2a. Brazzaville: prison
catastrophe
2.1. Balisage (marquer le fleuve) -
aviation - port fluvial
On arrive à Brazzaville
[Congo français : Un voyage sur un fleuve - le
gouvernement français fait travailler les Belges - les
accidents au Congo français sans fin]
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Carte du Congo français:
"République du Congo" [carte 01]
Le Congo belge avait déjà un chemin de fer
de Matadi à Léopoldville (aujourd’hui
Kinshasa) à partir de 1898 - mais les
élites françaises, avec la maladie mentale
de Napoléon, voulaient avoir leur propre
ligne de chemin de fer, de Pointe Noire à
travers les montagnes du Mayombe jusqu’à
Brazzaville, au lieu de Madingo en
remontant la rivière Kouilou jusqu’à
Brazzaville sans aucun problème. La ligne
de chemin de fer criminelle à travers les
montagnes de la jungle des montagnes du
Mayombe a été ouverte en 1934 après des
meurtres de masse, un exode massif et des
spéculations territoriales par le
gouvernement français.
Léopoldville avait ainsi 30 ans d’avance
en termes de développement: à partir de
1898, la ville est directement reliée par
un chemin de fer à un grand port Matadi.
Un pont de Léopoldville à Brazzaville
passant le Congo n’a jamais été construit.
Léopoldville a progressé et Brazzaville
est resté un village de province sans
calanisation et pendant longtemps sans
éclairage, avec un gigantesque complexe
d’envie et de corruption. Lorsque
Brazzaville était en difficulté, les
Belges étaient toujours si gentils" pour
aider les Français.
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Carte
03: Les deux lignes de chemin de fer
1) de Pointe-Noire à Brazzaville et de
Matadi à Kinshasa (ex-Léopoldville)
[carte03]
Les deux Congos "chrétiens" avaient en
commun de traiter les Noirs pire que des
animaux avec des fouets, des punitions,
des déportations, du travail forcé, de
l’esclavage et même des meurtres de
masse par surmenage et refus de
nourriture et en refusant les soins
médicaux. Les deux Congo "chrétiens" ont
donc mis en place un système de camps de
concentration "chrétiens" sur les
plantations et les chantiers. Sur
certains chantiers, on importait des
Chinois, qui étaient bien payés. On voit
ici l’exemple français de Brazzaville et
du chemin de fer français Congo-Océan,
décrit par l’archéologue et
anthropologue Marcel Homet (1897-1982). |
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[Congo français : Un voyage sur un
fleuve - le gouvernement français fait travailler les
Belges - les accidents au Congo français sans fin]
Après une formidable tornade qui avait obligé le navire à
piquer du nez dans les herbes de la rive, nous débouchions
dans le "Pool".
"Pool", mot anglais, signifie lac. On a ainsi dénommé la
grande étendue d'eau qui se trouve entre les deux
capitales, belge et française, de l'Afrique Centrale.
Navire sur le fleuve Congo entre Coquilathville et
Léopoldville [5] - Carte: le "bassin" du Congo avec
Brazzaville (à gauche) et Kinshasa (ex-Léopoldville)
à droite [carte 02] - Les bouées sont très
importantes sur le fleuve Congo pour que les
capitaines sachent où le fleuve n’est pas navigable
[6]
Juché fort haut sur la passerelle de commandement, je
m'aperçus que toutes les bouées, qui jusqu'alors avaient
jalonné notre chemin, avaient disparu.
-- Nous sommes revenus dans les eaux françaises, répondit
le capitaine à ma muette interrogation. Ce n'est plus
balisé.
-- Nous profitions donc du travail des Belges?
-- Euh! Oui et non! En 1924 une convention fut signée
entre la Belgique et la France. La première devait baliser
le fleuve Congo, la seconde l'affluent de celui-ci,
l'Oubangui [fleuve Ubangi au nord] [p.161].
Chacun se mit à l'oeuvre. Les Belges, consciencieux comme
toujours, armèrent deux navires et firent venir des
ingénieurs hydrographes. D'un bout de l'année à l'autre,
on put les voir, balisant et dressant la carte des fonds
rocheux.
De notre côté, nous ne fîmes rien pendant un an, puis, en
1925, le gouverneur général donna à un capitaine de navire
les instructions nécessaires pour commencer le balisage
[la marque]. C'est d'ailleurs à peu près tout ce qu'il lui
donna: à lui de se débrouiller [solutionner des
problèmes].
Et il se débruilla. De vieilles chaînes, des tonneaux
vides, représentèrent les bouées. Des bouts de planches
grossièrement façonnés figurèrent des "voyants". Mal fixés
aux arbres de la rive, ils disparurent bientôt.
Au bout d'un an, les maigres crédits mis à sa disposition
étant épuisés, la mission rentra au port.
Cependant, le fleuve, continuant son affouillement
traditionnel, monta, puis descendit. Aux premières eaux
basses qui suivirent le départ de la mission, les bancs de
sable avaient déjà changé de place: les passes étaient
plus qu'a demi obstruées. Le niveau du fleuve se souleva
une seconde fois charriant un flot d'alluvions. Les eaux
se retirèrent et l'on vit avec stupéfaction les bouées
indiquant les passes libres mollement échouées sur de
magnifiques et énormes bancs de sable où se prélassaient,
en toute tranquillité, de nombreux caïmans.
Ce fut tout. Le gouvernement général de l'A.E.F. qui avait
envoyé sa mission, et avait ainsi [p.162] fait honneur à
ses engagements, ne se préoccupa plus de rien.
Dans les eaux belges, les navires passent avec la plus
entière sécurité. Dans les eaux françaises, les capitaines
sont contraints de s'en remettre au flair des barreurs
noirs.
C'est pourquoi l'on voit de si nombreux accidents.
-- Bah! fis-je au capitaine. C'est partout la même chose.
Tenez, l'aviation...
-- !!!
-- Oui! Une convention a été, là aussi, signée entre les
deux colonies.
"D'après ce traité, les avions français, qui sont à Bangui
[capitale de l'Afrique Centrale], auront le droit de se
servir des installations de la "Sabena", la remarquable
entreprise belge de transports aériens, qui a jalonné
[marqué], tous les cinquante kilomètres, la rive belge de
terrains d'aviation. Il y aura réciprocité de survol, dit
le contrat.
-- Eh bien, que trouvez-vous là de drôle? me dit le
capitaine avec étonnement.
-- Moi? Rien! A part peut-être la clause "réciprocité".
-- Pourquoi?
-- Pourquoi! Il n'y a aucun terrain d'aviation sur la rive
française du Congo.
***
Au loin apparaissent les huit pylônes de la T.S.F. de
Brazzaville.
Commencé en 1924, ce poste devait être le [p.163] plus
fort de l'Afrique. Mais on doit déjà le démolir sans qu'il
ait jamais servi: les pylônes tombent en ruine.
Il en est de même du port de Brazzaville devant lequel
nous venons d'arriver. On l'a commencé il y a deux ans.
Des quais ont été élevés qui avaient bonne apparence. .
Malheureusement on a oublié d'installer des "bittes"
d'amarrage, puis le revêtement extérieur des quais, sur le
fleuve, a été mal compris... ou n'a peut-être pas connu le
ciment.
Le fait est qu'à peine terminés, les quais s'effondrent,
des trous énormes se font jour dans les parements. On ne
les répare pas. A quoi bon. On vient de s'apercevoir que
les ingénieurs de la Société concessionnaire s'étaient
trompés. Le port s'ensable chaque jour. On en refera donc
un second!
[Soupçon : Les ingénieurs ont mis l’argent pour le ciment
et pour les bornes dans leurs propres poches et ils ne se
soucient pas du type de rupture qu’ils fabriquent, car
Paris est totalement submergé par les nombreuses colonies.
C’est ainsi que fonctionne l’économie "chrétienne" dans la
France catholique].
Soupçon: vol systématique "chrétien"
Les ingénieurs ont mis l’argent pour le ciment
et pour les bornes dans leurs propres poches et
ils ne se soucient pas du type de rupture qu’ils
fabriquent, car Paris est totalement submergé
par les nombreuses colonies. C’est ainsi que
fonctionne l’économie "chrétienne" dans la
France catholique. Ce système de vol est bien
normal comme au Pérou ou dans d’autres états
coloniaux catholiques, même après l’indépendance
on ne changera rien, j’ai pu l’observer moi-même
au Pérou pendant 9 ans ce système de vol - de
2008-2012 et 2015 à 2020.
Et comme l’ensemble du système économique est
toujours "sous pression" à cause du marché
boursier criminel avec les cours des actions et
les dividendes, la vérité ne doit bien sûr
jamais être publiée, et donc certaines personnes
ont toujours les mains libres avec le vol de
masse.
|
***
2.2. Vous irez en prison
Crime "chrétien" contre Homet: la vérité
criminelle sur le chantier du chemin de fer Congo-Océan
coûte la liberté
[Congo français: la vérité de Homet sur les travaux du
chemin de fer Congo-Océan - le gouvernement français
"chrétien" invente "outrage" et "menaces"]
Brazzaville, Avenue de Commerce 1934 [3] - Cour
de Brazzaville en 1930 env. [7]
Le [bateau] Surcouf (corsaire pendant Napoléon contre les
anglais [web03]) atteignait Brazzaville. Par suite de sa
vitesse, son arrivée se trouvait avancée. Il n'était pas
attendu... et moi non plus.
Comme je l'ai conté par ailleurs, un administrateur du
cabinet du gouverneur de l'Oubangui-Chari, m'avait averti
de ma prochaine arrestation [p.164]. On n'avait pas osé le
faire à Bangui [capitale de l'Afrique Centrale] où les
magistrats, à quinze cents kilomètres de la capitale,
n'étaient pas sûrs!
Or il fallait à tout prix étouffer des révélations que
j'avais menacé d'étendre jusqu'au public français [sinon
le cours des actions baissera].
Ensuite, j'avais fait part de mon intention de
visiter
les travaux du chemin de fer Congo-Océan:
chose interdite à un journaliste scrupuleux, surtout, - et
je le dis sans me vanter, - spécialiste en matières
ferroviaires coloniales.
Sachant que j'allais être arrêté, j'aurais pu passer par
le Congo belge. Je n'en fis rien: les dés étaient jetés.
Au moment où le Surcouf accosta, le
commissaire
central de Brazzaville monta à bord.
Quelques instants plus tard, escorté de quatre soldats
baïonnette au canon, je faisais mon entrée chez le juge
d'instruction. J'étais inculpé aussitôt "d'outrages au
procureur général".
-- Mais enfin, monsieur le juge d'instruction, on n'a pas
le droit de m'arrêter!
-- J'ai reçu des ordres.
-- De plus, arrêté relativement à la publication d'une
lettre ouverte, j'ai droit à la Cour d'assises, qui seule
me permet, selon la loi, de montrer mes preuves.
-- Vous passerez en correctionnelle.
-- Mon défenseur...
-- Vous n'aurez pas de défenseur, c'est interdit par la
loi congolaise.
-- Je veux connaître mon dossier!
-- Impossible. C'est interdit par la loi congolaise. Vous
connaîtrez à l'audience les charges qui pèsent sur vous.
-- Mais...
-- Reconduisez l'inculpé [note 01].
[note 01] Dialogue résumé, mais dans son ensemble
rigoureusement exact. Tout ce qu'indique le magistrat,
relativement au défenseur, dossier, etc., est légal en
A.E.F.
[Tout est interdit pour que les cours des actions ne
baissent jamais, mais seulement montent et que les "bonnes
nouvelles" se répandent].
***
Au bout de cinq jours de détention, il fallait me
relâcher. C'était la loi: je n'étais passible que de deux
ans de prison et mon casier judiciaire était vierge.
Mais... au bout de quatre jours seulement une seconde
inculpation, arrivée par télégramme, pesait sur moi:
--
Outrages au gouverneur de
l'Oubangui-Chari;
--
menaces adressées au même et tentative
de chantage, pour un tiers, par rapport à ce haut
fonctionnaire.
Avant de quitter Bangui [capitale de l’Afrique centrale
sur le fleuve Oubangui], en effet, j'avais pris la défense
d'un colon qui ne pouvait payer au fisc douze cents francs
qu'il lui devait et que le gouverneur voulait faire jeter
en prison en attendant la vente de tous ses biens.
J'avais dit ce que je pensais de la justice. J'avais
menacé de dévoiler de hautes collusions. J'étais
maintenant sous le coup de trois ans de prison.
Condamné à six mois de prison sans sursis,
la Cour d'appel, présidée par un magistrat à la haute
conscience, me donna le sursis. Et l'on craignait aussi la
voix de deux avocats, un belge [p.166] et un français,
qui, malgré les pressions effectuées, avaient tenu à
m'accompagner en audience.
Je sortis donc de prison après
sept semaines de
détention préventive.
[Congo français: la vérité sur les travaux du chemin de
fer Congo-Océan - le gouvernement français "chrétien"
invente "diffamation"]
L'avant-veille de ma sortie, alors que l'on savait que le
désintéressement et le courage de mes défenseurs, joints à
l'honnêteté du président de la Cour, allaient me rendre à
la liberté, je fus l'objet d'une troisième inculpation:
diffamation.
