2a. Brazzaville: prison catastrophe
2. Brazzaville - Le "Congo-Océan"
2.1. Balisage (marquer) - aviation - port
fluvial
On arrive à Brazzaville
|
Carte du Congo
français: "République du Congo" [carte 01]
Le Congo belge avait déjà un chemin de fer
de Matadi à Léopoldville (aujourd’hui
Kinshasa) à partir de 1898 - mais les élites
françaises, avec la maladie mentale de
Napoléon, voulaient avoir leur propre ligne
de chemin de fer, de Pointe Noire à travers
les montagnes du Mayombe jusqu’à
Brazzaville, au lieu de Madingo en remontant
la rivière Kouilou jusqu’à Brazzaville sans
aucun problème. La ligne de chemin de fer
criminelle à travers les montagnes de la
jungle des montagnes du Mayombe a été
ouverte en 1934 après des meurtres de masse,
un exode massif et des spéculations
territoriales par le gouvernement français.
Léopoldville avait ainsi 30 ans d’avance en
termes de développement: à partir de 1898,
la ville est directement reliée par un
chemin de fer à un grand port Matadi. Un
pont de Léopoldville à Brazzaville passant
le Congo n’a jamais été construit.
Léopoldville a progressé et Brazzaville est
resté un village de province sans
calanisation et pendant longtemps sans
éclairage, avec un gigantesque complexe
d’envie et de corruption. Lorsque
Brazzaville était en difficulté, les Belges
étaient toujours si gentils" pour aider les
Français.
|
Carte 03:
Les deux lignes de chemin de fer 1) de
Pointe-Noire à Brazzaville et de Matadi
à Kinshasa (ex-Léopoldville) [carte03]
Les deux Congos "chrétiens" avaient en
commun de traiter les Noirs pire que des
animaux avec des fouets, des punitions,
des déportations, du travail forcé, de
l’esclavage et même des meurtres de masse
par surmenage et refus de nourriture et en
refusant les soins médicaux. Les deux
Congo "chrétiens" ont donc mis en place un
système de camps de concentration
"chrétiens" sur les plantations et les
chantiers. Sur certains chantiers, on
importait des Chinois, qui étaient bien
payés. On voit ici l’exemple français de
Brazzaville et du chemin de fer français
Congo-Océan, décrit par l’archéologue et
anthropologue Marcel Homet (1897-1982).
|
|
|
[Congo français : Un voyage sur un fleuve - le
gouvernement français fait travailler les Belges - les
accidents au Congo français sans fin]
Après une formidable tornade qui avait obligé le navire à
piquer du nez dans les herbes de la rive, nous débouchions
dans le "Pool".
"Pool", mot anglais, signifie lac. On a ainsi dénommé la
grande étendue d'eau qui se trouve entre les deux
capitales, belge et française, de l'Afrique Centrale.
Navire sur le fleuve Congo entre Coquilathville et
Léopoldville [5] - Carte: le "bassin" du Congo avec
Brazzaville (à gauche) et Kinshasa (ex-Léopoldville) à
droite [carte 02] - Les bouées sont très importantes
sur le fleuve Congo pour que les capitaines sachent où
le fleuve n’est pas navigable [6]
Juché fort haut sur la passerelle de commandement, je
m'aperçus que toutes les bouées, qui jusqu'alors avaient
jalonné notre chemin, avaient disparu.
-- Nous sommes revenus dans les eaux françaises, répondit
le capitaine à ma muette interrogation. Ce n'est plus
balisé.
-- Nous profitions donc du travail des Belges?
-- Euh! Oui et non! En 1924 une convention fut signée
entre la Belgique et la France. La première devait baliser
le fleuve Congo, la seconde l'affluent de celui-ci,
l'Oubangui [fleuve Ubangi au nord] [p.161].
Chacun se mit à l'oeuvre. Les Belges, consciencieux comme
toujours, armèrent deux navires et firent venir des
ingénieurs hydrographes. D'un bout de l'année à l'autre,
on put les voir, balisant et dressant la carte des fonds
rocheux.
De notre côté, nous ne fîmes rien pendant un an, puis, en
1925, le gouverneur général donna à un capitaine de navire
les instructions nécessaires pour commencer le balisage
[la marque]. C'est d'ailleurs à peu près tout ce qu'il lui
donna: à lui de se débrouiller [solutionner des
problèmes].
Et il se débruilla. De vieilles chaînes, des tonneaux
vides, représentèrent les bouées. Des bouts de planches
grossièrement façonnés figurèrent des "voyants". Mal fixés
aux arbres de la rive, ils disparurent bientôt.
Au bout d'un an, les maigres crédits mis à sa disposition
étant épuisés, la mission rentra au port.
Cependant, le fleuve, continuant son affouillement
traditionnel, monta, puis descendit. Aux premières eaux
basses qui suivirent le départ de la mission, les bancs de
sable avaient déjà changé de place: les passes étaient
plus qu'a demi obstruées. Le niveau du fleuve se souleva
une seconde fois charriant un flot d'alluvions. Les eaux
se retirèrent et l'on vit avec stupéfaction les bouées
indiquant les passes libres mollement échouées sur de
magnifiques et énormes bancs de sable où se prélassaient,
en toute tranquillité, de nombreux caïmans.
Ce fut tout. Le gouvernement général de l'A.E.F. qui avait
envoyé sa mission, et avait ainsi [p.162] fait honneur à
ses engagements, ne se préoccupa plus de rien.
Dans les eaux belges, les navires passent avec la plus
entière sécurité. Dans les eaux françaises, les capitaines
sont contraints de s'en remettre au flair des barreurs
noirs.
C'est pourquoi l'on voit de si nombreux accidents.
-- Bah! fis-je au capitaine. C'est partout la même chose.
Tenez, l'aviation...
-- !!!
-- Oui! Une convention a été, là aussi, signée entre les
deux colonies.
"D'après ce traité, les avions français, qui sont à Bangui
[capitale de l'Afrique Centrale], auront le droit de se
servir des installations de la "Sabena", la remarquable
entreprise belge de transports aériens, qui a jalonné
[marqué], tous les cinquante kilomètres, la rive belge de
terrains d'aviation. Il y aura réciprocité de survol, dit
le contrat.
-- Eh bien, que trouvez-vous là de drôle? me dit le
capitaine avec étonnement.
-- Moi? Rien! A part peut-être la clause "réciprocité".
-- Pourquoi?
-- Pourquoi! Il n'y a aucun terrain d'aviation sur la rive
française du Congo.
***
Au loin apparaissent les huit pylônes de la T.S.F. de
Brazzaville.
Commencé en 1924, ce poste devait être le [p.163] plus
fort de l'Afrique. Mais on doit déjà le démolir sans qu'il
ait jamais servi: les pylônes tombent en ruine.
Il en est de même du port de Brazzaville devant lequel
nous venons d'arriver. On l'a commencé il y a deux ans.
Des quais ont été élevés qui avaient bonne apparence. .
Malheureusement on a oublié d'installer des "bittes"
d'amarrage, puis le revêtement extérieur des quais, sur le
fleuve, a été mal compris... ou n'a peut-être pas connu le
ciment.
Le fait est qu'à peine terminés, les quais s'effondrent,
des trous énormes se font jour dans les parements. On ne
les répare pas. A quoi bon. On vient de s'apercevoir que
les ingénieurs de la Société concessionnaire s'étaient
trompés. Le port s'ensable chaque jour. On en refera donc
un second!
Soupçon: vol systématique
"chrétien"
Les ingénieurs ont mis l’argent pour le ciment
et pour les bornes dans leurs propres poches
et ils ne se soucient pas du type de rupture
qu’ils fabriquent, car Paris est totalement
submergé par les nombreuses colonies. C’est
ainsi que fonctionne l’économie "chrétienne"
dans la France catholique. Ce système de vol
est bien normal comme au Pérou ou dans
d’autres états coloniaux catholiques, même
après l’indépendance on ne changera rien, j’ai
pu l’observer moi-même au Pérou pendant 9 ans
ce système de vol - de 2008-2012 et 2015 à
2020.
Et comme l’ensemble du système économique est
toujours "sous pression" à cause du marché
boursier criminel avec les cours des actions
et les dividendes, la vérité ne doit bien sûr
jamais être publiée, et donc certaines
personnes ont toujours les mains libres avec
le vol de masse.
|
***
2.2. Vous irez en prison
Crime "chrétien" contre Homet: la vérité
criminelle sur le chantier du chemin de fer Congo-Océan
coûte la liberté
[Congo français: la vérité de Homet sur les travaux du
chemin de fer Congo-Océan - le gouvernement français
"chrétien" invente "outrage" et "menaces"]
Brazzaville, Avenue de Commerce 1934 [3] - Cour de
Brazzaville en 1930 env. [7]
Le [bateau] Surcouf (corsaire pendant Napoléon contre les
anglais [web03]) atteignait Brazzaville. Par suite de sa
vitesse, son arrivée se trouvait avancée. Il n'était pas
attendu... et moi non plus.
Comme je l'ai conté par ailleurs, un administrateur du
cabinet du gouverneur de l'Oubangui-Chari, m'avait averti
de ma prochaine arrestation [p.164]. On n'avait pas osé le
faire à Bangui [capitale de l'Afrique Centrale] où les
magistrats, à quinze cents kilomètres de la capitale,
n'étaient pas sûrs!
Or il fallait à tout prix étouffer des révélations que
j'avais menacé d'étendre jusqu'au public français [sinon
le cours des actions baissera].
Ensuite, j'avais fait part de mon intention de
visiter
les travaux du chemin de fer Congo-Océan:
chose interdite à un journaliste scrupuleux, surtout, - et
je le dis sans me vanter, - spécialiste en matières
ferroviaires coloniales.
Sachant que j'allais être arrêté, j'aurais pu passer par
le Congo belge. Je n'en fis rien: les dés étaient jetés.
Au moment où le Surcouf accosta, le
commissaire
central de Brazzaville monta à bord.
Quelques instants plus tard, escorté de quatre soldats
baïonnette au canon, je faisais mon entrée chez le juge
d'instruction. J'étais inculpé aussitôt "d'outrages au
procureur général".
-- Mais enfin, monsieur le juge d'instruction, on n'a pas
le droit de m'arrêter!
-- J'ai reçu des ordres.
-- De plus, arrêté relativement à la publication d'une
lettre ouverte, j'ai droit à la Cour d'assises, qui seule
me permet, selon la loi, de montrer mes preuves.
-- Vous passerez en correctionnelle.
-- Mon défenseur...
-- Vous n'aurez pas de défenseur, c'est interdit par la
loi congolaise.
-- Je veux connaître mon dossier!
-- Impossible. C'est interdit par la loi congolaise. Vous
connaîtrez à l'audience les charges qui pèsent sur vous.
-- Mais...
-- Reconduisez l'inculpé [note 01].
[note 01] Dialogue résumé, mais dans son ensemble
rigoureusement exact. Tout ce qu'indique le magistrat,
relativement au défenseur, dossier, etc., est légal en
A.E.F.
[Tout est interdit pour que les cours des actions ne
baissent jamais, mais seulement montent et que les "bonnes
nouvelles" se répandent].
***
Au bout de cinq jours de détention, il fallait me
relâcher. C'était la loi: je n'étais passible que de deux
ans de prison et mon casier judiciaire était vierge.
Mais... au bout de quatre jours seulement une seconde
inculpation, arrivée par télégramme, pesait sur moi:
--
Outrages au gouverneur de
l'Oubangui-Chari;
--
menaces adressées au même et tentative
de chantage, pour un tiers, par rapport à ce haut
fonctionnaire.
Avant de quitter Bangui [capitale de l’Afrique centrale
sur le fleuve Oubangui], en effet, j'avais pris la défense
d'un colon qui ne pouvait payer au fisc douze cents francs
qu'il lui devait et que le gouverneur voulait faire jeter
en prison en attendant la vente de tous ses biens.
J'avais dit ce que je pensais de la justice. J'avais
menacé de dévoiler de hautes collusions. J'étais
maintenant sous le coup de trois ans de prison.
Condamné à six mois de prison sans sursis,
la Cour d'appel, présidée par un magistrat à la haute
conscience, me donna le sursis. Et l'on craignait aussi la
voix de deux avocats, un belge [p.166] et un français,
qui, malgré les pressions effectuées, avaient tenu à
m'accompagner en audience.
Je sortis donc de prison après
sept semaines de
détention préventive.
[Congo français: la vérité sur les travaux du chemin de
fer Congo-Océan - le gouvernement français "chrétien"
invente "diffamation"]
L'avant-veille de ma sortie, alors que l'on savait que le
désintéressement et le courage de mes défenseurs, joints à
l'honnêteté du président de la Cour, allaient me rendre à
la liberté, je fus l'objet d'une troisième inculpation:
diffamation.
Je reviens de trois mois en arrière. Aussitôt que le
capitaine D... de P... eut réussi à faire disparaître de
la Lobaye (une préfecture dans l'Afrique centrale [web04])
le gênant témoin que j'étais, je reçus du gouverneur
l'ordre d'avoir à payer trois redevances domaniales
relatives à ma propriété.
Or, j'avais en main les reçus postaux de mes paiements. Je
l'indiquai.
Pour toute réponse on m'écrivit que, si dans les quinze
jours je n'avais pas payé ces redevances, "tous mes biens
feraient purement et simplement retour aus domaines."
[note 01]
[note 01] La "confiscation totale des biens" pour un
paiement minime, est légale en A.E.F.
[C’est une terreur coloniale "chrétienne" normale pour
enrichir les employés de l’État - c’était comme ça dans
toutes les colonies du monde].
Je ne pouvais payer à nouveau. On le savait. Je déposai
une plainte en vol.
A Brazzaville, le président refusa de faire état des
déclarations de la poste affirmant avoir payé. Il refusa
l'expertise comptable demandée par moi et me débouta.
A la reprise de l'audience, l'administration, partie
civile contre moi, demanda "ma très sévère condamnation
pour m'empêcher de continuer la publication de mon
journal." [p.167]
Ce qu'accepta le président, qui me condamna à un nouveau
mois de prison et - avec le frais - à vingt mille francs
d'amende, et un franc de dommages et intérêts.
Là encore, tout tomba en appel, sauf le franc de dommages
et intérêts, geste symbolique que le président de la cour,
malgré qu'il en eut, ne put prendre sur lui de retirer.
Avant de quitter ce chapitre, je tiens à ajouter ces
quelques mots:
Relativement à toutes les inculpations dont je venais
d'être gratifié, j'ai pu me rendre comte de ce qu'aucune
plainte n'avait jamais été déposée contre moi. L'action de
la justice avait été déclenchée automatiquement par le
Ministère public qui avait exigé les poursuites, mon
arrestation préventive, puis mes condamnations.
Et le chef du Ministère public est, nul ne l'ignore, le
procureur général chef du service judiciaire de l'A.E.F.
La terreur dans les colonies ne peut pas être
contrôlée par les gouvernements en Europe, et
dans les colonies le pouvoir judiciaire fait ce
qu’il veut - et ce népotisme et cet arbitraire
continuent après les indépendances, parce que
les familles nobles des ex-colonies pensent
alors que ce comportement serait "normal". ÇA
c’était alors la propagation de la
"civilisation".
|
***
2.3. La prison
[Congo français - Brazzaville: le gouvernement
"chrétien" a installé des camps de concentrations avec
des chambres cruelles]
Lorsqu'on descend, soit du bateau, soit du train, à
Brazzaville, et que l'on se rend sur le "plateau", on
aperçoit vers la droite, sur un terre-plein surélevé de
deux mètres, une espèce [p.168] de château fort surmonté
d'une tour crénelée, avec, tout autour, des paillotes en
terre gâchée recouvertes de chaume pourri.
Le tout branlant, chancelant, d'un aspect bien misérable.
Les amis du pittoresque africain, ceux qui passent, ceux
qui étudient ou qui flânent, se demandent curieusement les
uns aux autres:
-- Qu'est-ce?
C'est la prison dont le gouverneur général a doté la cité.
Je dois à la vérité de dire que le piteux état de cette
geôle n'est pas imputable au gouverneur général actuel.
Construite il y aune vingtaine d'années, elle servait à
cette époque, reculée pour l'A.E.F., de prison pour
indigènes. Le gouvernement de cette colonie, par un
louable souci d'économies, s'est simplement arrangé pour y
placer, dans une regrettable promiscuité, avec les blancs,
les femmes noires, les voleurs, les enfants de la
"correction", ainsi que les assassins.
D'abord une rampe en pente raide, bordée de fils de fer
barbelés.
A la porte, le régisseur.
Le gendarme qui m'accompagne tend à son collègue le billet
d'écrou. Deux ou trois mots rapides du règlement, et, dans
la nuit, je suis conduit au fond de la cour.
Dans une pièce délabrée, rendue plus lépreuse encore par
la lueur vacillante de la lampe que l'on me donne pour me
permettre de me déshabiller, on m'avance une chaise.
Clic-clac! me voilà enfermé. [p.169]
[Congo français - Brazzaville: la chambre de la prison]
J'entends les crosses des mousquetons qui heurtent
lourdement le sol, des mots prononcés à voix basse. Au
loin un chien aboie. Une lueur de foyer se reflète en
lames minces au travers des persiennes sur le mur de ma
chambre, puis, c'est le silence total, lourd de menaces.
Dans un coin de la pièce, j'ai entrevu un bidon de
pétrole, une touque comme nous le nommons au Congo. C'est
le baquet, pensai-je, le fameux baquet des prisonniers. Le
lit, lui, m'a attiré, car il semble coquet. Il est en
cuivre, passé au vernis noir, sa moustiquaire est blanche,
sa taie d'oreiller bien tirée. J'ai hâte de faire sa
connaissance. Je me déshabille, je soulève la couverture.
Horreur! L'étoffe de l'oreiller se transforme en trois
loques déchiquetées, trouées, soigneusement aplaties et
ayant la prétention, sur un matelas tout bossué de crins
qui ressortent, de représenter le drap de dessous. Quant à
celui de dessus, c'est plus simple, il n'y en pas! Deux
couvertures de cheval en font office. Jamais lavées,
pleines de la sueur et de la crasse des prisonniers qui se
sont succéds avant moi, elle s'appliquent à même la peau.
Je souffle la lumière. L'obscurité, dense, m'étreint. Je
voudrais me lever. Je voudrais sortir. Oh!cette
impuissance, ce sentiment que l'on a de l'inutilité de
tout effort. Est-il une torture qui annihile mieux la
personnalité? Tout s'écroule en moi. Mes nerfs se crispent
de rage.
Je me lève. J'ai bien des allumettes, mais ai-je le droit
de m'en servir? A quoi bon! Je me recouche. Je suis las.
comme une brute, je m'endors. [p.170]
2.4. Dans la prison
2.4.1. L'affaire
Panot-Baré-Titot
Des vols "chrétiens" du chantier "Congo-Océan": vol
comptable - vol par encaisser 40.000 francs par mois
pour des ouvriers qui ont pris la fuite - et un vol de
40.000 à 80.000 francs
[Congo français - prison de Brazzaville: le
gouvernement "chrétien" célèbre le terrorisme contre
la vérité avec des clefs]
Au loin chante le coq! Une lueur diffuse emplit ma
chambre. J'ouvre les yeux. Dans la cour on s'agite; des
crosses résonnent; des commandement - en un français
petit nègre qu'en d'autres temps je trouverais cocasse -
retentissent.
Maintenant, le plein jour emplit la pièce. A droite, à
gauche, des verrous claquent, des clefs grincent. Devant
chez moi, rien! Si, un sergent indigène arrive, deux
gardes le suivent. Le gradé commande: "Bayette... anon!"
L'acier froisse l'acier, l'éclair bleuâtre des armes
jaillit. Je regarde par les persiennes. Les deux gardes,
arme au poing, sont immobiles devant ma porte. Je me
précipite à la fenêtre; deux autres soldats sont là.
Le café passe devant moi. J'entends les exclamations de
plaisir des voisins qui le hument. Ma porte reste
toujours fermée, les gardes ne bougent pas. Je me
recouche. J'attends. [Comportement addictif de café
"chrétien"].
Café nocif [8]
Cependant des clefs se font entendre. Leur bruit se
rapproche. Les verrous reclaquent, la porte s'ouvre et
je trouve devant moi les visages [p.171] ahuris de ceux
qui vont devenir, pendant près de deux mois, mes
compagnons de malheur.
-- Comment vit-on ici? Et je lampe une gorgée de café.
Panot, le prisonnier auquel je m'adresse, me regarde
avec un bon sourire:
-- Comment on vit? Mais, pas trop mal, n'étaient l'eau
polluée, la mauvaise nourriture, l'air malsain, les
mouches, les moustiques, et, de temps à autre, la
cellule. En outre... Et il me montrait les loques
innommables couvrant son corps: oui, continua-t-il, en
réponse à mon regard interrogateur; comme nous ne sommes
qu'en prévention, nous n'avons pas droit aux vêtements
de prisonniers. Non plus qu'au travail d'ailleurs. Donc,
pas d'argent, pas de vêtements, bientôt nous irons tout
nus.
Le principe criminel
"chrétien": traiter les personnes en
détention provisoire plus mal que les
condamnés
Cette injustice de traiter les personnes en
détention provisoire pire que les criminels
condamnés n’a pas été corrigée dans le système
carcéral "chrétien" à ce jour.
L’administration pénitentiaire "chrétienne" ne
se soucie tout simplement pas de cette torture
en détention provisoire. De nombreuses
personnes innocentes sont en détention et
pourraient faire quelque chose de positif -
non, ces forces sont perdues. La justice n’a
pas d’importance pour les patrons "chrétiens"
criminels. C’est même amusant pour certaines
administrations pénitentiaires de garder des
personnes en garde à vue le plus longtemps
possible, quand on observe que la transmission
de documents sur 60km prend une semaine, etc.
J’ai pu en faire l’expérience en direct
pendant une semaine dans la prison criminelle
de Lörrach en 2008, comment les choses s’y
font et comment le contribuable et volé par
des manœuvres superflues. La prison doit
toujours être pleine pour que le travail des
gardiens ne soit pas mis en danger. Et ils se
sont appelés "chrétiens" - Lien
(allemand)
|
-- En somme ce n'est pas fameux?
-- Non, pas très, répond derrière moi une voix
faubourienne.
-- Tiens! Tiens! Un Parigot par ici. C'est au moins
vous, Baré? Je vous ai sérieusement défendu dans mon
journal.
-- Nous vous remercions, mais, que voulez-vous, rien à
faire.
Je me rappelais cette lamentable affaire, celle de
Panot-Baré, deux pauvres diables honnêtes, et de Titot,
de réputation douteuse.
[Congo français - chantier "chrétien" du chemin de
fer "Congo-Océan": vol comptable de 9000 francs,
taxes]
Ligne de chemin de fer criminelle au Congo français
de Pointe-Noire à Brazzaville, chantier dans les
montagnes du Mayombe au tunnel du Kil [9]
Ils étaient tous les trois employés au chemin de
fer "Congo-Océan". Coup sur coup, divers scandales
venaient d'éclater:
-- vols éhontés, et non punis;
-- concussions vraiment exagérées, même pour [p.172] le
Congo, etc...
Le Ministère demandait LES coupables. Et le gouvernement
général s'est ingénié à lui trouver DES coupables.
Pour une fois l'administration eut une chance. Titot
venait de détourner neuf mille francs. On
put en fournir la preuve et il avoua. On le fourra en
prison.
C'était un vol comptable. Il fallait
trouver maintenant une escroquerie relevant du service
des travaux publics.
Après maintes investigations, on découvrit que deux
camarades de Titot, chefs de districts du chemin de fer,
avaient fourni des états de paiement de leurs
travailleurs non conformes à la réalité. Deux
différences étaient relevées: treize cents francs pour
l'un, deux mille cent francs pour l'autre.
Affreux scandale. avant toute instruction on arrêta les
coupables, que l'on jeta en prison.
Poussées plus avant, les investigations n'allèrent point
toutes seules: les deux inculpés d'escroquerie ne
possédaient pas de caisse!
-- Oui, articulait le procureur, mais le comptable Titot
s'entendait avec eux. Ils partageaient la différence.
Ce qui eut été plausible si, à cette époque déjà, Titot,
relevé de ses fonctions, n'avait été en prison.
En outre, l'accusateur principal, un nommé G...,
comptable principal au chemin de fer, détenait seul les
fonds.
-- Mais les états de travailleurs étaient falsifiés,
affirma le procureur. Je retiens contre les [p.173],
l'inculpation de "faux et usage de faux commis par des
fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions et je
demande pour eux, cinq ans de bagne".
-- Faux et usage de faux commis par des fonctionnaires,
clamèrent les défenseurs. Mais Panot et Baré ne sont que
des journaliers payés à raison de soixante-quinze francs
par jour ouvrable. Montrez donc vos états de
fonctionnaires.
-- Inutile, trancha le procureur, qui coupa court et
abandonna son accusation. Mai il reste le faux.
-- Comme nous n'avons pu consulter le dossier de nos
clients, déclarèrent les avocats (fonctionnaires choisis
pour la circonstance par le gouverneur, qui s'était
trompé sur leur compte), nous demandons que la preuve du
faux soit apportée à l'audience.
-- Inutile, affirma encore le Ministère public qui
ajouta:
-- J'abandonne l'accusation de faux, mais je requiers
l'inculpation, pour Baré et Panot, de "complicité de
tentative d'escroquerie".
[Congo français - chantier "chrétien" du chemin de
fer "Congo-Océan": 40.000 francs par mois pour des
ouvriers qui n'existent plus]
-- Qui n'a pas eu lieu, affirma à la barre le directeur
du chemin de fer Congo-Océan, haut
fonctionnaire unanimement respecté pour son honnêteté.
Non, qui n'a pas eu lieu. En outre, j'estime comme très
exacte la raison donnée par les inculpés, relativement à
la différence qui existait entre leurs états de
personnel et celui qui existe réellement. Tous les mois,
de nombreux travailleurs noirs du chemin de fer se
sauvent dans la brousse [pour ne pas
mourir de maladie et de malnutrition sur les chantiers].
Tous les chefs de districts ont des [p.174] listes
d'appel où les ouvriers sont en nombre supérieur à ceux
qui sont présents à la fin du mois. G..., le comptable
principal, qui se déplace pour payer les hommes, a
toujours des en "trop" dans sa caisse. Ceux-ci
atteignent parfois quarante mille [40.000] francs
par mois, ce qui correspond à la paie de quelque
cent cinquante déserteurs. En outre,
j'ajoute que je suis très satisfait des services de Pant
et Baré.
Franc français 1930: billet de 5 Francs [10]
La Cour se retira. Elle est composée en A.E.F., où
l'institution du jury n'existe pas, d'un magistrat
président (pas toujours), de deux fonctionnaires, dont
le propre chef de cabinet du gouverneur général, et de
deux commerçants adjudicataires des administrations de
la colonie.
A la majorité d'une voix, les accusés furent reconnus
coupables "de complicité de tentative d'une escroquerie
qui n'avait pas eu lieu".
Panot et Baré - dont le casier judiciaire était
vierge - furent condamnés à deux ans
de prison sans sursis. Plus, avec les frais,
quinze mille francs d'amende.
Titot, lui, qui avait avoué un détournement de
neuf mille francs, fut condamné à trois
ans de prison sans sursis, quinze
mille francs d'amende et le remboursement
des sommes détournées.
Panot et Baré se pourvurent en cassation contre cet
arrêt. Mais on ne s'étonnera pas d'apprendre, après les
révélations de l'affaire Stavisky, que
leur peine était déjà purgée et qu'ils étaient en
liberté, sans que la Cour de cassation ait trouvé le
temps de juger. [S.175]
***
[Congo français - Chantier "chrétien" du chemin de
fer Congo-Océan : le gouverneur "chrétien" de l’A.E.F.
laisse passer des vols d’environ 40.000.000 à
80.000.000 francs]
Un an après ces faits, le gouverneur général de
l'A.E.F. fut accusé, dans un quotidien
parisien, d'avoir fermé les yeux sur des détournements
atteignant plusieurs dizaines de millions.
