par le géographe Gilles Sautter dans les Cahiers d’Etudes africaines, en 1967, font toujours autorité).

    En 1930, le gouverneur Antonetti impose la mécanisation du chantier à la SCB. Un peu tard. Au total, entre 18 000 et 23 000 hommes, soit environ 15 % des 127 250 travailleurs recrutés pour construire le Brazzaville-Océan, périrent sur les chantiers. Pour l’historien Elikia M’Bokolo : «Les deux voies ferrées reliant le Congo à l’océan Atlantique, le chemin de fer belge d’abord et le Congo-Océan, ont été de véritables cimetières pour la main-d’œuvre africaine.»

    «Civilisation, civilisation, orgueil des Européens et leur charnier d’innocents (...) Tu bâtis ton royaume sur des cadavres», écrivait déjà René Maran en préface de Batouala – véritable roman nègre. Prix Goncourt 1921, le livre, qui dénonçait certains aspects de la colonisation, fit scandale et coûta à l’auteur son poste de fonctionnaire en Oubangui-Chari. Jusqu’au bout, les Africains tenteront d’échapper au «travail de la machine». On rapporte le cas d’un chef villageois qui se suicida plutôt que de recruter dans sa zone pour le train «mangeur d’hommes». D’autres résistent, tirant sur les recruteurs, tendant des embuscades pour libérer les captifs. La résistance devient armée. Fin 1928, elle enflammera les zones de recrutement de Haute-Sangha et des régions camerounaises voisines. La «pacification» durera jusqu’au printemps suivant, conduite par les tirailleurs de l’armée coloniale. Les soulèvements resteront endémiques jusqu’en 1931. En 1929, Maginot, ministre des Colonies, tentera de parer aux soucis récurrents de main-d’œuvre en faisant venir 600 travailleurs chinois dans le Mayombe. Les incidents se multipliant, 190 «meneurs dangereux» seront bientôt chassés par crainte d’une contagion subversive.

    En 2014, la France est accusée de crime contre l’humanité

    De retour en métropole au printemps 1926, André Gide alerta Léon Blum, son ancien camarade du lycée Henri-IV. L’année suivante, il publia son Voyage au Congo, et remit un rapport officiel au ministre des Colonies, Léon Perrier. Ce réquisitoire signé d’un grand bourgeois, prince des lettres françaises, avait du poids. On dépêcha des missions d’inspection, qui corroborèrent ses affirmations. Le gouverneur Antonetti dut s’expliquer devant la Chambre, où le ministre s’engagea à ne pas renouveler le régime des concessions, qui devait expirer en 1929. «On peut s’étonner que les journaux aient semblé si peu faire état d’un engagement qui ne tend à rien de moins qu’à délivrer 120 000 nègres de l’esclavage», commenta l’écrivain.

    En 1928 et 1929, l’insurrection en Oubangui-Chari et sa répression furent couvertes par L’Humanité. Après plusieurs mois passés au Congo dans les pas de Gide, Albert Londres confirma que la construction des voies ferrées avait fait une hécatombe. Dans Terre d’ébène, publié en 1929, le grand reporter forgea l’expression «moteurs à bananes» pour désigner cette main-d’œuvre aussi peu onéreuse que méprisée.

    La voie ferrée ne fut finalement achevée qu’en avril 1934. «Non seulement un grand progrès dans la mise en valeur des colonies françaises, mais aussi une amélioration du sort des populations indigènes de l’Afrique équatoriale», clamèrent les actualités pour célébrer la mise en service du Brazzaville-Océan. Mais le scandale du Congo-Océan avait entre-temps trouvé un écho planétaire. La question du travail forcé fut débattue à la Société des Nations, avec la France sur le banc des accusés, en compagnie de l’Espagne, de la Belgique et du Portugal. En 1946, bien que n’ayant jamais eu d’existence officielle, le travail forcé fut interdit dans les colonies françaises.