Je reviens de trois mois en arrière. Aussitôt que le
capitaine D... de P... eut réussi à faire disparaître de
la Lobaye (une préfecture dans l'Afrique Centrale [web04])
le gênant témoin que j'étais, je reçus du gouverneur
l'ordre d'avoir à payer trois redevances domaniales
relatives à ma propriété.
Or, j'avais en main les reçus postaux de mes paiements. Je
l'indiquai.
Pour toute réponse on m'écrivit que, si dans les quinze
jours je n'avais pas payé ces redevances, "tous mes biens
feraient purement et simplement retour aus domaines."
[note 01]
[note 01] La "confiscation totale des biens" pour un
paiement minime, est légale en A.E.F.
[C’est une terreur coloniale "chrétienne" normale pour
enrichir les employés de l’État - c’était comme ça dans
toutes les colonies du monde].
Je ne pouvais payer à nouveau. On le savait. Je déposai
une plainte en vol.
A Brazzaville, le président refusa de faire état des
déclarations de la poste affirmant avoir payé. Il refusa
l'expertise comptable demandée par moi et me débouta.
A la reprise de l'audience, l'administration, partie
civile contre moi, demanda "ma très sévère condamnation
pour m'empêcher de continuer la publication de mon
journal." [p.167]
Ce qu'accepta le président, qui me condamna à un nouveau
mois de prison et - avec le frais - à vingt mille francs
d'amende, et un franc de dommages et intérêts.
Là encore, tout tomba en appel, sauf le franc de dommages
et intérêts, geste symbolique que le président de la cour,
malgré qu'il en eut, ne put prendre sur lui de retirer.
Avant de quitter ce chapitre, je tiens à ajouter ces
quelques mots:
Relativement à toutes les inculpations dont je venais
d'être gratifié, j'ai pu me rendre comte de ce qu'aucune
plainte n'avait jamais été déposée contre moi. L'action de
la justice avait été déclenchée automatiquement par le
Ministère public qui avait exigé les poursuites, mon
arrestation préventive, puis mes condamnations.
Et le chef du Ministère public est, nul ne l'ignore, le
procureur général chef du service judiciaire de l'A.E.F.
La terreur dans les colonies ne peut pas être
contrôlée par les gouvernements en Europe, et
dans les colonies le pouvoir judiciaire fait ce
qu’il veut - et ce népotisme et cet arbitraire
continuent après les indépendances, parce que
les familles nobles des ex-colonies pensent
alors que ce comportement serait "normal". ÇA
c’était alors la propagation de la
"civilisation".
|
***
2.3. La prison
Prison de Brazzaville = camp de
concentration - tout est usé, jamais nettoyé, jamais
lavé
[Congo français - Brazzaville: le gouvernement
"chrétien" a installé des camps de concentrations avec
des chambres cruelles]
Lorsqu'on descend, soit du bateau, soit du train, à
Brazzaville, et que l'on se rend sur le "plateau", on
aperçoit vers la droite, sur un terre-plein surélevé de
deux mètres, une espèce [p.168] de château fort surmonté
d'une tour crénelée, avec, tout autour, des paillotes en
terre gâchée recouvertes de chaume pourri.
Le tout branlant, chancelant, d'un aspect bien misérable.
Les amis du pittoresque africain, ceux qui passent, ceux
qui étudient ou qui flânent, se demandent curieusement les
uns aux autres:
-- Qu'est-ce?
C'est la prison dont le gouverneur général a doté la cité.
Je dois à la vérité de dire que le piteux état de cette
geôle n'est pas imputable au gouverneur général actuel.
Construite il y aune vingtaine d'années, elle servait à
cette époque, reculée pour l'A.E.F., de prison pour
indigènes. Le gouvernement de cette colonie, par un
louable souci d'économies, s'est simplement arrangé pour y
placer, dans une regrettable promiscuité, avec les blancs,
les femmes noires, les voleurs, les enfants de la
"correction", ainsi que les assassins.
D'abord une rampe en pente raide, bordée de fils de fer
barbelés.
A la porte, le régisseur.
Le gendarme qui m'accompagne tend à son collègue le billet
d'écrou. Deux ou trois mots rapides du règlement, et, dans
la nuit, je suis conduit au fond de la cour.
Dans une pièce délabrée, rendue plus lépreuse encore par
la lueur vacillante de la lampe que l'on me donne pour me
permettre de me déshabiller, on m'avance une chaise.
Clic-clac! me voilà enfermé. [p.169]
[Congo français - Brazzaville: la chambre de la prison]
J'entends les crosses des mousquetons qui heurtent
lourdement le sol, des mots prononcés à voix basse. Au
loin un chien aboie. Une lueur de foyer se reflète en
lames minces au travers des persiennes sur le mur de ma
chambre, puis, c'est le silence total, lourd de menaces.
Dans un coin de la pièce, j'ai entrevu un bidon de
pétrole, une touque comme nous le nommons au Congo. C'est
le baquet, pensai-je, le fameux baquet des prisonniers. Le
lit, lui, m'a attiré, car il semble coquet. Il est en
cuivre, passé au vernis noir, sa moustiquaire est blanche,
sa taie d'oreiller bien tirée. J'ai hâte de faire sa
connaissance. Je me déshabille, je soulève la couverture.
Horreur! L'étoffe de l'oreiller se transforme en trois
loques déchiquetées, trouées, soigneusement aplaties et
ayant la prétention, sur un matelas tout bossué de crins
qui ressortent, de représenter le drap de dessous. Quant à
celui de dessus, c'est plus simple, il n'y en pas! Deux
couvertures de cheval en font office. Jamais lavées,
pleines de la sueur et de la crasse des prisonniers qui se
sont succédés avant moi, elle s'appliquent à même la peau.
Je souffle la lumière. L'obscurité, dense, m'étreint. Je
voudrais me lever. Je voudrais sortir. Oh!cette
impuissance, ce sentiment que l'on a de l'inutilité de
tout effort. Est-il une torture qui annihile mieux la
personnalité? Tout s'écroule en moi. Mes nerfs se crispent
de rage.
Je me lève. J'ai bien des allumettes, mais ai-je le droit
de m'en servir? A quoi bon! Je me recouche. Je suis las.
comme une brute, je m'endors. [p.170]
2.4. Dans la prison
2.4.1. L'affaire Panot-Baré-Titot
Des vols "chrétiens" du chantier "Congo-Océan": vol
comptable - vol par encaisser 40.000 francs par mois
pour des ouvriers qui ont pris la fuite - et un vol de
40.000 à 80.000 francs
[Congo français - prison de Brazzaville: le
gouvernement "chrétien" célèbre le terrorisme contre la
vérité avec des clefs]
Au loin chante le coq! Une lueur diffuse emplit ma
chambre. J'ouvre les yeux. Dans la cour on s'agite; des
crosses résonnent; des commandement - en un français petit
nègre qu'en d'autres temps je trouverais cocasse -
retentissent.
Maintenant, le plein jour emplit la pièce. A droite, à
gauche, des verrous claquent, des clefs grincent. Devant
chez moi, rien! Si, un sergent indigène arrive, deux
gardes le suivent. Le gradé commande: "Bayette... anon!"
L'acier froisse l'acier, l'éclair bleuâtre des armes
jaillit. Je regarde par les persiennes. Les deux gardes,
arme au poing, sont immobiles devant ma porte. Je me
précipite à la fenêtre; deux autres soldats sont là.
Le café passe devant moi. J'entends les exclamations de
plaisir des voisins qui le hument. Ma porte reste toujours
fermée, les gardes ne bougent pas. Je me recouche.
J'attends. [Comportement addictif de café "chrétien"].
Café nocif [8]
Cependant des clefs se font entendre. Leur bruit se
rapproche. Les verrous reclaquent, la porte s'ouvre et je
trouve devant moi les visages [p.171] ahuris de ceux qui
vont devenir, pendant près de deux mois, mes compagnons de
malheur.
-- Comment vit-on ici? Et je lampe une gorgée de café.
Panot, le prisonnier auquel je m'adresse, me regarde avec
un bon sourire:
-- Comment on vit? Mais, pas trop mal, n'étaient l'eau
polluée, la mauvaise nourriture, l'air malsain, les
mouches, les moustiques, et, de temps à autre, la cellule.
En outre... Et il me montrait les loques innommables
couvrant son corps: oui, continua-t-il, en réponse à mon
regard interrogateur; comme nous ne sommes qu'en
prévention, nous n'avons pas droit aux vêtements de
prisonniers. Non plus qu'au travail d'ailleurs. Donc, pas
d'argent, pas de vêtements, bientôt nous irons tout nus.
Le principe criminel "chrétien": traiter les
personnes en détention provisoire plus mal que
les condamnés
Cette injustice de traiter les personnes en
détention provisoire pire que les criminels
condamnés n’a pas été corrigée dans le système
carcéral "chrétien" à ce jour. L’administration
pénitentiaire "chrétienne" ne se soucie tout
simplement pas de cette torture en détention
provisoire. De nombreuses personnes innocentes
sont en détention et pourraient faire quelque
chose de positif - non, ces forces sont perdues.
La justice n’a pas d’importance pour les patrons
"chrétiens" criminels. C’est même amusant pour
certaines administrations pénitentiaires de
garder des personnes en garde à vue le plus
longtemps possible, quand on observe que la
transmission de documents sur 60km prend une
semaine, etc. J’ai pu en faire l’expérience en
direct pendant une semaine dans la prison
criminelle de Lörrach en 2008, comment les
choses s’y font et comment le contribuable et
volé par des manœuvres superflues. La prison
doit toujours être pleine pour que le travail
des gardiens ne soit pas mis en danger. Et ils
se sont appelés "chrétiens" - Lien
(allemand)
|
-- En somme ce n'est pas fameux?
-- Non, pas très, répond derrière moi une voix
faubourienne.
-- Tiens! Tiens! Un Parigot par ici. C'est au moins vous,
Baré? Je vous ai sérieusement défendu dans mon journal.
-- Nous vous remercions, mais, que voulez-vous, rien à
faire.
Je me rappelais cette lamentable affaire, celle de
Panot-Baré, deux pauvres diables honnêtes, et de Titot, de
réputation douteuse.
[Congo français - chantier "chrétien" du chemin de fer
"Congo-Océan": vol comptable de 9000 francs, taxes]
Ligne de chemin de fer criminelle au Congo
français de Pointe-Noire à Brazzaville, chantier
dans les montagnes du Mayombe au tunnel du Kil [9]
Ils étaient tous les trois employés au chemin de fer
"Congo-Océan". Coup sur coup, divers
scandales
venaient d'éclater:
-- vols éhontés, et non punis;
-- concussions vraiment exagérées, même pour [p.172] le
Congo, etc...
Le Ministère demandait LES coupables. Et le gouvernement
général s'est ingénié à lui trouver DES coupables.
Pour une fois l'administration eut une chance.
Titot
venait de détourner
neuf mille francs. On
put en fournir la preuve et il avoua. On le fourra en
prison.
C'était un
vol comptable. Il fallait
trouver maintenant une escroquerie relevant du service des
travaux publics.
Après maintes investigations, on découvrit que deux
camarades de Titot, chefs de districts du chemin de fer,
avaient fourni des états de paiement de leurs travailleurs
non conformes à la réalité. Deux différences étaient
relevées: treize cents francs pour l'un, deux mille cent
francs pour l'autre.
Affreux scandale. avant toute instruction on arrêta les
coupables, que l'on jeta en prison.
Poussées plus avant, les investigations n'allèrent point
toutes seules: les deux inculpés d'escroquerie ne
possédaient pas de caisse!
-- Oui, articulait le procureur, mais le comptable Titot
s'entendait avec eux. Ils partageaient la différence.
Ce qui eut été plausible si, à cette époque déjà, Titot,
relevé de ses fonctions, n'avait été en prison.
En outre, l'accusateur principal, un nommé G..., comptable
principal au chemin de fer, détenait seul les fonds.
-- Mais les états de travailleurs étaient falsifiés,
affirma le procureur. Je retiens contre les [p.173],
l'inculpation de "faux et usage de faux commis par des
fonctionnaires dans l'exercice de leurs fonctions et je
demande pour eux, cinq ans de bagne".
-- Faux et usage de faux commis par des fonctionnaires,
clamèrent les défenseurs. Mais Panot et Baré ne sont que
des journaliers payés à raison de soixante-quinze francs
par jour ouvrable. Montrez donc vos états de
fonctionnaires.
-- Inutile, trancha le procureur, qui coupa court et
abandonna son accusation. Mai il reste le faux.
-- Comme nous n'avons pu consulter le dossier de nos
clients, déclarèrent les avocats (fonctionnaires choisis
pour la circonstance par le gouverneur, qui s'était trompé
sur leur compte), nous demandons que la preuve du faux
soit apportée à l'audience.
-- Inutile, affirma encore le Ministère public qui ajouta:
-- J'abandonne l'accusation de faux, mais je requiers
l'inculpation, pour Baré et Panot, de "complicité de
tentative d'escroquerie".