Il put répondre immédiatement que: "Lorsque des voleurs
étaient découverts, la justice suivait toujours son
cours, à telle enseigne que certains d'entre eux étaient
encore en prison."
2.4.2. L'affaire Costa
Une livraison de poisson pourri -
incroyable
[Congo français prison Brazzaville: Le "chrétien" Costa
de Léopoldville: il manquent 180.000 francs - livraison
de poisson pourri - extorsions pour payer]
Il y avait aussi dans la prison
un Portugais nommé
Costa. Arrêté au Congo belge, sur demande de
la police française, incarcéré à
Léopoldville,
extradé, il était accusé d'avoir
escroqué à son
patron une somme de cent quatre-vingt mille francs
[180.000 francs].
Depuis dix mois, il croupissait en prison préventive, à la
suite d'une instruction qui s'était faite inexplicablement
longue. On disait que son interrogatoire, en audience,
pouvait compromettre trois officiers aimant fort les
cadeaux. Le fait est que, depuis un mois que l'instruction
était terminée, Costa ne savait qu'une chose: qu'il
passait aux assises. A quelle date? On ne s'était pas
encore résolu à la fixer [p.176].
Et cette parodie de cour sans jurés, composée en partie de
tributaires du gouverneur général, n'inspirait guère
confiance au Portugais à qui l'expérience avait appris
qu'il serait plus ou moins condamné suivant l'intérêt du
moment.
-- Ce qui m'étonne, disait Panot, c'est qu'on ne lui ait
pas encore fait boire du "mauvais café". Il en sait trop!
Costa est venu me demander mon aide pour sortir de sa
difficile situation. Encore qu'il me répugne de défendre
un coquin, j'accepte avec l'arrière-pensée de faire
condamner les officiers concussionnaires. Je demande au
Portugais de me conter avec exactitude ce qui lui est
arrivé.
-- Voici, me dit-il. Je ne suis au Congo français que
directeur d'une firme portugaise. Mon patron est en
Europe, et il a confié à un commerçant de ses amis le soin
de me ravitailler en marchandises et denrées destinées aux
travailleurs indigènes du chemin de fer Congo-Océan. Je
dois rendre compte mensuellement de mon avoir en caisse.
Dernièrement, je reçois l'avis de ce que
deux cents
tonnes de poisson sont arrivées, à mon
adresse, à la gare de Léopoldville. J'y vais.
Tout
le poisson était pourri. Je proteste. On me
répond:
Poisson dans le fleuve Congo "Tétra tigre goliath"
(Goliath Tigerfish) [11]
-- Bah! C'est pour l'administration française. Et l'on me
menace de me faire perdre ma place si je ne prends pas
livraison de cette marchandise. Que faire? Je vais trouver
un officier de mes amis, président de la commission de
recettes à Brazzaville. Je lui glisse 25.000 francs dans
la main. Le lendemain, lorsque la commission [p.177]
passe, les noirs de l'entrepôt, habitués à ces sortes de
choses, ouvrent quelques superbes paquets de poisson, qui
étaient placés sur le haut de la pile des 20 tonnes que
j'avais seulement fait entrer. Les officiers regardent:
"Accepté", me dit le président. Le soir je fais passer au
Congo français tout mon poisson pourri qui est entassé en
hâte dans des wagons, amenés par mon ami sur le beach
[plage]. Le train part en brousse où il est garé le temps
nécessaire pour que son chargement ait le temps normal de
se gâter. Après quoi certains officiers, chargés de la
distribution des vivres aux travailleurs, leur donnèrent
ce poisson. Mais cela coûte cher, de pareilles pratiques.
J'ai dû donner deux autos à X..., 50.000 francs à Y...,
20.000 à Z..., sans compter les petits cadeaux aux noirs
et à certains autres intermédiaires. Bref, lors de la
vérification de ma caisse, il me manquait près de 140.000
francs. Mon patron a déposé une plainte contre moi. Et
voilà!
"Chrétiens" français: le
clima n'importe pas - les morts n'importent
pas
L’administration française arrogante et
"chrétienne" du Congo français n’a pas eu
l’idée de
-- que dans un clima tropical, les aliments
peuvent difficilement être stockés de manière
durable
-- que les ouvriers du chemin de fer du Congo
pourraient mieux entretenir leurs propres
jardins et étangs afin d’avoir toujours des
aliments frais.
Les "chrétiens" de la France pensaient
simplement que le climat n’était pas
important. Et c’est ainsi que des milliers de
Noirs sont morts sur les chantiers de
construction ferroviaire, à cause du régime
catastrophique et à cause du refus des engins
de construction normaux d’Europe: La
ligne de chemin de fer a été en grande partie
construite à la main avec des scies de jardin
et des houes de jardin.
Dans le sud tropical du Vietnam, qui était
aussi une colonie française, exactement le
même massacre a eu lieu avec la
déforestation et les travaux de plantation
ou avec les chantiers de construction de
chemins de fer: climat tropical, les gens
des montagnes au climat tropical ne peuvent
pas tolérer le climat, nourriture pourrie,
esclavage, pas de soins médicaux pour les
maladies tropicales, torture et blessures
graves avec des fouets, déforestation avec
des outils de jardinage, exemple plantation
de caoutchouc de Phu Rieng lien
(anglais).
Quoi sont alors les "chrétiens" de la
France?
|
[Congo français prison Brazzaville: appellation de la
femme de Costa - officier très malade - second officier
malade - troisième officier se cache - autre vol de
Costa à Lisbonne?]
Quelques jours après, ma femme, munie des documents
nécessaires, fait paraître dans "Don Quichotte" un dessin
fort suggestif, accompagné d'une légende très explicite.
Aussitôt, l'officier le plus compromis tombe malade. Son
état est tel qu'il exige son rapatriement immédiat. Le
gouverneur général l'expédie à [la ville portuaire de]
Pointe-Nore, où il prend le premier paquebot de passage.
Un second officier est muté, lui aussi, à Pointe-Noire. Il
attend le développement de l'affaire. Le troisième se
terre. [p.178]
Et Costa qui venait de passer 12 mois en prison
préventive, bénéficie d'un non-lieu. On l'envoie se faire
pendre ailleurs. Arrivé à Lisbonne, il commet un autre vol
et disparaît sur un vapeur brésilien. La police portugaise
est à ses trousses! Mes efforts n'avaient abouti qu'à
sauver quatre bandits!
Ce n'était pas du tout ce que j'avais cherché.
[On ne sait pas ce qui est vrai avec cette histoire].
2.4.3. Hygiène et discipline à la prison
Tonneaux comme salle de bain - pas de
l'eau - le fleuve est la toilette - laves seulement le
dimanche - dysenterie sans médecine ni médecin - vol
total
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien"
Brazzaville: conditions catastrophiques avec des
tonneaux - SOUPÇON: vol de l'argent pour la
construction: 75.000.000 francs]
Cette prison manque vraiment du confort le plus
élémentaire. A ma droite, trois misérables cabanes de
"potopoto" (terre gâchée) crevassées, laissant apercevoir
la vêture des dames de ces messieurs les gardes. De
l'autre côté, une série de petites cases dont l'une
évacue, par sa porte voilée d'une natte pourrie, un nuage
de mouches: ordinaires, bleues, vertes, qui tourbillonnent
dans le soleil.
Ce sont les water-closets des Européens. Ils sont
représentés par un
tonneau de 80cm de large
et de 50cm de haut. On les vide (lorsque les corvées y
pensent), une fois par 24 heures. C'est à la fois
hygiénique et odorant.
Petits fûts en étain [12]
Ce tonneau est posé sur trois chevrons qui portent à faux
et basculent à chaque mouvement que fait le prisonnier.
Celui-ci s'installe en équilibre [p.179] instable sur une
planche formant pont. Le spectacle, que tout le monde peut
voir de la cour, est assez répugnant. En outre, les
centaines de
mouches qui sortent de cet
édicule bien "Aéfien" se précipitent dans le potage à
peine servi, dans la touque ouverte qui contient la
provision d'eau, où elles se noient en grand nombre, dans
les assiettes, dans les quarts de café du matin au point
qu'on est obligé, même en buvant, de les couvrir de papier
pour empêcher ces indésirables intrusions.
Tout est à l'avenant d'ailleurs, dans cette
geôle.
Devant la porte des cabinets, à trois mètres de la table
où l'on mange, une énorme mare verte et nauséabonde,
contenant autant d'eau que d'urine coulée du tonneau,
empoisonne l'atmosphère de ses émanations fétides.
Et le gouverneur général de l'A.E.F. a obtenu, en 1931, je
l'ai déjà dit,
soixante-quinze millions
[75.000.000] au titre de l'assistance médicale
et des oeuvres d'hygiène. [L’argent doit avoir atterri sur
son compte privé - volé - dans 50% des cas, le patron est
le criminel].
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: les
soldats français - les soldats qui dorment après des
fêtes de nuit]
Soldats coloniaux français avec leurs uniformes beiges
[13]
Une rumeur me fait lever la tête. Des miliciens [soldats
français] se disputent. Ils ont formé le cercle au milieu
de la cour. C'est la "décision" de chaque soir. Le
sergent-chef va désigner les sentinelles qui se relèveront
à tour de rôle pour nous garder.
A tout instant, les soldats se déplacent pour se plaindre,
harangant leurs camarades devant le sergent qui vitupère
en vain. Menacés enfin d'une façon précise, les
protestataires disparaissent derrière leurs camarades pour
revenir bruyamment d'un autre côté. [p.180]
C'est grotesque, cette parodie de la discipline militaire.
Naturellement jamais un officier n'inspecte le poste. Non
moins naturellement, quelques-unes de nos sentinelles
disparaissent chaque nuit. .
Sur le coup de minuit, on entend dans la cour, un
remue-ménage fantastique.
-- Numéro trois (c'était toujours ce numéro trois qui
disparaissait), crie le sergent.
-- Numérôôô trois...
Cela dure un quart d'heure, jusqu'à ce que l'on arrive à
découvrir, dans un coin sombre, bien au chaud, le numéro
trois qui, sans se soucier le moins du monde de son tour
de garde,
dort profondément.
-- C'est, dit le régisseur, une prison pour volontaires.
... Mais il arrivait parfois qu'on ne trouvât pas la
sentinelle [le gardien]. Alors le "numéro deux", qui avait
pris la garde à 22 heures, la tenait,
ronflant
avec force, jusqu'à six heures du matin.
Ronfler - bande dessinée [14]
Ces matins-là, c'est nous qui jouissions du spectacle,
lequel nous vengeait de nos insomnies répétées.
-- Moi y en a qui commande, vitupérait le sergent. Quoi
toi faire cette nuit?
Et le garde, qui avait passé la nuit au village à se
distraire avec de charmantes hétaïres [belles dames], de
répondre:
-- Moi, y en a pas bougé! Toi y en a appelé moi? Et de
n'en pas démordre. [p.181]
***
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de
Brazzaville: pas de l'eau pour les touristes de la
détention provisoire - le fleuve est la salle de bain -
mais les employés ont une salle de bain propre -
SOUPÇON: vol de l'argent pour la construction]
C'est dimanche. En longue file les prisonniers noirs
descendent la rampe de la prison. Deux par deux, d'un air
morne, ils vont encadrés par des miliciens fusil au poing.
C'est ce qu'on nomme, à Brazzaville, la "baignade des
fauves".
Au milieu de la capitale congolaise, serpente une petite
rivière, la M'Foua. Non canalisée, ses bords sont
recouverts d'herbes et de broussailles. Elle est le
réceptacle des nids d'anophèles - moustiques donnant le
paludisme - et de toutes les boîtes de conserves vides,
ainsi que des ordures dont une ville coloniale sait être
si prodigue.
Puisque le mot "protection de l’environnement"
n’est pas dans la bible de fantaisie, les
"chrétiens" ont gâché la planète pendant 500
ans, jusqu’à ce que le mot soit finalement
inventé dans les cercles ésotériques-alternatifs
dans les années 1970.
|
Carte de Brazzaville [karte 05]
En saison sèche, en particulier, ses eaux sont empestées.
C'est là cependant la baignoire qui est offerte aux
prisonniers et aux prévenus noirs.
A l'intérieur de la prison, en effet, il n'y a pas d'eau.
Pourquoi y en aurait-il? L'eau n'est-elle pas réservée aux
fonctionnaires, qui dis-je, aux hauts fonctionnaires?
Car en A.E.F. où les classes sont nettement tranchées, les
petits fonctionnaires sont à peine plus considérés par
leurs chefs que les commerçants et les colons. A quoi donc
servirait la hiérarchie des grades si tout le monde
pouvait se laver? Et c'est une réglementation sans
ambiguïté, qui impose aux fonctionnaires la maison [p.182]
qu'ils auront à occuper pendant la durée de leur séjour.
Les gouverneurs, inspecteurs et tutti quanti [tous les
autres], ont des
salles de bains
ravitaillées par l'eau de la source. Elle est amenée grâce
à des canalisations.
Les hauts fonctionnaires de moindre importance ont, eux
aussi, des
salles de bains. A eux,
cependant, de se "débrouiller" pour avoir de l'eau.
Les fonctionnaires moyens ont, sous leur véranda, le droit
de faire
installer, à leurs frais, une douche
rudimentaire, car aucune pièce n'est prévue
pour cet usage.
Les petits fonctionnaires ont une simple
case en
terre battue, à moins qu'ils ne soients
contraints de loger à quatre, comme c'est le cas pour
quatre employés du chemin de fer, dans la même baraque.
Evidemment, rien n'est prévu pour le bain. Il n'y a ni
eau, ni salle de douches. Si les employés en font
construire une, elle est pour eux quatre.
Cabane de terre au Congo [15]
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de
Brazzaville: le bain pour les commerçants - un tonneau
circulant - les locataires - les noirs sans eau et sans
papier - se laver et laver les vêtements seulement les
dimanches]
Quant aux
commerçants de la ville nul ne
s'en occupe. Certains ont protesté. Alors, généreux, le
gouverneur a autorisé le conducteur du tonneau d'arrosage
municipal, celui qui sert de réservoir à la pompe à
incendie, à ravitailler (quand il a plu, car en saison
sèche, la source a un débit fort restreint) les personnes
qui en font la demande. Il n'en coûte guère plus de deux
ou trois cents francs par mois aux privilégiés à qui ce
luxe, inouï pour Brazzaville, est accordé.
Il est évident que cette eau, dite potable, doit [p.183]
être dès l'arrivée chez le consommateur, légèrement
bouillie, puis filtrée. Après quoi elle est sans danger.
On comprendra donc aisément que si les commerçants ne
peuvent avoir de l'eau qu'en allant la chercher, les "
locataires
de la maison centrale" ont droit à moins
encore.
Les noirs n'ont donc, durant toute la
semaine, pas une seule goutte d'eau à leur disposition,
sauf, naturellement, celle qui est nécessaire à leur
alimentation.
Aussi, quelles que soient les opérations que l'indigène
emprisonné accomplisse (il n'est aucun besoin d'insister)
soit même qu'il mange son poisson gluant de graisse, ou
son riz dégouttant de sauce,
il ne peut jamais se
laver. Les mains pleines d'huile, de sauce,
de... comme il n'a
pas le moindre bout de papier
pour les essuyer, il se sert de son pantalon, et le
dimanche...
... Le dimanche il va se baigner.
Pour cette opération, et pour celle du lavage de ses
vêtements, il dispose de cent cinquante grammes de savon.
Sous la pluie glaciale de la saison des pluies, je les
vois courir à l'eau, ces prisonniers, se déshabiller
entièrement, et tout nus, au milieu de la capitale de
l'AE.F. se laver rapidement.
Le corps sommairement nettoyé, ils lavent leur "boubou"
(petite chemise de toile qui, avec un léger pantalon
compose toute leur vêture) leur culotte, et, remettant
cela sur eux, rentrent, tout mouillés dans la geôle où ils
vont grelotter pendant des heures [le criminel "chrétien"
français ne leur donne pas de serviette de bain]. [p.184]
De temps à autre, ficelé entre quatre planches, l'un d'eux
sort de la prison: "Pleurésie", indique le cahier de
l'infirmier. Et un nouveau trou s'ouvre quelque part.
***
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de
Brazzaville: bataille éternelle du savon et de l'eau -
dysenterie - pas de médicaments ni de médecin]
J'ai dit par ailleurs que la prison de Brazzaville était
commune aux noirs et aux blancs. Si les premiers sont
traités avec un manque certain d'humanité, les seconds ne
sont guère mieux partagés.
Evidemment on ne les [les blancs] envoie pas au bain, tout
nus, en pleine ville. On [les blancs] fait mieux! Ils [les
noirs] n'y ont pas droit! La tutélaire administration leur
[aux blancs] fait don d'une minuscule cuvette pour deux
et, autant pour le soin de leur
corps que
pour celui de leur
linge, de
deux
cents grammes de savon par semaine. Quant à
l'eau, elle est apportée de la mairie située à bonne
distance, par le moyen d'un petit tonneau de trente-six
litres, récipient jamais lavé, que deux prisonniers
[noirs?], le tenant par une perche [sur ses épaules],
portent nonchalamment le long de la route.
Chaque jour, on renouvelle une seule fois la
provision
d'eau ainsi accordée. Et il y a parfois, je
l'ai vu, huit Européens qui doivent s'en contenter.
Elle sert à tout cette eau. Comme le tonneau qui la
contient est installé au milieu de la cour où déambulent
les noirs, on voit de temps à autre [p.185] ceux-ci
s'approcher, se pencher, se servir et polluer encore, s'il
est possible, la boisson des Européens.
En outre, dans cette cour où de nombreux indigènes, qui
errent en toute liberté, crachent et font leurs besoins
légers, les tourbillons annonciateurs d'une tornade
forment à la surface de l'eau "potable" une épaisse couche
de crasse que l'on est obligé d'écumer [voler] pour boire.
Cela donne une idée des conditions sanitaires dans
lesquelles nous nous trouvons.
Pour ma part, j'ai contracté là une
dysenterie
impossible à soigner,
faute de médicaments.
Faute aussi de médecin, celui de la prison
venant de partir.
Je suis rongé par la fièvre. Ce matin l'infirmier
(policier indigène ainsi baptisé [d'un Jésus de
fantaisie]) ne m'a pas apporté de
quinine.
Il m'en faut 50 centigrammes par jour.
[Dysenterie guérit avec de l'eau argentée avec des iones
d'argent, on peut le produire soi-même].
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de
Brazzaville: un cabinet médical sans cabinet - SOUPÇON:
vol de l'argent pour la construction - un peu de ouate -
quinine vient le lundi]
Suivi du soldat qui ne me quitte jamais, je vais à
l'infirmerie située au centre de la cour de la prison, à
quelque trente mètres de ma chambre.
Que c'est sale!
Bicoque [un bidon d'une
bidonville] en terre, de 4 mètres sur 3, au toit de chaume
pourri, au sol de terre battue, voilà l'infirmerie. Comme
mobilier, une petite table branlante à peine suffisante
pour que le médecin - lorsqu'il y en a un - puisse signer
le cahier de visite, seul travail du praticien qui n'a pas
le temps d'examiner les malades.
Une chaise dépaillée, bancale par surcroît, une
caisse-armoire ne fermant pas, crasseuse, et con tenant
avec de l'ouate, un flacon de teinture [p.186] d'iode, et
deux thermomètres dont l'un est brisé. C'est tout.
Au passage, je prends un peu de cette
ouate,
je la plonge dans un bassin d'eau sale qui sert aux
pansements: presque aussitôt elle s'amenuise, semble se
dissoudre. En quelques minutes elle est tellement réduite
qu'il est impossible de la prendre au bout des doigts.
Ouate cellulosique, je connais cela. C'est un ersatz
[remplaçant] allemand de guerre. C'est de la cellulose
pure. Il en est resté de très gros stocks qui n'ont plus
la moindre valeur à une époque où la surproduction du
coton est considérable. Mais l'A.E.F. en est encombrée
[pleine].
L'infirmier est là, entouré de ses trois femmes. L'une
d'elles, qui tient délicatement entre le pouce et l'index
le bistouri de l'infirmerie, enlève des doigts de pied de
son seigneur et maître, les chiques dont ils sonst
littéralement farcis.
-- Dis-moi, Bongo, le questionnai-je, pourquoi se m'as-tu
pas donné de quinine ce matin?
-- Y en a plus, me répond l'infirmier. C'est fini.
-- Comment, c'est fini? tu vas en demander d'autre?
-- Viens voir, fut la réponse flegmatique.
Et je vois:
La liste des médicaments avait été barrée par le
médecin-chef du service de santé, qui avait écrit: "
Lundi"
Pourquoi lundi, fis-je?
-- Parce que les médicaments sont donnés le lundi. Vous
êtes ici cinq blancs. Le médecin-colonel [p.187] délivre
25 centigrammes de quinine par blanc et par jour. Comme tu
as toujours la fièvre, tu en prends 50; moi, je veux bien.
Seulement toutes les semaines la quinine sera finie le
vendredi. Et il faudra que tout le monde attende au
lundi...
Guérir la dysenterie avec de l’eau argentée:
L’eau argentée peut être préparée avec de l’eau
du robinet ou de l’eau distillée et un morceau
d’argent: laissez le morceau d'argent reposer
dans un verre d’eau pendant 12 heures, puis
remplissez-la dans une bouteille, prenez une
gorgée tous les jours à jeun et attendre 30
minutes à la prochaine boisson. Conservez la
bouteille dans un endroit sombre sans contact
avec des appareils électriques, de préférence
dans une armoire, sinon les ions d’argent se
mélangeront. Comme le mot "médecine naturelle"
n'existe pas dans la Bible de fantaisie, les
"chrétiens" ont presque éradiqué la médecine
naturelle et entre 1300 et 1850 ont brûlé tous
les guérisseurs d’Europe comme "sorcières" -
c’est pourquoi certains des stupides "chrétiens"
ont encore peur de la médecine naturelle et
prétendent que la médecine naturelle vient du
diable de fantaisie - seuls les "chrétiens"
peuvent être tant stupides pour aller à la
pharmacie et éteignent leur cerveau - allez voir
l'argent colloidal (eau argentée) avec
l'appareil Ionic Pulser avec la préparation dans
15 minutes lien
(anglais)].
|
***
2.4.4. Le profit "chrétien" avec les noirs
dans la prison
Prisonniers noirs sans espace - dormir
debout - terrorisme "chrétien" des impôts - vol total
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de
Brazzaville: les noirs dans seulement une pièce - dormir
debout - et trop long - SOUPÇON: vol de l'argent de
l'état pour les détenus]
Autant
les noirs de la brousse sont rendus
sympathiques par leur simplicité, autant ceux des villes
paraissent antipathiques; ils ont pris tous nos vices sans
conserver aucune des qualités de leur race.
Un grand nombre d'entre eux sont sans cesse en prison. On
les y jette sans discernement: les assassins avec les
délinquants primaires, les voleurs avec les "fraudeurs de
l'impôt". [L'écrivain français] Courteline lui-même n'eût
pas, je le présume, trouvé mieux que ce que je découvris
un jour dans le registre de la geôle.
"Koundzou, 15 jours de prison pour avoir détourné
frauduleusement une poule."
En attendant, Kondzou, Bamba et autres, ils sont plus de
deux cents enfermés dans ce quadrilatère en moellons qui
pourrait normalement en contenir 50. Munis chacun d'une
natte et d'une couverture, ils n'ont même pas de place
pour s'étendre. Sans se préoccuper de quoi que ce soit, on
entasse là les prisonniers, tant qu'il y en a. S'ils sont
peu, tant mieux pour eux. S'ils sont beaucoup, tant pis!
Ils
dormiront debout.
Quelques hommes de Brazzaville: Les criminels
"chrétiens" de France ordonnent: Ils doivent dormir
debout [16]
Et ils restent parfois
plus d'un an en prévention
[p.188] pour des délits emportant des peines de un à deux
mois de prison.
Bande dessinée: innocent [17]
[Soupçon clair: Le "chrétien" criminel de la France fait
de l'argent avec les noirs: laisser trop long dans la
prison - l'état donne de l'argent pour chaque détenu, et
cet argent va dans les poches du chef "chrétien" criminel
- le dictateur de la prison].
***
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: le
"chrétien" avec con Jésus de fantaisie installe la
prostitution - l’État "chrétien" provoque la
prostitution des jeunes filles à cause des impôts des
pères - DISCRIMINATION: les noirs en chômage détenus
jusqu'à 8 fois par mois par des impôts]
On est d'ailleurs assez éclectique dans la capitale de
l'A.E.F. quant aux raisons invoquées pour jeter un noir en
prison.
Il y a la crise à Brazzaville; plus en cette ville qu'en
aucune autre cité du monde. Les chômeurs noirs y sont
nombreux: peut-être dix mille.
Ils vivent de rapines [vol]; il faut bien manger. Mais ils
doivent payer l'impôt, qui est à Brazzaville de 45 francs
par personne. Plus trente francs de prestations pour les
hommes.
Or si un ménage qui a deux enfants arrive à subsister, il
lui est impossible de verser cent quatre-vingts [180]
francs par an au gouvernement. Et aucune raison
d'abstention n'est admise, il faut payer.
Aussi, chaque soir, les Brazzavillois sont accostés au
coin des rues par des fillettes à peine nubiles, de jeunes
et jolies femmes, que leur père ou mari envoient chercher
de quoi payer l'
impôt.
La
prostitution n'existait pas en Afrique
centrale avant l'arrivée des blancs ["chrétiens" criminels
avec son Jésus de fantaisie, fusil et canons]. Elle est
maintenant officieusement établie dans la capitale de
l'A.E.F. Son utilité est indéniable, c'est l'auxiliaire du
fisc.
Congo jeune dame [18]
Cependant tous les contribuables n'ont pas de jeunes et
jolies filles à leur disposition. Et de nombreux indigènes
n'arrivent pas à payer l'impôt. Ils sont donc arrêtés.
C'est pourquoi certains [p.189] d'entre eux - et les
journaux de Brazzaville n'en font nul mystère - sont allés
en prison jusqu'à
huit fois durant les douze mois
de 1933, au moins 15 jours chaque fois. Toujours pour le
même motif; le tribunal ne prend pas en considération les
condamnations précédentes [mais se procure du travail en
condamnant toujours les mêmes chômeurs noirs à la prison -
il y a la terreur "chrétienne" absolue - les blancs
s’enrichissent du système et n’aident pas les chômeurs -
car le mot "travail social" n’est pas dans la bible de
fantaisie!].
Là, comme à Bangui [capitale de l'Afrique Centrale], cela
fournit à l'administration une main-d'oeuvre bon marché.
Le système "chrétien" de
la prison contre les indigènes: le plus
criminel c'est le chef "chrétien"
Les détenues reçoivent théoriquement des
choses, mais le chef "chrétien" de la prison
vole l'argent pour les choses et les détenus
noirs ne restent sans rien et restent dans la
torture éternelle: pas dormir. Et la justice
en profite aussi pour toujours avoir de
travail. Ce système criminel contre les
indigènes on trouve dans toutes les "colonies
"chrétiens" et après l'indépendance, les
gouvernements métis neufs nationaux copient ce
système comme "normal" contre ses propres
compatriotes - et la lutte contre les
indigènes continue sans cesse. J’ai pu
observer cette terreur "chrétienne" au Pérou
pendant 9 ans. Les "chrétiens" sont les plus
criminels sur la planète.
|
2.4.5. Incohérences judiciaires
La femme de Homet fait pression dans la
presse de Belgique - femme Ganombo 15 années dans la
prison sans raison - vol total
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: vient
la femme de Homet avec la pression d'un journal du Congo
belge]
Il paraît qu'on est ennuyé. Mon arrestation aurait été une
faute. On supposait qu'on allait m'escamoter [laisser
disparaître] et me faire passer pour un exalté. Nul ne
pensait à ma femme. Et il y a Brazzaville un
inspecteur
des colonies: s'il allait faire un rapport au
ministre.