    Depuis 2013, des associations comme le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) ont porté plainte contre l’Etat français et Spie-Batignolles (société héritière de la SCB) pour «crime contre l’humanité». Les procédures sont toujours en cours, mais le président de la République François Hollande a d’ores et déjà exclu toutes possibilités de réparations matérielles (le Cran réclamait 10 millions d’euros et la construction d’un musée, d’écoles et d’hôpitaux dans les villages concernés). En matière de justice, le chemin de fer Congo-Océan est toujours en chantier.


    -- Voilà bien six ans que cet ouvrage est commencé, me dit-on. Il vient juste d'être percé en petite galerie, c'est-à-dire sur une section à peine suffisante pour laisser passage à un homme. Il paraît que le gouverneur général aurait décidé que le restant du travail serait terminé en mars 1934. C'est assez peu probable. Mais il se passe tant de choses curieuses en ce pays! S'il est vrai, comme on le dit de tous côtés, que l'entreprise défaillante escompterait, au lieu de pénalités prévues au contrat, une prime de quatre millions, on s'expliquerait aisément cette soudaine activité.

    D'ailleurs, on ne voit plus guère de pics, ni les barres à mine, jadis [avant] exclusivement employés par les noirs qui crevaient à la tâche. Des perforatrices sont maintenant à l'oeuvre, alimentées par deux usines de 75 chevaux, qu'on a construites comme par enchantement.

    -- Que vouez-vous, quatre millions, n'est-ce pas! ...

    On rencontre parfois sur la ligne de vieux ouvriers européens, encore qu'il n'en reste guère. Sur le chantier depuis le début des travaux, ils vous disent les difficultés de toujours: le manque de nourriture, de médicaments, les brouillards [p.242] qui emportent d'un seul coup des centaines de travailleurs, de ces "Saras" du Tchad habitués à l'air sec et chaud du climat désertique.

    Leur visage, brouillé par l'ictère [jaunisse], buriné [ridé] par les soucis, vous conte les étapes de la période héroïque, de 1921 à 1932, où les noirs "crevaient" au dur labeur d'esclaves qui leur était imposé.

    S'ils sont en confiance, ils vous montreront parfois, enfouis dans un magasin, des sacs de poisson sec, que l'on nomme ici "pongo" et qui sert à la nourriture des noirs.

    Quelle pourriture! Et elle rentre pour cinquante pour cent dans l'alimentation des travailleurs!

    On dit que de tels envois sont rares! D'accord. Mais ils sont encore trop fréquents puisqu'ils suffisent à mettre sur les dents le service de santé, qui n'a pourtant pas trop de tout son temps pour soigner les multiples maladies que ces envois ne manquent jamais de provoquer.

    -- Savez-vous que ce poisson, qui suppure de tous côtés et empeste à 50 pas, nous arrive parfois par wagons complets? Nous ne savons qu'en faire: lorsqu'il est nettement pourri les indigènes le refusent. C'est alors pour eux une ration théorique, qui ne leur est jamais remplacée.

    -- Ils n'ont cependant pas que cela?
    -- Certes! Nous recevons également du manioc, en général d'assez bonne qualité et en quantité suffisante. L'huile de palme? Evidemment elle n'est pas de première fraîcheur, mais elle [p.243] passe. Actuellement, et dans l'ensemble, le travail pourrait marcher, n'étaient les innombrables désertions [fuite!] qui, brusquement, nous privent d'équipes entières. Un beau matin, trente ou cinquante hommes disparaissent, Où sont-ils passés? On n'en sait rien. C'est assommant!


    Graphique
                        d’évasion: Les Noirs fuient le massacre sur les
                        chantiers de construction français
                        "chrétiens"
    Graphique d’évasion: Les Noirs fuient le massacre sur les chantiers de construction français "chrétiens" [25]

    -- Bah! Tout ça va prendre fin. Maintenant qu'un tronçon de la voie est entièrement terminé, le fret vous...

    -- Du fret? Où diable voulez-vous qu'on le prenne? Il n'y a pas d'exploitations par ici. Vous ne connaissez pas le Mayombe, cela se voit. A part des montagnes, des précipices, de l'eau, des brouillards s'accrochant aux arbres de la forêt qui couvre tout, on n'y peut rien trouver. Peut-être, en cherchant bien, découvrirait-on quelques terres cultivables. C'est tout. Il y a beau temps que tous les indigènes de la région sont morts ou se sont enfuis au Congo belge, qui les hospitalise et les soigne.