[Congo français - chantier "chrétien" du chemin de fer
"Congo-Océan": 40.000 francs par mois pour des ouvriers
qui n'existent plus]
-- Qui n'a pas eu lieu, affirma à la barre le
directeur
du chemin de fer Congo-Océan, haut
fonctionnaire unanimement respecté pour son honnêteté.
Non, qui n'a pas eu lieu. En outre, j'estime comme très
exacte la raison donnée par les inculpés, relativement à
la différence qui existait entre leurs états de personnel
et celui qui existe réellement. Tous les mois, de nombreux
travailleurs noirs du chemin de fer se sauvent dans la
brousse
[pour ne pas mourir de maladie et de malnutrition sur les
chantiers]. Tous les chefs de districts ont des [p.174]
listes d'appel où les ouvriers sont en nombre supérieur à
ceux qui sont présents à la fin du mois. G..., le
comptable principal, qui se déplace pour payer les hommes,
a toujours des en "trop" dans sa caisse. Ceux-ci
atteignent parfois
quarante mille [40.000] francs
par mois, ce qui correspond à
la paie de quelque
cent cinquante déserteurs. En outre, j'ajoute
que je suis très satisfait des services de Pant et Baré.
Franc français 1930: billet de 5 Francs [10]
La Cour se retira. Elle est composée en A.E.F., où
l'institution du jury n'existe pas, d'un magistrat
président (pas toujours), de deux fonctionnaires, dont le
propre chef de cabinet du gouverneur général, et de deux
commerçants adjudicataires des administrations de la
colonie.
A la majorité d'une voix, les accusés furent reconnus
coupables "de complicité de tentative d'une escroquerie
qui n'avait pas eu lieu".
Panot et Baré - dont le
casier judiciaire était
vierge - furent condamnés à
deux ans de
prison sans sursis. Plus, avec les frais,
quinze
mille francs d'amende.
Titot, lui, qui avait avoué un
détournement de neuf
mille francs, fut condamné à
trois ans
de prison sans sursis,
quinze mille
francs d'amende et le remboursement des sommes
détournées.
Panot et Baré se pourvurent en cassation contre cet arrêt.
Mais on ne s'étonnera pas d'apprendre, après les
révélations de l'affaire
Stavisky, que leur
peine était déjà purgée et qu'ils étaient en liberté, sans
que la Cour de cassation ait trouvé le temps de juger.
[S.175]
***
[Congo français - Chantier "chrétien" du chemin de fer
Congo-Océan : le gouverneur "chrétien" de l’A.E.F.
laisse passer des vols d’environ 40.000.000 à 80.000.000
francs]
Un an après ces faits, le
gouverneur général de
l'A.E.F. fut accusé, dans un quotidien
parisien, d'avoir fermé les yeux sur des détournements
atteignant
plusieurs dizaines de millions.
Il put répondre immédiatement que: "Lorsque des voleurs
étaient découverts, la justice suivait toujours son cours,
à telle enseigne que certains d'entre eux étaient encore
en prison."
2.4.2. L'affaire Costa
Une livraison de poisson pourri -
incroyable
[Congo français prison Brazzaville: Le "chrétien" Costa
de Léopoldville: il manquent 180.000 francs - livraison
de poisson pourri - extorsions pour payer]
Il y avait aussi dans la prison
un Portugais nommé
Costa. Arrêté au Congo belge, sur demande de
la police française, incarcéré à
Léopoldville,
extradé, il était accusé d'avoir
escroqué à son
patron une somme de cent quatre-vingt mille francs
[180.000 francs].
Depuis dix mois, il croupissait en prison préventive, à la
suite d'une instruction qui s'était faite inexplicablement
longue. On disait que son interrogatoire, en audience,
pouvait compromettre trois officiers aimant fort les
cadeaux. Le fait est que, depuis un mois que l'instruction
était terminée, Costa ne savait qu'une chose: qu'il
passait aux assises. A quelle date? On ne s'était pas
encore résolu à la fixer [p.176].
Et cette parodie de cour sans jurés, composée en partie de
tributaires du gouverneur général, n'inspirait guère
confiance au Portugais à qui l'expérience avait appris
qu'il serait plus ou moins condamné suivant l'intérêt du
moment.
-- Ce qui m'étonne, disait Panot, c'est qu'on ne lui ait
pas encore fait boire du "mauvais café". Il en sait trop!
Costa est venu me demander mon aide pour sortir de sa
difficile situation. Encore qu'il me répugne de défendre
un coquin, j'accepte avec l'arrière-pensée de faire
condamner les officiers concussionnaires. Je demande au
Portugais de me conter avec exactitude ce qui lui est
arrivé.
-- Voici, me dit-il. Je ne suis au Congo français que
directeur d'une firme portugaise. Mon patron est en
Europe, et il a confié à un commerçant de ses amis le soin
de me ravitailler en marchandises et denrées destinées aux
travailleurs indigènes du chemin de fer Congo-Océan. Je
dois rendre compte mensuellement de mon avoir en caisse.
Dernièrement, je reçois l'avis de ce que
deux cents
tonnes de poisson sont arrivées, à mon
adresse, à la gare de Léopoldville. J'y vais.
Tout
le poisson était pourri. Je proteste. On me
répond:
Poisson dans le fleuve Congo "Tétra tigre goliath"
(Goliath Tigerfish) [11]
-- Bah! C'est pour l'administration française. Et l'on me
menace de me faire perdre ma place si je ne prends pas
livraison de cette marchandise. Que faire? Je vais trouver
un officier de mes amis, président de la commission de
recettes à Brazzaville. Je lui glisse 25.000 francs dans
la main. Le lendemain, lorsque la commission [p.177]
passe, les noirs de l'entrepôt, habitués à ces sortes de
choses, ouvrent quelques superbes paquets de poisson, qui
étaient placés sur le haut de la pile des 20 tonnes que
j'avais seulement fait entrer. Les officiers regardent:
"Accepté", me dit le président. Le soir je fais passer au
Congo français tout mon poisson pourri qui est entassé en
hâte dans des wagons, amenés par mon ami sur le beach
[plage]. Le train part en brousse où il est garé le temps
nécessaire pour que son chargement ait le temps normal de
se gâter. Après quoi certains officiers, chargés de la
distribution des vivres aux travailleurs, leur donnèrent
ce poisson. Mais cela coûte cher, de pareilles pratiques.
J'ai dû donner deux autos à X..., 50.000 francs à Y...,
20.000 à Z..., sans compter les petits cadeaux aux noirs
et à certains autres intermédiaires. Bref, lors de la
vérification de ma caisse, il me manquait près de 140.000
francs. Mon patron a déposé une plainte contre moi. Et
voilà!
"Chrétiens" français: le clima n'importe pas
- les morts n'importent pas
L’administration française arrogante et
"chrétienne" du Congo français n’a pas eu l’idée
de
-- que dans un clima tropical, les aliments
peuvent difficilement être stockés de manière
durable
-- que les ouvriers du chemin de fer du Congo
pourraient mieux entretenir leurs propres
jardins et étangs afin d’avoir toujours des
aliments frais.
Les "chrétiens" de la France pensaient
simplement que le climat n’était pas important.
Et c’est ainsi que des milliers de Noirs sont
morts sur les chantiers de construction
ferroviaire, à cause du régime catastrophique et
à cause du refus des engins de construction
normaux d’Europe: La ligne de chemin de
fer a été en grande partie construite à la main
avec des scies de jardin et des houes de jardin.
Dans le sud tropical du Vietnam, qui était
aussi une colonie française, exactement le
même massacre a eu lieu avec la déforestation
et les travaux de plantation ou avec les
chantiers de construction de chemins de fer:
climat tropical, les gens des montagnes au
climat tropical ne peuvent pas tolérer le
climat, nourriture pourrie, esclavage, pas de
soins médicaux pour les maladies tropicales,
torture et blessures graves avec des fouets,
déforestation avec des outils de jardinage,
exemple plantation de caoutchouc de Phu Rieng
lien
(anglais).
Quoi sont alors les "chrétiens" de la France?
|
[Congo français prison Brazzaville: appellation de la
femme de Costa - officier très malade - second officier
malade - troisième officier se cache - autre vol de
Costa à Lisbonne?]
Quelques jours après, ma femme, munie des documents
nécessaires, fait paraître dans "Don Quichotte" un dessin
fort suggestif, accompagné d'une légende très explicite.
Aussitôt, l'officier le plus compromis tombe malade. Son
état est tel qu'il exige son rapatriement immédiat. Le
gouverneur général l'expédie à [la ville portuaire de]
Pointe-Nore, où il prend le premier paquebot de passage.
Un second officier est muté, lui aussi, à Pointe-Noire. Il
attend le développement de l'affaire. Le troisième se
terre. [p.178]
Et Costa qui venait de passer 12 mois en prison
préventive, bénéficie d'un non-lieu. On l'envoie se faire
pendre ailleurs. Arrivé à Lisbonne, il commet un autre vol
et disparaît sur un vapeur brésilien. La police portugaise
est à ses trousses! Mes efforts n'avaient abouti qu'à
sauver quatre bandits!
Ce n'était pas du tout ce que j'avais cherché.
2.4.3. Hygiène et discipline à la prison
Tonneaux comme salle de bain - pas de
l'eau - le fleuve est la toilette - laves seulement le
dimanche - dysenterie sans médecine ni médecin - vol
total
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien"
Brazzaville: conditions catastrophiques avec des
tonneaux - SOUPÇON: vol de l'argent pour la
construction: 75.000.000 francs]
Cette prison manque vraiment du confort le plus
élémentaire. A ma droite, trois misérables cabanes de
"potopoto" (glaise [web05]) crevassées, laissant
apercevoir la vêture des dames de ces messieurs les
gardes. De l'autre côté, une série de petites cases dont
l'une évacue, par sa porte voilée d'une natte pourrie, un
nuage de mouches: ordinaires, bleues, vertes, qui
tourbillonnent dans le soleil.
Ce sont les water-closets des Européens. Ils sont
représentés par un
tonneau de 80cm de large
et de 50cm de haut. On les vide (lorsque les corvées y
pensent), une fois par 24 heures. C'est à la fois
hygiénique et odorant.
Petits fûts en étain [12]
Ce tonneau est posé sur trois chevrons qui portent à faux
et basculent à chaque mouvement que fait le prisonnier.
Celui-ci s'installe en équilibre [p.179] instable sur une
planche formant pont. Le spectacle, que tout le monde peut
voir de la cour, est assez répugnant. En outre, les
centaines de
mouches qui sortent de cet
édicule bien "Aéfien" se précipitent dans le potage à
peine servi, dans la touque ouverte qui contient la
provision d'eau, où elles se noient en grand nombre, dans
les assiettes, dans les quarts de café du matin au point
qu'on est obligé, même en buvant, de les couvrir de papier
pour empêcher ces indésirables intrusions.
Tout est à l'avenant d'ailleurs, dans cette
geôle.
Devant la porte des cabinets, à trois mètres de la table
où l'on mange, une énorme mare verte et nauséabonde,
contenant autant d'eau que d'urine coulée du tonneau,
empoisonne l'atmosphère de ses émanations fétides.
Et le gouverneur général de l'A.E.F. a obtenu, en 1931, je
l'ai déjà dit,
soixante-quinze millions
[75.000.000] au titre de l'assistance médicale
et des oeuvres d'hygiène. [L’argent doit avoir atterri sur
son compte privé - volé - dans 50% des cas, le patron est
le criminel].
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: les
soldats français - les soldats qui dorment après des
fêtes de nuit]
Soldats coloniaux français avec leurs uniformes
beiges [13]
Une rumeur me fait lever la tête. Des miliciens [soldats
français] se disputent. Ils ont formé le cercle au milieu
de la cour. C'est la "décision" de chaque soir. Le
sergent-chef va désigner les sentinelles qui se relèveront
à tour de rôle pour nous garder.
A tout instant, les soldats se déplacent pour se plaindre,
harangant leurs camarades devant le sergent qui vitupère
en vain. Menacés enfin d'une façon précise, les
protestataires disparaissent derrière leurs camarades pour
revenir bruyamment d'un autre côté. [p.180]
C'est grotesque, cette parodie de la discipline militaire.
Naturellement jamais un officier n'inspecte le poste. Non
moins naturellement, quelques-unes de nos sentinelles
disparaissent chaque nuit. .
Sur le coup de minuit, on entend dans la cour, un
remue-ménage fantastique.
-- Numéro trois (c'était toujours ce numéro trois qui
disparaissait), crie le sergent.
-- Numérôôô trois...
Cela dure un quart d'heure, jusqu'à ce que l'on arrive à
découvrir, dans un coin sombre, bien au chaud, le numéro
trois qui, sans se soucier le moins du monde de son tour
de garde,
dort profondément.
-- C'est, dit le régisseur, une prison pour volontaires.
... Mais il arrivait parfois qu'on ne trouvât pas la
sentinelle [le gardien]. Alors le "numéro deux", qui avait
pris la garde à 22 heures, la tenait,
ronflant
avec force, jusqu'à six heures du matin.