-- Si vous promettez de vous taire, me dit le gardien-chef
au retour d'une de ses quotidiennes visites au
gouvernement, on vous fera
discrètement filer en
France.
Mais voilà! Je ne promets rien et le régisseur qui joue
quelque peu double jeu ne pourra rien rapporter à ses
maîtres.
Ma femme vient de sortir deux numéros de Don
Quichotte. Elle a pris la gérance du journal et s'attend
d'un instant à l'autre à être arrêtée.
On n'ose toujours pas, car elle habite le Congo belge où
ses papiers sont en sécurité.
L'administration a donc été obligée de céder. Elle doit
laisser imprimer à nouveau tous les faits qui m'ont valu
mon incarcération. [p.190]
Si les puissants fonctionnaires, les hauts magistrats que
cette toute jeune femme tient en échec, savaient qu'elle
ne se soutient qu'à l'aide de piqûres, qu'elle a une
dangereuse maladie de foie [guérit avec chardon-marie] et
que la dysenterie amibienne la rouge [guérit avec de l'eau
argentée], ils seraient certainement plus sûrs d'eux.
Mais ils ne savent pas!
Avec plus de force que jamais, ma femme continue cette
campagne. Elle force l'admiration au point que le plus
grand
journal quotidien du Congo belge lui
consacre un article élogieux.
***
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: une
femme Gamonbo pour 15 ans dans la prison sans raison -
et reste]
Quelles belles notes je rédige chaque jour et que je cache
soigneusement dans le garde-manger du régisseur de la
prison, qui en conserve toujours la clef sur lui...
C'est effarant ce que l'on peut trouver dans cette geôle
[prison sans rien].
Un jour, Titot, maître Jacques du régisseur, vient trouver
le gardien-chef.
Une femme, la nommée
Gamonbo, est en prison
depuis
quinze ans - ainsi en fait foi le
livre d'écrou. - Il n'y a aucun extrait du jugement la
concernant.
-- Vous aurez des histories, affirme Titot au régisseur
tout ahuri [étonné]. Qu'une inspection soit effectuée ici,
on découvrira que cette femme est en somme
emprisonnée
sans raison. Vous devriez vous informer auprès
du procureur de la République.
Explication:
C'est la même chose: Les détenues reçoivent
théoriquement des choses, mais le chef
"chrétien" de la prison vole l'argent pour les
choses et les détenus noirs ne restent sans
rien. Cette femme est seulement dans la prison
pour remplir les poches du chef de la prison.
|
Avisé, ce dernier chercha partout. Il ne trouva [p.191]
rien, naturellement. Le greffier en chef, lui, parla des
termites qui... des fourmis que... des cancrelats dont...
bref toutes les pièces avaient disparu.
Et
pour éviter des histoires, la femme resta en
prison.
Alors, les "chrétiens" français criminels vont
être criminels sans fin et l'argent va
toujours dans les poches du patron!
15 ans de privation de liberté ne sont PAS
rares dans les prisons "chrétiennes". 15 ans
de fausses accusations et de diffamation ne
sont PAS rares dans les pays "chrétiens". Tout
cela n’arrive qu’à cause de la "fausse
croyance" de la part du Seigneur de fantaisie.
On peut même supposer que Mme Gamonbo doit
également fournir des services sexuels aux
employés supérieurs, peut-être elle est une
esclave sexuelle de la prison - et pas
l'unique - cela conviendrait.
Et avec cet scandale de 15 ans de privation de
liberté à Brazzaville, j’arrive à une
conclusion claire:
Les "chrétiens" avec leur Jésus imaginaire et
leur dieu imaginaire sont les pires sur cette
planète. Les "chrétiens" sont de la MERDE.
La Bible est fausse: les criminels
"chrétiens" organisent l’ENFER pour toutes
les autres cultures afin qu’elles
périssent [19]
|
***
2.5. Le départ du président - l'affaire
F...
Crime a) Le président "chrétien" de la banque de
Brazzaville voulait manipuler les élections
Crime b) Le chef "chrétien" du train Océan-Brazzaville
Monsieur F.: vol du ciment, louer les machines de
construction et voler des tôles pour son profit - vol
total
[Brazzaville avec le départ du président: on chasse le
directeur "chrétien" de la banque de Brazzaville pour la
manipulation des élections]
Tout Brazzaville tremble encore du coup qui vient de lui
être porté en la personne de l'un de ses membres les plus
éminents.
Le
directeur de la Banque brazzavilloise la
plus importante, celui qui présidait toutes les
associations de la capitale, vient d'être brusquement
relevé de ses fonctions.
Cette décision est arrivée de Paris par télégramme.
Strictement confidentielle, elle a été immédiatement
divulguée et accompagnée de commentaires significatifs:
dans quel but?
Peut-être faut-il faire savoir à ceux qui minent
sourdement a politique du gouverneur général qu'on les
tient, fussent-ils directeurs d'une société privée.
Qu'avait donc fait M.R... pour mériter un tel sort? Il
avait simplement demandé à l'Association des Anciens
Combattants de ne voter, lors des élections prochaines, au
conseil supérieur des [p.192] colonies,
que pour le
candidat qui promettrait de respecter un programme
qui lui avait été soumis. Ce qui n'avait pas été du goût
du candidat officiel!
Quoi qu'il en soit, j'apprends que ce puissant personnage
venait de quitter la capitale de l'A.E.F.
Alors qu'auparavant il n'avait pas assez de mains pour
serrer celles qui se tendaient respectueusement vers lui,
le jour de son départ il n'avait trouvé personne pour
l'accompagner à la gare. Il avait déplu!...
... Sic transit [ainsi va le temps]...
***
[Brazzaville: une affaire du M. F.: il est le chef
"chrétien" du magasin central du chemin de fer
Océan-Brazzaville - les choses "disparues": 100 tonnes
de ciment, 1100 tôles ondulées - "plus de trois mille
francs de profits personnels"]
Si la prison est une boîte de résonance, c'est aussi une
boîte à Pandore, sans jeu de mots.
On y trouve de tout: même le rapport confidentiel de M.
B... L..., directeur du contrôle et des finances de
l'A.E.F.
Je veux parler de
l'affaire F...
F... Était courtier en bonneterie, mais il était aussi
gendre de colonel, ce qui constitue en A.E.F. une
"condition nécessaire et suffisante" pour être quelqu'un.
Et quittant ses bonnets, F... fut nommé
chef du
magasin central du chemin de fer.
Place délicate s'il en est, car elle exige de son
titulaire la connaissance approfondie du matériel de
chemin de fer, ainsi que des qualités de chef-comptable.
Entrepôt de ciment [20] - dessin: comptable [21]
Evidemment, gendre de colonel, courtier en [p.193]
bonneterie... bref, sollicité, le gouverneur général
tourna avec élégance la difficulté. F.. fut nommé avec, de
plein droit, sept ans d'ancienneté [7 ans membre dans
l'entreprise]. Ce qui lui donna des émoluments [salaires]
intéressants, mais surtout lui permit d'intervenir dans
les travaux du technicien et du chef-comptable que l'on
détacha [voler] spécialement sous ses ordres.
Au bout de six mois tout le chemin de fer était "sur les
dents". Les tire-fonds arrivaient quand il fallait des
"pal-planches", le sable remplaçait encore plus qu'à
l'ordinaire le ciment des viaducs dont les pierres ne
tenaient même plus assez pour attendre l'inauguration.
Et
cent tonnes de ciment avaient disparu;
onze cents [1100] tôles ondulées avaient pris la fuite,
sur 54 wagons [de l'entreprise de chemin de fer]
Décauville accompagnés de six trucks automobiles. Rien que
du matériel neuf.
-- M. [monsieur] X... vint déclarer en outre qu'il avait
un jour, après bien des recherches, retrouvé un chaland de
50 tonnes de ciment qui s'était malignement égaré chez
F...,
-- M. Y... [vint déclarer] que F... lui avait demandé dix
mille francs à seule fin de lui faire obtenir une
adjudication.
-- M. X... [vint déclarer] que F... l'avait forcé (le
pauvre homme) à majorer considérablement ses prix.
Et devant l'enquêteur, F... déchire ses balances, insulte
son directeur et refuse de répondre.
On arrive quand même à voir ses comptes. Les magasins,
remplis de matériel administratif, regorgent néanmoins
d'outillage acheté chez les commerçants à des prix tels
qu'on calcule qu'en un seul mois F... a réalisé
plus
de trois mille [p.194] francs de profits personnels
sur des achats de pointes.
La comptabilité est surchargée, grattée, déchirée (rapport
F.C. 113/C. du directeur du contrôle), des commissions
d'achat n'ont jamais existé que sur le papier..., etc.
F... ets perdu!
[Brazzaville: une affaire du M. F.: l'inspecteur
général donne le dossier de F. au gouverneur général -
fuite de F. pour la Corse - on trouve les choses: le
ciment dont 50 tonnes furent définis comme
"inutilisables" - on trouve les trucks automobiles qui
étaient "loués" - les 1100 tôles son "ventés ailleurs"
par une "tornade" et ne sont plus trouvés]
Par lettre No 469 du 9 septembre 1931 on propose le
licenciement
[doit s'en aller] de l'employé. Mais par lettre
confidentielle No 1240, l'inspecteur général des travaux
transmet au
gouverneur général, le 14
septembre, le dossier du coupable.
Le 15 septembre F... tombe malade et le 16 il s'embarque
en première classe, aux frais de l'Etat congolais, pour la
Corse où il jouit d'une fortune aisément
acquise.
Mais il fallait cependant arranger la comptabilité
singulièrement bousculée par F...
Chargé de ce soin, le directeur des finances et du
contrôle se met en campagne. Cent [100] tonnes de ciment
avaient été perdues... il en retrouve cent cinquante [150]
dont il a dû, ajoute-t-il dans son rapport, jeter une
grande partie
inutilisable.
Ce fut moins aisé [simple] pour les wagons [de
l'entreprise de chemin de fer de] Decauville: cinquante
[50] d'entre eux s'obstinèrent à se cacher.
Les
trucks automobiles furent retrouvés; F... les
avait loués à une Société. Par erreur, évidemment il avait
oublié de facturer le montant des redevances de la dite
Société. Par contre,
les tôles qui
[soi-disant ] avaient dû,
profitant d'une violente
tornade, s'envoler pour couvrir des maisons
inconnues ne revinrent jamais.
Bidonville à Soveto avec des toits en tôle ondulée -
et en Europe, les élites "chrétiennes" gagnent des
millions chaque année à la bourse criminelle que par
la spéculation [22]
C'est alors que M.B... L... se décida, non à prévenir
officiellement le procureur général, mais [p.195] bien à
avertir discrètement, "confidentiellement", le gouverneur
général de cette situation.
Il est évident cependant que le chef du service judiciaire
de l'A.E.F. a été mis au courant de ces faits, ne
serait-ce que par les articles publiés dans une dizaine de
journaux, dont trois congolais.
Mais, ministère public, il se garda bien d'intervenir.
Le soir où mon journal sortit portant en manchette
l'affaire F..., M.B... L... fut affolé [avait peur].
Il se rua en trombe vers le bureau du directeur des
chemins de fer.
Ahuri [étonné] et tenant à la main le rapport original il
regardait le directeur du Congo Océan qui venait de
retirer, devant lui, de son coffre-fort, la seule copie
existante.
... Et cependant le rapport était publié.
Les "chrétiens" et la tromperie
traditionnelle avec du ciment tendu - les
alcooliques "chrétiens" aiment voler et
tricher
Les "chrétiens" sont les plus criminels de la
planète. Ils sont le MODÈLE et empoisonnent le
monde entier avec leurs tromperies et surtout
avec leur ALCOOL. Ils transforment des
populations entières en alcooliques au cerveau
réduit et collectent des millions de profits,
dont ils ne donnent RIEN. Le ciment de sable a
été utilisé pour les autoroutes du sud de
l’Italie "chrétienne" et du Portugal "chrétien",
entre autres. Et dans les pays musulmans, le
ciment de sable est utilisé, par exemple en
Turquie. Là-bas, les colonnes en béton armé
manquent également dans les maisons, de sorte
que les maisons s’effondrent immédiatement à
chaque tremblement de terre - y compris au
Kurdistan "chrétien". Peut-être que quelqu’un
avait des dettes de jeu dans le casino
"chrétien" et a donc tendu le ciment avec du
sable.
Délits: fraude, mise en danger de la vie,
homicide involontaire 1000 fois ou meurtre de
masse en cas de tremblement de terre. Mais cela
n’a pas d’importance pour les patrons
"chrétiens", car un patron alcoolique protège
l’autre. Les "chrétiens" sont les pires, parce
qu’ils pensent toujours que le Dieu imaginaire
les "sauvera", avec le verre de vin à la main en
affirmant que le vin soit le sang imaginaire
d’un Jésus imaginaire. Le quotient intellectuel
est à ZÉRO. Sauvez-vous des "chrétiens"!
|
***
2.6. Les cellules
La prison "crétienne" de Brazzaville:
cellules d'ordure - alimentation d'ordure - punitions
inventées - Homet et les gardiens - vol total
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville:
cellules sans toilette ni douche - cellules mixtes aussi
avec des enfants - comme inquisition d'avant]
Baré qui a passé quinze jours en cellule, m'engage
vivement à visiter cette partie de la prison.
-- Vous ferez un beau "papier", me dit-il.
Dès l'entrée, une bouffée de chaleur
fétide
[mal odeur] me frappe le visage. Cela sent la sueur,
l'urine, la crasse [ordure]... et le reste qui y séjourne
24 heures par jour
faute de cabinets d'aisance.
La pénombre [demi sombre] y [là] règne continuellement. On
dirait l'antichambre de la mort, tellement l'aspect de ces
pièces est sinistre. [p.196]
Aucun pays civilisé au monde n'a imaginé d'installer sous
l'équateur [clima tropical] des cellules qui soient à la
fois
communes aux blancs et aux noirs, aux
assassins comme aux "petits voleurs", et même aux
enfants
indisciplinés de la "correction". Il a fallu l'A.E.F. pour
que soit imaginé ce mode de coercition.
Dans ces cellules, les noirs, qu'aucune hygiène n'a jamais
intéressés, font leurs
déjections sur le sol
autant que dans les
bidons d'essence non couverts
qui leur servent de
baquets.
On ne peut s'empêcher en y entrant, de penser aux in-pace
d'antan [d'avant], ceux de l'
Inquisition;
in-pace que l'on eût cru à jamais disparus depuis des
siècles, et que l'on retrouve servant de domicile à des
prévenus blancs [noirs?], peut-être des prévenus qui ne
veulent pas avouer.
[Est-il maintenant clair pourquoi les "chrétiens" sont la
MERDE?]
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville:
cellules de 5m de hauteur - vermine et insectes sans fin
- jamais nettoyage - un lit de camp - nourriture minime
- cellules pour mourir]
Cinq mètres de haut, un mètre cinquante de large,
deux mètres de long. Ces cellules ont un
volume d'air vraiment trop restreint dans ce pays où la
chaleur humide est extrêmement malsaine. D'ailleurs l'air
n'est renouvelé que par une étroite lucarne de 25
décimètres carrés située à quatre mètres de hauteur.
Encore est-il que l'une de ces cellules possède sa lucarne
obstruée par un morceau de papier fort.
Les cafards se sentent très à l’aise dans des
bâtiments sales dans les climats tropicaux, parfois
ils tombent du plafond, ev. dans la soupe [23]
Jamais nettoyées, ces pièces sont emplies
[remplir]
de poux, de punaises et de tous autres
insectes aussi répugnants. Leur confort est
des plus rudimentaires:
un lit de camp sans
drap. La
nourriture est réduite de moitié,
pain compris (c'est affiché dans toutes les chambres). Ni
vin, ni cigarettes, lectures interdites, pas de promenade
régulière [p.197], aucune visite autorisée. Dans ces
"plombs" renouvelés de Venise, l'atroce chaleur, jointe à
la raréfaction de l'air et aux odeurs méphitiques qui y
séjournent, en font une résidence que peu de peuplades
barbares songeraient à imposer à leurs plus dangereux
ennemis [note 01].
[note 01] Un receveur des P.T.T. de Pointe-Nore qui, après
25 ans de loyaux services avait détourné 7.000 francs de
sa caisse, puis les avait remboursés, a été récemment
condamné à 5 ans de réclusion. Avant un an de ce régime,
il sera
mort dans ses cellules.
[Même les postiers "chrétiens" ne restent pas honnêtes].
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville:
cellules selon la loi - alimentation mauvaise -
punitions inventées]
Quels sont donc les règlements qui permettent à
l'administration d'appliquer un tel traitement à des
prévenus?
L'administrateur-maire de Brazzaville est un fort honnête
homme. Il n'a pas voulu que je sois mis, pour la
nourriture, au régime du droit commun. J'ai refusé. Alors,
l'ordinaire de la prison a été singulièrement amélioré. De
plus, les punitions: privation de pain, de cigarettes, de
savon et à fortiori la cellule, ont été supprimées.
[Le standard "chrétien": interdire les choses pour cacher
l'argent pour ces choses dans les poches du chef
"chrétien"].
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: Homet
dans le prison reçoit des lettres, journaux, livres - la
télégraphie vas aussi dans le forêt sauvage: Homet
demande d'éliminer le travail forcé - fermeture des
cellules à 19 heures - tam-tam - feu dans la ville -
médaille militaire - chanter]
Par-dessus la barrière en fil de fer barbelé passent les
lettres, les journaux, les livres que des amis m'envoient.
De ce fait, les gardiens noirs me gâtent. Ils ne sont pas
sans savoir, grâce à la télégraphie indigène qui court si
rapidement la brousse, que
je demande la
suppression du travail forcé [ce qui est
souvent fatal si l'on ne fuit pas]. Ils me savent gré de
mes efforts. Dans leur fruste intelligence ils me le
manifestent de leur mieux. L'adjudant indigène n'a-t-il
pas formellement interdit aux sentinelles [gardiens] de me
suivre constamment, comme ils en ont reçu l'ordre?
Tous les soirs nous devons être enfermés à dix-neuf
[p.198] heures. C'est un sergent porte-clefs qui est
chargé de ce soin. Mais tout s'arrange en Afrique si l'on
parvient à ne pas s'énerver.
Avant mon arrivée, le sous-officier accomplissait à peu
près scrupuleusement sa besogne. Maintenant...
Le voilà qui vient. Il est déjà
19h 15
[minutes]. Faisant tinter ses clefs il s'arrête à trois
pas et salue.
-- Y en a l'heure. Sept heures passées.
-- Tu crois? Je suis sûr que ta montre avance.
-- Non! Y en a pas avancer. Regarde.
Il tire de son gousset une énorme "toquante" d'acier, il
approche la lanterne. Je compare avec la mienne. Etonné:
-- C'est ma foi vrai! 7h. 15, je ne l'aurais pas cru. Mais
dis-moi, tu ne trouves pas qu'il fasse chaud ce soir? On
n'est pas bien dans la chambre. Si tu nous laissais
dehors...
Le sergent ne répond pas. Il guigne du coin de l'oeil, sur
la table, un paquet de cigarettes. Tous les soirs, à la
même heure, on retrouve le même, ou son frère.
Doucement, le sous-officier s'approche, prend le paquet
d'un air indifférent, joue un instant avec lui...
-- Y a bon! Vous y en a rester encore [?]. Avec lui les
cigarettes ont disparu.
Nous pouvons, Panot, Baré et moi, bavarder en paix. Nous
restons toujours ensemble, les autres prisonniers formant
un autre groupe. Nous jouissons en toute tranquillité de
l'heure qui passe, calme, fraîche, une des meilleures de
la journée. Au loin, très loin, un
tam-tam
résonne faiblement [p.199]. Quelques lueurs passent à nos
pieds: les lampes des promeneurs, puisque Brazzaville n'a
pas d'éclairage. Au bout de la cour, un énorme
feu
s'élève, étrangement vivant, jetant ses flammes rouges et
jaunes vers le ciel étoilé. Les gardes se chauffent.
Tam-Tam [24]
Rien ne nous menace pour l'instant. Nos pires soucis font
trêve. Panot me parle de sa femme, de son gosse [enfant],
si loins et qu'il n'a pas vus depuis huit ans. Il parodie
ironiquement l'allure des "officiels" qui sont venus
récemment lui apporter la nouvelle de la décoration qui
lui échoit [se termine]: la
médaille militaire;
à lui engagé pour la guerre, trois fois blessé et
trépané... Une larme perle parfois à ses paupières. Il
l'essuie rageusement. Baré songe douloureusement à ses
parents qui le croient toujours au travail! Moi, je rêve,
j'écoute!
Souvent aussi, à nous trois nous organisons un concert.
Panot est un inénarrable diseur. Baré pousse fort
agréablement la chansonnette. Il paraît que je détaille
les vers sans trop les estropier.
Au début tout va bien; puis Baré se met à
chanter
de nostalgiques mélodies. L'émotion nous gagne, c'est
presque à coups de poing que Panot et moi, faisons taire
le chanteur.
Parfois, alors que nous sommes engourdis dans le bien-être
d'une heureuse digestion, la sentinelle [le gardien] que
le sergent a prudemment placée à la porte de la prison,
accourt en trombe. Un moteur d'auto se fait entendre dans
le lointain. Les sens du sauvage l'ont averti avant nous.
En un clin d'oeil chaque prisonnier, faisant volter tables
et chaises, est dans sa chambre dont [p.200] il refere la
porte sur lui. Titot qui, pour plus de tranquillité a
détaché du trousseau du gardien-chef, le double de sa
clef, s'enferme à double tour. Le milicien pousse
hâtivement dans leur gâche le pêne des verrous. Il se
promène ensuite dans la cour et, d'un air rébarbatif,
pendant que toutes lumières éteintes nous guettons au
travers des persiennes, il inspecte, lanterne à la main,
les sentinelles chargées de nous garder... et qu'l éveille
à grands coups de pieds dans le derrière.
Ce n'est qu'une fausse alerte. Au loin s'entend le
ronronnement de la voiture qui s'éloigne. Titot qui, de
l'intérieur de sa chambre, manoeuvre grâce à un crochet ad
hoc son propre verrou [serrure], sort et vient nous
délivrer [calmer].
Les chaises ressortent, les cigarettes s'allument, les
sentinelles s'étendent par terre et s'apprêtent à
reprendre leur sommeil interrompu.
***
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: repas
toxiques: "soupe"="pétrole" - "frites"="pétrole" - "tout
le repas est au pétrole"]
Puits de pétrole [25] - Ancienne station-service
pétrolière [26]
-- Saleté de
soupe. Elle sent le
pétrole.
C'est Panot qui jure ainsi. Il rejette loin de lui la
cuiller [la cuillère] qu'il tient à la main.
-- Vous croyez?
Et je goûte.
-- C'est vrai. On dirait bien qu'elle est au pétrole, elle
si sympathique à l'oeil... Boy!
"Emporte cette soupe. Donne la suite."
-- Saleté de nègres!
C'est maintenant Baré qui hurle. Il regarde son assiette
d'un air dégoûté. [p.201]
-- Qu'y a-t-il encore?
-- Pétrole, répond-il laconiquement.
Costa, toujours goinfre, et qui s'était précipité sur les
pommes de terre, gémit d'un air lugubre:
-- Et aussi les frites!
Nous nous tournons vers sa table, car avec Titot il mange
à quelque dix mètres de nous. Il a un air tellement désolé
que nous ne pouvons nous empêcher de rire. Cependant, si
tout
le repas est au pétrole, qu'allons-nous
manger?
Panot appelle le sergent:
-- Tiens, envoie un gardien chez "Goundou" (c'est un
commerçant de la ville). On lui donnera un panier. Tu
vois, tout sent le pétrole.
-- Voulez-vous de l'argent? fais-je.
-- Merci! Vous savez, tout le monde me fait crédit à
Brazzaville.
C'est vrai. Et ce n'est pas ce qu'il y a de moins curieux
dans cette affaire: Le bandit Panot, le faussaire Panot,
celui que le procureur vouait au bagne, est tellement
estimé à Brazzaville même, où il est en prison pour vol,
que sa signature vaut chez n'importe quel commerçant, du
véritable argent comptant.
Tout le monde sait qu'il n'a pas le sou, mais ce n'est un
secret pour personne que dès qu'il sera sorti, et qu'il se
sera remis au travail, remboursera ce qu'il doit, sans en
rien omettre.
Panot un voleur? Tout le monde vous rirait au nez dans la
capitale de l'A.E.F... - sauf certains magistrats,
évidemment - si vous avanciez cette énormité.
Le gardien revient. Il a un air de chien battu [p.202].
-- Le régisseur m'a arrêté alors que j'allais entrer au
restaurant, gémit-il à l'adresse de Panot. Il m'a pris ton
papier.
Nous nous attendons au pire. Panot n'y coupera pas de 15
jours de cellule. Il n'en a pas fait tant, le jour assez
récent où on l'y a déjà envoyé!
Mais non, le boy arrive. Une large tranche de jambon
couvre une assiette, une omelette fume, du fromage suit.
Nous ouvrons les yeux...
-- Qu'a dit le régisseur?
-- Rien! Il est allé à la cuisine avec deux gardes, il a
fait mettre le cuisinier en cellule, pour 15 jours, et il
a préparé lui-même l'omelette qui voici. Il y a mis
dix-huit oeufs.
Jamais le gardien-chef ne nous a parlé de l'algarade
[bataille].
Omelette [27]
***
2.7. Assistance médicale indigène
Les accusés de la prison de Brazzaville
dans un étable pour les vaches - vol total
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: la
mafia chrétienne crie "prisonnier dangereux" - 100
personnes accusés dans une sale de 15x7m - sans travail
et sans promenade obligatoire - "serrés à étouffer" - le
"tonneau" - détentions sans raisons pour voler l'argent
de l'état - policiers françáis "chrétiens" violent les
filles noires]
Grange / écurie - c’est le style de la prison de
Brazzaville [28]
Tous les matins à cinq heures trente, je fais un peu
d'exercice dans la cour. Cela n'avait guère été aisé dans
les premiers jours: mes deux gardiens, baïonnette au
canon, s'essayant à en faire autant derrière moi. Ils
étaient ridicules, les pauvres [p.203] diables, leur fusil
dans la main droite et le fourreau de leur baïonnette dans
la main gauche. Mais, à ce moment-là, je goûtais assez peu
le ridicule de la situation.
Maintenant, le fait que je vais sortir de prison, joint à
l'amabilité de mes gardes qui ont appris à me connaître et
savent que je ne suis pas le "
prisonnier dangereux"
qu'on leur avait tout spécialement recommandé, me permet
de jouir d'un peu plus de liberté.
Et j'en profite pour aller retrouver, chaque matin, le
gardien-chef, qui, chicotte [fouet] au poing, surveille la
sortie des prisonniers noirs.
Je glisse parfois un coup d'oeil dans la salle où ceux-ci
sont enfermés. Notre logement n'est pas fameux, mais que
dire du leur?
Dans une grande pièce de
quinze mètres sur sept,
ils sont là-dedans entassés jusqu'à
cent.
C'est à peine si chaque homme peut disposer d'un mètre
carré du sol pour s'étendre et dormir. Il y a bien
quelques bat-flancs, mais la majorité des détenus
s'allonge à même la pierre, sur le ciment glacial et
humide de toutes les déjections qui le souillent.
[Le standard "chrétien": bloquer la construction et voler
l'argent pour la construction dans les poches du chef
"chrétien"].
Ce sont d'ailleurs les
prévenus [accusés]
qui sont les plus mal lotis, car on leur applique
strictement le règlement des prisons métropolitaines: Un
prévenu ne travaille pas.
Alors que les condamnés vont chaque jour faire un travail
de 10 heures dans les rues de la capitale, où ils ne font
guère que regarder passer les voitures, les prévenus, eux,
ne sortent jamais;
pas même pour la traditionnelle
promenade [p.204] d'une heure pourtant
ordonnée, elle aussi, par les règlements.