    "Quant à les faire revenir, bernique! La réputation de [la localité de] M'Vouti est trop bien établie. On verra dans vingt ans. Pour le moment, il ne faut pas s'attendre à voir autre chose qu'un véritable désert. Si le "C.O." compte sur la richesse de cette région pour payer ses dividendes, je plains ses actionnaires, acheva en riant le fonctionnaire auquel je m'étais adressé.


    La bourse de Paris? avec les "chrétiens" arrogants et alcooliques? avec la ligne perverse sur 800 m au lieu de 300 m?
    Les spéculateurs européens ont appris peu de choses sur les véritables circonstances de l’Holocauste dans les montagnes du Mayombe, que le gouvernement français a provoqué avec la ligne de chemin de fer à travers la jungle montagneuse par le Mont Bamba - jusqu’à ce que Homet publie son livre en 1934. De tels livres de vérité ont ensuite été présentés par les arrogants "chrétiens" comme "alternatifs" et invraisemblables. Et la Belgique s’est moquée de l’incompétence de la concurrence française. La Belgique avait déjà son scandale en 1906 avec les mains coupées des Noirs comme mesure éducative "chrétienne". La France n’était plus inférieure à la Belgique...

    Les « chrétiens » sont de la merde, c’est pourquoi il faut fuir d'eux...


    ***

    2.10.3.6. Chemin de fer Océan-Congo: La discussion de la route - spéculations capitalistes d'un "haut personnage" "chrétien" etc.

    [Chemin de fer Océan-Congo: un "haut personnage" "chrétien" a investi sur la route Madingou-M'Vouti]

    Congo français, la
                        ligne Madingou-M’Vouti - ici une "haute
                        personnalité" "chrétienne"
                        française a "investie"
    Congo français, la ligne Madingou-M’Vouti - ici une "haute personnalité" "chrétienne" française a "investie" [carte 14]

    Outre le chemin de fer qui s'achève, il y a la route. Aux temps héroïques de la construction [p.244] du C.F.C.O. [chemin de fer Congo-Océan] alors qu'on acheminait tout à dos d'homme, le gouverneur général, qui ne manque d'ailleurs pas de jugement, avait décidé de faire construire une route. Ce qui fut fait. Jusqu'à ces derniers mois, tout allait pour le mieux.

    -- Seulement, me dit au passage un entrepreneur de transports, nos tarifs sont trop bas. La chose déplait au gouvernement général. Songez donc, un haut, très haut personnage que vous connaissez fort bien, a investi une grande partie de sa fortune dans l'exploitation du tronçon routier Madingou-M'Vouti.


    QUI était donc la "haute, très haute personnalité" qui favorisait le trajet de Madingou à M'Vouti SANS connaissance locale?

    https://de.wikipedia.org/wiki/Liste_der_Staatsoberhäupter_Frankreichs

    Trois présidents français "chrétiens" sont possibles:

    Gaston Doumergue (* 1er août 1863 ; † 18 juin 1937) - président : 13 juin 1924 - 13 juin 1931

    Paul Doumer (* 22 mars 1857 ; † 7 mai 1932) - Président : 13 juin 1931 - 7 mai 1932

    Albert Lebrun (* 29 août 1871 ; † 6 mars 1950) - Président : 10 mai 1932 - 11 juillet 1940



    Etant seul concessionnaire - le soi-disant propriétaire n'est qu'un homme de paille - il a pu pratiquer des prix exorbitants. Notre concurrence le gêne. Elle gêne le chemin de fer dont les prix sont trop élevés pour qu'on puisse s'en servir avec avantage. Aussi, pour obvier à cet inconvénient, l'administration laisse sans entretien la route de Brazzaville à Madingou, route qui a pourtant coûté un joli contingent de vies humaines. Alors, nous tous, qui sommes installés à Minduli ou à Brazzaville, nous ne pourrons bientôt plus passer. Nous serons ruinés. Et le gouvernement général aura enfin réalisé ses obscures desseins.