Ronfler - bande dessinée [14]
Ces matins-là, c'est nous qui jouissions du spectacle,
lequel nous vengeait de nos insomnies répétées.
-- Moi y en a qui commande, vitupérait le sergent. Quoi
toi faire cette nuit?
Et le garde, qui avait passé la nuit au village à se
distraire avec de charmantes hétaïres [belles dames], de
répondre:
-- Moi, y en a pas bougé! Toi y en a appelé moi? Et de
n'en pas démordre. [p.181]
***
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de
Brazzaville: pas de l'eau pour les touristes de la
détention provisoire - le fleuve est la salle de bain -
mais les employés ont une salle de bain propre -
SOUPÇON: vol de l'argent pour la construction]
C'est dimanche. En longue file les prisonniers noirs
descendent la rampe de la prison. Deux par deux, d'un air
morne, ils vont encadrés par des miliciens fusil au poing.
C'est ce qu'on nomme, à Brazzaville, la "baignade des
fauves".
Au milieu de la capitale congolaise, serpente une petite
rivière, la M'Foua. Non canalisée, ses bords sont
recouverts d'herbes et de broussailles. Elle est le
réceptacle des nids d'anophèles - moustiques donnant le
paludisme - et de toutes les boîtes de conserves vides,
ainsi que des ordures dont une ville coloniale sait être
si prodigue.
Puisque le mot "protection de
l’environnement" n’est pas dans la bible de
fantaisie, les "chrétiens" ont gâché la
planète pendant 500 ans, jusqu’à ce que le mot
soit finalement inventé dans les cercles
ésotériques-alternatifs dans les années 1970.
|
Carte de Brazzaville [karte 05]
En saison sèche, en particulier, ses eaux sont empestées.
C'est là cependant la baignoire qui est offerte aux
prisonniers et aux prévenus noirs.
A l'intérieur de la prison, en effet, il n'y a pas d'eau.
Pourquoi y en aurait-il? L'eau n'est-elle pas réservée aux
fonctionnaires, qui dis-je, aux hauts fonctionnaires?
Car en A.E.F. où les classes sont nettement tranchées, les
petits fonctionnaires sont à peine plus considérés par
leurs chefs que les commerçants et les colons. A quoi donc
servirait la hiérarchie des grades si tout le monde
pouvait se laver? Et c'est une réglementation sans
ambiguïté, qui impose aux fonctionnaires la maison [p.182]
qu'ils auront à occuper pendant la durée de leur séjour.
Les gouverneurs, inspecteurs et tutti quanti [italien:
tous ensemble], ont des
salles de bains
ravitaillées par l'eau de la source. Elle est amenée grâce
à des canalisations.
Les hauts fonctionnaires de moindre importance ont, eux
aussi, des
salles de bains. A eux,
cependant, de se "débrouiller" pour avoir de l'eau.
Les fonctionnaires moyens ont, sous leur véranda, le droit
de faire
installer, à leurs frais, une douche
rudimentaire, car aucune pièce n'est prévue
pour cet usage.
Les petits fonctionnaires ont une simple
case en
terre battue, à moins qu'ils ne soients
contraints de loger à quatre, comme c'est le cas pour
quatre employés du chemin de fer, dans la même baraque.
Evidemment, rien n'est prévu pour le bain. Il n'y a ni
eau, ni salle de douches. Si les employés en font
construire une, elle est pour eux quatre.
Cabane de terre au Congo [15]
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de
Brazzaville: le bain pour les commerçants - un tonneau
circulant - les locataires - les noirs sans eau et sans
papier - se laver et laver les vêtements seulement les
dimanches]
Quant aux
commerçants de la ville nul ne
s'en occupe. Certains ont protesté. Alors, généreux, le
gouverneur a autorisé le conducteur du tonneau d'arrosage
municipal, celui qui sert de réservoir à la pompe à
incendie, à ravitailler (quand il a plu, car en saison
sèche, la source a un débit fort restreint) les personnes
qui en font la demande. Il n'en coûte guère plus de deux
ou trois cents francs par mois aux privilégiés à qui ce
luxe, inouï pour Brazzaville, est accordé.
Il est évident que cette eau, dite potable, doit [p.183]
être dès l'arrivée chez le consommateur, légèrement
bouillie, puis filtrée. Après quoi elle est sans danger.
On comprendra donc aisément que si les commerçants ne
peuvent avoir de l'eau qu'en allant la chercher, les "
locataires
de la maison centrale" ont droit à moins
encore.
Les noirs n'ont donc, durant toute la
semaine, pas une seule goutte d'eau à leur disposition,
sauf, naturellement, celle qui est nécessaire à leur
alimentation.
Aussi, quelles que soient les opérations que l'indigène
emprisonné accomplisse (il n'est aucun besoin d'insister)
soit même qu'il mange son poisson gluant de graisse, ou
son riz dégouttant de sauce,
il ne peut jamais se
laver. Les mains pleines d'huile, de sauce,
de... comme il n'a
pas le moindre bout de papier
pour les essuyer, il se sert de son pantalon, et le
dimanche...
... Le dimanche il va se baigner.
Pour cette opération, et pour celle du lavage de ses
vêtements, il dispose de cent cinquante grammes de savon.
Sous la pluie glaciale de la saison des pluies, je les
vois courir à l'eau, ces prisonniers, se déshabiller
entièrement, et tout nus, au milieu de la capitale de
l'AE.F. se laver rapidement.
Le corps sommairement nettoyé, ils lavent leur "boubou"
(petite chemise de toile qui, avec un léger pantalon
compose toute leur vêture) leur culotte, et, remettant
cela sur eux, rentrent, tout mouillés dans la geôle où ils
vont grelotter pendant des heures [le criminel "chrétien"
français ne leur donne pas de serviette de bain]. [p.184]
De temps à autre, ficelé entre quatre planches, l'un d'eux
sort de la prison: "Pleurésie", indique le cahier de
l'infirmier. Et un nouveau trou s'ouvre quelque part.
***
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de
Brazzaville: bataille éternelle du savon et de l'eau -
dysenterie - pas de médicaments ni de médecin]
J'ai dit par ailleurs que la prison de Brazzaville était
commune aux noirs et aux blancs. Si les premiers sont
traités avec un manque certain d'humanité, les seconds ne
sont guère mieux partagés.
Evidemment on ne les [les blancs] envoie pas au bain, tout
nus, en pleine ville. On [les blancs] fait mieux! Ils [les
noirs] n'y ont pas droit! La tutélaire administration leur
[aux blancs] fait don d'une minuscule cuvette pour deux
et, autant pour le soin de leur
corps que
pour celui de leur
linge, de
deux
cents grammes de savon par semaine. Quant à
l'eau, elle est apportée de la mairie située à bonne
distance, par le moyen d'un petit tonneau de trente-six
litres, récipient jamais lavé, que deux prisonniers
[noirs?], le tenant par une perche [sur ses épaules],
portent nonchalamment le long de la route.
Chaque jour, on renouvelle une seule fois la
provision
d'eau ainsi accordée. Et il y a parfois, je
l'ai vu, huit Européens qui doivent s'en contenter.
Elle sert à tout cette eau. Comme le tonneau qui la
contient est installé au milieu de la cour où déambulent
les noirs, on voit de temps à autre [p.185] ceux-ci
s'approcher, se pencher, se servir et polluer encore, s'il
est possible, la boisson des Européens.
En outre, dans cette cour où de nombreux indigènes, qui
errent en toute liberté, crachent et font leurs besoins
légers, les tourbillons annonciateurs d'une tornade
forment à la surface de l'eau "potable" une épaisse couche
de crasse que l'on est obligé d'écumer [voler] pour boire.
Cela donne une idée des conditions sanitaires dans
lesquelles nous nous trouvons.
Pour ma part, j'ai contracté là une
dysenterie
impossible à soigner,
faute de médicaments.
Faute aussi de médecin, celui de la prison
venant de partir.
Je suis rongé par la fièvre. Ce matin l'infirmier
(policier indigène ainsi baptisé [d'un Jésus de
fantaisie]) ne m'a pas apporté de
quinine.
Il m'en faut 50 centigrammes par jour.
[Dysenterie guérit avec de l'eau argentée avec des iones
d'argent, on peut le produire soi-même].
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de
Brazzaville: un cabinet médical sans cabinet - SOUPÇON:
vol de l'argent pour la construction - un peu de ouate -
quinine vient le lundi]
Suivi du soldat qui ne me quitte jamais, je vais à
l'infirmerie située au centre de la cour de la prison, à
quelque trente mètres de ma chambre.
Que c'est sale!
Bicoque [un bidon d'une
bidonville] en terre, de 4 mètres sur 3, au toit de chaume
pourri, au sol de terre battue, voilà l'infirmerie. Comme
mobilier, une petite table branlante à peine suffisante
pour que le médecin - lorsqu'il y en a un - puisse signer
le cahier de visite, seul travail du praticien qui n'a pas
le temps d'examiner les malades.
Une chaise dépaillée, bancale par surcroît, une
caisse-armoire ne fermant pas, crasseuse, et con tenant
avec de l'ouate, un flacon de teinture [p.186] d'iode, et
deux thermomètres dont l'un est brisé. C'est tout.
Au passage, je prends un peu de cette
ouate,
je la plonge dans un bassin d'eau sale qui sert aux
pansements: presque aussitôt elle s'amenuise, semble se
dissoudre. En quelques minutes elle est tellement réduite
qu'il est impossible de la prendre au bout des doigts.
Ouate cellulosique, je connais cela. C'est un ersatz
[remplaçant] allemand de guerre. C'est de la cellulose
pure. Il en est resté de très gros stocks qui n'ont plus
la moindre valeur à une époque où la surproduction du
coton est considérable. Mais l'A.E.F. en est encombrée
[pleine].
L'infirmier est là, entouré de ses trois femmes. L'une
d'elles, qui tient délicatement entre le pouce et l'index
le bistouri de l'infirmerie, enlève des doigts de pied de
son seigneur et maître, les chiques dont ils sonst
littéralement farcis.
-- Dis-moi, Bongo, le questionnai-je, pourquoi se m'as-tu
pas donné de quinine ce matin?
-- Y en a plus, me répond l'infirmier. C'est fini.
-- Comment, c'est fini? tu vas en demander d'autre?
-- Viens voir, fut la réponse flegmatique.
Et je vois:
La liste des médicaments avait été barrée par le
médecin-chef du service de santé, qui avait écrit: "
Lundi"
Pourquoi lundi, fis-je?
-- Parce que les médicaments sont donnés le lundi. Vous
êtes ici cinq blancs. Le médecin-colonel [p.187] délivre
25 centigrammes de quinine par blanc et par jour. Comme tu
as toujours la fièvre, tu en prends 50; moi, je veux bien.
Seulement toutes les semaines la quinine sera finie le
vendredi. Et il faudra que tout le monde attende au
lundi...
Guérir la dysenterie avec
de l’eau argentée:
L’eau argentée peut être préparée avec de
l’eau du robinet ou de l’eau distillée et un
morceau d’argent: laissez le morceau d'argent
reposer dans un verre d’eau pendant 12 heures,
puis remplissez-la dans une bouteille, prenez
une gorgée tous les jours à jeun et attendre
30 minutes à la prochaine boisson. Conservez
la bouteille dans un endroit sombre sans
contact avec des appareils électriques, de
préférence dans une armoire, sinon les ions
d’argent se mélangeront. Comme le mot
"médecine naturelle" n'existe pas dans la
Bible de fantaisie, les "chrétiens" ont
presque éradiqué la médecine naturelle et
entre 1300 et 1850 ont brûlé tous les
guérisseurs d’Europe comme "sorcières" - c’est
pourquoi certains des stupides "chrétiens" ont
encore peur de la médecine naturelle et
prétendent que la médecine naturelle vient du
diable de fantaisie - seuls les "chrétiens"
peuvent être tant stupides pour aller à la
pharmacie et éteignent leur cerveau - allez
voir l'argent colloidal (eau argentée) avec
l'appareil Ionic Pulser avec la préparation
dans 15 minutes lien
(anglais).
|
***
2.4.4. Le profit "chrétien" avec les noirs
dans la prison
Prisonniers noirs sans espace - dormir
debout - terrorisme "chrétien" des impôts - vol total
[DISCRIMINATION Congo français prison "chrétien" de
Brazzaville: les noirs dans seulement une pièce - dormir
debout - et trop long - SOUPÇON: vol de l'argent de
l'état pour les détenus]
Autant
les noirs de la brousse sont rendus
sympathiques par leur simplicité, autant ceux des villes
paraissent antipathiques; ils ont pris tous nos vices sans
conserver aucune des qualités de leur race.
Un grand nombre d'entre eux sont sans cesse en prison. On
les y jette sans discernement: les assassins avec les
délinquants primaires, les voleurs avec les "fraudeurs de
l'impôt". [L'écrivain français] Courteline lui-même n'eût
pas, je le présume, trouvé mieux que ce que je découvris
un jour dans le registre de la geôle.
"Koundzou, 15 jours de prison pour avoir détourné
frauduleusement une poule."