Heure par heure, nuit et jour,
serrés à étouffer,
ils passent leur vie à respirer les exhalaisons
méphitiques qui s'échappent du
tonneau de
près d'un mètre de large qui constitue, pour cette
centaine d'hommes, les seuls lieux d'aisance mis à leur
disposition.
[Le standard "chrétien": bloquer la construction et voler
l'argent pour la construction dans les poches du chef
"chrétien"].
Et ces prévenus noirs, parfois pour un délit fort mince,
croupissent ainsi de longs mois, sans voir un avocat, sans
même savoir pourquoi ils sont incarcérés! On les a, le
jour de leur arrestation, simplement fourrés en prison.
Leur a-t-on fait subir l'interrogatoire d'identité? Pas
toujours! Les allégations des policiers noirs, toujours
d'une autre race que celle des hommes arrêtés [p.e. du
Sénégal], suffisent a priori pour justifier une détention
préventive.
[Le standard "chrétien": les raisons de l’emprisonnement
sont INVENTÉES, de sorte que la prison a toujours du
travail et que l’argent pour les détenus va dans les
poches des directeurs de prison - et le policier reçoit
probablement une prime pour chaque personne arrêtée parce
qu’il a assuré la "sécurité" publique (!)].
A ce sujet, je tiens bien à préciser que la distance
séparant [la ville congolaise portuaire de] Pointe-Noire
de la Tripolitaine [Libye, Méditerranée] est à peu près la
même que celle qui sépare Paris de Moscou les races y sont
encore plus dissemblables, et les haines aussi vivaces,
pour ne pas dire plus. Aussi la domination de la France
est basée sur ce fait: On administre les races du Nord en
y envoyant des troupes recrutées au Sud et vice-versa.
De ce fait, les prisons sont toujours emplies. Combien de
pauvres diables sont ainsi incarcérés, qui ont refusé leur
fille où leur jeune femme à un policier excité, qui se
venge en arrêtant le mari.
Evidemment, on reconnaît leur innocence [p.205], deux ou
trois mois après. On les flanque dehors:
-- N'y revenez plus!
Ils n'y comprennent rien, mais, en arrivant chez eux,
trouvent leur femme enlevée où leur
fille violée.
Devant le policier qui fait l'avantageux, ils se taisent,
mâtés, ou, furieux, le poignardent. Et alors ils
retournent en prison.
Le standard "chrétien": boir de l'alcool - voler
et violer les filles et les femmes - et jamais
être coupable. Les "chrétiens" sont la MERDE sur
cette planète qui seulement "permettent" cela
dans ce cas. Les auteurs dans cette affaire sont
des Noirs d’autres pays qui ont été incités et
instruits par les criminels blancs "chrétiens" -
probablement ce sont des Noirs "convertis" -
"convertis" à l’alcool des "chrétiens".
|
***
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: les
accusés "chrétiens" blancs de l'Europe]
Si les prévenus [accusés] noirs se voient gratifiés d'un
logement et d'une nourriture innommables, les prévenus
européens ne sont guère mieux traités.
Prévenus, ils n'ont droit, comme me le disait Panot, ni au
travail, ni aux vêtements. Et alors qu'en A.E.F., le
climat est très débilitant, que les blancs doivent se
nourrir solidement, on ne donne pas de vin, pas même un
quart, aux prévenus. Mieux, leur permettre d'en acheter à
leur frais, quand ils ont de l'argent, est une faveur qui
leur est retirée à chaque instant.
Depuis un an qu'ils sont en prison préventive, Costa,
Titot, Panot et Baré ont usé jusqu'à la corde tous leurs
vêtements. Ils vont en loques, les pieds nus dans des
babouches trouées [chaussures pointues avec des trous],
chemises en lambeaux, casques usés sous le soleil qui ne
pardonne pas.
Titot, - je ne le défends pas, mais j'aime la justice -
travaille, lui, dix heures par jour au bureau de la
prison. Il fait tout, garde même la [p.206] clef du
coffre, reçoit l'argent, effectue les paiements. Il n'a
pas droit à la moindre rémunération.
Si Panot et Baré, qui sont connus pour de très honnêtes
gens, sont assurés à leur sortie de prison, de trouver du
travail, il n'en n'est pas de même de Titot, qui sera mis
en liberté conditionnelle au bout d'un an et demi, avec
défense de quitter le territoire de la colonie, mais sans
un sou de pécule, sans vêtements ni travail en
perspective.
Quelle alternative lui restera-t-il s'il veut manger?
J'ai publié ce fait il y a un an. Les journaux de la
colonie ont fait chorus. Je ne croyais pas que si vite
l'avenir nous donnerait raison.
Panot, Baré et Titot ont été remis en liberté. Les deux
premiers ont tout de suite trouvé une situation. Le
troisième a erré comme un chien, repoussé - probablement à
bon droit - de partout. Mais il faut manger! Un mois après
il était de retour en prison.
Dans deux ans il sortira. Cela pourrait durer longtemps.
C'est ce que l'on nomme la prison éducative; celle qui
doit amender. [p.207]
2.8. Encore des croquis [dessins]...
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: le
standard c'est 15 jours de détention dans un étable - 51
personnes sur 28m2 - le tonneau - torture totale]
On a vu comment sont logés les indigènes incarcérés à la
prison de Brazzaville. Ils ne sont guère mieux nourris.
L'administration n'a, en effet, rien prévu pour la
préparation des aliments. Il n'y a ni cuisine, ni foyers,
ni marmites.
Si paradoxal que cela puisse paraître, la cuisson des
aliments s'effectue, dans cette importante maison
centrale, à la manière des sauvages du fin fond de la
brousse: sur trois pierres posées, quand il ne pleut pas,
au milieu de la cour. Quand il pleut, elle ne se fait pas:
les indigènes mangent crus les aliments qui leur sont
remis.
[Donc, exactement à la saison froide, ils mangent crus, et
à la saison chaude, ils cuisinent - exactement FAUX].
Tous les jours, on peut voir, derrière les grands
bâtiments en pierre réservés aux noirs, les prisonniers
des "tinettes" installer leur barbare foyer.
Alors les femmes et les enfants condamnés, qui sont allés
dans la brousse chercher le bois nécessaire aux foyers,
arrivent encadrés par les miliciens fusil à la bretelle et
chicotte au poing.
Les brassées de combustible s'accumulent. Des [p.208]
demi-tonneaux de deux cents litres sont apportés là.
Pêle-mêle, on y jette de l'eau, de l'huile, du riz ou du
poisson souvent pourri (rappelons-nous l'affaire Costa),
du sel, et c'est fini; les feux s'éteignent.
Est-il possible que du
pétrole ait également été transporté dans de
tels barils? Puis toute nourriture pue le
pétrole - et les criminels "chrétiens" ne
prennent jamais au sérieux le climat tropical,
où même le poisson salé pourrit en 3 jours -
d’accord, ça c'est l’économie
"chrétienne" avec q.i. alcoolique ZERO.
|
Les tonneaux qui servent à la vidange des tinettes
brazzavilloises et ceux emplis de nourriture, sont
rigoureusement semblables. Leur service terminé, ils
voisinent côte à côte dans la cour.
Tous les matins, à six heures, on transporte ces
"marmites" devant la chambre des prisonniers. Chacun de
ces derniers reçoit un pain de manioc qu'il retire des
feuilles qui l'entourent, plonge la main dans le baquet,
ramène une partie du magma froid et gluant formé par le
riz, le poisson et l'huile, qu'il dépose dans les feuilles
tenues à plat sur sa main.
C'est là toute sa vaisselle; pas de gamelle, pas
d'assiettes ni de cuillers, rien! Et c'est toute sa
nourriture!
Nourriture dans les feuilles tropicales, p.ex.
tamales dans les feuilles de bananier [29]
Avant de sortir, le prisonnier mange une partie de cette
pitance, met le reste par terre ou sur un bat-flanc, à la
disposition des rats qui pullulent. A midi, le soir, il
mange ce qui reste. [PAS de réfrigérateur ou de
glacière dans le clima tropique - c’est du suicide].
Les feuilles qui ont fait office d'assiettes,
toutes trouées, emplies de graisse, vont servir maintenant
à un usage que la bienséance m'interdit de décrire ici
plus explicitement [
papier toilette].
Et elles joncheront le sol... [p.209]
Si la feuille de bananier est d’abord utilisée
pour manger puis pour nettoyer le cul et que la
prison pour prisonniers n’a pas de toilettes: ça
c’est précisamment la manière comme fonctionne
l’économie blanche-"chrétienne" avec la torture
permanente contre les Noirs dans une colonie,
dans ce cas la colonie française d’Afrique
orientale AEF de 1910 à 1958. Y a-t-il une
compensation pour cette criminalité "chrétienne"
contre les Noirs ? Les "chrétiens" ont-ils
encore le droit d’exister par rapport aux autres
cultures? Qui est la merde sur la planète
maintenant ? Ce sont les "Chrétiens" !
|
***
Il va être nuit, les "
quinze jours" se
mettent en rang. Ils viennent de prendre aux marmites les
pains de manioc auxquels ils ont droit chaque soir.
Les "
quinze jours" sont les noirs qui sont
condamnés à quinze jours de prison. Ils ne sont certes pas
plus intéressants que leurs congénères condamnés à
plusieurs mois, mais, et je reviens toujours à cette idée,
ce n'est pas coloniser que de martyriser.
Ces prisonniers sont actuellement au nombre de
cinquante
et un, qui restent enfermés de 17 heures à 6
heures dans une pièce dont la superficie ne dépasse pas
ving-huit
mètres carrés. Au milieu des hommes, serrés
l'un contre l'autre à s'étouffer et qui ne peuvent même
pas s'asseoir pour sommeiller, trône l'inévitable tonneau.
Non couvert lui aussi, il sert toute la nuit Les hommes
qui en ont besoin étayent leur équilibre chancelant sur
les épaules de leurs camarades massés tout autour.
L'un des gardiens m'a affirmé avoir compté
jusqu'à
soixante personnes. J'ai peine à le croire. En
tout cas, étant donné la hauteur de la chambre, le volume
d'air utile est d'environ cinquante mètres cubes. Il est
renouvelé par une lucarne de 50cm de côté.
Pendant treize heures, ces hommes respirent cet air
empesté.
Ils ne dorment pas, restent debout.
[Les "chrétiens" sont la merde sur ce planète].
2.9. Et encore les vérités suivantes (Si
non e vero!...)
2.9.1. Fièvre jaune, massacre, un lazaret
avec une clef
[Congo français et belge: la fièvre jaune vient de
l'Amérique à l'Afrique à Matadi (Congo belge)]
Carte avet les deux lignes de chemin de fer de
Pointe-Noire à Brazzaville et de Matadi a Léopoldville
[carte 03] - Avec les bateaux à vapeur "chrétiens" se
sont également propagés des maladies mortelles: Les
"chrétiens" ont détruit le paradis des Africains -
exemple Brazzaville 1920: Bateau à vapeur "Colonel
Klobb" [30]
Le médecin-capitaine G... chargé - quand ses multiples
occupations le lui permettent - du service de la prison
sort d'ici. Il est furieux.
On sait que périodiquement la
fièvre jaune
désole l'Afrique occidentale française [Sénégal etc.,
AOF]. Hormis les Américains qui l'ont fait disparaître de
Panama, nul n'a pu réussir, à ce jour, a réduire le fléau.
Jusqu'alors la fièvre jaune était inconnue au Congo,
malgré un climat présentant de nombreuses analogies avec
celui de l'A.O.F.
Fièvre jaune: yeux jaunes [31] |
Première
phase: Au début de la phase aiguë, chez le
patient peut apparaître:
-- Muscles douloureux, en particulier le dos
et les genoux
-- Une forte fièvre
-- Vertige
-- Mal de tête
-- Perte d’appétit
-- Nausée
-- Secouer ou secouer
-- Vomir
|
15 % des personnes concernées
passent à la deuxième phase:
-- Fièvre récurrente
-- Mal de ventre
-- Vomissements, parfois avec du sang
-- Fatigue, lenteur, léthargie
-- Jaunisse, qui donne une teinte jaune à la
peau et au blanc des yeux
-- Insuffisance rénale
-- Insuffisance hépatique
-- Saignement
-- Délire, convulsions et parfois coma
-- Arythmies ou battements cardiaques
irréguliers
-- Saignement du nez, de la bouche et des yeux
Entre 20 et 50% des patients qui développent des
symptômes de stade toxique meurent dans deux
semaines. [webx02]
|
Or, en 1929,
apportée par les paquebots
[bateau à vapeur], elle est apparue à [la ville portuaire
de]
Matadi [Congo belge], porte de l'océan,
où elle a fait de nombreux ravages.
Toujours à l'affût d'un système inédit à appliquer à
l'hygiène publique, les Belges, qui ne se contentent pas
de belles circulaires, n'hésitèrent point. Encerclant d'un
rideau de troupes,
Matadi [ville portuaire
du Congo belge] contaminé, jetant dans la ville les
derniers moyens que la science pouvait leur apporter, ils
firent appel à leur flotte aérienne.
Et, courrier comme passagers, se moquant désormais des
"stégomyas" qui ne pouvaient lutter de vitesse avec eux,
passèrent dans le ciel, à mille mètres d'altitude
au-dessus de la cité contaminée. [p.211]
Pas un centre belge autre que Matadi ne fut atteint. Sans
doute le nombre de morts fut-il important; mais leur
sacrifice, ainsi que les moyens employés, sauvèrent les
deux Congos, le français et le belge.
[Les "chrétiens" blancs occupaient le pays des Afros et
apportaient des maladies d'"Amérique" en Afrique avec
leurs bateaux à vapeur. Que disent les Afros déplacés à ce
sujet ? Ces "chrétiens" avec leur technologie
n’appartiennent pas à la planète !]
[Congo français et belge: la fièvre jaune à Brazzaville
- et à Bamako (Mali): meurent les médecins - à
Brazzaville on cherche un lazaret sans clef - ruines]
A
Brazzaville, un entrepreneur, y voyant
l'occasion d'un profit, obtint de construire un
lazaret
en dehors de la ville. Celui-là coûta fort cher et, sans
avoir servi, fut abandonné.
Il y a quelques mois que l'épidémie de fièvre jaune vient
de recommencer ses ravages du côté de
Bamako
[capitale de Mali - Afrique de l'Ouest]. En moins d'un
mois, plus de quarante Européens, y compris
tous
les médecins et fonctionnaires courageusement restés à
leur poste, sont morts dans cette seule ville.
Averti par l'expérience, le Congo belge prend ses
précautions. A Brazzaville nul ne s'émeut, sauf le D' G...
qui voudrait bien, en cas d'épidémie soudaine, savoir où
se trouve le fameux lazaret.
Il s'enquiert. A la direction du service de santé, le
médecin-colonel lui répond par un vague:
-- Un dispensaire? C'est curieux... Bah, voyez donc à la
mairie.
Chez l'administrateur-maire, on était mieux informé
quiqu'on ne sût trop quelle place pouvait occuper le
lazaret.
-- Oui, vous trouverez "ça" par là-bas, du côté de la
mission.
Et un geste vague complétait l'indication.
-- Mais la
clef? [p.212]
On cherche une vieille clé [32]
-- la clef? Eh bien... nous ne l'avons pas. Voyez au
gouvernement.
Au gouvernement.
-- Oh là! là! ce que vous en faites des "épates" avec
votre fièvre jaune. Quand elle sera là, si toutefois elle
vient, nous serons loin, puisque nous sommes "fin de
terme" (rapatriables). Vous y tenez vraiment à votre clef?
Bon, nous vous la donnerons quand nous l'aurons
découverte.
Deux jours passèrent ainsi en marches, contre-marches,
demandes reçues avec ironie ou haussements d'épaules.
Enfin le D' G... eut sa clef, une vraie clef de prison,
énorme, avec, brinquebalant au bout d'une chaîne, une
vaste étiquette en zinc gravé.
Un coup d'accélérateur, et voilà le praticien devant le
lazaret. Il est six heures, la nuit tombe, il fait sombre
[le jour tropical sous l'écateur est toujours de 6 à 6
heures]. G... descend de sa voiture; il cherche la porte.
Ah ouiche, la porte! On en voyait les débris par terre,
pourris, rongés par les termites. E le bâtiment qui,
quatre ans auparavant avait coûté quelques centaines de
mille francs, mais n'avait jamais servi, le bâtiment
tombait en
ruines.
Il y a beaucoup de ruines en Afrique - exemple:
Loropéni (Burkina-Faso) [33]
Une fois de plus le service médical de la prison vient
d'être supprimé. Motif: le gouverneur général rentre en
France. [p.213]
***
2.9.2. Le chantier Congo-Océan et un
inspecteur opéré à Brazzaville
[Le chemin de fer Congo-Océan à Brazzaville: inspecteur
tombe par platelage - coccyx brisé - Congo belge doit
aider au Congo français - après la guérison ne reste pas
un seul médecin à Brazzaville - prison sans médecin]
On sait que les
ouvrages du chemin de fer
Congo-Océan ne sont pas des plus solides.
Dernièrement, le gouverneur général qui était en
inspection avait vu le
platelage [couche
supérieure] d'un viaduc en construction s'effondrer
[rompre] sous ses pas.
Et le haut fonctionnaire était tombé de dix-huit mètres,
heureusement arrêté dans sa chute par un chevron [poutre]
qui dépassait de l'ouvrage.
La pièce de bois salvatrice avait pénétré dans le pantalon
qui avait tenu bon. Mais le
coccyx du
gouverneur avait été brisé.
Vite, un avion belge de la "Sabéna" avait été demandé à
Léopoldville, car les moyens de locomotion [réseau de
trafic] manquaient au Congo français. Et un crédit de deux
cent mille francs avait été immédiatement affecté au
service de l'hôpital de Brazzaville.
L’hôpital de Brazzaville 1900-1930 - mais seulement
pour les Blancs! [34]
Tout le matériel opératoire faisant défaut en A.E.F. était
venu de la colonie voisine [Congo belge].
Grâce à des soins dévoués [avec passion], le gouverneur
général fut sauvé. Il rentrait en France.
Mal remis cependant; il appréhendait [avait peur] de se
trouver sans aide efficace sur le chemin de fer qui venait
de lui être si funeste [avec accident].
Un seul chirurgien convenable existait à
Brazzaville. Il reçut l'ordre de partir en
avant, muni de tout les instruments chirurgicaux de la
capitale de l'A.E.F.
Et l'on enleva le médecin de la prison, qui fut
"bombardé", pour la circonstance, chirurgien de l'hôpital
général.
[Donc, pour l’opération de l’inspecteur blanc "chrétien",
tout le personnel médical a été rassemblé]. Mais la
prison
resta sans médecin. [p.214]
2b.
Brazzaville: conditions, alcool "chrétien" et les
chinois etc.
2.10. Retour
2.10.1. Brazzaville
2.10.1.1. La France "crétienne" raciste laisse souffrir
Brazzaville: pas de canalisation - lumière vient - pas
de médecine ni des médecins
[Congo français et Brazzaville dans les années 1920es:
15 à 2km - système de tinettes sans canalisation - la
lumière est installée - électricité seulement pour les
riches]
Sans égouts, les toilettes sont un seau de bois [35]
- Sans éclairage public, il faut marcher avec des
lampes à huile [36]
C'est vraiment une grande ville que la capitale de
l'A.E.F., non pas certes par le chiffre de sa population,
qui ne dépasse guère mille habitants dont les
fronctionnaires composent plus de la moitié, mais bien par
son étendue:
quinze kilomètres de long sur près de
deux de large. Le gouverneur général l'a
voulue ainsi.
-- Elle devra contenir deux cent mille âmes. Et à bout de
vue, dispersées à travers la brousse, les maisons se
cherchent.
Pour aller de la gare au palais du gouverneur général, il
y a cinq kilomètres. Entre eux, rien ou presque: une
longue avenue boueuse avec la poste, la prison et la fosse
d'aisance municipale.
-- Cette fosse d'aisance, me disait le receveur des
postes, est une invention de notre gouverneur général.
Comme vous le savez, Brazzaville n'est qu'un grand village
fort mal équipé. L'eau manque, l'électricité fait défaut
ainsi que le tout à l'égout. On n'a même pas - je me suis
toujours demandé pourquoi - installé des fosses septiques,
comme en France dans les petites villes de province. Bref,
nous sommes toujours au régime des
tinettes
[tonneaux]. Chaque nuit, les pensionnaires de [p.215] la
maison d'arrêt, ceux qui par leur conduite ont mérité un
régime de faveur, prennent des tonneaux et, deux par deux,
font la tournée des W.C. de la ville. Dire qu'ils portent
à sa destination la totalité de la charge qui leur est
confiée serait exagéré, la plupart des tonneaux ayant un
fond plus ou moins percé. Tous les matins, la population
européenne se rendant au travail peut s'en rendre compte
sans aucune difficulté.
Il pouvait être onze heures du soir. En compagnie d'un
ami, je déambulais à travers la ville, en direction du
village de "Potopoto", une des agglomérations indigènes de
la capitale de l'A.E.F.
Nous avions quitté le plateau, passé devant le palais du
gouverneur général, tout étincelant [illuminant] de globes
électriques [lumières], franchi la rue brillamment
éclairée aux abords de l'hôtel de ce haut fonctionnaire.
Tout après, ce fut, brusque, la nuit, la nuit rendue plus
épaisse encore par l'éclat des lumières dont nous venions
d'être éblouis.
Nos yeux finirent par s'habituer à l'obscurité et nous
pûmes apercevoir, à quelque cinq cents mètres de nous, un
vague point lumineux se balançant en l'air.
-- Quel quartier de la lune, fit mon ami?
Je le regardai, abasourdi.
-- Que diable cela peut-il vous faire, répliquai-je. A
peine le début du premier quartier. Pourquoi?
-- Dans cinq jours,
la lampe sera éteinte,
fit-il. [p.216]
Et comme, de plus en plus ahuri [étonné], je le regardais
sans comprendre, il daigna m'expliquer:
-- Ces lampes tempête qui sont alimentées au pétrole,
forment, à raison d'une tous les cinq cents mètres,
l'éclairage municipal. Comme il n'est pas de petites
économies, on les éteint les jours de lune. Voilà pourquoi
je vous demandais à quel quartier nous nous trouvions.
-- Mais enfin, l'électricité...
--
L'électricité, mon cher, c'est comme
l'eau potable portée à domicile. Elle est réservée aux
hauts fonctionnaires, à l'hôtel des postes, au chemin de
fer, jusqu'à dix heures du soir. L'essence coûte cher...
[Congo français et Brazzaville dans les années 1920es:
rien de service médical pour les noirs - maladies sans
fin: lèpre, syphilis, pian - aussi dans le forêt sauvage
- les noirs restent sans rien]
Lèpre: doigts manquants [37] - Syphilis: nez
manquant [38] - Pian: éruption bulbeuse [39]
Nous étions au village. Des lampes - celles-ci non
municipales - éclairaient violemment le sol. Des filles
nous assaillaient, impudiques, violant, en des gestes
hardis, l'intimité de nos vêtements.
Nous nous dégageâmes à grands coups de poing. Un peu
essoufflé, mon ami murmura:
-- Ben vrai! C'est ça le village nègre de Brazzaville!
La lumière joue avec la nuit qui plaque dans les coins
d'étouffantes noirceurs. Des supplications, des appels à
la charité, à la fois émouvants et choquants, nous
heurtent au visage. Nous distinguons parfois des hommes,
des femmes et des enfants qui tendent vers nous leurs
membres mutilés par la
lèpre, et leur
visage que la
syphilis et les suppurantes
pustules du
pian [éruption comme
framboises] rongent à loisir.
C'est l'A.E.F. qui, de toute l'Afrique, offre le [p.217]
spectacle
des plus atroces maladies. J'ai vu jadis
[avant], au Maroc, de bien belles pourritures [ulcères sur
la peau] - que l'administration française a eu tôt fait de
faire disparaître d'ailleurs - mais jamais elles n'ont
atteint l'horreur de celles présentées au Congo. Et à
Brazzaville, capitale de la colonie, on n'en voit guère
moins qu'en brousse.
[voir aussi le travail du médecin chirurgien Albert
Schweitzer avec ses opérations au Gabon -
lien
(anglais)]
Souvent, couverts de loques [vieux vêtements] (car, dans
les villes, même les mendiants sont habillés) les miséreux
supplient [demandent] le blanc qui passe.
Les mains fièvreuses, piquetées d'ulcères sanguinolents,
les yeux sans regards sous les paupières rouges, le large
trou qu'au milieu de la face a creusé la maladie, forcent
l'attention quand, sortant de leur coin, ils entrent dans
un rayon de lumière.
De ci, de là, des tas informes jonchent [se distribuent]
le ruisseau: des ivrognes [buveurs]! Parfois, en de ces
chiens indigènes, aux côtes saillantes, efflanqués, au
pelage lépreux, qui retournent avec délices les nombreux
immondices parsemant les rues, lève la patte.
Le dormeur ne remue pas. Le chien, que le rictus de ses
lèvres retroussées fait rire, récidive. L'homme se
retourne, simplement.
***
2.10.1.2. Brazzaville
se perd avec l'alcool "chrétien"
[Congo français et Brazzaville dans les années 1920es:
police française, alcool, ivres, enfants, mendiants, rue
bosselée, se battent, buveurs, musique orchestre contre
tam-tam - les bancs de repos]
Bière du Congo "Ngok" [40] - Tonneau de whisky [41]:
Les États coloniaux criminels "chrétiens" répandent
leur alcool dans le monde entier pour détruire les
peuples indigènes - lien
(allemand)
Dans le village [de Brazzaville],
les policiers
veillent [contrôlent]! Deux par deux, coiffés
de la rouge chéchia (robe rouge traditionnel musulmans
[web01]), baïonnette au côté, les jambes entourées de
molletières, mais les pieds nus, ils arpentent [cherchent
des choses] la rue. Placides [calmes], ils ne voient rien,
n'entendent rien. [p.218]
Autour d'eux, cependant, des
filles saoûles
[ivres] se battent entre elles, des enfants
piaillent
[bavardent], des
mendiants psalmodient leur
éternelle supplique.
De temps à autre, trouant la nuit de ses phares
aveuglants, sautant sur les
bosses, tombant
dans les trous, une auto bondit [saute] à cinquante à
l'heure.
Brandies à bout de mains, des torches, vomissant plus de
fumée que de feu, approchent. On fait cercle. Des hommes
se
battent au poignard, silencieux, dents
serrées, poings crispés. Les larges coutelas brillent.
Les policiers continuent leur chemin. Au premier détour
ils disparaissent.
Les heures passent, la
bacchanale [groupe
des buveurs] croît. Tout près de moi, un
orchestre
s'efforce à rythmes une Marseillaise syncompée; plus loin
des tambours roulent, sourds; des clairons sonnent. Mais
le ronflement du
tam-tam couvre tout, ainsi
que des cris frénétiques.
Tam-Tam [24]
Une porte basse nous aspire. Autour d'une pièce de six
mètres de côté, aux murs en terre séchée, s'allongent des
bancs visqueux et bruns. Au centre, une
grande natte montre sa corde et laisse apercevoir par de
larges trous, la terre noire et fine. Domicile d'élection
des "chiques" que cette terre! Aussi voit-on sans cesse,
couteau au poing, les noirs fourrager [chercher] sous
leurs ongles des pieds en quête de ces indésirables
bestioles [animaux].
2.10.1.3.
Brazzaville avec des ouvriers chinois et
prostitution
[Congo français et Brazzaville dans les années 1920es:
les chinois - travailleurs de la Chine sont victimes des
putes noires - danse noire -
musique+alcool=prostitution]
Les Chinois en Chine célèbrent le Nouvel An [42]
Affalés [calmes] ou gesticulants, des hommes de
pigmentation diverse:
Chinois blafards aux
longs yeux bridés, au regard vif et pétillant [de force],
noirs du plus beau teint, mulâtres clairs, foncés, presque
blancs, couvrent les bancs. [p.219]
Ils vocifèrent. C'est à peine si l'on peut les apercevoir
au milieu de l'atmosphère compacte que crée la fumée des
cigarettes, jointe à celle plus dense des lampes dont la
mèche grésille.