    [Chemin de fer Océan-Congo: investissements des agriculteurs "chrétiens" près de la route Madingou-M'Vouti]

    -- Oui, continua un colon ["chrétien"] qui venait d'arriver. Si les transporteurs sont ruinés, faute de route, que deviendrons-nous, nous, les rares agricultures qui restons à la colonie? Nous avions fait nos installations le long de cette voie de communication, acheté des camions pour transporter nos produits. Nos voitures ne sont pas encore entièrement payées. Nous ne pouvons déjà plus rouler [p.245]. Voilà nos années d'effort complètement perdues. La misère en perspective, c'est notre récompense.

    Peu à peu, des hommes aux visages graves, soucieux, s'étaient approchés.

    -- Les colons, me présenta simplement mon premier interlocuteur.

    Silencieusement, je serrai des mains.

    Colon
                        "chrétien" au Congo dans un palanquin
                        à lanières noires   Colon "chrétien"
                        au Congo français: vêtements blancs, chapeau
                        blanc, chaise longue   Le touriste
                        blanc André Gide dans la litière à lanières
                        noires
    Colon "chrétien" au Congo dans un palanquin à lanières noires [26] - Colon "chrétien" au Congo français: vêtements blancs, chapeau blanc, chaise longue [27]
    Le touriste blanc André Gide dans la litière à lanières noires [32]

    [Le credo des criminels blancs "chrétiens" d’Europe dans le colonialisme a toujours été: NE JAMAIS travailler, mais TOUJOURS encaisser. C’est généralement encore le cas aujourd’hui].


    [Chemin de fer Océan-Congo: les agriculteurs "chrétiens" ne reçoivent rien de la Banque Agricole "chrétienne" (!) - et l'administration fait les spéculations avec des territoires près de la ligne ferroviaire - agriculteurs ruinés rentrent en France - confiscations - la propagande c'était "terre vierge"]

    -- Mais enfin, continuai-je, vous avez le Crédit agricole.

    Logo de la
                        banque agricole française "Crédit
                        Agricole"
    Logo de la banque agricole française "Crédit Agricole" [28]

    Leurs yeux s'emplirent de sombre ironie.

    -- Le Crédit agricole! Aucun de nous n'en a jamais vu le premier sou. Nous avons tous signé, comme nous l'ordonnait le gouverneur, des reconnaissances de dettes en faveur de la caisse agricole. Il faut croire que ce geste a suffi à l'administration, car, depuis, nous n'avons jamais plus entendu parler de rien.

    -- Nous en sommes même arrivés à souhaiter qu'on nous oublie. Ne voyez-vous pas qu'un jour, on vienne nous réclamer le remboursement de l'argent que nous n'avons pas reçu!

    -- Ce n'est pas impossible, affirmai-je, mais cela ne me dit pas de quelle manière vous allez vous en tirer.

    -- Si encore, enchaîna un autre, nous pouvions nous installer à proximité du chemin de fer. Mais voilà, c'est interdit! Sur cinq kilomètres, de part et d'autre de la ligne, out est réservé aux grosses Sociétés amies de l'administration.

    Alors, nous attendons. De temps à autre, l'un [p.246] de nous abandonne. Il rentre en France ruiné. L'Etat lui pave son voyage comme indigent. Nous y passerons les uns après les autres. Mais il ne sera pas dit que nous lâherons sans résistance. Nous tiendrons jusqu'au bout.

    -- Mais que deviennent vos exploitations?

    -- Nous les abandonnons, pressés en général par les dettes dont nous n'avons pu régler à l'administration les arrérages annuels. Nos plantations sont confisquées. C'est le règlement en A.E.F. Dans cette colonie, on ne saisit pas pour vendre et récupérer simplement la dette: on confisque.

    -- Triste existence, continua le colon. Avec la crise [de la bourse "chrétienne" de 1929-1932], plus rien ne reste de nos efforts.