En attendant, Kondzou, Bamba et autres, ils sont plus de
deux cents enfermés dans ce quadrilatère en moellons qui
pourrait normalement en contenir 50. Munis chacun d'une
natte et d'une couverture, ils n'ont même pas de place
pour s'étendre. Sans se préoccuper de quoi que ce soit, on
entasse là les prisonniers, tant qu'il y en a. S'ils sont
peu, tant mieux pour eux. S'ils sont beaucoup, tant pis!
Ils
dormiront debout.
Quelques hommes de Brazzaville: Les criminels
"chrétiens" de France ordonnent: Ils doivent
dormir debout [16]
Et ils restent parfois
plus d'un an en prévention
[p.188] pour des délits emportant des peines de un à deux
mois de prison.
Bande dessinée: innocent [17]
[Soupçon clair: Le "chrétien" criminel de la France fait
de l'argent avec les noirs: laisser trop long dans la
prison - l'état donne de l'argent pour chaque détenu, et
cet argent va dans les poches du chef "chrétien" criminel
- le dictateur de la prison].
***
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: le
"chrétien" avec con Jésus de fantaisie installe la
prostitution - l’État "chrétien" provoque la
prostitution des jeunes filles à cause des impôts des
pères - DISCRIMINATION: les noirs en chômage détenus
jusqu'à 8 fois par mois par des impôts]
On est d'ailleurs assez éclectique dans la capitale de
l'A.E.F. quant aux raisons invoquées pour jeter un noir en
prison.
Il y a la crise à Brazzaville; plus en cette ville qu'en
aucune autre cité du monde. Les chômeurs noirs y sont
nombreux: peut-être dix mille.
Ils vivent de rapines [vol]; il faut bien manger. Mais ils
doivent payer l'impôt, qui est à Brazzaville de 45 francs
par personne. Plus trente francs de prestations pour les
hommes.
Or si un ménage qui a deux enfants arrive à subsister, il
lui est impossible de verser cent quatre-vingts [180]
francs par an au gouvernement. Et aucune raison
d'abstention n'est admise, il faut payer.
Aussi, chaque soir, les Brazzavillois sont accostés au
coin des rues par des fillettes à peine nubiles, de jeunes
et jolies femmes, que leur père ou mari envoient chercher
de quoi payer l'
impôt.
La
prostitution n'existait pas en Afrique
centrale avant l'arrivée des blancs ["chrétiens" criminels
avec son Jésus de fantaisie, fusil et canons]. Elle est
maintenant officieusement établie dans la capitale de
l'A.E.F. Son utilité est indéniable, c'est l'auxiliaire du
fisc.
Congo jeune dame [18]
Cependant tous les contribuables n'ont pas de jeunes et
jolies filles à leur disposition. Et de nombreux indigènes
n'arrivent pas à payer l'impôt. Ils sont donc arrêtés.
C'est pourquoi certains [p.189] d'entre eux - et les
journaux de Brazzaville n'en font nul mystère - sont allés
en prison jusqu'à
huit fois durant les douze mois
de 1933, au moins 15 jours chaque fois. Toujours pour le
même motif; le tribunal ne prend pas en considération les
condamnations précédentes
[mais se
procure du travail en condamnant toujours les mêmes
chômeurs noirs à la prison - il y a la terreur
"chrétienne" absolue - les blancs s’enrichissent du
système et n’aident pas les chômeurs - car le mot
"travail social" n’est pas dans la bible de fantaisie!].
Là, comme à Bangui [capitale de l'Afrique Centrale], cela
fournit à l'administration une main-d'oeuvre bon marché.
Le système "chrétien" de
la prison contre les indigènes: le plus
criminel c'est le chef "chrétien"
Les détenues reçoivent théoriquement des
choses, mais le chef "chrétien" de la prison
vole l'argent pour les choses et les détenus
noirs ne restent sans rien et restent dans la
torture éternelle: pas dormir. Et la justice
en profite aussi pour toujours avoir de
travail. Ce système criminel contre les
indigènes on trouve dans toutes les "colonies
"chrétiens" et après l'indépendance, les
gouvernements métis neufs nationaux copient ce
système comme "normal" contre ses propres
compatriotes - et la lutte contre les
indigènes continue sans cesse. J’ai pu
observer cette terreur "chrétienne" au Pérou
pendant 9 ans. Les "chrétiens" sont les plus
criminels sur la planète.
|
2.4.5. Incohérences judiciaires
La femme de Homet fait pression dans la
presse de Belgique - femme Ganombo 15 années dans la
prison sans raison - vol total
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: vient
la femme de Homet avec la pression d'un journal du Congo
belge]
Il paraît qu'on est ennuyé. Mon arrestation aurait été une
faute. On supposait qu'on allait m'escamoter [laisser
disparaître] et me faire passer pour un exalté. Nul ne
pensait à ma femme. Et il y a Brazzaville un
inspecteur
des colonies: s'il allait faire un rapport au
ministre.
-- Si vous promettez de vous taire, me dit le gardien-chef
au retour d'une de ses quotidiennes visites au
gouvernement, on vous fera
discrètement filer en
France.
Mais voilà! Je ne promets rien et le régisseur qui joue
quelque peu double jeu ne pourra rien rapporter à ses
maîtres.
Ma femme vient de sortir deux numéros de Don
Quichotte. Elle a pris la gérance du journal et s'attend
d'un instant à l'autre à être arrêtée.
On n'ose toujours pas, car elle habite le Congo belge où
ses papiers sont en sécurité.
L'administration a donc été obligée de céder. Elle doit
laisser imprimer à nouveau tous les faits qui m'ont valu
mon incarcération. [p.190]
Si les puissants fonctionnaires, les hauts magistrats que
cette toute jeune femme tient en échec, savaient qu'elle
ne se soutient qu'à l'aide de piqûres, qu'elle a une
dangereuse maladie de foie [guérit avec chardon-marie] et
que la dysenterie amibienne la rouge [guérit avec de l'eau
argentée], ils seraient certainement plus sûrs d'eux.
Mais ils ne savent pas!
Avec plus de force que jamais, ma femme continue cette
campagne. Elle force l'admiration au point que le plus
grand
journal quotidien du Congo belge lui
consacre un article élogieux.
***
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: une
femme Gamonbo pour 15 ans dans la prison sans raison -
et reste]
Quelles belles notes je rédige chaque jour et que je cache
soigneusement dans le garde-manger du régisseur de la
prison, qui en conserve toujours la clef sur lui...
C'est effarant ce que l'on peut trouver dans cette geôle
[prison sans rien].
Un jour, Titot, maître Jacques du régisseur, vient trouver
le gardien-chef.
Une femme, la nommée
Gamonbo, est en prison
depuis
quinze ans - ainsi en fait foi le
livre d'écrou. - Il n'y a aucun extrait du jugement la
concernant.
-- Vous aurez des histories, affirme Titot au régisseur
tout ahuri [étonné]. Qu'une inspection soit effectuée ici,
on découvrira que cette femme est en somme
emprisonnée
sans raison. Vous devriez vous informer auprès
du procureur de la République.
Explication:
C'est la même chose: Les détenues reçoivent
théoriquement des choses, mais le chef
"chrétien" de la prison vole l'argent pour les
choses et les détenus noirs ne restent sans
rien. Cette femme est seulement dans la prison
pour remplir les poches du chef de la prison.
|
Avisé, ce dernier chercha partout. Il ne trouva [p.191]
rien, naturellement. Le greffier en chef, lui, parla des
termites qui... des fourmis que... des cancrelats dont...
bref toutes les pièces avaient disparu.
Et
pour éviter des histoires, la femme resta en
prison.
Alors, les "chrétiens" français criminels vont
être criminels sans fin et l'argent va
toujours dans les poches du patron!
15 ans de privation de liberté ne sont PAS
rares dans les prisons "chrétiennes". 15 ans
de fausses accusations et de diffamation ne
sont PAS rares dans les pays "chrétiens". Tout
cela n’arrive qu’à cause de la "fausse
croyance" de la part du Seigneur de fantaisie.
On peut même supposer que Mme Gamonbo doit
également fournir des services sexuels aux
employés supérieurs, peut-être elle est une
esclave sexuelle de la prison - et pas
l'unique - cela conviendrait.
Et avec cet scandale de 15 ans de privation de
liberté à Brazzaville, j’arrive à une
conclusion claire:
Les "chrétiens" avec leur Jésus imaginaire et
leur dieu imaginaire sont les pires sur cette
planète. Les "chrétiens" sont de la MERDE.
La Bible est fausse: les criminels
"chrétiens" organisent l’ENFER pour
toutes les autres cultures afin qu’elles
périssent [19]
|
***
2.5. Le départ du président - l'affaire
F...
Crime a) Le président "chrétien" de la banque de
Brazzaville voulait manipuler les élections
Crime b) Le chef "chrétien" du train Océan-Brazzaville
Monsieur F.: vol du ciment, louer les machines de
construction et voler des tôles pour son profit - vol
total
[Brazzaville avec le départ du président: on chasse le
directeur "chrétien" de la banque de Brazzaville pour la
manipulation des élections]
Tout Brazzaville tremble encore du coup qui vient de lui
être porté en la personne de l'un de ses membres les plus
éminents.
Le
directeur de la Banque brazzavilloise la
plus importante, celui qui présidait toutes les
associations de la capitale, vient d'être brusquement
relevé de ses fonctions.
Cette décision est arrivée de Paris par télégramme.
Strictement confidentielle, elle a été immédiatement
divulguée et accompagnée de commentaires significatifs:
dans quel but?
Peut-être faut-il faire savoir à ceux qui minent
sourdement a politique du gouverneur général qu'on les
tient, fussent-ils directeurs d'une société privée.
Qu'avait donc fait M.R... pour mériter un tel sort? Il
avait simplement demandé à l'Association des Anciens
Combattants de ne voter, lors des élections prochaines, au
conseil supérieur des [p.192] colonies,
que pour le
candidat qui promettrait de respecter un programme
qui lui avait été soumis. Ce qui n'avait pas été du goût
du candidat officiel!
Quoi qu'il en soit, j'apprends que ce puissant personnage
venait de quitter la capitale de l'A.E.F.
Alors qu'auparavant il n'avait pas assez de mains pour
serrer celles qui se tendaient respectueusement vers lui,
le jour de son départ il n'avait trouvé personne pour
l'accompagner à la gare. Il avait déplu!...
... Sic transit [ainsi va le temps]...
***
[Brazzaville: une affaire du M. F.: il est le chef
"chrétien" du magasin central du chemin de fer
Océan-Brazzaville - les choses "disparues": 100 tonnes
de ciment, 1100 tôles ondulées - "plus de trois mille
francs de profits personnels"]
Si la prison est une boîte de résonance, c'est aussi une
boîte à Pandore, sans jeu de mots.
On y trouve de tout: même le rapport confidentiel de M.
B... L..., directeur du contrôle et des finances de
l'A.E.F.
Je veux parler de
l'affaire F...
F... Était courtier en bonneterie, mais il était aussi
gendre de colonel, ce qui constitue en A.E.F. une
"condition nécessaire et suffisante" pour être quelqu'un.
Et quittant ses bonnets, F... fut nommé
chef du
magasin central du chemin de fer.
Place délicate s'il en est, car elle exige de son
titulaire la connaissance approfondie du matériel de
chemin de fer, ainsi que des qualités de chef-comptable.
Entrepôt de ciment [20] - dessin: comptable [21]
Evidemment, gendre de colonel, courtier en [p.193]
bonneterie... bref, sollicité, le gouverneur général
tourna avec élégance la difficulté. F.. fut nommé avec, de
plein droit, sept ans d'ancienneté [7 ans membre dans
l'entreprise]. Ce qui lui donna des émoluments [salaires]
intéressants, mais surtout lui permit d'intervenir dans
les travaux du technicien et du chef-comptable que l'on
détacha [voler] spécialement sous ses ordres.
Au bout de six mois tout le chemin de fer était "sur les
dents". Les tire-fonds arrivaient quand il fallait des
"pal-planches", le sable remplaçait encore plus qu'à
l'ordinaire le ciment des viaducs dont les pierres ne
tenaient même plus assez pour attendre l'inauguration.
Et
cent tonnes de ciment avaient disparu;
onze cents [1100] tôles ondulées avaient pris la fuite,
sur 54 wagons [de l'entreprise de chemin de fer]
Décauville accompagnés de six trucks automobiles. Rien que
du matériel neuf.
-- M. [monsieur] X... vint déclarer en outre qu'il avait
un jour, après bien des recherches, retrouvé un chaland de
50 tonnes de ciment qui s'était malignement égaré chez
F...,
-- M. Y... [vint déclarer] que F... lui avait demandé dix
mille francs à seule fin de lui faire obtenir une
adjudication.
-- M. X... [vint déclarer] que F... l'avait forcé (le
pauvre homme) à majorer considérablement ses prix.
Et devant l'enquêteur, F... déchire ses balances, insulte
son directeur et refuse de répondre.
On arrive quand même à voir ses comptes. Les magasins,
remplis de matériel administratif, regorgent néanmoins
d'outillage acheté chez les commerçants à des prix tels
qu'on calcule qu'en un seul mois F... a réalisé
plus
de trois mille [p.194] francs de profits personnels
sur des achats de pointes.