Dans un coin sombre, deux prostituées noires,
silencieuses, s'affairent, qui encadrent un homme jaune à
la puissante stature.
Toute la presse locale s'est, en 1932, élevée contre les
pratiques d'entôlage dont sont sans cesse victimes les
travailleurs amenés à grands frais de la
Chine.
Les Chinois arrivent un beau jour au pays
noir. Ils n'ont pas de femmes avec eux, ne connaissent pas
la langue du pays. Ils sont, de plus, fort bien payés,
toutes raisons pour qu'ils soient continuellement
dépouillés, grâce à la complicité de la police indigène
locale.
Aussi, chaque fin de semaine, quand ils ont touché leur
solde et qu'ils s'avisent d'entrer dans les villages noirs
entourant Brazzaville, ce n'est qu'un cri courant en
traînée de poudre le long des rues: "les Kinois".
Tout le monde de s'apprêter: les débitants clandestins
dont les alcools frelatés assomment, les femmes aux mains
expertes qui, après un simulacre d'amour fouillent les
poches, les enfants grapillant qui une casquette, qui un
pantalon, qui un pagne. C'est, organisé, quasi réglementé,
le plus grand entôlage qu l'on ait jamais connu.
Si l'un des
Chinois, moins ivre que les
autres, s'avise de protester lorsque après une
conversation [p.220] de quelques minutes, dans un coin
éloigné, avec une hétaïre [prostituée], il sent les mains
de sa compagne explorer délicatement ses chausses
[culotte], il est frappé par une nuée de mégères [femme
avec énergie] accourues on ne sait d'où. De plus, les
policiers noirs, comme mystérieusement prévenus,
apparaissent.
Bafouillant [parlant un peu], ne comprenant rien, le
pauvre "jaune", sous les coups de chicotte [fouet], gagne
le plus prochain poste de police. Il y méditera, mais un
peu tard, sur le danger que peuvent présenter les liaisons
trop rapides et il sera le lendemain trop heureux
d'abandonner toute idée de réclamation pour être sûr d'une
liberté qu'on lui fait regarder comme une faveur insigne.
On nous fait place! Des chaises sont avancées. Sur une
table encombrant un coin, divers alcools, que l'on boit
dans des verres sales, gluants, nous sont apportés.
Nous refusons du geste. Nous sommes venus pour regarder.
Près de nous, sous les doigts agiles de l'exécutant, un
minuscule tam-tam gronde éperdûment. Au centre,
une
négresse danse, ses longs seins flasques
tressautant à chaque geste.
Brazzaville: danse avec 2 Tam-Tams [43]
Cest une vieille! Ainsi le veut la tradition, qui exige de
toute danseuse la connaissance des mille pas d'une
chorégraphie minutieusement réglée.
Elle se trémousse sans arrêt, se déhanchant, les coudes
rejetés en arrière, tâte haute, menton levé.
On dirait qu'elle court sur place. Brusquement, au rythme
plus langoureux du tam-tam, elle interrompt sa course
frénétique. Ses yeux [p.221] prennent une lueur
caressante. Son ventre se gonfle, roule et houle sans
arrêt, le nombril proéminent semblant immobile au milieu
de ce tournoiement hystérique. Le mouvement s'accélère de
plus en plus jusqu'à ce que, mousse aux lèvres, la femme
vienne s'abattre devant un spectateur. On la relève et on
la pousse dans un coin. A une autre.
Décidément, augmentée encore par la sueur des danseurs,
par la crasse des spectateurs qui ont chaud et qui
exhalent puissamment leur odeur "sui généris" [unique], la
puanteur devient intolérable. L'air est quasi solide.
Sortons.
Dehors tout est d'une admirable limpidité. Au ciel
brillent les étoiles avec, basse sur l'horizon, cette
Croix du Sud si vantée par les poètes; et sur nos têtes
ondule le large serpent de la Voie Lactée faite de ses
myriades d'astres inconnus.
Les bruits ont cessé. Il est tard. Il fait froid. Les
mains dans les poches, nous respirons à pleins poumons cet
air qui nous semble si léger en comparaison de celui des
bouges.
De temps à autre, dans l'obscurité dense qui précède
l'aube, nous buttons sur un ivrogne qui se retourne et
grogne.
-- La vente de l'alcool est sévèrement réprimée, fait
ironiquement mon ami en poussant du pied un policier
indigène qui, affalé au plein d'un ruisseau, tient dans sa
main crispée une bouteille de whisky vide.
-- Oui, répondis-je avec un sourire. Les circulaires ont
bon dos, et ça fait si bien en France! En attendant,
l'alcool, de concert avec [p.222] l'esclavage, achève ce
que
la prostitution a commencé.
***
2c. Voyage de Brazzaville à Bangui sur le
fleuve Oubangui
2.10.2. Brazzaville, porte du Tchad
2.10.2.1. Un voyage en
bateau sur le fleuve Oubangui
[Voyage en bateau: Les bateaux avec trop de tirant
d'eau - 5 mois par an - le fleuve Oubangui: 42km de
large - le bateau "Fondère" - but: Bangui de la
république de l'Afrique centrale - bateau "Lamy" - les
cabines pour les capitalistes et l'on a trop peu]
Carte de l’Afrique centrale avec la route
Brazzaville-Bangui [karte 06]
La Fondère a sifflé!
Neuf, conçu d'une façon toute moderne, ce superbe
navire
[bateau] peut prendre dans ses vastes aménagements une
quarantaine de passagers européens. Son pont supérieur
favorise d'agréables promenades, tandis que sur le pont
inférieur logent près de cinq cents passagers indigènes.
Dans les deux barges [bateaux plats], qui ne le quittent
pas, cinq cents tonnes de produits pourraient aisément
entrer, si la politique actuellement suivie au Congo
[français] n'avait malheureusement vidé le pays de la
plupart de ses occupants.
Cependant, si ces bateaux - car le Fondère a un frère un
peu moins beau, le William-Guynet - ont été construits
avec le souci évident d'offrir du bien-être aux passagers,
ils ne répondent nullement au trafic pour lequel ils ont
été créés.
Ils ont
trop de tirant d'eau! Et [le
fleuve] l'Oubangui, qui, entre la saison sèche et la
saison des pluies, présente au-dessus de l'étiage des
différences atteignant parfois neuf et dix mètres, ne leur
permet de
circuler que pendant cinq mois par an.
Ce qui est peu!
Le fleuve Oubangui [44] - Les
bateaux à vapeur "chrétiens" étaient un pilier du
pouvoir colonial pour l'esclavage + le meurtre de
masse - et les "chrétiens" ont installé un réseau
de villes avec des bastions militaires, tous pour
le pouvoir, pour l’esclavage et le meurtre de
masse - exemple Brazzaville 1920: bateau à vapeur
"Colonel Klobb" [30]
Fluss Oubangui / Ubangi [44] - Die "christlichen"
Dampfschiffe waren ein Pfeiler der kolonialen Macht
für Verskavung+Massenmord - und die "Christen"
installierten ein Netz von Städten mit militärischen
Bastionen, alles nur für Macht, Versklavung und
Massenmord - Beispiel Brazzaville 1920: Dampfschiff
"Colonel Klobb" [30]
Donc, le [bateau]
Fondère a siflé! [p.223]
Partir est une chose merveilleuse. Bientôt, devant les
yeux ravis des voyageurs, le "pool", qui s'élargit
brusquement, accapare toute l'attention.
Soudain un étroit passage s'ouvre entre deux montagnes. Le
courant se fait âpre, les aubes des roues battent
furieusement l'eau. C'est le "chenal", puis le "pool" de
Bolobo, superbe station belge située sur la rive gauche du
fleuve, et enfin l'embouchure de l'Oubangui, laquelle
située à huit cents kilomètres de la mer, n'a pas moins de
quarante-deux kilomètres de large.
C'est le soir. Le soleil disparaît derrière les terres,
là-bas, bien loin vers la gauche. Les centaines d'îles
allongées qui, proues relevées vers l'amont, semblent des
navires refoulant l'eau rougeâtre, se laissent dépasser.
Les singes exécutent, sur les branches flexibles des
arbres, leur dernière culbute du jour. La lumière
s'opalise, au loin le ciel rejoint le fleuve, tandis que
sur la rive s'allument des lueurs de plus en plus
précises.
[Le changement du bateau]:
Un infect raffiot, le [bateau]
Lamy, semble
dormir auprès d'un village où, saluant la terre d'un
majestueux coup de sirène,
le Fondère accoste.
-- Tout le monde descend! crie le capitaine.
-- Comment!
Et les nouveaux, d'un air ahuri [étonné], de regardes
cette terre promise où se promènent quelque gamins
scrofuleux, tandis que des femmes, nues, vaquent à leurs
occupations journalières.
-- Ce n'est pas Bangui?
-- Mais non, fait un loustic, ce n'est que Bou... Bangui,
mais nous changeons de bateau. [p.224]
A la coupée [escalier de bateau] du [bateau]
Lamy
se trouve le capitaine. Il examine les titres de voyage
des passagers.
-- Les passagers payants à droite, crie-t-il.
D'un seul bloc, colons et commerçants, qui ont payé deux
mille cinq cents francs [2500] pour voyager en cabine,
s'écartent.
Ils attendent!
-- Messieurs les fonctionnaires, par ici, dit encore le
capitaine.
Les fonctionnaires avancent. D'un air important, l'un
d'eux tend son billet.
-- Passez, monsieur l'inspecteur, fait d'une voix
déférente [avec respect], en s'inclinant très bas, le
capitaine, qui lit attentivement les autres pièces qui lui
sont présentées.
-- Il y a sept cabines, donc quatorze places,
marmotte-t-il entre haut et bas... Un inspecteur,deux
administrateurs en chef, un capitaine, deux lieutenants,
huit administrateurs de première et seconde classe, ça
fait le compte.
-- Boy, conduit ces passagers à leur cabine.
-- Pardon, proteste avec énergie un jeune homme qui
s'avance, suivi de sa femme. Je suis touriste, j'ai payé à
Paris le prix de mon voyage. J'ai mon ticket de cabine.
J'exige...
-- Vous exigez quoi? fait narquoisement le capitaine. J'ai
des ordres. Les fonctionnaires ont la priorité.
Il
n'y a pas assez de cabines.
Et il écarte brusquement le couple.
-- Et moi, gémit au milieu d'un groupe resté à terre la
femme d'un adjoint des services civils qui rejoint son
mari à Zémio, où vais-je coucher avec mes deux enfants?
[p.225]
-- Sur le pont, madame... à moins que deux de ces
messieurs ne veuillent bien vous céder leurs places.
***
[Voyage en bateau: la ville de Dongou - vient un bateau
encore plus petit - la ville de Mongoumba - un car de 12
places - le reste dans une "case" pour la nuit - perdre
3 jours]
A
Dongou, trois jours après, le Lamy
stoppe.
Carte Brazzaville-Dongou-Mongoumba-Zinga-Bangui [karte
07]
-- Nous n'allons pas plus loin, déclare le capitaine. Il
n'y a plus d'eau.
Le Klobb [?] attend. La scène de Boubangui se répète avec
cette différence que le bateau n'a que quatre couchettes
en deux cabines et que seuls les hauts fonctionnaires et
officiers peuvent être logés. Le reste, hommes, femmes et
enfants dormiront empilés sur le pont. Le matin à l'aube,
les hommes iront à l'avant du bateau, tandis que les
femmes, demi-nues, feront leur toilette. Et les femmes
prendront la place des hommes. Après quoi, en commun, on
fera la dînette.
Enfin,
Mongoumba [ville frontière de la
Republique Centralafricaine]!
Mongoumba, le bâtiment du bureau de poste avec des
colons racistes blancs devant, 1930ca. [45]
Les passagers, harrassés, n'ont plus figure humaine. Ils
sont sales, les traits tirés. On descend. Un
car
est là.
-- Il n'y a de la place que pour douze personnes, déclare
le conducteur.
Par ordre hiérarchique encore: les douze fonctionnaires au
rang le plus élevé embarquent. Un coup de clakson. Dans
moins de trois heures ils seront à Bangui.
Les autres, les fonctionnaires s'entend, se partagent
entre eux, la seule
case de passagers que
la munificence [générosité] de l'administration met à leur
disposition. Elle a trois pièces. Dix-huit personnes
[p.226] s'y installent. Quant aux commerçants, aux
touristes et aux colons, nul ne s'en occupe. Il y a là des
cases indigènes...
Grande cabane / case en Afrique
centrale [46] - Minibus en Afrique dans les années
1930 [47]
Le lendemain, en deux voyages, le
car
emmène les fonctionnaires, les touristes et quelques
commerçants, les plus importants. Puis il revient le jour
suivant pour les colons, qui auront de ce fait
perdu
trois jours.
Mais les colons ne sont-ils pas habitués à camper?
***
[Un seuil du fleuve Oubangui - les basses eaux - les
cases]
On travaille aux rapides de "Zinga", un des seuils de la
rivière
Oubangui, qui atteint déjà, à seize
cents kilomètres [1600] de la mer, quelque quatre
kilomètres de large.
Carte: Rapides de Zinga [karte 08]
Tous les ans, à l'époque des
basses eaux,
on voit apparaître un capitaine de bateau fluvial, qui est
chargé de rendre la passe accessible aux navires. Comme
beaucoup d'employés du gouvernement, cet officier marinier
est engagé par contrat. La première année il s'est occupé
lui-même, à Bordeaux, de ses explosifs.
Pour être assuré de ne pas voir ses détonateurs égarés en
cours de route, l les a mis dans une caissette, qu'il a
déposée dans sa propre cabine. Arrivé à [la ville de]
Pointe-Noire, alors qu'il s'apprêtait, comme tous les
voyageurs, à continuer vers Matadi, on lui fit justement
remarquer que le gouvernement belge verrait d'un mauvais
oeil [p.227] entrer sur son territoire une pareille
quantité de dynamite, et qu'il valait mieux la débarquer à
Pointe-Noire.
-- Vous la retrouverez en arrivant à Brazzaville, lui
indiqua-t-on.
Quand il eut accompli son périple de quelque mille
kilomètres, qu'il fut arrivé à Brazzaville et qu'il y eût
attendu près d'un mois, pour satisfaire à toutes les
formalités tracassières de l'A.E.F., il ne vit pas pour
cela arriver ses colis.
-- Nous sommes avertis de leur départ, lui affirma
l'administration. Partez sans crainte. Ils suivront par le
plus prochain bateau. Ce léger retard vous permettra
d'engager, en le choisissant mieux que vous ne l'auriez pu
faire autrement, tout le personnel qui vous sera
nécessaire.
L'officier partit, engagea trois cents noirs, les paya de
ses propres deniers, fit commencer des cases et attendit.
Un an après il n'avait pas encore revu son chargement...
[p.228] [...]
Il revint ainsi pendant trois, quatre,
cinq ans de suite. Le "seuil de Zinga" resta tout aussi
[p.229] inabordable, non point par l'incompétence du
fonctionnaire, mais par la médiocrité des moyens mis à
sa disposition. Les bateaux ne passèrent pas plus
qu'auparavant. Ils ne passeront jamais, car on vient
d'abandonner les travaux pour établir, sur cinq
kilomètres seulement, une route contournant les rapides.
C'est peut-être par là que l'on aurait dû commencer.
[p.229]
Zinga
https://fr.wikipedia.org/wiki/Zinga
Zinga est une localité du sud-ouest de
la République
centrafricaine, située dans la commune
de Mongoumba.
Située sur la rive droite de l’Oubangui, en amont de
l’embouchure de la Lobaye,
le port permet d’accoster aux embarcations qui
ne peuvent franchir le seuil de Zinga.
Les vestiges du train et des installations qui
permettait au début de XXe siècle,
aux marchandises de franchir les rapides en
période d’étiage sont sur la liste indicative en
vue d’une inscription au patrimoine mondial de
l’Unesco1.
Au poste transit de Zinga, vers 1900.
Les cabanes du poste de transit de Zinga,
vers 1900 [48]
|
2d. Le chemin de fer
"Congo-Océan": scandales et massacres
Livre de
Marcel Homet: Congo français: Terre de
souffrance (Congo. Terre de souffrance) Paris
1934 [1] - Marcel Homet, portrait [2] -
Ligne de chemin de fer Congo-Océan, train de
construction des années 1930 env. [4] - Chemin
de fer Congo-Océan, le tunel Bamba [partie 2 -
30]
Carte du chemin de fer
Pointe-Noire-Brazzaville avec toutes les
stations, avec M'Vouti [karte 12]
En ce qui concerne la ligne de chemin de fer de
Pointe-Noire à Brazzaville, nous avons déjà eu le cas
suivant du chapitre 2a :
2.4.1.
L'affaire Panot-Baré-Titot
Des vols "chrétiens" du chantier "Congo-Océan": vol
comptable - vol par encaisser 40.000 francs par mois
pour des ouvriers qui ont pris la fuite - et un vol
de 40.000 à 80.000 francs
[Congo français - prison de Brazzaville: le
gouvernement "chrétien" célèbre le terrorisme contre
la vérité avec des clefs]
Au loin chante le coq! Une lueur diffuse emplit ma
chambre. J'ouvre les yeux. Dans la cour on s'agite;
des crosses résonnent; des commandement - en un
français petit nègre qu'en d'autres temps je
trouverais cocasse - retentissent.
Maintenant, le plein jour emplit la pièce. A droite, à
gauche, des verrous claquent, des clefs grincent.
Devant chez moi, rien! Si, un sergent indigène arrive,
deux gardes le suivent. Le gradé commande: "Bayette...
anon!" L'acier froisse l'acier, l'éclair bleuâtre des
armes jaillit. Je regarde par les persiennes. Les deux
gardes, arme au poing, sont immobiles devant ma porte.
Je me précipite à la fenêtre; deux autres soldats sont
là.
Le café passe devant moi. J'entends les exclamations
de plaisir des voisins qui le hument. Ma porte reste
toujours fermée, les gardes ne bougent pas. Je me
recouche. J'attends. [Comportement addictif de café
"chrétien"].
Café nocif [8]
Cependant des clefs se font entendre. Leur bruit se
rapproche. Les verrous reclaquent, la porte s'ouvre et
je trouve devant moi les visages [p.171] ahuris de
ceux qui vont devenir, pendant près de deux mois, mes
compagnons de malheur.
-- Comment vit-on ici? Et je lampe une gorgée de café.
Panot, le prisonnier auquel je m'adresse, me regarde
avec un bon sourire:
-- Comment on vit? Mais, pas trop mal, n'étaient l'eau
polluée, la mauvaise nourriture, l'air malsain, les
mouches, les moustiques, et, de temps à autre, la
cellule. En outre... Et il me montrait les loques
innommables couvrant son corps: oui, continua-t-il, en
réponse à mon regard interrogateur; comme nous ne
sommes qu'en prévention, nous n'avons pas droit aux
vêtements de prisonniers. Non plus qu'au travail
d'ailleurs. Donc, pas d'argent, pas de vêtements,
bientôt nous irons tout nus.
Le principe criminel
"chrétien": traiter les personnes en
détention provisoire plus mal que les
condamnés
Cette injustice de traiter les personnes en
détention provisoire pire que les criminels
condamnés n’a pas été corrigée dans le
système carcéral "chrétien" à ce jour.
L’administration pénitentiaire "chrétienne"
ne se soucie tout simplement pas de cette
torture en détention provisoire. De
nombreuses personnes innocentes sont en
détention et pourraient faire quelque chose
de positif - non, ces forces sont perdues.
La justice n’a pas d’importance pour les
patrons "chrétiens" criminels. C’est même
amusant pour certaines administrations
pénitentiaires de garder des personnes en
garde à vue le plus longtemps possible,
quand on observe que la transmission de
documents sur 60km prend une semaine, etc.
J’ai pu en faire l’expérience en direct
pendant une semaine dans la prison
criminelle de Lörrach en 2008, comment les
choses s’y font et comment le contribuable
et volé par des manœuvres superflues. La
prison doit toujours être pleine pour que le
travail des gardiens ne soit pas mis en
danger. Et ils se sont appelés "chrétiens" -
Lien
(allemand)
|
-- En somme ce n'est pas fameux?
-- Non, pas très, répond derrière moi une voix
faubourienne.
-- Tiens! Tiens! Un Parigot par ici. C'est au moins
vous, Baré? Je vous ai sérieusement défendu dans mon
journal.
-- Nous vous remercions, mais, que voulez-vous, rien à
faire.
Je me rappelais cette lamentable affaire, celle de
Panot-Baré, deux pauvres diables honnêtes, et de
Titot, de réputation douteuse.
[Congo français - chantier "chrétien" du chemin de
fer "Congo-Océan": vol comptable de 9000 francs,
taxes]
Ligne de chemin de fer criminelle au Congo
français de Pointe-Noire à Brazzaville, chantier
dans les montagnes du Mayombe au tunnel du Kil [9]
Ils étaient tous les trois employés au chemin de
fer "Congo-Océan". Coup sur coup, divers scandales
venaient d'éclater:
-- vols éhontés, et non punis;
-- concussions vraiment exagérées, même pour [p.172]
le Congo, etc...
Le Ministère demandait LES coupables. Et le
gouvernement général s'est ingénié à lui trouver DES
coupables.
Pour une fois l'administration eut une chance. Titot
venait de détourner neuf mille francs.
On put en fournir la preuve et il avoua. On le fourra
en prison.
C'était un vol comptable. Il fallait
trouver maintenant une escroquerie relevant du service
des travaux publics.
Après maintes investigations, on découvrit que deux
camarades de Titot, chefs de districts du chemin de
fer, avaient fourni des états de paiement de leurs
travailleurs non conformes à la réalité. Deux
différences étaient relevées: treize cents francs pour
l'un, deux mille cent francs pour l'autre.
Affreux scandale. avant toute instruction on arrêta
les coupables, que l'on jeta en prison.
Poussées plus avant, les investigations n'allèrent
point toutes seules: les deux inculpés d'escroquerie
ne possédaient pas de caisse!
-- Oui, articulait le procureur, mais le comptable
Titot s'entendait avec eux. Ils partageaient la
différence.
Ce qui eut été plausible si, à cette époque déjà,
Titot, relevé de ses fonctions, n'avait été en prison.
En outre, l'accusateur principal, un nommé G...,
comptable principal au chemin de fer, détenait seul
les fonds.
-- Mais les états de travailleurs étaient falsifiés,
affirma le procureur. Je retiens contre les [p.173],
l'inculpation de "faux et usage de faux commis par des
fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions et
je demande pour eux, cinq ans de bagne".
-- Faux et usage de faux commis par des
fonctionnaires, clamèrent les défenseurs. Mais Panot
et Baré ne sont que des journaliers payés à raison de
soixante-quinze francs par jour ouvrable. Montrez donc
vos états de fonctionnaires.
-- Inutile, trancha le procureur, qui coupa court et
abandonna son accusation. Mai il reste le faux.
-- Comme nous n'avons pu consulter le dossier de nos
clients, déclarèrent les avocats (fonctionnaires
choisis pour la circonstance par le gouverneur, qui
s'était trompé sur leur compte), nous demandons que la
preuve du faux soit apportée à l'audience.
-- Inutile, affirma encore le Ministère public qui
ajouta:
-- J'abandonne l'accusation de faux, mais je requiers
l'inculpation, pour Baré et Panot, de "complicité de
tentative d'escroquerie".
[Congo français - chantier "chrétien" du chemin de
fer "Congo-Océan": 40.000 francs par mois pour des
ouvriers qui n'existent plus]
-- Qui n'a pas eu lieu, affirma à la barre le directeur
du chemin de fer Congo-Océan, haut
fonctionnaire unanimement respecté pour son honnêteté.
Non, qui n'a pas eu lieu. En outre, j'estime comme
très exacte la raison donnée par les inculpés,
relativement à la différence qui existait entre leurs
états de personnel et celui qui existe réellement.
Tous les mois, de nombreux travailleurs noirs du
chemin de fer se sauvent dans la brousse
[pour ne pas mourir de maladie et de malnutrition sur
les chantiers]. Tous les chefs de districts ont des
[p.174] listes d'appel où les ouvriers sont en nombre
supérieur à ceux qui sont présents à la fin du mois.
G..., le comptable principal, qui se déplace pour
payer les hommes, a toujours des en "trop" dans sa
caisse. Ceux-ci atteignent parfois quarante
mille [40.000] francs par mois, ce qui
correspond à la paie de quelque cent cinquante
déserteurs. En outre, j'ajoute que je suis
très satisfait des services de Pant et Baré.
Franc français 1930: billet de 5 Francs [10]
La Cour se retira. Elle est composée en A.E.F., où
l'institution du jury n'existe pas, d'un magistrat
président (pas toujours), de deux fonctionnaires, dont
le propre chef de cabinet du gouverneur général, et de
deux commerçants adjudicataires des administrations de
la colonie.
A la majorité d'une voix, les accusés furent reconnus
coupables "de complicité de tentative d'une
escroquerie qui n'avait pas eu lieu".
Panot et Baré - dont le casier judiciaire était
vierge - furent condamnés à deux
ans de prison sans sursis. Plus, avec les
frais, quinze mille francs d'amende.
Titot, lui, qui avait avoué un détournement de
neuf mille francs, fut condamné à trois
ans de prison sans sursis, quinze
mille francs d'amende et le remboursement
des sommes détournées.
Panot et Baré se pourvurent en cassation contre cet
arrêt. Mais on ne s'étonnera pas d'apprendre, après
les révélations de l'affaire Stavisky,
que leur peine était déjà purgée et qu'ils étaient en
liberté, sans que la Cour de cassation ait trouvé le
temps de juger. [S.175]
***
[Congo français - Chantier "chrétien" du chemin de
fer Congo-Océan : le gouverneur "chrétien" de
l’A.E.F. laisse passer des vols d’environ 40.000.000
à 80.000.000 francs]
Un an après ces faits, le gouverneur général de
l'A.E.F. fut accusé, dans un quotidien
parisien, d'avoir fermé les yeux sur des détournements
atteignant plusieurs dizaines de millions.
Il put répondre immédiatement que: "Lorsque des
voleurs étaient découverts, la justice suivait
toujours son cours, à telle enseigne que certains
d'entre eux étaient encore en prison."
2.4.2. L'affaire Costa
Une livraison de poisson pourri -
incroyable
[Congo français prison Brazzaville: Le "chrétien"
Costa de Léopoldville: il manquent 180.000 francs -
livraison de poisson pourri - extorsions pour payer]
Il y avait aussi dans la prison un Portugais
nommé Costa. Arrêté au Congo belge, sur
demande de la police française, incarcéré à Léopoldville,
extradé, il était accusé d'avoir escroqué à son
patron une somme de cent quatre-vingt mille francs
[180.000 francs].
Depuis dix mois, il croupissait en prison préventive, à
la suite d'une instruction qui s'était faite
inexplicablement longue. On disait que son
interrogatoire, en audience, pouvait compromettre trois
officiers aimant fort les cadeaux. Le fait est que,
depuis un mois que l'instruction était terminée, Costa
ne savait qu'une chose: qu'il passait aux assises. A
quelle date? On ne s'était pas encore résolu à la fixer
[p.176].
Et cette parodie de cour sans jurés, composée en partie
de tributaires du gouverneur général, n'inspirait guère
confiance au Portugais à qui l'expérience avait appris
qu'il serait plus ou moins condamné suivant l'intérêt du
moment.
-- Ce qui m'étonne, disait Panot, c'est qu'on ne lui ait
pas encore fait boire du "mauvais café". Il en sait
trop!