    La connexion générale: le gouvernement "chrétien" avec la propagande de "terre vierge"
    Les colons "chrétiens" voulaient voler les territoires des noirs - dans ce cas il n'a pas fonctionné - parce que des autres "chrétiens" de la Banque Agricole ont volé l'argent et les colons ne peuvent pas se défendre et l'état ne sait rien de ça. "chrétien" vole "chrétien" - c'est seulement possible entre les "chrétiens" - et en plus, d’autres "chrétiens" ont déclenché la crise économique de 1929 sur la bourse criminelle - les sociétés sans bourse n’ont jamais rien connu de tel - les "chrétiens" se ruinent et sont de la merde.


    De temps à autre, nous voyons sur le Journal Officiel que telle ou telle Société, toujours d'origine étrangère, a obtenu, pour ainsi dire gratuitement, les concessions entièrement mises en valeur par l'un de nous. L'herbe a poussé sur l'exploitation aussitôt baptisée "terre vierge". Remise en état après un léger défrichement, elle devient rapidement une superbe propriété. Deux ou trois mille francs suffisent pour cela. Et le gouvernement de la colonie ne voit rien!... Heureux actionnaires, acheva-t-il amèrement. Ils sont bien tranquilles, là-bas! à Rotterdam, à Anvers, ou même parfois à Paris.

    Et les colons attentifs, de ponctuer ce discours de gestes rageurs.

    Les douloureuses histoires qu'ils font ainsi revivre devant moi!

    Celle de ce vieux brave homme, arrivé depuis vingt-cinq ans à la colonie, toujours prêt à faire [p.247] fortune, toujours à demi ruiné et que la crise a trouvé prêt à réaliser un million.

    -- Il est maintenant sans le sou, avec quelque deux cents hectares de café en pleine production, des bâtiments d'exploitation, auto, etc... Voilà sept ans qu'il n'est pas retourné en France. Il avait demandé cent mille francs à titre de prêt agricole. Comme à nous, on lui a fait signer une reconnaissance de dette. C'est tout. Encore quelques mois; il devra tout lâcher.

    -- Oui!...

    ***


    2.10.3.7. Chemin de fer Océan-Congo: chiffres

    [40 ouvrages (tunnels ou viaducs) - grand nombre de morts - 10 ans pour installer les infirmeries - tunnel du Bamba cassé - remblais glissent - les rails restent sans remblai]

    Le train avance lentement. De temps en temps, sur des courbes très prononcées, il semble marquer un temps d'arrêt.

    -- Nous pouvons faire 25 kilomètres à l'heure, murmure à mes côtés un fonctionnaire de la voie, mais on ne se risque pas. Il y a avec nous un personnage officiel. Un accident est si vite arrivé, n'est-ce pas!

    Tunnels et viaducs se succèdent avec une fréquence impressionnante. On compte quarante gros ouvrages sur une section de trente kilomètres. Il est vrai qu'il n'est pas une région qui ait offert d'obstacles aussi gênants que celle qu'on traverse actuellement. Le gouvernement général de l'A.E.F., à qui l'on avait présenté des tracés d'une simplicité idéale, a voulu montrer qu'il ne craignait nullement de 's'attaquer à des difficultés majeures.

    [Soupçon clair: le gouvernement français, avec sa fausse fierté "chrétienne" de l’alcool, voulait damer le pion à la ligne de chemin de fer du Saint-Gothard en Suisse].

    Congo français, tunnel de Bamba,
                      carte postale   Congo français, tunnel de Bamba, zoom   Congo français, tunnel de Bamba, zoom
                      [30] - Chemin de fer France-Congo-Océan, tunnel en
                      construction, le tunnel de Bamba fait 4,6 km de
                      long
    Congo français, tunnel de Bamba, carte postale [29] - Congo français, tunnel de Bamba, zoom [30] - Chemin de fer France-Congo-Océan, tunnel en construction, le tunnel de Bamba fait 4,6 km de long [31]

    Tout serait pour le mieux, si l'on n'avait eu à [p.248] enregistrer un grand nombre de morts parmi le personnel noir employé à la construction de cette ligne.