La comptabilité est surchargée, grattée, déchirée (rapport
F.C. 113/C. du directeur du contrôle), des commissions
d'achat n'ont jamais existé que sur le papier..., etc.
F... est perdu!
[Brazzaville: une affaire du M. F.: l'inspecteur
général donne le dossier de F. au gouverneur général -
fuite de F. pour la Corse - on trouve les choses: le
ciment dont 50 tonnes furent définis comme
"inutilisables" - on trouve les trucks automobiles qui
étaient "loués" - les 1100 tôles son "ventés ailleurs"
par une "tornade" et ne sont plus trouvés]
Par lettre No 469 du 9 septembre 1931 on propose le
licenciement
[doit s'en aller] de l'employé. Mais par lettre
confidentielle No 1240, l'inspecteur général des travaux
transmet au
gouverneur général, le 14
septembre, le dossier du coupable.
Le 15 septembre F... tombe malade et le 16 il s'embarque
en première classe, aux frais de l'Etat congolais, pour la
Corse où il jouit d'une fortune aisément
acquise.
Mais il fallait cependant arranger la comptabilité
singulièrement bousculée par F...
Chargé de ce soin, le directeur des finances et du
contrôle se met en campagne. Cent [100] tonnes de ciment
avaient été perdues... il en retrouve cent cinquante [150]
dont il a dû, ajoute-t-il dans son rapport, jeter une
grande partie
inutilisable.
Ce fut moins aisé [simple] pour les wagons [de
l'entreprise de chemin de fer de] Decauville: cinquante
[50] d'entre eux s'obstinèrent à se cacher.
Les
trucks automobiles furent retrouvés; F... les
avait loués à une Société. Par erreur, évidemment il avait
oublié de facturer le montant des redevances de la dite
Société. Par contre,
les tôles qui
[soi-disant] avaient dû,
profitant d'une violente
tornade, s'envoler pour couvrir des maisons
inconnues ne revinrent jamais.
Bidonville à Soveto avec des toits en tôle ondulée
- et en Europe, les élites "chrétiennes" gagnent
des millions chaque année à la bourse criminelle
que par la spéculation [22]
C'est alors que M.B... L... se décida, non à prévenir
officiellement le procureur général, mais [p.195] bien à
avertir discrètement, "confidentiellement", le gouverneur
général de cette situation.
Il est évident cependant que le chef du service judiciaire
de l'A.E.F. a été mis au courant de ces faits, ne
serait-ce que par les articles publiés dans une dizaine de
journaux, dont trois congolais.
Mais, ministère public, il se garda bien d'intervenir.
Le soir où mon journal sortit portant en manchette
l'affaire F..., M.B... L... fut affolé [avait peur].
Il se rua en trombe vers le bureau du directeur des
chemins de fer.
Ahuri [étonné] et tenant à la main le rapport original il
regardait le directeur du Congo Océan qui venait de
retirer, devant lui, de son coffre-fort, la seule copie
existante.
... Et cependant le rapport était publié.
Les "chrétiens" et la
tromperie traditionnelle avec du ciment
tendu - les alcooliques "chrétiens" aiment
voler et tricher
Les "chrétiens" sont les plus criminels de la
planète. Ils sont le MODÈLE et empoisonnent le
monde entier avec leurs tromperies et surtout
avec leur ALCOOL. Ils transforment des
populations entières en alcooliques au cerveau
réduit et collectent des millions de profits,
dont ils ne donnent RIEN. Le ciment de sable a
été utilisé pour les autoroutes du sud de
l’Italie "chrétienne" et du Portugal
"chrétien", entre autres. Et dans les pays
musulmans, le ciment de sable est utilisé, par
exemple en Turquie. Là-bas, les colonnes en
béton armé manquent également dans les
maisons, de sorte que les maisons s’effondrent
immédiatement à chaque tremblement de terre -
y compris au Kurdistan "chrétien". Peut-être
que quelqu’un avait des dettes de jeu dans le
casino "chrétien" et a donc tendu le ciment
avec du sable.
Délits: fraude, mise en danger de la vie,
homicide involontaire 1000 fois ou meurtre de
masse en cas de tremblement de terre. Mais
cela n’a pas d’importance pour les patrons
"chrétiens", car un patron alcoolique protège
l’autre. Les "chrétiens" sont les pires, parce
qu’ils pensent toujours que le Dieu imaginaire
les "sauvera", avec le verre de vin à la main
en affirmant que le vin soit le sang
imaginaire d’un Jésus imaginaire. Le quotient
intellectuel est à ZÉRO. Sauvez-vous des
"chrétiens"!
|
***
2.6. Les cellules
La prison "chrétienne" de Brazzaville:
cellules d'ordure - alimentation d'ordure - punitions
inventées - Homet et les gardiens - vol total
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville:
cellules sans toilette ni douche - cellules mixtes aussi
avec des enfants - comme inquisition d'avant]
Baré qui a passé quinze jours en cellule, m'engage
vivement à visiter cette partie de la prison.
-- Vous ferez un beau "papier", me dit-il.
Dès l'entrée, une bouffée de chaleur
fétide
[mal odeur] me frappe le visage. Cela sent la sueur,
l'urine, la crasse [ordure]... et le reste qui y séjourne
24 heures par jour
faute de cabinets d'aisance.
La pénombre [demi sombre] y [là] règne continuellement. On
dirait l'antichambre de la mort, tellement l'aspect de ces
pièces est sinistre. [p.196]
Aucun pays civilisé au monde n'a imaginé d'installer sous
l'équateur [cilma tropical] des cellules qui soient à la
fois
communes aux blancs et aux noirs, aux
assassins comme aux "petits voleurs", et même aux
enfants
indisciplinés de la "correction". Il a fallu l'A.E.F. pour
que soit imaginé ce mode de coercition.
Dans ces cellules, les noirs, qu'aucune hygiène n'a jamais
intéressés, font leurs
déjections sur le sol
autant que dans les
bidons d'essence non couverts
qui leur servent de
baquets.
On ne peut s'empêcher en y entrant, de penser aux in-pace
d'antan [d'avant], ceux de l'
Inquisition;
in-pace que l'on eût cru à jamais disparus depuis des
siècles, et que l'on retrouve servant de domicile à des
prévenus blancs [noirs?], peut-être des prévenus qui ne
veulent pas avouer.
[Est-il maintenant clair pourquoi les "chrétiens" sont la
MERDE?]
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville:
cellules de 5m de hauteur - vermine et insectes sans fin
- jamais nettoyage - un lit de camp - nourriture minime
- cellules pour mourir]
Cinq mètres de haut, un mètre cinquante de large,
deux mètres de long. Ces cellules ont un
volume d'air vraiment trop restreint dans ce pays où la
chaleur humide est extrêmement malsaine. D'ailleurs l'air
n'est renouvelé que par une étroite lucarne de 25
décimètres carrés située à quatre mètres de hauteur.
Encore est-il que l'une de ces cellules possède sa lucarne
obstruée par un morceau de papier fort.
Les cafards se sentent très à l’aise dans des
bâtiments sales dans les climats tropicaux,
parfois ils tombent du plafond, ev. dans la soupe
[23]
Jamais nettoyées, ces pièces sont emplies
[remplir]
de poux, de punaises et de tous autres
insectes aussi répugnants. Leur confort est
des plus rudimentaires:
un lit de camp sans
drap. La
nourriture est réduite de moitié,
pain compris (c'est affiché dans toutes les chambres). Ni
vin, ni cigarettes, lectures interdites, pas de promenade
régulière [p.197], aucune visite autorisée. Dans ces
"plombs" renouvelés de Venise, l'atroce chaleur, jointe à
la raréfaction de l'air et aux odeurs méphitiques qui y
séjournent, en font une résidence que peu de peuplades
barbares songeraient à imposer à leurs plus dangereux
ennemis [note 01].
[note 01] Un receveur des P.T.T. de Pointe-Nore qui, après
25 ans de loyaux services avait détourné 7.000 francs de
sa caisse, puis les avait remboursés, a été récemment
condamné à 5 ans de réclusion. Avant un an de ce régime,
il sera
mort dans ses cellules.
[Même les postiers "chrétiens" ne restent pas honnêtes].
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville:
cellules selon la loi - alimentation mauvaise -
punitions inventées]
Quels sont donc les règlements qui permettent à
l'administration d'appliquer un tel traitement à des
prévenus?
L'administrateur-maire de Brazzaville est un fort honnête
homme. Il n'a pas voulu que je sois mis, pour la
nourriture, au régime du droit commun. J'ai refusé. Alors,
l'ordinaire de la prison a été singulièrement amélioré. De
plus, les punitions: privation de pain, de cigarettes, de
savon et à fortiori la cellule, ont été supprimées.
[Le standard "chrétien": interdire les choses pour cacher
l'argent pour ces choses dans les poches du chef
"chrétien"].
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: Homet
dans le prison reçoit des lettres, journaux, livres - la
télégraphie vas aussi dans le forêt sauvage: Homet
demande d'éliminer le travail forcé - fermeture des
cellules à 19 heures - tam-tam - feu dans la ville -
médaille militaire - chanter]
Par-dessus la barrière en fil de fer barbelé passent les
lettres, les journaux, les livres que des amis m'envoient.
De ce fait, les gardiens noirs me gâtent. Ils ne sont pas
sans savoir, grâce à la télégraphie indigène qui court si
rapidement la brousse, que
je demande la
suppression du travail forcé [qui est souvent
mortel si l'on ne fuit pas]. Ils me savent gré de mes
efforts. Dans leur fruste intelligence ils me le
manifestent de leur mieux. L'adjudant indigène n'a-t-il
pas formellement interdit aux sentinelles [gardiens] de me
suivre constamment, comme ils en ont reçu l'ordre?
Tous les soirs nous devons être enfermés à dix-neuf
[p.198] heures. C'est un sergent porte-clefs qui est
chargé de ce soin. Mais tout s'arrange en Afrique si l'on
parvient à ne pas s'énerver.
Avant mon arrivée, le sous-officier accomplissait à peu
près scrupuleusement sa besogne. Maintenant...
Le voilà qui vient. Il est déjà
19h 15
[minutes]. Faisant tinter ses clefs il s'arrête à trois
pas et salue.
-- Y en a l'heure. Sept heures passées.
-- Tu crois? Je suis sûr que ta montre avance.
-- Non! Y en a pas avancer. Regarde.
Il tire de son gousset une énorme "toquante" d'acier, il
approche la lanterne. Je compare avec la mienne. Etonné:
-- C'est ma foi vrai! 7h. 15, je ne l'aurais pas cru. Mais
dis-moi, tu ne trouves pas qu'il fasse chaud ce soir? On
n'est pas bien dans la chambre. Si tu nous laissais
dehors...
Le sergent ne répond pas. Il guigne du coin de l'oeil, sur
la table, un paquet de cigarettes. Tous les soirs, à la
même heure, on retrouve le même, ou son frère.
Doucement, le sous-officier s'approche, prend le paquet
d'un air indifférent, joue un instant avec lui...
-- Y a bon! Vous y en a rester encore. Avec lui les
cigarettes ont disparu.
Nous pouvons, Panot, Baré et moi, bavarder en paix. Nous
restons toujours ensemble, les autres prisonniers formant
un autre groupe. Nous jouissons en toute tranquillité de
l'heure qui passe, calme, fraîche, une des meilleures de
la journée. Au loin, très loin, un
tam-tam
résonne faiblement [p.199]. Quelques lueurs passent à nos
pieds: les lampes des promeneurs, puisque Brazzaville n'a
pas d'éclairage. Au bout de la cour, un énorme
feu
s'élève, étrangement vivant, jetant ses flammes rouges et
jaunes vers le ciel étoilé. Les gardes se chauffent.
Tam-Tam [24]
Rien ne nous menace pour l'instant. Nos pires soucis font
trêve. Panot me parle de sa femme, de son gosse [enfant],
si loins et qu'il n'a pas vus depuis huit ans. Il parodie
ironiquement l'allure des "officiels" qui sont venus
récemment lui apporter la nouvelle de la décoration qui
lui échoit [se termine]: la
médaille militaire;
à lui engagé pour la guerre, trois fois blessé et
trépané... Une larme perle parfois à ses paupières. Il
l'essuie rageusement. Baré songe douloureusement à ses
parents qui le croient toujours au travail! Moi, je rêve,
j'écoute!
Souvent aussi, à nous trois nous organisons un concert.
Panot est un inénarrable diseur. Baré pousse fort
agréablement la chansonnette. Il paraît que je détaille
les vers sans trop les estropier.
Au début tout va bien; puis Baré se met à
chanter
de nostalgiques mélodies. L'émotion nous gagne, c'est
presque à coups de poing que Panot et moi, faisons taire
le chanteur.
Parfois, alors que nous sommes engourdis dans le bien-être
d'une heureuse digestion, la sentinelle [le gardien] que
le sergent a prudemment placée à la porte de la prison,
accourt en trombe. Un moteur d'auto se fait entendre dans
le lointain. Les sens du sauvage l'ont averti avant nous.