Costa est venu me demander mon aide pour sortir de sa
difficile situation. Encore qu'il me répugne de défendre
un coquin, j'accepte avec l'arrière-pensée de faire
condamner les officiers concussionnaires. Je demande au
Portugais de me conter avec exactitude ce qui lui est
arrivé.
-- Voici, me dit-il. Je ne suis au Congo français que
directeur d'une firme portugaise. Mon patron est en
Europe, et il a confié à un commerçant de ses amis le
soin de me ravitailler en marchandises et denrées
destinées aux travailleurs indigènes du chemin de fer
Congo-Océan. Je dois rendre compte mensuellement de mon
avoir en caisse. Dernièrement, je reçois l'avis de ce
que deux cents tonnes de poisson sont arrivées,
à mon adresse, à la gare de Léopoldville. J'y vais. Tout
le poisson était pourri. Je proteste. On me
répond:
Poisson dans le fleuve Congo "Tétra tigre goliath"
(Goliath Tigerfish) [11]
-- Bah! C'est pour l'administration française. Et l'on
me menace de me faire perdre ma place si je ne prends
pas livraison de cette marchandise. Que faire? Je vais
trouver un officier de mes amis, président de la
commission de recettes à Brazzaville. Je lui glisse
25.000 francs dans la main. Le lendemain, lorsque la
commission [p.177] passe, les noirs de l'entrepôt,
habitués à ces sortes de choses, ouvrent quelques
superbes paquets de poisson, qui étaient placés sur le
haut de la pile des 20 tonnes que j'avais seulement fait
entrer. Les officiers regardent: "Accepté", me dit le
président. Le soir je fais passer au Congo français tout
mon poisson pourri qui est entassé en hâte dans des
wagons, amenés par mon ami sur le beach [plage]. Le
train part en brousse où il est garé le temps nécessaire
pour que son chargement ait le temps normal de se gâter.
Après quoi certains officiers, chargés de la
distribution des vivres aux travailleurs, leur donnèrent
ce poisson. Mais cela coûte cher, de pareilles
pratiques. J'ai dû donner deux autos à X..., 50.000
francs à Y..., 20.000 à Z..., sans compter les petits
cadeaux aux noirs et à certains autres intermédiaires.
Bref, lors de la vérification de ma caisse, il me
manquait près de 140.000 francs. Mon patron a déposé une
plainte contre moi. Et voilà!
"Chrétiens" français: le
clima n'importe pas - les morts
n'importent pas
L’administration française arrogante et
"chrétienne" du Congo français n’a pas eu
l’idée de
-- que dans un clima tropical, les aliments
peuvent difficilement être stockés de manière
durable
-- que les ouvriers du chemin de fer du Congo
pourraient mieux entretenir leurs propres
jardins et étangs afin d’avoir toujours des
aliments frais.
Les "chrétiens" de la France pensaient
simplement que le climat n’était pas
important. Et c’est ainsi que des milliers de
Noirs sont morts sur les chantiers de
construction ferroviaire, à cause du régime
catastrophique et à cause du refus des engins
de construction normaux d’Europe: La
ligne de chemin de fer a été en grande partie
construite à la main avec des scies de jardin
et des houes de jardin.
Au Vietnam comme colonie française, c’était
exactement la même chose: la déforestation
avec des outils de jardinage, exemple la
plantation d’hévéas de Phu Rieng lien
(anglais)...
|
[Congo français prison Brazzaville: appellation de la
femme de Costa - officier très malade - second
officier malade - troisième officier se cache - autre
vol de Costa à Lisbonne?]
Quelques jours après, ma femme, munie des documents
nécessaires, fait paraître dans "Don Quichotte" un
dessin fort suggestif, accompagné d'une légende très
explicite.
Aussitôt, l'officier le plus compromis tombe malade. Son
état est tel qu'il exige son rapatriement immédiat. Le
gouverneur général l'expédie à [la ville portuaire de]
Pointe-Nore, où il prend le premier paquebot de passage.
Un second officier est muté, lui aussi, à Pointe-Noire.
Il attend le développement de l'affaire. Le troisième se
terre. [p.178]
Et Costa qui venait de passer 12 mois en prison
préventive, bénéficie d'un non-lieu. On l'envoie se
faire pendre ailleurs. Arrivé à Lisbonne, il commet un
autre vol et disparaît sur un vapeur brésilien. La
police portugaise est à ses trousses! Mes efforts
n'avaient abouti qu'à sauver quatre bandits!
Ce n'était pas du tout ce que j'avais cherché.
[On ne sait pas ce qui est vrai avec cette histoire].
===
Et l'on avait encore cette affaire concernant le chemin de
fer Océan-Brazzaville:
2.5. Le départ du
président - l'affaire F...
Crime b) Le chef "chrétien" du train Océan-Brazzaville
Monsieur F.: vol du ciment, louer les machines de
construction et voler des tôles pour son profit - vol
total
[Brazzaville: une affaire du M. F.: il est le chef
"chrétien" du magasin central du chemin de fer
Océan-Brazzaville - les choses "disparues": 100 tonnes
de ciment, 1100 tôles ondulées - "plus de trois mille
francs de profits personnels"]
Si la prison est une boîte de résonance, c'est aussi une
boîte à Pandore, sans jeu de mots.
On y trouve de tout: même le rapport confidentiel de M.
B... L..., directeur du contrôle et des finances de
l'A.E.F.
Je veux parler de l'affaire F...
F... Était courtier en bonneterie, mais il était aussi
gendre de colonel, ce qui constitue en A.E.F. une
"condition nécessaire et suffisante" pour être
quelqu'un. Et quittant ses bonnets, F... fut nommé chef
du magasin central du chemin de fer.
Place délicate s'il en est, car elle exige de son
titulaire la connaissance approfondie du matériel de
chemin de fer, ainsi que des qualités de chef-comptable.
Entrepôt de ciment [20] - dessin: comptable [21]
Evidemment, gendre de colonel, courtier en [p.193]
bonneterie... bref, sollicité, le gouverneur général
tourna avec élégance la difficulté. F.. fut nommé avec,
de plein droit, sept ans d'ancienneté [7 ans membre dans
l'entreprise]. Ce qui lui donna des émoluments
[salaires] intéressants, mais surtout lui permit
d'intervenir dans les travaux du technicien et du
chef-comptable que l'on détacha [voler] spécialement
sous ses ordres.
Au bout de six mois tout le chemin de fer était "sur les
dents". Les tire-fonds arrivaient quand il fallait des
"pal-planches", le sable remplaçait encore plus qu'à
l'ordinaire le ciment des viaducs dont les pierres ne
tenaient même plus assez pour attendre l'inauguration.
Et cent tonnes de ciment avaient disparu;
onze cents [1100] tôles ondulées avaient pris la fuite,
sur 54 wagons [de l'entreprise de chemin de fer]
Décauville accompagnés de six trucks automobiles. Rien
que du matériel neuf.
-- M. [monsieur] X... vint déclarer en outre qu'il avait
un jour, après bien des recherches, retrouvé un chaland
de 50 tonnes de ciment qui s'était malignement égaré
chez F...,
-- M. Y... [vint déclarer] que F... lui avait demandé
dix mille francs à seule fin de lui faire obtenir une
adjudication.
-- M. X... [vint déclarer] que F... l'avait forcé (le
pauvre homme) à majorer considérablement ses prix.
Et devant l'enquêteur, F... déchire ses balances,
insulte son directeur et refuse de répondre.
On arrive quand même à voir ses comptes. Les magasins,
remplis de matériel administratif, regorgent néanmoins
d'outillage acheté chez les commerçants à des prix tels
qu'on calcule qu'en un seul mois F... a réalisé plus
de trois mille [p.194] francs de profits personnels
sur des achats de pointes.
La comptabilité est surchargée, grattée, déchirée
(rapport F.C. 113/C. du directeur du contrôle), des
commissions d'achat n'ont jamais existé que sur le
papier..., etc. F... ets perdu!
[Brazzaville: une affaire du M. F.: l'inspecteur
général donne le dossier de F. au gouverneur général -
fuite de F. pour la Corse - on trouve les choses: le
ciment dont 50 tonnes furent définis comme
"inutilisables" - on trouve les trucks automobiles qui
étaient "loués" - les 1100 tôles son "ventés ailleurs"
par une "tornade" et ne sont plus trouvés]
Par lettre No 469 du 9 septembre 1931 on propose le licenciement
[doit s'en aller] de l'employé. Mais par lettre
confidentielle No 1240, l'inspecteur général des travaux
transmet au gouverneur général, le 14
septembre, le dossier du coupable.
Le 15 septembre F... tombe malade et le 16 il s'embarque
en première classe, aux frais de l'Etat congolais, pour
la Corse où il jouit d'une fortune
aisément acquise.
Mais il fallait cependant arranger la comptabilité
singulièrement bousculée par F...
Chargé de ce soin, le directeur des finances et du
contrôle se met en campagne. Cent [100] tonnes de ciment
avaient été perdues... il en retrouve cent cinquante
[150] dont il a dû, ajoute-t-il dans son rapport, jeter
une grande partie inutilisable.
Ce fut moins aisé [simple] pour les wagons [de
l'entreprise de chemin de fer de] Decauville: cinquante
[50] d'entre eux s'obstinèrent à se cacher. Les
trucks automobiles furent retrouvés; F...
les avait loués à une Société. Par erreur, évidemment il
avait oublié de facturer le montant des redevances de la
dite Société. Par contre, les tôles qui
[soi-disant ] avaient dû, profitant d'une
violente tornade, s'envoler pour couvrir des
maisons inconnues ne revinrent jamais.
Bidonville à Soveto avec un toit en tôle ondulée -
et en Europe, les élites "chrétiennes" gagnent des
millions chaque année à la bourse criminelle que
par la spéculation [22]
C'est alors que M.B... L... se décida, non à prévenir
officiellement le procureur général, mais [p.195] bien à
avertir discrètement, "confidentiellement", le
gouverneur général de cette situation.
Il est évident cependant que le chef du service
judiciaire de l'A.E.F. a été mis au courant de ces
faits, ne serait-ce que par les articles publiés dans
une dizaine de journaux, dont trois congolais.
Mais, ministère public, il se garda bien d'intervenir.
Le soir où mon journal sortit portant en manchette
l'affaire F..., M.B... L... fut affolé [avait peur].
Il se rua en trombe vers le bureau du directeur des
chemins de fer.
Ahuri [étonné] et tenant à la main le rapport original
il regardait le directeur du Congo Océan qui venait de
retirer, devant lui, de son coffre-fort, la seule copie
existante.
... Et cependant le rapport était publié. [p.195]
***
Les "chrétiens" et la tromperie
traditionnelle avec du ciment tendu - les
alcooliques "chrétiens" aiment voler et
tricher
Les "chrétiens" sont les plus criminels de la
planète. Ils sont le MODÈLE et empoisonnent le
monde entier avec leurs tromperies et surtout
avec leur ALCOOL. Ils transforment des
populations entières en alcooliques au cerveau
réduit et collectent des millions de profits,
dont ils ne donnent RIEN. Le ciment de sable a
été utilisé pour les autoroutes du sud de
l’Italie "chrétienne" et du Portugal
"chrétien", entre autres. Et dans les pays
musulmans, le ciment de sable est utilisé, par
exemple en Turquie. Là-bas, les colonnes en
béton armé manquent également dans les
maisons, de sorte que les maisons s’effondrent
immédiatement à chaque tremblement de terre -
y compris au Kurdistan "chrétien". Peut-être
que quelqu’un avait des dettes de jeu dans le
casino "chrétien" et a donc tendu le ciment
avec du sable.
Délits: fraude, mise en danger de la vie,
homicide involontaire 1000 fois ou meurtre de
masse en cas de tremblement de terre. Mais
cela n’a pas d’importance pour les patrons
"chrétiens", car un patron alcoolique protège
l’autre. Les "chrétiens" sont les pires, parce
qu’ils pensent toujours que le Dieu imaginaire
les "sauvera", avec le verre de vin à la main
en affirmant que le vin soit le sang
imaginaire d’un Jésus imaginaire. Le quotient
intellectuel est à ZÉRO. Sauvez-vous des
"chrétiens"!
|
On se souvient: Il y avait un autre cas concernant la
ligne de chemin de fer de Pointe-Noire à Brazzaville du
chapitre 2a :
2.9.2. Le chantier
Congo-Océan et un inspecteur opéré à Brazzaville
[Le chemin de fer Congo-Océan à Brazzaville:
inspecteur tombe par platelage - coccyx brisé - Congo
belge doit aider au Congo français - après la guérison
ne reste pas un seul médecin à Brazzaville - prison
sans médecin]
On sait que les ouvrages du chemin de fer
Congo-Océan ne sont pas des plus solides.
Dernièrement, le gouverneur général qui était en
inspection avait vu le platelage [couche
supérieure] d'un viaduc en construction s'effondrer
[rompre] sous ses pas.
Et le haut fonctionnaire était tombé de dix-huit mètres,
heureusement arrêté dans sa chute par un chevron
[poutre] qui dépassait de l'ouvrage.
La pièce de bois salvatrice avait pénétré dans le
pantalon qui avait tenu bon. Mais le coccyx
du gouverneur avait été brisé.
Vite, un avion belge de la "Sabéna" avait été demandé à
Léopoldville, car les moyens de locomotion [réseau de
trafic] manquaient au Congo français. Et un crédit de
deux cent mille francs avait été immédiatement affecté
au service de l'hôpital de Brazzaville.
L’hôpital de Brazzaville 1900-1930 - mais
seulement pour les Blancs! [34]
Tout le matériel opératoire faisant défaut en A.E.F.
était venu de la colonie voisine [Congo belge].
Grâce à des soins dévoués [avec passion], le gouverneur
général fut sauvé. Il rentrait en France.
Mal remis cependant; il appréhendait [avait peur] de se
trouver sans aide efficace sur le chemin de fer qui
venait de lui être si funeste [avec accident].
Un seul chirurgien convenable existait à
Brazzaville. Il reçut l'ordre de partir en
avant, muni de tout les instruments chirurgicaux de la
capitale de l'A.E.F.
Et l'on enleva le médecin de la prison, qui fut
"bombardé", pour la circonstance, chirurgien de
l'hôpital général.
[Donc, pour l’opération de l’inspecteur blanc
"chrétien", tout le personnel médical a été rassemblé].
Mais la prison resta sans médecin.
[p.214]
[...]
Et maintenant viennent les informations sur la ligne de
chemin de fer Congo-Océan du chapitre 2d
2.10.2.2.
Le chantier du chemin de fer Congo-Océan: une grêve
[Le chemin de fer Congo-Océan: un officier avec 30
tonnes de dynamite - ses travailleurs ne veulent pas
travailler - le logement de l'officier coûte 30.000
francs]
Entre Pointe-Noire et Brazzaville, la voie du Congo-Océan
en construction, avait englouti les
trente tonnes
de dynamite.
L'enquête engagée ne révéla rien.
Dynamite avec fusible temporel [teil 2 - 05]
Après bien des démarches [repas avant le repas principal],
l'
officier marinier réussit à se faire
rembourser ses débours [paiements] et regagna la France,
jurant qu'on ne l'y reprendrait plus.
Il revint l'année suivante. Intraitable [sans compromis],
il s'était obstinément refusé d'abandonner ses explosifs.
Mais, par suite de circonstances spéciales - la mauvaise
volonté des indigènes qui refussient d'aller travailler
avec lui, et que l'on dut contraindre [forcer] [p.228] -
ses travailleurs ne lui furent donnés qu'à la fin de la
saison sèche, c'est-à-dire au moment où, les eaux montant,
il n'en avait plus besoin.
S'il ne put guère travailler, l'administration ne laissa
point cependant de lui réclamer, pour prix de
son
logement dans un ponton appartenant au
gouvernement, la coquette somme de
30.000 francs.
Ce fut un beau tapage [scandale], car le capitaine n'était
guère commode. Au gouverneur général, passant là par
hasard, il dit tout à trac son sentiment. Il savait
beaucoup de choses. On n'osa point le contraindre.
La troisième année, il eut tout ce qu'il lui fallait. Il
travailla sans relâche, ne perdit pas un instant, signa
des traites aux entrepreneurs qu'il employait, avança - et
ce, malgré ses serments passés - aux indigènes les
traitements que leur devait l'Etat congolais et descendit
à Brazzaville chercher l'argent qui lui était réservé par
le crédit "D" du budget général. Jamais encore il n'avait
prélevé [volé] la moindre somme sur ce chapitre.
-- Mais... le crédit est épuisé, lui fit froidement
remarquer le fonctionnaire préposé aux paiement.
Après des jours de recherches aidées par les vociférations
de l'ayant-droit, on retrouva, enfin, l'argent qui s'était
égaré dans une autre caisse. Le concessionnaire avait eu
chaud. [p.229]
***
2.10.3. Le chemin de fer "Congo-Océan"
2.10.3.1. La construction du chemin de fer
de Pointe-Noire à Brazzaville - les chiffres -
déportations - ingénieurs
[Brazzaville avec chemin de fer: le plan pour une gare
comme à Paris - les noirs meurent sur les chantiers -
"exterminant la population indigène"]
Gare de Brazzaville 1930ca. [teil 2- 06]
La gare de Brazzaville est coquette, mais n'est que
provisoire, affirme un employé. On a prévu pour la
capitale de l'A.E.F., quelque chose de grandiose.
-- Songez donc, les plans que le gouverneur général a fait
établir, et que vous pouvez voir dans son bureau, montrent
une gare devant dépasser celle de Saint-Lazare à
Paris.
La façade! J'aurais dû, dans ce reportage, intituler ainsi
l'un de mes chapitres. La beauté de la gare de
Brazzaville! Oui. Mais quand le [train de] Congo-Océan
sera terminé, tout ce qui vit de lui s'arrêtera. La
dernière animation commerciale, entièrement factice
d'ailleurs, tombera.
Déserts seront les longs villages en bois qui avancent en
même temps que les travaux. Déserts seront les cafés, les
hôtels qui n'existent [p.230] qu'en fonction d'employés y
dépensant leur solde.
Les transporteurs qui véhiculent le poisson, le manioc,
les bananes destinés aux travailleurs de la voie et les
colons qui vivotent chichement grâce aux revenus des
maigres factoreries résistant encore, seront ruinés. Ils
reprendront, comme indigents, le chemin du pays.
Le jour où la ligne sera enfin achevée, ce jour-là sonnera
le glas de la colonie: Le chemin de fer vivant sur
lui-même, pour lui-même et par lui-même, aura détruit, en
exterminant la population indigène, toute la
substantifique moelle du Congo.
[Brazzaville avec chemin de fer: les matériaux -
transporter "deux millions de tonnes annuelles" - coûts
"2 milliards de francs" - 13 années]
Sans doute vous dira-t-on que les statistiques officielles
annoncent un tonnage satisfaisant pour l'année 1933.
Peut-être ajoutera-t-on que cela prouve d'une façon
péremptoire que la colonie n'est guère touchée par la
crise. Mais auscultez d'un peu près ces fameuses
statistique. Vous y verrez un afflux extraordinaire de
matériel de chemin de fer:
locomotives, traverses
métalliques, rails, tirefonds, ciment, pierres,
etc..., ce qui a fait dire que, faute de fret, il se
transporte lui-même.
C'est un leurre, un dangereux leurre que cette inscription
du tonnage de matériel dans les statistiques ferroviaires.
Car, si le Congo-Océan encaisse des recettes assez
importantes, c'est la France qui dépense la contre-partie,
et même plus, car il faut des fonctionnaires
supplémentaires pour s'occuper du transit du matériel.
Ce qui fait que, bien avant son achèvement, le [p.231]
trafic de ce chemin de fer, prévu pour transporter
deux
millions de tonnes annuelles, ne dépasse pas
en réalité, quelque deux ou trois cents tonnes.
Le déficit s'augmente chaque jour. Il n'est pas prêt de se
combler: tout le cargo du fleuve, qu'il soit français ou
belge, empruntant le chemin de fer belge, d'un tiers plus
court, de deux tiers moins cher, et aboutissant au
merveilleux port de
Matadi [ville portuaire
du Congo belge] où les paquebots [bateaux à vapeur] qui
accostent à quai, peuvent, grâce à des moyens
perfectionnés, charger et décharger des milliers de tonnes
par jour.
Carte montrant les deux lignes ferroviaires
Matadi-Kinshasa et Pointe-Noire-Brazzaville [karte
03]
Quand le Congo-Océan aura achevé le transport de son
propre matériel, quand le commerce et l'agriculture
embryonnaires, qui ne vivent que par lui, n'existeront
plus, où prendra-t-on l'argent, quelque quatre-vingt à
cent millions [80.000.000 à 100.000.000] de francs, qu'il
faudra verser annuellement aux porteurs des différents
emprunts congolais?
Ce n'est pas le fret [la charge] provenant d'un pays
exsangue [sans sang] qui le procurera!
Et ce chemin de fer de 515 kilomètres, qui aura coûté,
sans le port de Pointe-Noire,
deux milliards et
demi, qui aura demandé
treize années
d'un travail continu pour être achevé, ce
chemin de fer voit déjà luire l'aurore d'une concurrence.
[Autre projet de chemin de fer Cameroun-Tchad:
Yaoundé-Fort Achambault]
En effet, il est de plus en plus question de la
construction d'une ligne allant de Yaoundé (Cameroun) à
Fort-Archambault (Tchad) en passant par Baïbokoum.
Ce chemin de fer serait de mille six cents kilomètres,
plus de trois fois le Congo-Océan. De combien de milliards
aurait-on encore besoin?
D'ailleurs, si l'on peut admettre que le bas de [p.232]
laine français soit réellement inépuisable, il n'en est
pas de même du "cheptel humain" ["noirs comme bétail"]
nécessaire à la construction de cette ligne.
[Brazzaville avec chemin de fer: la déportation des
noirs "Saras" du Tchad au Congo aux chantiers -
"dizaines de milliers" - massacre - réduction de la
population du Tchad: "il reste
fort peu de ces indigènes"]
Les documents officiels de la colonie indiquent que,
depuis des années, on a été contraint de puiser
[déporter], pour la construction du Congo-Océan, dans le
vaste réservoir d'hommes qui jadis [avant] existait au
Tchad.
Par
dizaines de milliers, les "Saras" sont allés,
à plus de deux mille kilomètres de chez eux [transports
dans des petits bateaux], peupler les camps ferroviaires
du Bas-Congo [avec des outils de la jardinerie, avec
mauvaise nourriture, beaucoup des maladies tropicales,
sans médecine, sans médecin - massacre].
Village Sara au Tchad [partie 2 - 13] - Carte du
Tchad avec la tribu Sara sur les fleuves Chari et
Logone [carte 09] - Tchad, homme de Sara [partie 2 -
14]
A l'heure actuelle,
il reste fort peu de ces
indigènes. Va-t-on, pour du coton
hypothétique, du coton que l'on ne récoltera même plus
lorsque le pays sera transformé en désert, construire
cette nouvelle voie?
Et que transportera alors le Congo-Océan?
***
[Brazzaville avec chemin de fer: des chantiers avec des
ingénieurs]
Le train roule avec circonspection. A tours de roues
menus, scandant à peine la marche, les wagons avancent. On
se trouve sur un tronçon de voie glissant sans arrêt dans
la vallée.
Le niveau est déjà inférieur de sept centimètres à ce
qu'il devrait être.
-- Poche d'eau, disent les ingénieurs. Peut-être, mais
cela finit par n'être point rassurant pour le voyageur,
que de se demander, quand il est sur un viaduc:
"Est-ce que ça croule?" ou sur un remblai: "Glisse-t-on?"
ou bien dans un tunnel: "En sortirons-nous?" [p.233]
C'est que tout le monde a encore présent à l'esprit
l'accident du gouverneur général; l'écroulement récent du
"Bamba", ou même l'aventure arrivée au commandant de
l'aviso, Bougainville [?].
Celui-là est resté vingt heures en pleine brousse [forêt
sauvage] après que des centaines de mètres cubes de terre
se fussent détachés d'un remblai pour barrer la voie.
Gageons que de longtemps il ne retournera pas à
Brazzaville, au moins par le Congo-Océan!...
2.10.3.2. Le petit chemin de fer cargo de
Brazzaville à Mindouli: cuivre
(Le chemin de fer "Congo-Océan" (la ligne principale par
les montagnes) fut construit de 1921 à 1934 [web02]. Avant
de construire la grande ligne, on avait une petite ligne
pour la minérie de Brazzaville à Mindouli, allez voir le
chapitre):
Carte Brazzaville-Mindouli [10]
[Brazzaville avec chemin de fer: la station de Mindouli
- production de cuivre - ligne de cuivre - de l'eau pour
la machine - 12 km/h - les locomotives - les mécaniciens
- des oiseaux - trains de marchandises]
Mindouli 2023 environ, après la guerre civile de
2016 beaucoup ont fui, Mindouli est négligée, le
chemin de fer n’y circule plus [15]
Un viaduc ferroviaire a également été célébré à
Mindouli, même sur un timbre-poste [16]
Carte de la région de Mindouli avec gisements de
cuivre [carte 11]
Ligne de chemin de fer
Pointe-Noire-Brazzaville avec toutes les gares
[carte 12]
A Mindouli, l'extraction du
cuivre est
arrêtée. C'est infiniment regrettable. Cette région compte
parmi les plus riches du monde en calchosine [ornements de
cuivre].
La production de cuivre dans la région de
Mindouli a une longue tradition depuis le
13ème siècle
Production et commerce du cuivre dans le bassin
du Niari (République du Congo) du 13e au 19e
siècle après JC : Caractérisation des isotopes
chimiques et du plomb
https://www.researchgate.net/figure/Carte-de-localisation-des-sites-de-production-de-cuivre-dans-la-zone-de-Mindouli-N_fig3_310443663
https://www.researchgate.net/publication/323584174_Copper_Production_and_Trade_in_the_Niari_Basin_Republic_of_Congo_during_the_13th_to_19th_Centuries_CE_Chemical
_and_Lead_Isotope_Characterization
Frederik Rademakers
Nicolas Nikis
Traduction avec Deepl:
En Afrique centrale, le minerai de
cuivre n’est présent qu’à quelques
endroits et le cuivre semble avoir été
une denrée rare dans le passé,
contrairement au fer, qui est attesté
plus largement et plus tôt dans les
archives archéologiques subsahariennes.
Cet article présente la première
caractérisation détaillée d’une ancienne
région de travail du cuivre en Afrique
centrale. Situé le long de la frontière
sud de la République du Congo, le bassin
de Niari a révélé plusieurs sites de
production de cuivre allant du 13e au
19e siècle de notre ère. Les preuves, en
particulier dans les régions de
Mindouli, Mfouati et Boko-Songho,
comprennent divers vestiges de
production ainsi que différents types de
lingots et d’artefacts de cuivre. Dans
le contexte d’une étude plus large sur
la technologie du cuivre, les
caractéristiques chimiques et
isotopiques du plomb des gisements de
minerai de cette région sont présentées.
Les résultats des analyses chimiques et
isotopiques du plomb des objets en
cuivre et des restes de production des
sites archéologiques sont ensuite
interprétés à la lumière de ces données
géologiques, en mettant l’accent sur les
caractéristiques de provenance du
cuivre. En combinant ces résultats avec
des preuves archéologiques et
historiques de l’activité métallurgique
régionale, de nouvelles informations
significatives sont données sur la
production de cuivre dans le bassin de
Niari, soulignant le potentiel de cette
recherche pour les travaux à venir sur
l’utilisation et le commerce du cuivre
dans un contexte plus large d’Afrique
centrale.
|
[Émeraudes de Mindouli]:
-- Beaux cailloux, ma foi. Je fais sauter dans ma main
deux morceaux de minerai aux reflets d'émeraude qu'un jour
déjà lointain le directeur de cette exploitation m'avait
remis.
Mindouli émeraude 01 [teil 2 - 18] - Mindouli émeraude
02 [teil 2 - 19]
Ce simple geste me ramène de six ans en arrière.