    Les brouillards sont mortels dans cette région. Elle est si difficile d'accès que le service de santé a mis dix ans à installer les infirmeries les plus indispensables. Elles manquent malheureusement des médicaments courants.

    En ce moment, on parle beaucoup d'accidents sur la voie du Congo-Océan. Tous les journaux locaux s'en sont fait l'écho. Le tunnel du Bamba que nous avons contourné s'est effondré en parti avant même que d'être terminé. Jusqu'au Directeur général des travaux qui vient, après plusieurs autres personnes, d'être tué dans un éboulement. Et les remblais, bourrés de souches d'arbres finissant de pourrir [dans le clima tropical avec des fortes pluies], glissent brusquement dans la vallée, laissant en l'air, comme un pont suspendu, des rails munis de leurs traverses métalliques. On prétend que ça se tassera. Espérons-le, ainsi que la terre des remblais et que les morts qu'ils ont faits.

    "Ouvrages d’art" de la
                        ligne de chemin de fer France-Congo-Océan,
                        viaduc avec courbe   Exemple: Glissement de barrage
                        avec voie suspendue dans les airs à Ramerberg
                        (Bavière) 6.10.2022
      "Ouvrages d’art" de la ligne de chemin de fer France-Congo-Océan, viaduc avec courbe [33] - Exemple: Glissement de barrage avec voie suspendue dans les airs à Ramerberg (Bavière) 6.10.2022 [34]


    2004: Les ponts et les viaductes sont reconstruit
    http://www.congopage.com/?page=imprimersans&id_article=1188



    ***

    2.11. Pointe-Noire

    [Pointe-Noire: La France "chrétienne" vole des territoires des noirs et installe une nouvelle cité - projet de 100.000 habitants - les institutions "chrétiennes": police avec la loi "chrétienne" - hôpital avec les chimiques pharmaceutiques "crétiennes"+avec du sable]

    Carte du Congo français+carte
                      du monde avec Pointe-Noire   Carte de la région de Pointe-Noire
    Carte du Congo français+carte du monde avec Pointe-Noire [carte 15] - Carte de la région de Pointe-Noire [carte 16]

    Voici Pointe-Noire. Entièrement neuve, sans couleur locale, la cité a été établie sur des plans grandioses. Le gouverneur général actuel sait voir [p.249] grand. Il a décidé que, derrière les docks monumentaux que l'on construira un jour, la nouvelle ville aurait cent mille habitants. Il a tout taillé en proportion dans la brousse inhospitalière.

    Immenses sont les avenues. Mal assis, leurs revêtements craquent déjà. Entre les carrés déserts, non encore défrichés, à trois kilomètres l'un de l'autre, s'érigent les monuments publics:
    -- la mairie, qui dresse sa blancheur au milieu des sables;
    -- le tribunal, qui semble n'avoir à juger que les maigres arbustes, poussés là, on ne sait comment;
    -- la direction du port, terminée, mais qui attend philosophiquement son port et
    -- la prison, terminée elle aussi, qui attend ses prisonniers.


    Vers 1930 à
                        Pointe-Noire, on a aussie employé ici des
                        ouvriers chinois, qui sont logés séparément dans
                        des camps   Pointe-Noire, gare
                        de marchandises avec gare douanière 1930ca.
    Vers 1930 à Pointe-Noire, on a aussie employé ici des ouvriers chinois, qui sont logés séparément dans des camps [35]
    Pointe-Noire, gare de marchandises avec gare douanière 1930ca. [36]

    Aussi bien, le gardien-chef de cette dernière remplit-il dans un bureau différent, les fonctions de commissaire de police, quand il ne surveille pas, agent préposé à la circulation, les rares bourriquots [ânes], surchargés que poussent devant eux les [indigènes] "haoussas" aux longues robes.

    Il y a aussi l'hôpital: quelques cases en "potopoto". Il regorge de malades. Sa saleté est telle que les chiques sont là, comme chez elles; par milliers.