En un clin d'oeil chaque prisonnier, faisant volter tables
et chaises, est dans sa chambre dont [p.200] il refere la
porte sur lui. Titot qui, pour plus de tranquillité a
détaché du trousseau du gardien-chef, le double de sa
clef, s'enferme à double tour. Le milicien pousse
hâtivement dans leur gâche le pêne des verrous. Il se
promène ensuite dans la cour et, d'un air rébarbatif,
pendant que toutes lumières éteintes nous guettons au
travers des persiennes, il inspecte, lanterne à la main,
les sentinelles chargées de nous garder... et qu'l éveille
à grands coups de pieds dans le derrière.
Ce n'est qu'une fausse alerte. Au loin s'entend le
ronronnement de la voiture qui s'éloigne. Titot qui, de
l'intérieur de sa chambre, manoeuvre grâce à un crochet ad
hoc son propre verrou [serrure], sort et vient nous
délivrer [calmer].
Les chaises ressortent, les cigarettes s'allument, les
sentinelles s'étendent par terre et s'apprêtent à
reprendre leur sommeil interrompu.
***
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: repas
toxiques: "soupe"="pétrole" - "frites"="pétrole" - "tout
le repas est au pétrole"]
Puits de pétrole [25] - Ancienne station-service
pétrolière [26]
-- Saleté de
soupe. Elle sent le
pétrole.
C'est Panot qui jure ainsi. Il rejette loin de lui la
cuiller [la cuillère] qu'il tient à la main.
-- Vous croyez?
Et je goûte.
-- C'est vrai. On dirait bien qu'elle est au pétrole, elle
si sympathique à l'oeil... Boy!
"Emporte cette soupe. Donne la suite."
-- Saleté de nègres! [Mais ce n’est pas la faute des Noirs
si la soupe pue le pétrole, mais c'est le régime
"chrétien" français!].
C'est maintenant Baré qui hurle. Il regarde son assiette
d'un air dégoûté. [p.201]
-- Qu'y a-t-il encore?
-- Pétrole, répond-il laconiquement.
Costa, toujours goinfre, et qui s'était précipité sur les
pommes de terre, gémit d'un air lugubre:
-- Et aussi les frites!
Nous nous tournons vers sa table, car avec Titot il mange
à quelque dix mètres de nous. Il a un air tellement désolé
que nous ne pouvons nous empêcher de rire. Cependant, si
tout
le repas est au pétrole, qu'allons-nous
manger?
Panot appelle le sergent:
-- Tiens, envoie un gardien chez "Goundou" (c'est un
commerçant de la ville). On lui donnera un panier. Tu
vois, tout sent le pétrole.
-- Voulez-vous de l'argent? fais-je.
-- Merci! Vous savez, tout le monde me fait crédit à
Brazzaville.
C'est vrai. Et ce n'est pas ce qu'il y a de moins curieux
dans cette affaire: Le bandit Panot, le faussaire Panot,
celui que le procureur vouait au bagne, est tellement
estimé à Brazzaville même, où il est en prison pour vol,
que sa signature vaut chez n'importe quel commerçant, du
véritable argent comptant.
Tout le monde sait qu'il n'a pas le sou, mais ce n'est un
secret pour personne que dès qu'il sera sorti, et qu'il se
sera remis au travail, remboursera ce qu'il doit, sans en
rien omettre.
Panot un voleur? Tout le monde vous rirait au nez dans la
capitale de l'A.E.F... - sauf certains magistrats,
évidemment - si vous avanciez cette énormité.
Le gardien revient. Il a un air de chien battu [p.202].
-- Le régisseur m'a arrêté alors que j'allais entrer au
restaurant, gémit-il à l'adresse de Panot. Il m'a pris ton
papier.
Nous nous attendons au pire. Panot n'y coupera pas de 15
jours de cellule. Il n'en a pas fait tant, le jour assez
récent où on l'y a déjà envoyé!
Mais non, le boy arrive. Une large tranche de jambon
couvre une assiette, une omelette fume, du fromage suit.
Nous ouvrons les yeux...
-- Qu'a dit le régisseur?
-- Rien! Il est allé à la cuisine avec deux gardes, il a
fait mettre le cuisinier en cellule, pour 15 jours, et il
a préparé lui-même l'omelette qui voici. Il y a mis
dix-huit oeufs.
Jamais le gardien-chef ne nous a parlé de l'algarade
[bataille].
Omelette [27]
***
2.7. Assistance médicale indigène
Les accusés de la prison de Brazzaville
dans un étable pour les vaches - vol total
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: la
mafia chrétienne crie "prisonnier dangereux" - 100
personnes accusés dans une sale de 15x7m - sans travail
et sans promenade obligatoire - "serrés à étouffer" - le
"tonneau" - détentions sans raisons pour voler l'argent
de l'état - policiers françáis "chrétiens" violent les
filles noires]
Grange / écurie - c’est le style de la prison de
Brazzaville [28]
Tous les matins à cinq heures trente, je fais un peu
d'exercice dans la cour. Cela n'avait guère été aisé dans
les premiers jours: mes deux gardiens, baïonnette au
canon, s'essayant à en faire autant derrière moi. Ils
étaient ridicules, les pauvres [p.203] diables, leur fusil
dans la main droite et le fourreau de leur baïonnette dans
la main gauche. Mais, à ce moment-là, je goûtais assez peu
le ridicule de la situation.
Maintenant, le fait que je vais sortir de prison, joint à
l'amabilité de mes gardes qui ont appris à me connaître et
savent que je ne suis pas le "
prisonnier dangereux"
qu'on leur avait tout spécialement recommandé, me permet
de jouir d'un peu plus de liberté.
Et j'en profite pour aller retrouver, chaque matin, le
gardien-chef, qui, chicotte [fouet] au poing, surveille la
sortie des prisonniers noirs.
Je glisse parfois un coup d'oeil dans la salle où ceux-ci
sont enfermés. Notre logement n'est pas fameux, mais que
dire du leur?
Dans une grande pièce de
quinze mètres sur sept,
ils sont là-dedans entassés jusqu'à
cent.
C'est à peine si chaque homme peut disposer d'un mètre
carré du sol pour s'étendre et dormir. Il y a bien
quelques bat-flancs, mais la majorité des détenus
s'allonge à même la pierre, sur le ciment glacial et
humide de toutes les déjections qui le souillent.
[Le standard "chrétien": bloquer la construction et voler
l'argent pour la construction dans les poches du chef
"chrétien"].
Ce sont d'ailleurs les
prévenus [accusés]
qui sont les plus mal lotis, car on leur applique
strictement le règlement des prisons métropolitaines: Un
prévenu ne travaille pas.
Alors que les condamnés vont chaque jour faire un travail
de 10 heures dans les rues de la capitale, où ils ne font
guère que regarder passer les voitures, les prévenus, eux,
ne sortent jamais;
pas même pour la traditionnelle
promenade [p.204] d'une heure pourtant
ordonnée, elle aussi, par les règlements.
Heure par heure, nuit et jour,
serrés à étouffer,
ils passent leur vie à respirer les exhalaisons
méphitiques qui s'échappent du
tonneau de
près d'un mètre de large qui constitue, pour cette
centaine d'hommes, les seuls lieux d'aisance mis à leur
disposition.
[Le standard "chrétien": bloquer la construction et voler
l'argent pour la construction dans les poches du chef
"chrétien"].
Et ces prévenus noirs, parfois pour un délit fort mince,
croupissent ainsi de longs mois, sans voir un avocat, sans
même savoir pourquoi ils sont incarcérés! On les a, le
jour de leur arrestation, simplement fourrés en prison.
Leur a-t-on fait subir l'interrogatoire d'identité? Pas
toujours! Les allégations des policiers noirs, toujours
d'une autre race que celle des hommes arrêtés [p.e. du
Sénégal], suffisent a priori pour justifier une détention
préventive.
[Le standard "chrétien": les raisons de l’emprisonnement
sont INVENTÉES, de sorte que la prison a toujours du
travail et que l’argent pour les détenus va dans les
poches des directeurs de prison - et le policier reçoit
probablement une prime pour chaque personne arrêtée parce
qu’il a assuré la "sécurité" publique (!)].
A ce sujet, je tiens bien à préciser que la distance
séparant [la ville congolaise portuaire de] Pointe-Noire
de la Tripolitaine [Libye, Méditerranée] est à peu près la
même que celle qui sépare Paris de Moscou les races y sont
encore plus dissemblables, et les haines aussi vivaces,
pour ne pas dire plus. Aussi la domination de la France
est basée sur ce fait: On administre les races du Nord en
y envoyant des troupes recrutées au Sud et vice-versa.
De ce fait, les prisons sont toujours emplies. Combien de
pauvres diables sont ainsi incarcérés, qui ont refusé leur
fille où leur jeune femme à un policier excité, qui se
venge en arrêtant le mari.
Evidemment, on reconnaît leur innocence [p.205], deux ou
trois mois après. On les flanque dehors:
-- N'y revenez plus!
Ils n'y comprennent rien, mais, en arrivant chez eux,
trouvent leur femme enlevée où leur
fille violée.
Devant le policier qui fait l'avantageux, ils se taisent,
mâtés, ou, furieux, le poignardent. Et alors ils
retournent en prison.
Le standard "chrétien": boir de l'alcool - voler
et violer les filles et les femmes - et jamais
être coupable. Les "chrétiens" sont la MERDE sur
cette planète qui seulement "permettent" cela
dans ce cas. Les auteurs dans cette affaire sont
des Noirs d’autres pays qui ont été incités et
instruits par les criminels blancs "chrétiens" -
probablement ce sont des Noirs "convertis" -
"convertis" à l’alcool des "chrétiens".
|
***
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: les
accusés "chrétiens" blancs de l'Europe]
Si les prévenus [accusés] noirs se voient gratifiés d'un
logement et d'une nourriture innommables, les prévenus
européens ne sont guère mieux traités.
Prévenus, ils n'ont droit, comme me le disait Panot, ni au
travail, ni aux vêtements. Et alors qu'en A.E.F., le
climat est très débilitant, que les blancs doivent se
nourrir solidement, on ne donne pas de vin, pas même un
quart, aux prévenus. Mieux, leur permettre d'en acheter à
leur frais, quand ils ont de l'argent, est une faveur qui
leur est retirée à chaque instant.
Depuis un an qu'ils sont en prison préventive, Costa,
Titot, Panot et Baré ont usé jusqu'à la corde tous leurs
vêtements. Ils vont en loques, les pieds nus dans des
babouches trouées [chaussures pointues avec des trous],
chemises en lambeaux, casques usés sous le soleil qui ne
pardonne pas.
Titot, - je ne le défends pas, mais j'aime la justice -
travaille, lui, dix heures par jour au bureau de la
prison. Il fait tout, garde même la [p.206] clef du
coffre, reçoit l'argent, effectue les paiements. Il n'a
pas droit à la moindre rémunération.
Si Panot et Baré, qui sont connus pour de très honnêtes
gens, sont assurés à leur sortie de prison, de trouver du
travail, il n'en n'est pas de même de Titot, qui sera mis
en liberté conditionnelle au bout d'un an et demi, avec
défense de quitter le territoire de la colonie, mais sans
un sou de pécule, sans vêtements ni travail en
perspective.
Quelle alternative lui restera-t-il s'il veut manger?
J'ai publié ce fait il y a un an. Les journaux de la
colonie ont fait chorus. Je ne croyais pas que si vite
l'avenir nous donnerait raison.
Panot, Baré et Titot ont été remis en liberté. Les deux
premiers ont tout de suite trouvé une situation. Le
troisième a erré comme un chien, repoussé - probablement à
bon droit - de partout. Mais il faut manger! Un mois après
il était de retour en prison.
Dans deux ans il sortira. Cela pourrait durer longtemps.
C'est ce que l'on nomme la prison éducative; celle qui
doit amender. [p.207]
2.8. Encore des croquis [dessins]...
Norme: 15 jours de prison pour des impôts
- les Noirs en prison doivent dormir debout
[Congo français prison "chrétien" de Brazzaville: le
standard c'est 15 jours de détention dans un étable - 51
personnes sur 28m2 - le tonneau - torture totale]
On a vu comment sont logés les indigènes incarcérés à la
prison de Brazzaville. Ils ne sont guère mieux nourris.
L'administration n'a, en effet, rien prévu pour la
préparation des aliments. Il n'y a ni cuisine, ni foyers,
ni marmites.
Si paradoxal que cela puisse paraître, la cuisson des
aliments s'effectue, dans cette importante maison
centrale, à la manière des sauvages du fin fond de la
brousse: sur trois pierres posées, quand il ne pleut pas,
au milieu de la cour. Quand il pleut, elle ne se fait pas:
les indigènes mangent crus les aliments qui leur sont
remis.
[Donc, exactement à la saison froide, ils mangent crus, et
à la saison chaude, ils cuisinent - exactement FAUX].
Tous les jours, on peut voir, derrière les grands
bâtiments en pierre réservés aux noirs, les prisonniers
des "tinettes" installer leur barbare foyer.