Je me rappelle l'ancienne voie étroite qui jadis [avant]
unissait Mindouli à Brazzaville. Elle grimpait au dos des
collines, descendait dans les ravins [vallées], enjambait
les rivières sur des ponts de bois pourris.
Pas de signalisation. Ligne unique, toute tordue, où ne
circulait jamais qu'un train dans chaque sens,
soigneusement garé dans de minuscules stations.
Elle ne servait d'ailleurs qu'au transport du minerai.
Jamais de voyageurs; ou alors, à leurs risques et périls
[p.234].
C'était le bon temps! On mettait deux jours pour faire
cent soixante kilomètres, quand on n'en mettait pas
trois...
A toutes les rivières, - et Dieu sait s'il y en a, - le
train s'arrêtait pour faire de l'eau. A grands coups de
pied dans le derrière (démonstration de gaîté [joie]
plutôt que sévices réels) le mécanicien engageait les
passagers noirs à remplir le réservoir de la machine.
Cuvettes et chapeaux étaient libéralement mis à
contribution.
Tout le monde riait, à commencer par les porteurs d'eau,
ravis d'une intermède qui leur permettaient de gambader et
de palabrer sans fin... Hélas, on ne reverra plus ce
temps-là.
Je me rappelle un jour où l'on traversait une grande
plaine. Le train filait gaillardement ses
douze
kilomètres à l'heure: il était vide. De tous
côtés une pluie d'escarbilles s'abattait. Soudain, entre
mes jambes, ma chienne, un magnifique berger allemand, se
mit à geindre [gémir].
-- Ça y est, pensai-je, elle va mettre bas. Et, de fait,
voilà un petit chien qui apparaît.
J'adorais mon chein, une brave bête. Je me précipitai sur
le côté du wagon, je hurlai, je fis des signes. Le train
s'arrêta.
--
Mécanicien! Il me faut de la paille, et
vite. Tout le monde a compris. Trois ou quatre noirs,
riant comme des fous, filent dans les herbes.
Cinq minutes après, une litière odorante encombre mon
wagon. Mais il me faut faire attention [p.235] aux
flammèches qui voltigent sans cesse. Je risque de griller
vif!
Le soir, le train était à l'étape avec sept voyageurs qui
n'avaient pas payé leur place.
Qui n'a pas connu
la [locomotive] "Simone" ou la
"Mariette" n'a rie vu en AE.F. C'étaient deux
vieilles machines-poupées appartenant à la Compagnie
minière.
En ce temps-là, l'atelier de la Société était dirigé par
un excellent ingénieur, M. B... Un phénomène! Tour à tour
directeur, ingénieur, ouvrier plongé dans le ventre des
"locos", on ne le rencontrait que couvert d'huile et de
cambouis.
Voyager avec lui était un rève. Mécanicien volontaire de
la "Simone" qu'il choisissait toujours pour effectuer ses
déplacements, il faisait tant que l'on ne restait qu'un
jour en route, de cinq heures à quelque vingt-deux heures.
Il tirait le maximum de cette machine toute déglinguée. De
temps à autre, quand tout allait bien, nous nous
accordions une demi-heure de
repos. Parfois
un vol de pintades passait. Pan! Pan! Le train s'arrêtait.
Une volée de noirs s'égaillaient vers les oiseaux abattus.
Pauvre "Simone"; pauvre "Mariette". Abattues, elles aussi
dans quelque fond de ravin, elles présentent au broussard
attardé leurs ferrailles disjointes, tordues, rouillées.
Mais les trains ne roulaient qu'une fois par semaine.
Alors, dans l'intervalle, les draisines [wagons simples]
entraient en jeu.
Oh! ce n'étaient point les draisines actuelles [p.236],
luxueuses, faites pour millionnaires ou pour hauts
fonctionnaires. Non! Quelques planches posées sur quatre
roues, un banc, deux trous pour laisser passer les bâtons
servant de frein. Voilà le véhicule. Comme moteur, trois
nègres poussant aux montées, se laissant emporter à
quarante à l'heure dans les brusques descentes.
Des
trains de marchandises venaient parfois
en sens inverse. On pouvait se trouver nez à nez avec eux.
Je disais à ma femme que passionnait ce genre de
locomotion [trafic public]:
-- Si tu vois un train, saute à droite, moi je sauterai à
gauche! ... Et l'on riait à perdre haleine.
Un jour cependant, au sommet d'une descente à peine
amorcée, je m'aperçus que j'avais oublié mon frein. En
hurlant, les nègres se sont jetés à terre. Ils ont été
traînés mais n'ont pas lâché prise. Avec une "machette"
ils ont coupé dans la forêt un "kéké". Vive le frein... et
nous sommes repartis.
Aujourd'hui, les wagons sont luxueux. Peut-être ne va-t-on
pas beaucoup plus vite que jadis. Mais on se sent moins à
l'étroit. Et si l'on risque toujours de rencontrer la mort
sur un viaduc disjoint, c'est en complet blanc impeccable
qu'on la recevra.
***
[p.237]
***
2.10.3.4. Bref avant l'inauguration du
chemin de fer Océan-Congo 1934
[La localité de]
M'Vouti, l'ancien bagne
nègre transformé en chantier normal par l'arrivée récente
des machines perforatrices, M'Vouti s'affaire.
M'Vouti gare en 1932 [20] -
Carte de la ligne de chemin de fer
Pointe-Noire-Brazzaville avec toutes les gares avec
M’Vouti [karte 12]
Dans un sursaut d'énergie, provoqué par les nombreuses
missions d'inspection qui se succèdent sans arrêt, le
gouvernement général a décidé que la ligne
Brazzaville-Océan
serait ouverte en avril 1934. Aussi, du matin
au soir, les équipes surmenées travaillent d'arrache-pied.
-- Ces bougres-là sont bien capables de tenir parole,
grommelle un colon que je rencontre du côté de Loudima. On
poussera la construction du C.O. par tous les moyens,
dût-on, pour cela, édifier les gros ouvrages à la
va-vite... On les refera après l'inauguration. Tout sera
dit. La France est là pour payer.
-- A ce propos, continue mon interlocuteur, vous feriez
bien de faire attention, quand vous serez à la "Missafo".
Un pilier du viaduc flotte ou du moins flottait.
Dernièrement on a mis un témoin...
-- Un témoin?
-- Oui. On fait une marque sur une pile du pont, par
rapport à un point fixe. De cette façon, on se rend compte
de la solidité de l'ouvrage. Il [p.204] paraît que le
témoin n'a pas bougé. Les fondations auraient-elles fini
par trouver une assise solide? Bah! Ça se tassera.
Espérons-le!
M'Vouti gare en 2012 [teil 2 - 21] - Ligne de
chemin de fer Pointe-Noïère-Brazzaville, viaduc
dans les montagnes du Mayombe: les anciens viaducs
n’ont jamais été sûrs [teil 2 - 22]
***
2.10.3.5. Chemin de fer Océan-Congo 1934:
discussion de la route - le massacre dans le Mayombe -
"milliers de morts" - "labeur d'esclave" - pêche sec
pourri="pongo" pourriture - fuite!
L’Holocauste lors de la construction du chemin de fer
1921-1934 dans la région du Mayombe dans la colonie
française AEF: Faits :
-- des sommes d’argent fantastiques qui sont parties en
fumée [p.242]
-- des milliers de morts [p.242] (16.000 à 20.000) (
lien)
- des difficultés opérationnelles et enfin le tunnel, le
fameux tunnel de Bamba. [p.242]
-- le manque de nourriture, de médicaments [p.242]
-- pour un pot-de-vin de 4 millions de francs, la
compagnie de chemin de fer perverse-« chrétienne »
Batignolles de Paris fait soudain venir de grosses
machines de construction avec lesquelles la ligne de
chemin de fer dans les montagnes du Mayombe peut être
achevée rapidement, mais jusqu’en 1932 il n’y avait pas de
machines de construction pour les Afros, mais ils ont dû
construire la ligne de chemin de fer avec des outils de
jardinage (houes et pieds-de-biche), sous les fouets et la
faim ! Les « chrétiens » doivent être torturés ! [p.242]
- des bouffées de brouillard [p.242] qui ont fait perdre
leur orientation à des centaines d’ouvriers d’un seul coup
[p.243]
-- le manque de nourriture, de médicaments, les
brouillards [p.242] qui emportent d'un seul coup des
centaines de travailleurs, de ces "Saras" du Tchad
habitués à l'air sec et chaud du climat désertique [p.243]
Mayombe (franco-congolais) : Jungle montagneuse avec
la ligne de chemin de fer [23]
Le texte:
Voici venir le tunnel du "Bamba", morceau de résistance de
l'oeuvre (1600 mètres de longueur [web x05]).
Au fond d'un cirque rocheux, dominé par les grands arbres
qui inclinent vers lui leur tête échevelée, la noire
ouverture bée.
Le
mont Bamba!
Mont Bamba (Mayombe)
(ENGL orig.: Mont Bamba (Mayombe)
https://www.britannica.com/place/Mount-Bamba
Übersetzung mit Translator.eu:
Mont Bamba (2625 pieds [800 mètres]) se trouve
dans les montagnes du massif de Mayombé, dans la
partie sud-ouest de la République [française] du
Congo.
ENGL orig.:
Mount Bamba, mountain (2,625
feet [800 metres]) in the Mayombé Massif, in the
southwestern part of the [French] Republic
of the Congo.
La carte Mapcarta indique 622 mètres.
https://mapcarta.com/fr/16867900
Une autre page indique 810 mètres: "Le Mont
Bamba est l'une des basses montagnes du Mayombe
situé au sud-ouest de la République du Congo. Il
culmine à 810 mètres d'altitude."
https://fr.vikidia.org/wiki/Mont_Bamba
Carte avec Pointe-Noire avec le Mont Tiétié
et le Mont Bamba dans les montagnes du
Mayombe [karte 13]
Le Mont Tiétié est une montagne de la région
du Kouilou en République du Congo (Afrique),
haute de 310 mètres.
https://de.getamap.net/karten/republic_of_the_congo/kouilou/_tietie_mont/
La carte Mapcarta indique 316 mètres.
https://mapcarta.com/fr/16855856
|
Il me souvient de la mission des Batignolles [groupe des
ingénieurs de la compagnie ferroviaire des Batignolles de
Paris], étudiant pas à pas, en 1911 ce parcours, et qui
l'avait si nettement interdit:
-- Jamais la ligne ne devra passer par le "Bamba" [800m de
hauteur], mais bien au nord. La région du
Mayombe
[forêt sauvage avec des montagnes!] est infertile [pour la
bourse et le profit], difficultueuse à l'excès [comme les
Alpes en Europe], la variante du mont Tétié [310m de
hauteur] est toute indiquée. Là les trains rouleront en
pente douce vers la mer.
"Et ce sera à Banda-Pointe, non à Pointe-Noire qui serait
une station non choisie par rapport à des considérations
nautiques, quon devra construire un port", avait achevé le
lieutenant de vaisseau Lafargue, chargé de mission par le
ministre des Colonies.
Malgré l'opinion des ingénieurs de la
Société des
Batignolles, malgré le rapport précis du
capitaine Lafargue, le Mayombe et Pointe-Noire ont été
choisis.
Pourquoi?
-- Bah! On dit qu'une Société ayant de puissants [p.241]
appuis avait obtenu en concession gratuite tous les
terrains du futur port et qu'elle les aurait vendus depuis
à raison de cent cinquante francs le mètre carré.
Résultat! Des sommes fantastiques envolées en fumée, des
milliers
de morts, des difficultés d'exploitation et
enfin le tunnel, le fameux
tunnel du Bamba.
Ligne de chemin de fer avec tunnel de Bamba:
"Chrétiens" français absolument PERVERS et
MEURTRE DE MASSE avec PLEINE INTENTION
J’en arrive à la conclusion: Apparemment, la
ligne de chemin de fer à travers le tunnel de
Bamba dans les montagnes du Mayombe était un
exercice pervers pour les ingénieurs français
SANS aucune raison et avec l’acceptation d’un
meurtre de masse de 1000 morts avec pleine
intention. Il s’agissait d’un exercice pour la
construction future d’autoroutes dans les Alpes.
OÙ est le juge contre la France ?
Sur la ligne de chemin de fer de Pointe-Noire à
Brazzaville par le tunel de Bamba on a
l'indication de 16.000 à 20.000 meurtriers:
Livre "Congo-Océan. De
Brazzaville à Pointe-Noire 1873-1934":
http://voyage-congo.over-blog.com/article-lecture-congo-ocean-brazzaville-pointe-noire-97097470.html
Sur la ligne de chemin de
fer de Pointe-Noire à Brazzaville par le tunel
de Bamba on a l'indication de 16.000 à 20.000
meurtriers: Livre "Congo-Océan. De Brazzaville
à Pointe-Noire 1873-1934" [24]
"Un livre publié dans le cadre du Cinquantenaire
des Indépendances Africaines a retenu mon
attention: "Congo-Océan, de Brazzaville à
Pointe-Noire, 1873-1934". C'est un beau livre,
abondamment illustré, dont les auteurs sont un
médecin et une pharmacienne, ayant travaillés
dans l'humanitaire au Congo. L'ouvrage se veut
un hommage aux travailleurs du Chemin de Fer
Congo-Océan, notamment à ceux qui ne sont pas
revenus vivants de ce difficile chantier.
Histoire douloureuse, plusieurs fois évoquée sur
mon blog.
La préface est sous certaines aspects un peu
douteuse, le Pr Gentilini croit bon d'effectuer
un parallèle avec le STO (Service du Travail
Obligatoire) et la déportation au cours de la
Deuxième Guerre Mondiale. Était-ce bien
nécessaire d'effectuer une telle comparaison
avec une autre période, d'autres lieux et un
autre contexte? La description du Travail Forcé
alors en vigueur dans toutes les Colonies, et ce
jusqu'en 1946, se suffit à elle-même. Le récit
du recrutement plus ou moins contraint
d'ouvriers, bien au-de-là des frontières du
Congo, et ses conséquences désastreuses sur les
populations indigènes, est assez démonstratif.
L'avant-propos de Jacques Toubon évoque le
nécessaire éclairage sur l'histoire coloniale de
la France sans vision manichèenne, "une histoire
vraie avec ses heures glorieuses et ses heures
honteuses". Cinquante ans après la
décolonisation, il est temps de faire la part
des choses et de lever les tabous!
L'ouvrage est bien construit. La première partie
du livre restitue le contexte historique de la
Colonisation, la découverte du Congo, l'épopée
des grands explorateurs de la fin du XIXème
siècle. La deuxième partie détaille les
différents projets de tracés du chemin de fer et
les difficultés de mise en oeuvre dans une
A.E.F. très peu dévelopée. La troisième partie
fait la part belle au chantier du CFCO,
notamment aux difficiles travaux dans le
Mayombe, le percement du tunnel du Mont Bamba.
La quatrième partie fait une synthèse, dresse le
terrible bilan de 16 à 20.000 morts, mis en
balance de l'apport évident d'une telle
infrastructure pour le pays. La complexité de
l'Histoire et aussi des rapports humains dans le
contexte colonial est enfin abordée.
L'abondance des "illustrations de l'époque" est
mise en exergue en quatrième de couverture et il
est souligné par ailleurs que les auteurs du
livre ne sont pas des historiens.
Malheureusement, c'est là où ça coince... Je me
vois contraint de souligner des inexactitudes
erreurs, volontaires ou no. La volonté
d'illustrer à tout prix les faits évoqués a
t-elle conduit à abuser des documents? Les
auteurs ont-ils été "trompés" par leurs
documentalistes? En effet, certaines
photographies ne sont pas en rapport avec la
légende de l'ouvrage et sont parfois
postérieures à l'époque évoquée."
Construction
de la voie ferrée entre Pointe-Noire et
Brazzaville: on indique 17.000 morts
La ligne Congo-Océan : une traverse, un
mort
https://web.archive.org/web/20190215223243/https://www.geo.fr/voyage/l-afrique-au-temps-des-colonies-la-ligne-congo-ocean-une-traverse-un-mort-161171
Entre
1921 et 1934, la construction de la ligne
Congo-Océan, reliant Brazzaville à
Pointe-Noire, tua 17 000 ouvriers. Une
entreprise aussi titanesque que
cauchemardesque.
Désormais, une immense plainte m’habite ;
je sais des choses dont je ne puis pas
prendre mon parti. Quel démon m’a poussé
en Afrique ? Qu’allais-je donc chercher dans
ce pays ? J’étais tranquille. A présent,
je sais : je dois parler.» Ces lignes sont
tirées de Voyage au Congo (éd. Gallimard,
1927), un journal que tint André Gide, lors
d’un périple en Afrique équatoriale. Au
milieu des années 1920, au sommet de la
gloire parisienne, le romancier désirait
s’offrir un bol d’air. Trente-six ans plus
tôt, il a déjà rêvé de faire ce voyage
avec son précepteur, Elie Allégret, un
pasteur missionnaire au Congo. C’est avec le
fils de ce dernier, Marc, âgé de 26 ans,
qu’il le réalise. Il vend une partie de sa
bibliothèque et sa maison de la villa
Montmorency pour partir, à 57 ans, à
l’aventure. Grâce à ses entrées au Quai
d’Orsay, c’est en tant que «chargé de
mission» du gouvernement qu’il embarque, le
18 juillet 1925, pour une odyssée qui va
durer onze mois. Convaincu du bien-fondé de
l’œuvre coloniale, l’écrivain s’imagine
vivifier sa créativité au contact de
paysages exotiques. Mais le réel rattrape
rapidement ses fantasmes. Après avoir
longuement sillonné le Maghreb avec des
yeux d’orientaliste, il plonge au Congo son
regard au cœur des ténèbres.
Ce chemin de fer devait sauver la
«Cendrillon de l’empire»
Il découvre d’abord Pointe-Noire, «ville à
l’état larvaire, qui semble encore dans le
sous-sol.» Le port est en chantier depuis
trois ans, créé de toutes pièces pour
être le terminus du futur
Brazzaville-Océan. Après des décennies
d’atermoiements et de projets avortés, la
métropole a lancé le chantier d’un chemin
de fer qui doit rompre la dépendance
vis-à-vis du Congo belge voisin. Barrée
par les chutes du Congo, la colonie
française a dû en effet, jusqu’à
présent, utiliser la seule ligne
équatoriale, qui relie depuis 1900, sur
l’autre rive du fleuve, Léopoldville et
Matadi. Avec ce projet, l’AEF, que sa
pauvreté a fait surnommer la «Cendrillon de
l’empire», va enfin gagner un débouché
maritime direct pour drainer vers la France
les richesses d’un territoire de 2,5
millions de kilomètres carrés : coton du
Tchad et de l’Oubangui-Chari, bois du Gabon,
oléagineux, cuivre, zinc et plomb du Congo,
latex, ivoire...
Mais, Gide le sait, le chantier du
Brazzaville-Océan a mauvaise réputation.
«Je n’en puis connaître que ce que l’on
m’en raconte, et tous les récits que
j’entends se contredisent ; ce qui m’amène
à me méfier de tous et de chacun. On parle
beaucoup de désordre, d’imprévoyance et
d’incurie... Je ne veux tenir pour certain
que ce que j’aurais pu voir moi-même, ou pu
suffisamment contrôler.» D’ores et déjà,
il relève la «situation abominable» créée
par le «régime obligatoire du portage».
C’est-à- dire la contrainte pour les
Africains, là où le réseau routier est
inexistant, de servir de mules aux Blancs.
Le travail forcé est apparu en Afrique dès
la conquête : porteurs pour les troupes,
les colons et les administrateurs,
cueilleurs de caoutchouc pour les
concessions, main-d’œuvre pour la
construction de routes... Les Français y
voient une forme transitoire et éducative
adaptée aux indigènes. Et un sacrifice
acceptable au regard du futur bien-être
commun.
Gide découvre également les abus de la
Compagnie forestière Sangha-Oubangui, une
concession qui exploite le latex en
brutalisant et en escroquant ses
«employés». Les autorités de la métropole
ignorent ou ferment les yeux. En 1899,
l’Afrique équatoriale française a été
découpée en quarante énormes concessions
territoriales – 700 000 kilomètres carrés
pour l’ensemble. Fondé sur le monopole et
la contrainte, ce système a engendré le
pillage. Les entreprises de colonisation
réalisent des bénéfices colossaux sur
l’ivoire, le latex, le cuivre... mais, en
retour, elles ne font aucun investissement
sur place, ne créent aucune infrastructure,
comme le démontre l’historienne Catherine
Coquery-Vidrovitch, dans Le Congo au temps
des grandes compagnies concessionnaires,
1898-1930 (éd. EHESS, 2001).
Le tracé franchit le Mayombe, un massif
forestier équatorial
Au Tchad, l’écrivain assiste également aux
rafles d’«engagés volontaires» pour le
chantier : 1 500 hommes, encadrés par des
miliciens, en route vers les camps de
travail. «Le chemin de fer
Brazzaville-Océan, écrit-il encore dans
Voyage au Congo, le journal qu’il publie à
son retour, est un effroyable consommateur
de vies humaines.» La future ligne est
divisée en plusieurs tronçons, dont la
réalisation a été confiée à des
entrepreneurs privés. Le gouvernement a
missionné la Société de construction des
Batignolles (SCB) pour réaliser la section
côtière, 172 kilomètres de voies ferrées
depuis Pointe-Noire. Cette entreprise a
déjà à son actif le chemin de fer de
Bône à Guelma en Algérie (1876) et celui
de Dakar à Saint-Louis au Sénégal (1880).
Elle a aussi édifié, entre 1904 et 1910,
la ligne Haiphong (Indochine)-Kunming
(Chine), en recourant massivement au travail
forcé des indigènes (bilan estimé : 12
000 morts).
Le tracé, dont elle a la charge au Congo,
inclut la difficile traversée du Mayombe,
un massif forestier équatorial étendu sur
90 kilomètres.L’administration coloniale
s’est engagée à lui fournir jusqu’à 8 000
travailleurs. Mais le projet en réclame
bien plus : le service de la main-d’œuvre a
aussi besoin de personnel pour la
construction et l’entretien des camps de
travail, le service des magasins, le
transport, le ravitaillement, etc. En 1922,
le gouverneur général de l’AEF,
Jean-Victor Augagneur (un radical socialiste
qui publiera, en 1927, un essai intitulé
Erreurs et brutalités coloniales) a
ordonné la réquisition de tous les hommes
valides des circonscriptions traversées par
la ligne. Mais le Congo français est
faiblement peuplé. La réserve locale n’est
que de 70 000 «mâles adultes». Autre souci,
les hommes recrutés ne peuvent plus
s’occuper des cultures : villageois et
ouvriers des chantiers manquent bientôt de
vivres. Les «nègres» fuient les
réquisitions, se cachent en forêt, se
réfugient hors des zones de recrutement,
traversent même la frontière. Raphaël
Antonetti, nouveau gouverneur général en
1924, est contraint d’élargir et
d’intensifier le recrutement : hormis le
Gabon, où l’exploitation forestière a
besoin de bras, tous les territoires de
l’AEF sont mis à contribution.
Gorgée de pluies tropicales, la montagne
est un piège mortel
Des sous-officiers français, secondés par
des supplétifs africains, raflent donc en
Oubangui-Chari, au Cameroun, jusqu’au Tchad.
Dans une interview accordée au site
Afrik.com, en 2006, l’historien congolais
Antonin Madounou explique :
«L’administration prévoyait le nombre de
travailleurs dont elle avait besoin pour
l’année à venir, puis elle envoyait des
miliciens armés dans les villages. Le chef
de village africain recevait une récompense
financière pour le service rendu,
l’incitant à fournir le nombre d’ouvriers
demandés. Les plus jeunes d’entre eux
étaient capturés au lasso.» Des dizaines
de milliers d’hommes sont ainsi acheminés
vers les camps de travail après un périple
de centaines de kilomètres, rempli
d’épreuves qui leur offrent un avant-goût
de ce qui les attend. La marche d’abord.
Puis on les entasse sur des chalands pour
descendre l’Oubangui et le Congo. Certains
tombent à l’eau, se noient. Aux escales de
Brazzaville et Pointe-Noire, les
travailleurs noirs restent sur la berge : on
n’a rien prévu pour les accueillir. Et, à
nouveau, la route à pied, quinze à trente
jours jusqu’aux contreforts du Mayombe, que
tous n’atteignent pas. Des plaines du
Kouilou et des vallées de la Sangha,
l’administration fait déplacer des villages
entiers. Bandas, Mandjias ou Saras, des
habitants de la savane se retrouvent en
forêt, pour des travaux forcés...
Succédant à la plaine côtière, le
Mayombe est la seule difficulté du tracé
confié à la SCB. Mais quelle difficulté !
Cet enfer vert s’étend avec la vallée
marécageuse de la Loémé, à 60
kilomètres de Pointe-Noire, jusqu’au futur
tunnel du Bamba (qui ne sera achevé qu’en
septembre 1933). C’est une montagne de savon
où la terre, gorgée de pluies tropicales,
se retire sous les pieds. A cause du relief
accidenté, la voie doit progresser à flanc
de ravins et franchir des éperons rocheux.
Epuisés, malades, les forçats tchadiens
meurent par centaines
Pour la section la plus difficile, il faudra
construire 36 viaducs, 73 ponts, 12 murs de
soutènement, 10 tunnels... Au préalable,
il faut abattre les arbres par centaines,
puis les évacuer. Couvert d’une épaisse
végétation, le sol en décomposition est
lourd, glissant, instable. La pluie
interrompt sans cesse les opérations. Dans
de telles conditions, les besoins sont
estimés à 10 000 hommes au travail en
permanence pendant trois ans et demi pour le
seul Mayombe. Cette main-d’œuvre ne coûtant
rien, la SCB lui fait tout faire à la main,
ou presque. On abat les arbres à la hache,
on casse les pierres au marteau, on
transporte des barils de ciment et des rails
de 15 mètres de long à la main, on creuse
les tunnels à la pioche... Les hommes
travaillent sept jours sur sept, toute la
journée, avec une seule courte pause pour
manger. L’approvisionnement des camps, à
dos d’homme, est aléatoire.
Encadrés par des miliciens aux ordres des
Blancs, principalement originaires d’AOF,
les indigènes sont maintenus au travail
sous la contrainte, et ne touchent parfois,
pour tout salaire, qu’un peu de sel ou de
tissu. Les gardes-chiourmes frappent les
récalcitrants et les lents, tirent sur les
fuyards. Ceux qui sont repris sont
fouettés, voire exécutés, pour l’exemple.
Le camp du kilomètre 102 est le plus
meurtrier. Les Saras tchadiens, qui forment
les trois quarts des forçats du Mayombe, y
tombent comme des mouches. Certains
périssent à petit feu, déprimés par leur
déracinement brutal, épuisés par la
charge de travail, affaiblis par une
alimentation insuffisante et inadaptée (la
consommation de fruits de forêt dérègle
leur organisme). D’autres, exposés en
permanence sans vêtements aux pluies et au
froid, contractent des pneumonies.
L’hygiène et les structures sanitaires sont
inexistantes, l’entassement des travailleurs
dans des conditions précaires favorise les
épidémies et leur propagation. Paludisme,
dysenterie, infections pulmonaires... Sans
parler des serpents, des fourmis magnans et
des mouches tsé-tsé, responsables de la
maladie du sommeil qui fait des ravages.
Entre 1925 et 1928, le taux de mortalité
dépasse 20 %. Les pires années
correspondent à l’afflux massif de
travailleurs recrutés au loin : 1 341 morts
en 1925 pour la seule division côtière, 2
556 en 1926, 2 892 en 1927, 2 635 en 1928.
En 1929, la courbe s’inverse enfin : 1 300
morts. Elle continuera de décroître au fur
et à mesure de l’amélioration de
l’infrastructure sanitaire, mais en 1932, la
division côtière fait encore 517 morts
(ces chiffres effrayants, donnés par le
géographe Gilles Sautter dans les Cahiers
d’Etudes africaines, en 1967, font toujours
autorité).