    Malades et infirmiers passent leur temps à les retirer. Le moindre vent recouvre ces mauvaises bicoques de sable qui pollue tous les instruments laissés à l'air libre, car l'installation des vitrines n'est encore que prévue.

    Aucune asepsie possible. Désespéré, le médecin s'affaire, en vain.

    Sur une voie étroite, derrière une machine [p.250] poussive, se hâtent des wagons. Ils sont vides. Le mécanicien fait retentir l'air de coups de sifflets stridents. Le train a l'air d'être pressé. Où va-t-il? Personne ne sait. Il va. C'est l'essentiel.

    Il y a cependant, précédant le grand port toujours en projet, un port de batelage [?]. Il a coûté 30 millions. On se demande quelle  peut être son utilité. Il finissait de s'ensabler lorsqu'on y a apporté la dernière pierre.


    [Pointe-Noire: rumeurs de 400.000 habitants - plafonner le territoire - trouver du gravier]

    Les bonnes histoires que l'on entend à Pointe-Noire - ville champignon qui a su, en cinq ans, attirer quatre cents habitants "dont cent cinquante fonctionnaires", affirment les mauvaises langues!

    On avait besoin de terre pour un remblai. Une faible hauteur gênait. Cubée, elle donne cent mille mètres. On la décapite. La terre s'en va à grandes pelletées. Le travail terminé, la Société concessionnaire présente à l'Etat congolais, qui paye sans sourciller, une note correspondant à deux cent mille [200.000] mètres cubes de déblais.

    Et la moitié de la butte [colline] est encore debout!...

    ON a besoin de béton aussi. Mais à Pointe-Noire il n'y a pas de gravier. On cherche. Il y en a sur la ligne. Les terrains appartiennent à l'Etat. Une Société demande l'option sur toute la partie où se trouvent les cailloux. Elle l'obtient.

    Bonne affaire pour les actionnaires. L'option est de deux ans, toute maison concurrente devra passer par l'intermédiaire de la Société concessionnaire pour obtenir sa part des soixante mille mètres concédés. [p.251]

    Mais quels sont donc ces travaux qui nécessitent tant de béton? Le port de Pointe-Noire. Qui paiera, fort cher, ce béton fait avec du gravier pris gratuitement sur le domaine public? L'Etat évidemment.

    N'est-ce pas que ces histoires sont bonnes.

    [Et tout cela se passe dans des zones qui ont été volées aux Noirs par la force des armes « chrétiennes », et dans la spéculation boursière « chrétienne » blanche, les Noirs ne sont pas pris en charge – au mieux comme esclaves. Les « chrétiens » ne partagent JAMAIS. Ils sont de la merde].

    Pointe-Noire en 2022: rue avec un stand   Pointe-Noire en
                      2023: marché, gens portant des marchandises sur la
                      tête
    Pointe-Noire en 2022: rue avec un stand [39] - Pointe-Noire en 2023: marché, gens portant des marchandises sur la tête [40]
    Pointe-Noire
                      en 2023: Terreur des taxis et terreur des klaxons:
                      Le gouvernement autorise une culture du taxi comme
                      au Pérou, les taxis klaxonnent partout - horrible
    Pointe-Noire en 2023: Terreur des taxis et terreur des klaxons: Le gouvernement autorise une culture du taxi comme au Pérou, les taxis klaxonnent partout - horrible [41]

    [Et tout cela se passe dans des zones qui ont été volées aux Noirs par la force des armes "chrétiennes". Les "chrétiens" ne partagent JAMAIS. Ils sont de la MERDE].


    2.12. Ils chantent cet espoir!...

    Frz.-Kongo:
                      Pointe-Noire avec la plage "Pointe
                      Indienne" 01   Frz.-Kongo:
                      Pointe-Noire avec la plage "Pointe
                      Indienne" 02
    Frz.-Kongo: Pointe-Noire avec la plage "Pointe Indienne" 1,2 [37,38]

    -- Ra ca ta mia... Mia! ... Ra ca ta mia... Mia! ... [note 01]

    [note 01] Chant que les indigènes entonnent tous ensemble pour s'encourager à l'effort.