Alors les femmes et les enfants condamnés, qui sont allés
dans la brousse chercher le bois nécessaire aux foyers,
arrivent encadrés par les miliciens fusil à la bretelle et
chicotte au poing.
Les brassées de combustible s'accumulent. Des [p.208]
demi-tonneaux de deux cents litres sont apportés là.
Pêle-mêle, on y jette
de l'eau, de l'huile, du riz
ou du poisson souvent pourri (rappelons-nous
l'affaire Costa), du sel, et c'est fini; les feux
s'éteignent.
Est-il possible que du pétrole ait également été
transporté dans de tels barils? Puis toute
nourriture pue le pétrole - et les criminels
"chrétiens" ne prennent jamais au sérieux le
climat tropical, où même le poisson salé pourrit
en 3 jours - d’accord, ça c'est l’économie
"chrétienne" avec q.i. alcoolique ZERO.
|
[Est-il possible que du pétrole ait également été
transporté dans de tels barils? Ensuite, toute nourriture
pue le pétrole - d’accord, l’économie « chrétienne"].
Les tonneaux qui servent à la vidange des tinettes
brazzavilloises et ceux emplis de nourriture, sont
rigoureusement semblables. Leur service terminé, ils
voisinent côte à côte dans la cour.
Tous les matins, à six heures, on transporte ces
"marmites" devant la chambre des prisonniers. Chacun de
ces derniers reçoit un pain de manioc qu'il retire des
feuilles qui l'entourent, plonge la main dans le baquet,
ramène une partie du magma froid et gluant formé par le
riz, le poisson et l'huile, qu'il dépose dans les feuilles
tenues à plat sur sa main.
C'est là toute sa vaisselle; pas de gamelle, pas
d'assiettes ni de cuillers, rien! Et c'est toute sa
nourriture!
Nourriture dans les feuilles tropicales, p.ex.
tamales dans les feuilles de bananier [29]
Avant de sortir, le prisonnier mange une partie de cette
pitance, met le reste par terre ou sur un bat-flanc, à la
disposition des rats qui pullulent. A midi, le soir, il
mange ce qui reste. [PAS de réfrigérateur ou de
glacière dans le clima tropique - c’est du suicide].
Les feuilles qui ont fait office d'assiettes,
toutes trouées, emplies de graisse, vont servir maintenant
à un usage que la bienséance m'interdit de décrire ici
plus explicitement [
papier toilette].
Et elles joncheront le sol... [p.209]
Si la feuille de bananier est
d’abord utilisée pour manger puis pour
nettoyer le cul et que la prison pour
prisonniers n’a pas de toilettes: ça c’est
précisamment la manière comme fonctionne
l’économie blanche-"chrétienne" avec la
torture permanente contre les Noirs dans une
colonie, dans ce cas la colonie française
d’Afrique orientale AEF de 1910 à 1958. Y
a-t-il une compensation pour cette criminalité
"chrétienne" contre les Noirs ? Les
"chrétiens" ont-ils encore le droit d’exister
par rapport aux autres cultures? Qui est la
merde sur la planète maintenant ? Ce sont les
"Chrétiens" !
|
***
Il va être nuit, les "
quinze jours" se
mettent en rang. Ils viennent de prendre aux marmites les
pains de manioc auxquels ils ont droit chaque soir.
Les "
quinze jours" sont les noirs qui sont
condamnés à quinze jours de prison. Ils ne sont certes pas
plus intéressants que leurs congénères condamnés à
plusieurs mois, mais, et je reviens toujours à cette idée,
ce n'est pas coloniser que de martyriser.
Ces prisonniers sont actuellement au nombre de
cinquante
et un, qui restent enfermés de 17 heures à 6
heures dans une pièce dont la superficie ne dépasse pas
ving-huit
mètres carrés. Au milieu des hommes, serrés
l'un contre l'autre à s'étouffer et qui ne peuvent même
pas s'asseoir pour sommeiller, trône l'inévitable tonneau.
Non couvert lui aussi, il sert toute la nuit Les hommes
qui en ont besoin étayent leur équilibre chancelant sur
les épaules de leurs camarades massés tout autour.
L'un des gardiens m'a affirmé avoir compté
jusqu'à
soixante personnes. J'ai peine à le croire. En
tout cas, étant donné la hauteur de la chambre, le volume
d'air utile est d'environ cinquante mètres cubes. Il est
renouvelé par une lucarne de 50cm de côté.
Pendant treize heures, ces hommes respirent cet air
empesté.
Ils ne dorment pas, restent debout.
[Les "chrétiens" sont la merde sur ce planète].
2.9. Et encore les vérités suivantes (Si
non e vero!...)
2.9.1. Fièvre jaune, massacre, un lazaret
avec une clef
[Congo français et belge: la fièvre jaune vient de
l'Amérique à l'Afrique à Matadi (Congo belge)]
Carte avet les deux lignes de chemin de fer de
Pointe-Noire à Brazzaville et de Matadi a
Léopoldville [carte 03] - Avec les bateaux à vapeur
"chrétiens" se sont également propagés des maladies
mortelles: Les "chrétiens" ont détruit le paradis
des Africains - exemple Brazzaville 1920: Bateau à
vapeur "Colonel Klobb" [30]
Le médecin-capitaine G... chargé - quand ses multiples
occupations le lui permettent - du service de la prison
sort d'ici. Il est furieux.
On sait que périodiquement la
fièvre jaune
désole l'Afrique occidentale française [Sénégal etc.,
AOF]. Hormis les Américains qui l'ont fait disparaître de
Panama, nul n'a pu réussir, à ce jour, a réduire le fléau.
Jusqu'alors la fièvre jaune était inconnue au Congo,
malgré un climat présentant de nombreuses analogies avec
celui de l'A.O.F.
Fièvre jaune: yeux jaunes [31] |
Première phase: Au début de la
phase aiguë, chez le patient peut apparaître:
-- Muscles douloureux, en particulier le dos et
les genoux
-- Une forte fièvre
-- Vertige
-- Mal de tête
-- Perte d’appétit
-- Nausée
-- Secouer ou secouer
-- Vomir
|
15 % des personnes concernées
passent à la deuxième phase:
-- Fièvre récurrente
-- Mal de ventre
-- Vomissements, parfois avec du sang
-- Fatigue, lenteur, léthargie
-- Jaunisse, qui donne une teinte jaune à la
peau et au blanc des yeux
-- Insuffisance rénale
-- Insuffisance hépatique
-- Saignement
-- Délire, convulsions et parfois coma
-- Arythmies ou battements cardiaques
irréguliers
-- Saignement du nez, de la bouche et des yeux
Entre 20 et 50% des patients qui développent des
symptômes de stade toxique meurent dans deux
semaines. [webx02]
|
Or, en 1929,
apportée par les paquebots
[bateau à vapeur], elle est apparue à [la ville portuaire
de]
Matadi [Congo belge], porte de l'océan,
où elle a fait de nombreux ravages.
Toujours à l'affût d'un système inédit à appliquer à
l'hygiène publique, les Belges, qui ne se contentent pas
de belles circulaires, n'hésitèrent point. Encerclant d'un
rideau de troupes,
Matadi [ville portuaire
du Congo belge] contaminé, jetant dans la ville les
derniers moyens que la science pouvait leur apporter, ils
firent appel à leur flotte aérienne.
Et, courrier comme passagers, se moquant désormais des
"stégomyas" qui ne pouvaient lutter de vitesse avec eux,
passèrent dans le ciel, à mille mètres d'altitude
au-dessus de la cité contaminée. [p.211]
Pas un centre belge autre que Matadi ne fut atteint. Sans
doute le nombre de morts fut-il important; mais leur
sacrifice, ainsi que les moyens employés, sauvèrent les
deux Congos, le français et le belge.
[Les "chrétiens" blancs occupaient le pays des Afros et
apportaient des maladies d'"Amérique" en Afrique avec
leurs bateaux à vapeur. Que disent les Afros déplacés à ce
sujet ? Ces "chrétiens" avec leur technologie
n’appartiennent pas à la planète !]
[Congo français et belge: la fièvre jaune à Brazzaville
- et à Bamako (Mali): meurent les médecins - à
Brazzaville on cherche un lazaret sans clef - ruines]
A
Brazzaville, un entrepreneur, y voyant
l'occasion d'un profit, obtint de construire un
lazaret
en dehors de la ville. Celui-là coûta fort cher et, sans
avoir servi, fut abandonné.
Il y a quelques mois que l'épidémie de fièvre jaune vient
de recommencer ses ravages du côté de
Bamako
[capitale de Mali]. En moins d'un mois, plus de quarante
Européens, y compris
tous les médecins et
fonctionnaires courageusement restés à leur poste,
sont morts dans cette seule ville.
Averti par l'expérience, le Congo belge prend ses
précautions. A Brazzaville nul ne s'émeut, sauf le D' G...
qui voudrait bien, en cas d'épidémie soudaine, savoir où
se trouve le fameux lazaret.
Il s'enquiert. A la direction du service de santé, le
médecin-colonel lui répond par un vague:
-- Un dispensaire? C'est curieux... Bah, voyez donc à la
mairie.
Chez l'administrateur-maire, on était mieux informé
quiqu'on ne sût trop quelle place pouvait occuper le
lazaret.
-- Oui, vous trouverez "ça" par là-bas, du côté de la
mission.
Et un geste vague complétait l'indication.
-- Mais la
clef? [p.212]
On cherche une vieille clé [32]
-- la clef? Eh bien... nous ne l'avons pas. Voyez au
gouvernement.
Au gouvernement.
-- Oh là! là! ce que vous en faites des "épates" avec
votre fièvre jaune. Quand elle sera là, si toutefois elle
vient, nous serons loin, puisque nous sommes "fin de
terme" (rapatriables). Vous y tenez vraiment à votre clef?
Bon, nous vous la donnerons quand nous l'aurons
découverte.
Deux jours passèrent ainsi en marches, contre-marches,
demandes reçues avec ironie ou haussements d'épaules.
Enfin le D' G... eut sa clef, une vraie clef de prison,
énorme, avec, brinquebalant au bout d'une chaîne, une
vaste étiquette en zinc gravé.
Un coup d'accélérateur, et voilà le praticien devant le
lazaret. Il est six heures, la nuit tombe, il fait sombre
[le jour tropical sous l'écateur est toujours de 6 à 6
heures]. G... descend de sa voiture; il cherche la porte.
Ah ouiche, la porte! On en voyait les débris par terre,
pourris, rongés par les termites. E le bâtiment qui,
quatre ans auparavant avait coûté quelques centaines de
mille francs, mais n'avait jamais servi, le bâtiment
tombait en
ruines.
Il y a beaucoup de ruines en Afrique - exemple:
Loropéni (Burkina-Faso) [33]
Une fois de plus le service médical de la prison vient
d'être supprimé. Motif: le gouverneur général rentre en
France. [p.213]
***
2.9.2. Le chantier Congo-Océan et un
inspecteur opéré à Brazzaville
Chute d’un viaduc - fracture du coccyx -
le Congo belge doit porter secours - un chirurgien
français est retiré
[Le chemin de fer Congo-Océan à Brazzaville: inspecteur
tombe par platelage - coccyx brisé - Congo belge doit
aider au Congo français - après la guérison ne reste pas
un seul médecin à Brazzaville - prison sans médecin]
On sait que les
ouvrages du chemin de fer
Congo-Océan ne sont pas des plus solides.
Dernièrement, le gouverneur général qui était en
inspection avait vu le
platelage [couche
supérieure] d'un viaduc en construction s'effondrer
[rompre] sous ses pas.
Et le haut fonctionnaire était tombé de dix-huit mètres,
heureusement arrêté dans sa chute par un chevron [poutre]
qui dépassait de l'ouvrage.
La pièce de bois salvatrice avait pénétré dans le pantalon
qui avait tenu bon. Mais le
coccyx du
gouverneur avait été brisé.
Vite, un avion belge de la "Sabéna" avait été demandé à
Léopoldville, car les moyens de locomotion [réseau de
trafic] manquaient au Congo français. Et un crédit de deux
cent mille francs avait été immédiatement affecté au
service de l'hôpital de Brazzaville.
L’hôpital de Brazzaville 1900-1930 - mais
seulement pour les Blancs! [34]
Tout le matériel opératoire faisant défaut en A.E.F. était
venu de la colonie voisine [Congo belge].
Grâce à des soins dévoués [avec passion], le gouverneur
général fut sauvé. Il rentrait en France.
Mal remis cependant; il appréhendait [avait peur] de se
trouver sans aide efficace sur le chemin de fer qui venait
de lui être si funeste [avec accident].
Un seul chirurgien convenable existait à
Brazzaville. Il reçut l'ordre de partir en
avant, muni de tout les instruments chirurgicaux de la
capitale de l'A.E.F.
Et l'on enleva le médecin de la prison, qui fut
"bombardé", pour la circonstance, chirurgien de l'hôpital
général.
[Donc, pour l’opération de l’inspecteur blanc "chrétien",
tout le personnel médical a été rassemblé]. Mais la
prison
resta sans médecin. [p.214]