En 1930, le gouverneur Antonetti impose la
mécanisation du chantier à la SCB. Un peu
tard. Au total, entre 18 000 et 23 000
hommes, soit environ 15 % des 127 250
travailleurs recrutés pour construire le
Brazzaville-Océan, périrent sur les
chantiers. Pour l’historien Elikia M’Bokolo
: «Les deux voies ferrées reliant le Congo
à l’océan Atlantique, le chemin de fer
belge d’abord et le Congo-Océan, ont été
de véritables cimetières pour la
main-d’œuvre africaine.»
«Civilisation, civilisation, orgueil des
Européens et leur charnier d’innocents
(...) Tu bâtis ton royaume sur des
cadavres», écrivait déjà René Maran en
préface de Batouala – véritable roman
nègre. Prix Goncourt 1921, le livre, qui
dénonçait certains aspects de la
colonisation, fit scandale et coûta à
l’auteur son poste de fonctionnaire en
Oubangui-Chari. Jusqu’au bout, les Africains
tenteront d’échapper au «travail de la
machine». On rapporte le cas d’un chef
villageois qui se suicida plutôt que de
recruter dans sa zone pour le train «mangeur
d’hommes». D’autres résistent, tirant sur
les recruteurs, tendant des embuscades pour
libérer les captifs. La résistance devient
armée. Fin 1928, elle enflammera les zones
de recrutement de Haute-Sangha et des
régions camerounaises voisines. La
«pacification» durera jusqu’au printemps
suivant, conduite par les tirailleurs de
l’armée coloniale. Les soulèvements
resteront endémiques jusqu’en 1931. En
1929, Maginot, ministre des Colonies,
tentera de parer aux soucis récurrents de
main-d’œuvre en faisant venir 600
travailleurs chinois dans le Mayombe. Les
incidents se multipliant, 190 «meneurs
dangereux» seront bientôt chassés par
crainte d’une contagion subversive.
En 2014, la France est accusée de crime
contre l’humanité
De retour en métropole au printemps 1926,
André Gide alerta Léon Blum, son ancien
camarade du lycée Henri-IV. L’année
suivante, il publia son Voyage au Congo, et
remit un rapport officiel au ministre des
Colonies, Léon Perrier. Ce réquisitoire
signé d’un grand bourgeois, prince des
lettres françaises, avait du poids. On
dépêcha des missions d’inspection, qui
corroborèrent ses affirmations. Le
gouverneur Antonetti dut s’expliquer devant
la Chambre, où le ministre s’engagea à ne
pas renouveler le régime des concessions,
qui devait expirer en 1929. «On peut
s’étonner que les journaux aient semblé si
peu faire état d’un engagement qui ne tend
à rien de moins qu’à délivrer 120 000
nègres de l’esclavage», commenta
l’écrivain.
En 1928 et 1929, l’insurrection en
Oubangui-Chari et sa répression furent
couvertes par L’Humanité. Après plusieurs
mois passés au Congo dans les pas de Gide,
Albert Londres confirma que la construction
des voies ferrées avait fait une
hécatombe. Dans Terre d’ébène, publié en
1929, le grand reporter forgea l’expression
«moteurs à bananes» pour désigner cette
main-d’œuvre aussi peu onéreuse que
méprisée.
La voie ferrée ne fut finalement achevée
qu’en avril 1934. «Non seulement un grand
progrès dans la mise en valeur des colonies
françaises, mais aussi une amélioration du
sort des populations indigènes de l’Afrique
équatoriale», clamèrent les actualités
pour célébrer la mise en service du
Brazzaville-Océan. Mais le scandale du
Congo-Océan avait entre-temps trouvé un
écho planétaire. La question du travail
forcé fut débattue à la Société des
Nations, avec la France sur le banc des
accusés, en compagnie de l’Espagne, de la
Belgique et du Portugal. En 1946, bien que
n’ayant jamais eu d’existence officielle, le
travail forcé fut interdit dans les
colonies françaises.
Depuis 2013, des associations comme le
Conseil représentatif des associations
noires de France (Cran) ont porté plainte
contre l’Etat français et Spie-Batignolles
(société héritière de la SCB) pour
«crime contre l’humanité». Les procédures
sont toujours en cours, mais le président
de la République François Hollande a
d’ores et déjà exclu toutes possibilités
de réparations matérielles (le Cran
réclamait 10 millions d’euros et la
construction d’un musée, d’écoles et
d’hôpitaux dans les villages concernés).
En matière de justice, le chemin de fer
Congo-Océan est toujours en chantier.
|
-- Voilà bien six ans que cet ouvrage est commencé, me
dit-on. Il vient juste d'être percé en petite galerie,
c'est-à-dire sur une section à peine suffisante pour
laisser passage à un homme. Il paraît que le gouverneur
général aurait décidé que le restant du travail serait
terminé en mars 1934. C'est assez peu probable. Mais il se
passe tant de choses curieuses en ce pays! S'il est vrai,
comme on le dit de tous côtés, que l'entreprise
défaillante escompterait, au lieu de pénalités prévues au
contrat, une prime de quatre millions, on s'expliquerait
aisément cette soudaine activité.
D'ailleurs, on ne voit plus guère de pics, ni les barres à
mine, jadis [avant] exclusivement employés par les noirs
qui crevaient à la tâche. Des perforatrices sont
maintenant à l'oeuvre, alimentées par deux usines de 75
chevaux, qu'on a construites comme par enchantement.
-- Que vouez-vous, quatre millions, n'est-ce pas! ...
On rencontre parfois sur la ligne de vieux ouvriers
européens, encore qu'il n'en reste guère. Sur le chantier
depuis le début des travaux, ils vous disent les
difficultés de toujours:
le manque de nourriture,
de médicaments, les brouillards [p.242] qui emportent
d'un seul coup des centaines de travailleurs, de ces
"Saras" du Tchad habitués à l'air sec et chaud du
climat désertique.
Leur visage, brouillé par l'ictère [jaunisse], buriné
[ridé] par les soucis, vous conte les étapes de la période
héroïque, de 1921 à 1932, où les noirs "crevaient" au dur
labeur d'esclaves qui leur était imposé.
S'ils sont en confiance, ils vous montreront parfois,
enfouis dans un magasin, des sacs de poisson sec, que l'on
nomme ici "
pongo" et qui sert à la
nourriture des noirs.
Quelle
pourriture! Et elle rentre pour
cinquante pour cent dans l'alimentation des travailleurs!
On dit que de tels envois sont rares! D'accord. Mais ils
sont encore trop fréquents puisqu'ils suffisent à mettre
sur les dents le service de santé, qui n'a pourtant pas
trop de tout son temps pour soigner les multiples maladies
que ces envois ne manquent jamais de provoquer.
-- Savez-vous que ce poisson, qui suppure de tous côtés et
empeste à 50 pas, nous arrive parfois par wagons complets?
Nous ne savons qu'en faire: lorsqu'il est nettement pourri
les indigènes le refusent. C'est alors pour eux une ration
théorique, qui ne leur est jamais remplacée.
-- Ils n'ont cependant pas que cela?
-- Certes! Nous recevons également du manioc, en général
d'assez bonne qualité et en quantité suffisante. L'huile
de palme? Evidemment elle n'est pas de première fraîcheur,
mais elle [p.243] passe. Actuellement, et dans l'ensemble,
le travail pourrait marcher, n'étaient les innombrables
désertions
[fuite!] qui, brusquement, nous
privent d'équipes
entières. Un beau matin, trente ou cinquante
hommes disparaissent, Où sont-ils passés? On n'en sait
rien. C'est assommant!
Graphique d’évasion: Les Noirs fuient le massacre
sur les chantiers de construction français
"chrétiens" [25]
-- Bah! Tout ça va prendre fin. Maintenant qu'un tronçon
de la voie est entièrement terminé, le fret vous...
-- Du fret? Où diable voulez-vous qu'on le prenne? Il n'y
a pas d'exploitations par ici. Vous ne connaissez pas le
Mayombe, cela se voit. A part des montagnes, des
précipices, de l'eau, des brouillards s'accrochant aux
arbres de la forêt qui couvre tout, on n'y peut rien
trouver. Peut-être, en cherchant bien, découvrirait-on
quelques terres cultivables. C'est tout. Il y a beau temps
que tous les indigènes de la région sont morts ou se sont
enfuis au Congo belge, qui les hospitalise et les soigne.
"Quant à les faire revenir, bernique! La réputation de [la
localité de]
M'Vouti est trop bien établie.
On verra dans vingt ans. Pour le moment, il ne faut pas
s'attendre à voir autre chose qu'un véritable désert. Si
le "C.O." compte sur la richesse de cette région pour
payer ses dividendes, je plains ses actionnaires, acheva
en riant le fonctionnaire auquel je m'étais adressé.
La bourse de Paris? avec les "chrétiens"
arrogants et alcooliques? avec la ligne
perverse sur 800 m au lieu de 300 m?
Les spéculateurs européens ont appris peu de
choses sur les véritables circonstances de
l’Holocauste dans les montagnes du Mayombe, que
le gouvernement français a provoqué avec la
ligne de chemin de fer à travers la jungle
montagneuse par le Mont Bamba - jusqu’à ce que
Homet publie son livre en 1934. De tels livres
de vérité ont ensuite été présentés par les
arrogants "chrétiens" comme "alternatifs" et
invraisemblables. Et la Belgique s’est moquée de
l’incompétence de la concurrence française. La
Belgique avait déjà son scandale en 1906 avec
les mains coupées des Noirs comme mesure
éducative "chrétienne". La France n’était plus
inférieure à la Belgique...
Les « chrétiens » sont de la merde, c’est
pourquoi il faut fuir d'eux...
|
***
2.10.3.6. Chemin de fer Océan-Congo: La
discussion de la route - spéculations capitalistes d'un
"haut personnage" "chrétien" etc.
[Chemin de fer Océan-Congo: un "haut personnage"
"chrétien" a investi sur la route Madingou-M'Vouti]
Congo français, la ligne Madingou-M’Vouti - ici une
"haute personnalité" "chrétienne" française a
"investie" [carte 14]
Outre le chemin de fer qui s'achève, il y a la route. Aux
temps héroïques de la construction [p.244] du
C.F.C.O.
[chemin de fer Congo-Océan] alors qu'on acheminait tout à
dos d'homme, le gouverneur général, qui ne manque
d'ailleurs pas de jugement, avait décidé de faire
construire une route. Ce qui fut fait. Jusqu'à ces
derniers mois, tout allait pour le mieux.
-- Seulement, me dit au passage un entrepreneur de
transports, nos tarifs sont trop bas. La chose déplait au
gouvernement général. Songez donc,
un haut, très
haut personnage que vous connaissez fort bien,
a
investi une grande partie de sa fortune
dans l'exploitation du tronçon routier
Madingou-M'Vouti.
QUI était donc la "haute, très haute
personnalité" qui favorisait le trajet de
Madingou à M'Vouti SANS connaissance locale?
https://de.wikipedia.org/wiki/Liste_der_Staatsoberhäupter_Frankreichs
Trois présidents français "chrétiens" sont
possibles:
Gaston Doumergue (* 1er août 1863 ; † 18 juin
1937) - président : 13 juin 1924 - 13 juin
1931
Paul Doumer (* 22 mars 1857 ; † 7 mai 1932) -
Président : 13 juin 1931 - 7 mai 1932
Albert Lebrun (* 29 août 1871 ; † 6 mars 1950)
- Président : 10 mai 1932 - 11 juillet 1940
|
Etant seul concessionnaire - le soi-disant propriétaire
n'est qu'un homme de paille - il a pu pratiquer des prix
exorbitants. Notre concurrence le gêne. Elle gêne le
chemin de fer dont les prix sont trop élevés pour qu'on
puisse s'en servir avec avantage. Aussi, pour obvier à cet
inconvénient, l'administration laisse sans entretien la
route
de Brazzaville à Madingou, route qui
a pourtant
coûté un joli contingent de vies
humaines. Alors, nous tous, qui sommes
installés à Minduli ou à Brazzaville, nous ne pourrons
bientôt plus passer. Nous serons ruinés. Et le
gouvernement général aura enfin réalisé ses obscures
desseins.
[Chemin de fer Océan-Congo: investissements des
agriculteurs "chrétiens" près de la route
Madingou-M'Vouti]
-- Oui, continua un
colon ["chrétien"] qui
venait d'arriver. Si les transporteurs sont ruinés, faute
de route, que deviendrons-nous, nous, les rares
agricultures qui restons à la colonie? Nous avions fait
nos installations le long de cette voie de communication,
acheté des camions pour transporter nos produits. Nos
voitures ne sont pas encore entièrement payées. Nous ne
pouvons déjà plus rouler [p.245]. Voilà nos années
d'effort complètement perdues. La misère en perspective,
c'est notre récompense.
Peu à peu, des hommes aux visages graves, soucieux,
s'étaient approchés.
-- Les colons, me présenta simplement mon premier
interlocuteur.
Silencieusement, je serrai des mains.
[Chemin de fer Océan-Congo: les agriculteurs
"chrétiens" ne reçoivent rien de la Banque Agricole
"chrétienne" (!) - et l'administration fait les
spéculations avec des territoires près de la ligne
ferroviaire - agriculteurs ruinés rentrent en France -
confiscations - la propagande c'était "terre vierge"]
-- Mais enfin, continuai-je, vous avez le Crédit agricole.
Logo de la banque agricole française "Crédit
Agricole" [28]
Leurs yeux s'emplirent de sombre ironie.
-- Le Crédit agricole! Aucun de nous n'en a jamais vu le
premier sou. Nous avons tous signé, comme nous l'ordonnait
le gouverneur, des reconnaissances de dettes en faveur de
la caisse agricole. Il faut croire que ce geste a suffi à
l'administration, car, depuis, nous n'avons jamais plus
entendu parler de rien.
-- Nous en sommes même arrivés à souhaiter qu'on nous
oublie. Ne voyez-vous pas qu'un jour, on vienne nous
réclamer le remboursement de l'argent que nous n'avons pas
reçu!
-- Ce n'est pas impossible, affirmai-je, mais cela ne me
dit pas de quelle manière vous allez vous en tirer.
-- Si encore, enchaîna un autre, nous pouvions nous
installer à proximité du chemin de fer. Mais voilà, c'est
interdit!
Sur cinq kilomètres, de part et d'autre
de la ligne, out est réservé aux grosses Sociétés
amies de l'administration.
Alors, nous attendons. De temps à autre, l'un [p.246] de
nous abandonne. Il rentre en France
ruiné.
L'Etat lui pave son voyage comme indigent. Nous y
passerons les uns après les autres. Mais il ne sera pas
dit que nous lâherons sans résistance. Nous tiendrons
jusqu'au bout.
-- Mais que deviennent vos exploitations?
-- Nous les abandonnons, pressés en général par les dettes
dont nous n'avons pu régler à l'administration les
arrérages annuels. Nos plantations sont confisquées. C'est
le règlement en A.E.F. Dans cette colonie, on ne saisit
pas pour vendre et récupérer simplement la dette: on
confisque.
-- Triste existence, continua le colon. Avec la crise [de
la bourse "chrétienne" de 1929-1932], plus rien ne reste
de nos efforts.
La connexion générale: le
gouvernement "chrétien" avec la propagande
de "terre vierge"
Les colons "chrétiens" voulaient voler les
territoires des noirs - dans ce cas il n'a pas
fonctionné - parce que des autres "chrétiens"
de la Banque Agricole ont volé l'argent et les
colons ne peuvent pas se défendre et l'état ne
sait rien de ça. "chrétien" vole "chrétien" -
c'est seulement possible entre les "chrétiens"
- et en plus, d’autres "chrétiens" ont
déclenché la crise économique de 1929 sur la
bourse criminelle - les sociétés sans bourse
n’ont jamais rien connu de tel - les
"chrétiens" se ruinent et sont de la merde.
|
De temps à autre, nous voyons sur le Journal Officiel que
telle ou telle Société, toujours d'origine étrangère, a
obtenu, pour ainsi dire gratuitement, les concessions
entièrement mises en valeur par l'un de nous. L'herbe a
poussé sur l'exploitation aussitôt baptisée "
terre
vierge". Remise en état après un léger
défrichement, elle devient rapidement une superbe
propriété. Deux ou trois mille francs suffisent pour cela.
Et le gouvernement de la colonie ne voit rien!... Heureux
actionnaires, acheva-t-il amèrement. Ils sont bien
tranquilles, là-bas! à Rotterdam, à Anvers, ou même
parfois à Paris.
Et les colons attentifs, de ponctuer ce discours de gestes
rageurs.
Les douloureuses histoires qu'ils font ainsi revivre
devant moi!
Celle de ce vieux brave homme, arrivé depuis vingt-cinq
ans à la colonie, toujours prêt à faire [p.247] fortune,
toujours à demi ruiné et que la crise a trouvé prêt à
réaliser un million.
-- Il est maintenant sans le sou, avec quelque deux cents
hectares de café en pleine production, des bâtiments
d'exploitation, auto, etc... Voilà sept ans qu'il n'est
pas retourné en France. Il avait demandé cent mille francs
à titre de prêt agricole. Comme à nous, on lui a fait
signer une reconnaissance de dette. C'est tout. Encore
quelques mois; il devra tout lâcher.
-- Oui!...
***
2.10.3.7. Chemin de fer Océan-Congo:
chiffres
[40 ouvrages (tunnels ou viaducs) - grand nombre de
morts - 10 ans pour installer les infirmeries - tunnel
du Bamba cassé - remblais glissent - les rails restent
sans remblai]
Le train avance lentement. De temps en temps, sur des
courbes très prononcées, il semble marquer un temps
d'arrêt.
-- Nous pouvons faire 25 kilomètres à l'heure, murmure à
mes côtés un fonctionnaire de la voie, mais on ne se
risque pas. Il y a avec nous un personnage officiel. Un
accident est si vite arrivé, n'est-ce pas!
Tunnels et viaducs se succèdent avec une fréquence
impressionnante. On compte
quarante gros ouvrages
sur une section de trente kilomètres. Il est vrai qu'il
n'est pas une région qui ait offert d'obstacles aussi
gênants que celle qu'on traverse actuellement. Le
gouvernement général de l'A.E.F., à qui l'on avait
présenté des tracés d'une simplicité idéale, a voulu
montrer qu'il ne craignait nullement de 's'attaquer à des
difficultés majeures.
[Soupçon clair: le
gouvernement français, avec sa fausse fierté
"chrétienne" de l’alcool, voulait damer le pion à la
ligne de chemin de fer du Saint-Gothard en Suisse].
Tout serait pour le mieux, si l'on n'avait eu à [p.248]
enregistrer
un grand nombre de morts parmi le
personnel noir employé à la construction de
cette ligne.
Les brouillards sont mortels dans cette région. Elle est
si difficile d'accès que le service de santé a mis
dix
ans à installer les infirmeries les plus
indispensables. Elles manquent malheureusement des
médicaments courants.
En ce moment, on parle beaucoup d'accidents sur la voie du
Congo-Océan. Tous les journaux locaux s'en sont fait
l'écho. Le
tunnel du Bamba que nous avons
contourné s'est
effondré en parti avant
même que d'être terminé. Jusqu'au Directeur général des
travaux qui vient, après plusieurs autres personnes,
d'être tué dans un
éboulement. Et les
remblais,
bourrés de souches d'arbres finissant de pourrir [dans le
clima tropical avec des fortes pluies], glissent
brusquement dans la vallée, laissant en l'air, comme un
pont suspendu, des rails munis de leurs traverses
métalliques. On prétend que ça se tassera. Espérons-le,
ainsi que la terre des remblais et que les morts qu'ils
ont faits.
"Ouvrages d’art" de la ligne de chemin de fer
France-Congo-Océan, viaduc avec courbe [33] -
Exemple: Glissement de barrage avec voie suspendue
dans les airs à Ramerberg (Bavière) 6.10.2022 [34]
2004: Les ponts et les viaductes sont
reconstruit
http://www.congopage.com/?page=imprimersans&id_article=1188
|
***
2.11. Pointe-Noire
[Pointe-Noire: La France "chrétienne" vole des
territoires des noirs et installe une nouvelle cité -
projet de 100.000 habitants - les institutions
"chrétiennes": police avec la loi "chrétienne" - hôpital
avec les chimiques pharmaceutiques "crétiennes"+avec du
sable]
Carte du Congo français+carte du monde avec
Pointe-Noire [carte 15] - Carte de la région de
Pointe-Noire [carte 16]
Voici Pointe-Noire. Entièrement neuve, sans
couleur locale, la cité a été établie sur des plans
grandioses. Le gouverneur général actuel sait voir [p.249]
grand. Il a décidé que, derrière les docks monumentaux que
l'on construira un jour, la nouvelle ville aurait
cent
mille habitants. Il a tout taillé en
proportion dans la brousse inhospitalière.
Immenses sont les avenues. Mal assis, leurs revêtements
craquent déjà. Entre les carrés déserts, non encore
défrichés, à trois kilomètres l'un de l'autre, s'érigent
les monuments publics:
-- la mairie, qui dresse sa blancheur
au milieu des sables;
-- le tribunal, qui semble n'avoir à juger que les
maigres arbustes, poussés là, on ne sait comment;
-- la direction du port, terminée, mais qui attend
philosophiquement son port et
-- la prison, terminée elle aussi, qui attend ses
prisonniers.
Vers 1930 à Pointe-Noire, on a aussie employé ici
des ouvriers chinois, qui sont logés séparément dans
des camps [35]
Pointe-Noire, gare de marchandises avec gare
douanière 1930ca. [36]
Aussi bien, le gardien-chef de cette dernière remplit-il
dans un bureau différent, les fonctions de commissaire de
police, quand il ne surveille pas, agent
préposé à la circulation, les rares bourriquots [ânes],
surchargés que poussent devant eux les [indigènes]
"haoussas" aux longues robes.
Il y a aussi l'
hôpital: quelques cases en
"potopoto". Il regorge de malades. Sa saleté est telle que
les chiques sont là, comme chez elles; par milliers.
Malades et infirmiers passent leur temps à les retirer. Le
moindre vent recouvre ces mauvaises bicoques de
sable
qui
pollue tous les instruments laissés à
l'air libre, car l'installation des vitrines n'est encore
que prévue.
Aucune asepsie possible. Désespéré, le médecin s'affaire,
en vain.
Sur une voie étroite, derrière une machine [p.250]
poussive, se hâtent des wagons. Ils sont vides. Le
mécanicien fait retentir l'air de coups de sifflets
stridents. Le train a l'air d'être pressé. Où va-t-il?
Personne ne sait. Il va. C'est l'essentiel.
Il y a cependant, précédant le
grand port
toujours en projet, un
port de batelage
[?]. Il a coûté 30 millions. On se demande quelle
peut être son utilité. Il finissait de s'ensabler
lorsqu'on y a apporté la dernière pierre.
[Pointe-Noire: rumeurs de 400.000 habitants - plafonner
le territoire - trouver du gravier]
Les bonnes histoires que l'on entend à Pointe-Noire -
ville champignon qui a su, en cinq ans, attirer
quatre
cents habitants "dont cent cinquante
fonctionnaires", affirment les mauvaises langues!
On avait besoin de terre pour un remblai. Une faible
hauteur gênait. Cubée, elle donne cent mille mètres. On la
décapite. La terre s'en va à grandes
pelletées. Le travail terminé, la Société concessionnaire
présente à l'Etat congolais, qui paye sans sourciller, une
note correspondant à deux cent mille [200.000] mètres
cubes de déblais.
Et la moitié de la butte [colline] est encore debout!...
ON a besoin de béton aussi. Mais à Pointe-Noire il n'y a
pas de
gravier. On cherche. Il y en a sur
la ligne. Les terrains appartiennent à l'Etat. Une Société
demande l'option sur toute la partie où se trouvent les
cailloux. Elle l'obtient.
Bonne affaire pour les actionnaires. L'option est de deux
ans, toute maison concurrente devra passer par
l'intermédiaire de la Société concessionnaire pour obtenir
sa part des soixante mille mètres concédés. [p.251]
Mais quels sont donc ces travaux qui nécessitent tant de
béton? Le port de Pointe-Noire. Qui paiera, fort cher, ce
béton fait avec du gravier pris gratuitement sur le
domaine public? L'Etat évidemment.
N'est-ce pas que ces histoires sont bonnes.
[Et tout cela se passe dans des zones qui ont été volées
aux Noirs par la force des armes « chrétiennes », et dans
la spéculation boursière « chrétienne » blanche, les Noirs
ne sont pas pris en charge – au mieux comme esclaves. Les
« chrétiens » ne partagent JAMAIS. Ils sont de la merde].
Pointe-Noire en 2022: rue avec un stand [39] -
Pointe-Noire en 2023: marché, gens portant des
marchandises sur la tête [40]
Pointe-Noire en 2023: Terreur des taxis et terreur des
klaxons: Le gouvernement autorise une culture du taxi
comme au Pérou, les taxis klaxonnent partout -
horrible [41]
[Et tout cela se passe dans des zones qui ont été volées
aux Noirs par la force des armes "chrétiennes". Les
"chrétiens" ne partagent JAMAIS. Ils sont de la MERDE].
2.12. Ils chantent cet espoir!...
Frz.-Kongo: Pointe-Noire avec la plage "Pointe
Indienne" 1,2 [37,38]
-- Ra ca ta mia... Mia! ... Ra ca ta mia... Mia! ... [note
01]
[note 01] Chant que les indigènes entonnent tous ensemble
pour s'encourager à l'effort.
Le long de la plage de Pointe-Noire je vois des indigènes
qui ahanent sur une longue bille [tronc] de bois.
La corde à l'épaule qui saigne - la peau est enlevée par
plaques - ils sont là, au moins vingt. Derrière eux, sur
le sable, parmi les galets, la lourde poutre glisse
péniblement.
Comme ceux de la grande brousse, ils sont nus. Nus aussi
comme l'étaient leurs parents, avant l'arrivée des blancs.
Remarque: Terrorisme "chrétien" de vêtement
Seulement depuis les "chrétiens" ont venu, les
noirs sont obligé de pondre des vêtements - et
dans le clima tropical c'est une peste par
l'humidité dans les tissus. Les "chrétiens" sont
la MERDE - parce qu'ils ne s'adaptent jamais aux
indigènes mais imposent sa version du monde à
tout le monde avec ses fusils et canons. Les
"chrétiens" son la MERDE.
Es les musulmans ne sont pas mieux!
|
La cöte s'éloigne. Je revois encore une fois, avant
qu'elle disparaisse à mes yeux, la "pointe noire", bordée
du blanc éblouissant de l'immense plage qui envahit tout.
Elle dresse vers le large ses sombres récifs
inhospitaliers et lugubres. [p.252]
Les mahones qui ont apporté les bagages au paquebot
[bateau au vapeur], resté par prudence à deux mille de la
côte, dansent sur les énomres lames de la barre. Elles se
hâtent vers le "wharf", qui n'est plus maintenant qu'un
point noir sur le sable blanc.
Et voici qu'en une songerie, me revient à l'esprit,
accompagnant en sourdine le bruit régulier des machines,
la chanson monotone de mes braves tipoyeurs qui, il y a
quelques mois encore, m'emportaient alègrement dans les
sentiers ombreux de la sylve africaine.
Football pour enfants à Pointe-Noire 2014 1,2 [42,43]
Des dames adolescentes jouant au basket à
Pointe-Noire, club "Tigresses" [44]
"L'étape n'est pas longue, chantaient-ils, nous coucherons
à Boubangui.
A Boubangui, il y a des bananes.
A Boubangui, il y a des cabris.
A Boubangui, il y a du vin de palme.
Et le blanc nous donnera de tout cela pour que demain nous
puissions marcher vite..."
Chant d'espoir!...
***
Il y a 50 ans qu'ils chantent cet espoir!
M'Baïki (A.E.F.), août 1932
Paris, mars 1934 [p.253]