    Le long de la plage de Pointe-Noire je vois des indigènes qui ahanent sur une longue bille [tronc] de bois.

    La corde à l'épaule qui saigne - la peau est enlevée par plaques - ils sont là, au moins vingt. Derrière eux, sur le sable, parmi les galets, la lourde poutre glisse péniblement.

    Comme ceux de la grande brousse, ils sont nus. Nus aussi comme l'étaient leurs parents, avant l'arrivée des blancs.


    Remarque: Terrorisme "chrétien" de vêtement
    Seulement depuis les "chrétiens" ont venu, les noirs sont obligé de pondre des vêtements - et dans le clima tropical c'est une peste par l'humidité dans les tissus. Les "chrétiens" sont la MERDE - parce qu'ils ne s'adaptent jamais aux indigènes mais imposent sa version du monde à tout le monde avec ses fusils et canons. Les "chrétiens" son la MERDE.

    Es les musulmans ne sont pas mieux!


    La cöte s'éloigne. Je revois encore une fois, avant qu'elle disparaisse à mes yeux, la "pointe noire", bordée du blanc éblouissant de l'immense plage qui envahit tout.

    Elle dresse vers le large ses sombres récifs inhospitaliers et lugubres. [p.252]

    Les mahones qui ont apporté les bagages au paquebot [bateau au vapeur], resté par prudence à deux mille de la côte, dansent sur les énomres lames de la barre. Elles se hâtent vers le "wharf", qui n'est plus maintenant qu'un point noir sur le sable blanc.

    Et voici qu'en une songerie, me revient à l'esprit, accompagnant en sourdine le bruit régulier des machines, la chanson monotone de mes braves tipoyeurs qui, il y a quelques mois encore, m'emportaient alègrement dans les sentiers ombreux de la sylve africaine.

    Football pour enfants à Pointe-Noire 2014
                      1   Football pour enfants à Pointe-Noire 2014
                      02
    Football pour enfants à Pointe-Noire 2014 1,2 [42,43]
    Des
                      dames adolescentes jouant au basket à
                      Pointe-Noire, club "Tigresses"
    Des dames adolescentes jouant au basket à Pointe-Noire, club "Tigresses" [44]

    "L'étape n'est pas longue, chantaient-ils, nous coucherons à Boubangui.
    A Boubangui, il y a des bananes.
    A Boubangui, il y a des cabris.
    A Boubangui, il y a du vin de palme.
    Et le blanc nous donnera de tout cela pour que demain nous puissions marcher vite..."

    Chant d'espoir!...

    ***

    Il y a 50 ans qu'ils chantent cet espoir!

    M'Baïki (A.E.F.), août 1932
    Paris, mars 1934 [p.253]

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    Sources
    [web01] https://fr.wikipedia.org/wiki/Chéchia
    [web02] https://fr.wikipedia.org/wiki/Chemin_de_fer_Congo-Océan
    [web03] https://de.wikipedia.org/wiki/Robert_Surcouf
    [web04] https://de.wikipedia.org/wiki/Lobaye

    [web x01] https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb13082902w
    [web x02] https://medical-diag.com/1135-yellow-fever-symptoms-causes-and-prevention
    [web x03] https://en.wikipedia.org/wiki/Sara_languages
    [web x04] http://voyage-congo.over-blog.com/article-saras-origine-recrutement-congo-116557390.html
    [web x05] http://www.congopage.com/?page=imprimersans&id_article=1188

    Sources des fotos


    Cartes


    Mots
    ahuri = étonné
    jadis = avant

    saoûler qn = faire ivre qn
    piaillent = bavardent
    bondir = sauter
    hétaïre = prostituée
    bafouiller = parler un peu = stammeln
    chicotte = fouet = Peitsche
    insigne = spécial
    la coupée = escalier de bateau = Schiffsrampe
    la munificence = l'générosité = Freigebigkeit
    démarehes = repas avant le repas principal = Vorspeisen
    paquebot = bateau à vapeur = Passagier-Dampfschiff

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